under my skin } winnison

le nez dans son téléphone, réveillée depuis longtemps mais toujours pas habillée, winnie se prélasse dans ces draps qui ne sont pas les siens. la lumière du soleil, comme un appel venu du ciel, inonde la pièce et donne à la chambre des airs de paradis. l’éclat de l’astre du jour fait briller sa peau pâle comme les ailes d’un ange et elle se dit qu’elle doit être tellement belle dans ce halo. parfois, elle aimerait bien être les autres pour pouvoir s’admirer. à côté d’elle, la place est vide mais encore chaude. elle soupire. harrison. toujours levé trop tôt. toujours prêt trop tôt, à s’affairer trop tôt. ce que winnie veut, elle, après une nuit comme la leur, passée à ne pas beaucoup dormir, c’est glander au lit toute la journée – et peut-être envoyer un sms à gaia pour lui rappeler qu’elle est moche. mais non. le o’leavara est un mec occupé. baille et s’étire avant de finalement se décider à bouger. enfile juste une chemise d’harry, ouverte sur sa lingerie rouge avant d’apparaître dans le salon, charmante comme toujours. prête à ruiner la journée d’un autre, comme toujours. levée de bonne humeur – pour une fois – elle se ravie de la clarté pénétrant de toute part par la grande baie vitrée ornant le côté du mur et donnant une vue imprenable sur le queens contemporain tout en bas. préférant largement le queens huppé et l’opulence offerte au moindre regard, winnie se doit tout de même de reconnaître l’attrait certain de cette partie du borough et l’affection que les artistes de rues lui portent. ces derniers, cependant, elle ne les aime pas du tout. si elle n’est pas aveugle à la beauté de certains offres urbaines, le personnage du taggeur, peintre de la street la dégoute clairement. des ménestrels des temps modernes ? non merci. faites comme tout le monde, trouvez un job et prenez une douche. saute presque sur le canapé où est assis harrison, à deux doigts d’atterrir sur ses genoux, mais s’asseyant à côté, tout proche de lui. lui offre ses plus beaux yeux de biche, ceux qui ne trompent pas, ceux qu’elle sort lorsqu’elle veut demander quelque chose. « je veux aller prendre le petit-déjeuner dehors. » pas de bonjour et pas de politesse non plus. c’est pas forcément l’envie de se montrer désobligeante mais juste l’habitude d’enfant pourri gâtée. mauvaise manie collant à la peau de ceux qui n’ont jamais eu besoin de faire le moindre effort pour obtenir quoique ce soit. mais elle est bien loin l’époque où il lui suffisait de soupirer pour qu’on lui livre le monde. désormais, elle se heurte à pareil – si ce n’est pire – qu’elle. un caractère têtu lui rendant coup sur coup chaque coup de gueule. « je veux que tu m’emmènes prendre le petit-déjeuner dehors » qu’elle répète, le ton plus appuyé cette fois-ci. l’air de dire ″si tu refuses, je retournes ton appart″. il y a un restaurant qui a ouvert à même pas cinq blocs d’ici. on pourrait y aller à pieds. » elle lui sourit, mais ça n’a rien de vraiment sympathique. c’est le genre de sourire qu’on affiche comme on charge une arme avant la guerre. elle sait qu’il va dire non. et même si elle le sait, ça va l’énerver quand même. il faudrait qu’il neige en enfer pour que le grandiose hériter o’leavara accepte de manger en public avec sa ratée de pseudo girlfriend et puis carrément marcher avec elle aux yeux de tous dans la rue ? ce serait la fin du monde. « tu devrais inviter tes potes, aussi. tu sais, ceux que j’ai jamais vu. » une dernière phrase lancée comme une excuse pour commencer à se battre. levée de bonne humeur – oui. et pourtant tout de même prête à sortir les griffes de si bon matin. après tout, il fait si beau, ce serait bête de ne pas se disputer sous un temps pareil. des yeux, winnie jauge harrison, passive agressive dans son approche, le mettant au défi de lui refuser son caprice. elle a dans le regard cette étincelle signifiant le début d’un orage – et qu’il a sans doute dû apprendre à reconnaître dorénavant.