Une nouvelle soirée en perspective. Une nouvelle occasion de t'oublier et d'ensevelir la douleur qui te ronge. T'as beau prétendre être une reine de glace que rien n'atteint, il est pourtant évident qu'tu n'peux empêcher ton cœur d'souffrir et d'ressentir ces émotions qui l'déboussolent, t'entraînant dans une spirale infernale. Il n'y a pas d'bouton magique qui les répriment, aucun moyen de les faire complètement taire. Et c'est ton sommeil qu'elles te volent en envoyant leurs sbires hanter tes rêves, les rendre si terrifiants qu'tu n'es plus capable de fermer l'oeil. C'est toujours ivre jusqu'à la mort qu'tu t'laisses happer par les bras d'Morphée, juste assez pour remettre ça le soir d'après. Un cycle infini qui n'cesse de t'éloigner d'la réalité, rendant l'atterrissage toujours plus brutal lorsqu'tu r'prends complètement pied. Alors te voilà à la recherche d'sensations. Cette fois, c'est avec Leo qu'tu comptes t'enivrer. Leo, c'est la raison à qui tu fais la guerre habituellement. C'est ton phare dans la tempête, elle te guide loin des rochers saillants d'la vie sans pour autant réussir à t'éviter la collision. Parce que Jaz t'es sacrément bornée et malgré toute sa bonne volonté, tu t'laisses, la plupart du temps, dériver au gré des marées. Elle essaie d'te maintenir à flots et pour ça, elle a toute ton admiration parce qu'il en faut du courage et d'la patience pour te raisonner. C'est donc avec une certaine précipitation que tu t'rends jusque chez elle. Cet endroit qui a été ton refuge nombre de fois. Et comme toujours, tu t'y sens comme chez toi. « Salut bella. On s'voit pas assez souvent toi et moi. » Tu constates en découvrant sa nouvelle robe qui épouse ses formes à merveille. Une déesse qui s'ignore. Et lorsque cette dernière mentionne le breuvage de toutes tes débauches, ton attention est tout d'suite bien plus accrue. Vin français, bof. À part une bonne migraine, y a rien que tu r'tiens d'cet alcool là mais t'as pas l'loisir d'faire part à voix haute d'tes pensées qu'elle satisfait ton caprice avec une bouteille remplie d'merveilles. « T'es trop forte Leo. » Tu la défais d'son trésor et tu t'permets d'faire le service, pressée d'noyer ton esprit d'insouciance et d'liquide doré. Un cul sec pour bien débuter la soirée et c'est une question, somme toute banale enrobée d'une bonne couche d'curiosité qu'le goût amer des reproches a tout de même empoisonné, qui s'échappe d'entre ses lippes. Pourtant tu n'perds pas la face et accueille ses remontrances avec l'écueil d'ta perdition profondément ancré. Tu t'efforces tellement d'combler l'ennui qu'tu perds le fil d'tes soirées. « C'est l'bordel Leo mais bon, au moins ça m'occupe. Tu sais qu'j'déteste rien foutre alors j'bouge, j'saute des mecs à droite, à gauche. J'vis à cent à l'heure sans jamais m'arrêter... D'ailleurs, à la tienne ! » Tu la forces à engloutir son verre avant d'vous servir une nouvelle tournée, histoire d'démarrer en beauté. « C'est cool qu'on fasse la fête ensemble, ça faisait un moment. » Tu m'as manqué, tu laisses sous-entendre ces propos dans le bleu transperçant d'tes iris grisés par l'alcool qui emplit tes veines. Une sensibilité qu'tu n'aimes pas afficher et qu't'as du mal à manier. « Et toi alors, quoi d'neuf docteur ? » Pas d'raison qu'tu sois la seule à passer sur l'grill, n'est-ce pas ?