Lou & Frank | Beautiful painting, isn't it ?

Beautiful painting, isn't it ?

Lou Myers & Frank Hemington

L'art : passion et sujet de désir.

Frank avait de nombreuses fois succombé à la tentation de ce geste si vif que peut-être celui du pinceau sur la toile. Fanatique de ce bruit si particulier, de cette odeur si savoureuse. Modèle magique ou pure invention, l'artiste déchu était bien reconnu dans le milieu. Non pas dans celui de l'art -quoi que- mais bel et bien dans celui de la contrefaçon de celui-ci.

Expert en la matière, Frank Hemington était sans le moindre doute, le meilleur faussaire de sa génération. Il se trouvait d'ailleurs que son domaine de prédilection fut la copie de toiles. Ainsi, ce n'était point surprenant de le voir bien souvent vaguer dans les quartiers où les arts s'expriment. Mais lorsque ce dernier faisait apparition dans l'une des galeries de la ville, le monde s'agitait bien souvent. Est-ce une visite de repérage ou alors sa venue voulait-elle dire que le détour était obligatoire, ce qui était plutôt un compliment ?

Voilà la panique qu'amena donc l'arrivée de Frank dans cette petite galerie du Queens. Pour certaines personne, il était monsieur tout le monde. Après tout, si l'ancien criminel avait fait parler de lui lors de son arrestation, il était resté sage depuis plusieurs années, de quoi se faire oublier. Pour ce qui était du monde de la criminalité en col blanc, de l'art, Frank était une légende. Un homme que l'on déteste publiquement, mais que l'on admire en secret...

Toujours fidèle à lui même, Frank arborait un style vestimentaire tout particulier. Costume noir sur mesure avec une allure à la Sinatra, il était d'un charme fou. Un sourire enjôleur, un regard brûlant, un charisme indéniable qui lui avait toujours facilité bien les choses.

Marchant en silence dans la grande pièce, les mains croisés dans son dos, il lui arrivait parfois de s'arrêter devant quelque toiles qui le touchait tout particulièrement : les couleurs, le décor, l'aura qu'elles dégageaient. C'est ainsi qu'il s'arrêta devant cette toile aux couleurs bleues. Seul face à cette œuvre, il ne put s’empêcher de prononcer quelques mots sans jamais quitter la toile des yeux lorsque toi, parfaite inconnue, t'approcha pour l'observer à ton tour.

-Jolie peinture, n'est-ce pas ?

01.07.18

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CHAPT 2 - BEAUTIFUL PAINTING, ISN'T IT ?

Pour son septième anniversaire, Lou reçut un carnet de croquis de la part de sa mère. « Ton premier carnet, tu pourras y griffonner ce que tu désires, ma chérie. » Ces mots résonnaient encore dans l'esprit de la jeune femme, lorsqu'elle repensait à sa mère. Celle qui n'était plus, celle qui ne serait jamais plus. Voilà presque quatre ans que celle qui lui avait donné la vie avait quitté ce monde, et il ne se passait pas un jour sans que Lou ne pense pas à elle, sans qu'elle ne ressente pas ce pincement au coeur. Bien que le deuil fut réalisé depuis, sa mère lui manquait terriblement, et davantage chaque jour. Si seulement Lou avait été moins idiote à l'époque, peut-être que son modèle, celle qu'elle avait toujours tant admirée, serait toujours en vie aujourd'hui. Hélas, il était trop tard pour les regrets. Froidement assassinée, Madame Myers n'était plus. Lou espérait seulement qu'elle était mieux, là ou elle se trouvait, et ce, même si elle ne savait pas ce que c'était.

Ce carnet, aujourd'hui rempli jusqu'à la dernière feuille, ne quittait jamais vraiment Lou. Il était toujours posé sur sa table de chevet, tandis qu'un autre avait pris place dans son sac. Ces carnets représentaient beaucoup aux yeux de l'étudiante, et étaient pour Lou ce qu'est l'appareil photo au photographe. Ils racontaient son histoire, ses rêves, ses idées, ses pensées les plus intimes. Ces carnets étaient une sorte de journal intime, qui retraçait la vie sombre et Ô combien triste de Lou Myers. Heureusement, celle-ci était parfois parsemés de moments de bonheur et de divertissements aussi agréables que l'on ne peut imaginer.

Ce soir-là, Lou ne dérogeait pas à la règle. Après s'être habillée de vêtements hors de prix, et s'être apprêtée pour l'occasion, la jeune femme avait traversé quelques rues pour se rendre à l'un de ces événements où il fait bon être de bonne humeur. Sorte de soirée mondaine pas très mondaine, mais toutefois plus distinguée qu'une simple escapade au cinéma de la ville et moins vulgaire qu'un rendez-vous amoureux au fast-food. Et oui, même dans le Queens, c'était possible.

Mademoiselle Myers avait perdu toute notion du temps en prenant le temps d'admirer chaque toile exposée dans cette galerie connue et reconnue du quartier. Ce n'était pas la première fois que la brune y mettait les pieds et pourtant, c'était à chaque fois une nouvelle découverte qu'elle faisait ici : nouvelles œuvres, nouvelles personnes. Rien n'était laissé au hasard, bien que ce n'était clairement pas la galerie la plus réputée du coin. Lou s'en fichait, lorsqu'il s'agissait d'art. Elle était souvent la première à répondre présente à ce genre de soirées.

Une coupe de champagne presque bon marché à la main, l'étudiante continuait sa route à travers l'immense espace. Un jeune artiste s'était approprié les lieux pour pouvoir faire connaître son art, et cela avait l'air de fonctionner pour lui. Se stoppant quelques minutes devant une toile reflétant plusieurs nuances de bleu, Lou demeurait silencieuse. Elle se contentait d'admirer cette toile, tout en buvant une gorgée de cet alcool bien trop léger à son goût. « Jolie peinture, n'est-ce pas ? » Cette question interpellait la jeune femme, qui n'hésitait pas à hocher son visage. « Je n'aurais pas dit mieux. Ces nuances de bleus sont magnifiques. Cette toile est unique. » Elle jetait un coup d’œil en direction de l'homme, qui ne semblait pas vouloir détacher son regard de l'oeuvre. « Que vous inspire-t-elle, seulement ? » Demandait-elle, intriguée.