( f a n c y y o u )

01/ sohla n’a jamais connu ses parents biologiques. déposé devant un église à peine âgée de quelques jours, elle est apparue dans ce monde comme par magie, une simple lettre écrite dans la langue native de sa mère laissé derrière pour elle. mystérieuse gamine sans nom ni explications sur son abandon, des heures ont passées avant qu’on ne la trouve devant l'église, accrochant à peine à la vie. froide et pâle comme la neige, elle a été accueilli à l’un des meilleurs hôpitaux de newcastle, se battant pour sa vie pendant plusieurs semaines avant qu’elle ne soit finalement stable. 02/ elle a été accueilli par un couple en passage à newcastle pour une conférence, après avoir entendu parler de son cas via d’autres médecins. faisant d’office de famille d’accueil jusqu’à ce qu’ils trouvent une famille prête à adopter la douce enfant, ils se sont attachés à elle avec le temps et on décidé de faire les démarches pour l’adopter. après deux ans de documents à remplir et de formalité à suivre, ils ont finalement pu légalement clamer haut et fort que sohla faisait partie de la famille khan. mère, père et fille, trois personnes qui forment une famille imprévue, mais soudée. 03/ pendant des années, sohla a voyagé. de l’angleterre jusqu’en asie, passant par l’afrique et l’amérique du sud, elle a l’enfance rempli de souvenirs des différentes cultures qu’elle a croisé au fil des années. déménageant souvent grâce au travail de ses parents, elle a développé la même passion qu’eux avec le temps. à vouloir contribuer à son tour à aider ceux qui sont dans le besoin, sohla s’est promis de suivre leurs pas et d’étudier afin d’entrer à son tour dans une école de médecine et de les rendre fiers. 04/ après plusieurs années à faire le tour du monde, la famille khan a finalement décidé qu’il était temps de se poser. sohla avait dix ans lorsqu’ils ont déposés leurs valises à new york pour vivre une vie « normale ». terminé, les courts mois passés dans chaque pays. terminé, la découverte de nouvelles cultures. terminé, de se faire des amis à travers le monde. et si sohla a eu de la difficulté à se faire à l’idée qu’elle n’allait plus pouvoir faire ce qu’elle voulait, découvrir de nouvelles choses, elle s’est mise à travailler sur ses notes. à tout miser pour pouvoir recommencer à voir le monde. 05/ et elle a 12 ans lorsque son monde s’écroule. elle a 12 ans lorsque la maison s’enflamme, prenant la vie de ses parents avec les décombres. sohla, elle était présente lorsque la maison a commencé à brûler. elle dormait profondément lorsqu’elle s’est fait réveiller par l’un des membres du staff, qui était paniqué. elle gesticulait et criait, mais la gamine ne semblait comprendre, à peine réveillé. tout s’était passé trop rapidement, les flammes, la fumée, à peine quelques minutes et tout tombait. les deux seules survivantes ? sohla et celle qui l’a réveillé. et elle criait, la gamine. elle criait lorsqu’elle a vu que ses parents ne sont jamais sortis. elle a voulu retourner dans la maison et aller les chercher, mais il était trop tard. 06/ un incendie criminel, qu’on a dit. un meurtre, qu’on a dit. deux vies partis en fumée, une fille qui se retrouve sans parents et un meurtrier qui se balade toujours dans les rues de new york, libre. malgré les efforts de la force de police, rien n’était concluant. aucune piste, aucune évidence, rien. 07/ et elle est partie, sohla. l’âme qui vagabonde, l’âme qui quitte sa coquille corporelle pour ne laisser qu’une gamine brisée. obsédée par la mort de ses parents, sohla a changé. et elle cherche. depuis cette journée, elle cherche celui ou ceux qui lui ont enlevés ses parents. désespérée d’avoir des réponses, la gamine qui s’est creusé un trou, incapable de voir à quel point c’était malsain. à se bloquer des autres, à rester convaincu que plus les jours passent, plus elle avance, alors que non. 08/ elle se retrouve chez son oncle et sa tante, sohla. perdue dans son monde, renfermé sur elle-même, elle se retrouve à devoir supporter les manières rudes de celui dont elle a une aversion à appeler son oncle. un homme vil, un homme sans honneur, un homme qui n’a aucun respect pour personne, mais surtout pour les femmes. quelqu’un à l’opposé de ses parents et quelqu’un que sohla ne peut endurer. les heures qu’elle passe à l’extérieur, à éviter de retourner à l’endroit qui la répugne, sohla préfère la solitude de la librairie ou le calme du parc, la nuit. tout pour ne pas avoir à faire à lui. lui et ses mains sales. lui et ses yeux baladeurs. et sa tante. celle qui bats des cils et fait la belle, tout en détournant le regard sur tout dès qu’on lui donne de l’argent. la colère qui monte et monte, sohla. parce qu’elle n’est qu’une gamine avec l’argent de ses parents, la seule raison pour laquelle ils veulent bien s’occuper d’elle. parce qu’ils pensent pouvoir mettre la main sur ce qui lui est de droit. 09/ et sohla, elle patiente. plus que quelques années, qu’elle se dit. plus que quelques années et elle pourra partir et être libre. quitter cette maison, quitter cette famille détestable. mais jamais qu’elle ne quittera cette ville, sohla. pas avant qu’elle ne retrouve le coupable. après toutes ses années, elle n’a jamais abandonné l’idée de retrouver celui qui a détruit sa vie et qui a enlevé ceux de ses parents. et les années passent, elle endure pendant un moment, jusqu’à ce qu’on fasse déborder le vase. jusqu’à ce qu’il décide de dépasser le stade des regards, jusqu’à ce qu’il décide de mettre la main sur elle, de la coincer dans un coin et de lui faire subir des actes qu’elle n’oserait jamais dire à haute voix. 10/ et ça été la fin. elle y a cru, sohla. elle a cru que c’était la fin, qu’elle ne pouvait plus supporter de rester captive dans une vie qu’elle n’a jamais demandé. et la colère qu’elle ressentait contre le monde, une colère rouge. elle qui a toujours été si calme, elle bouillonnait de colère contre les injustices, elle était épuisée de ne rien voir avancer. après des années à comprimer ses émotions, après des années à se taire et tout subir, elle était épuisée. incapable de supporter l’idée de voir une autre journée, de se lever le lendemain et faire face à son bourreau, elle a abandonné l’idée de vivre. 11/ une tentative ratée et elle se retrouve dans un centre. la honte qui revient, la gamine de seize ans qui refuse de parler pendant les premiers jours, mais soulagé que la famille ne puisse visiter. et peu à peu, elle s’ouvre. à une seule personne, elle s’ouvre le coeur sur ses maux, sur sa vie, sur ce qu’elle a subi. elle se vide le coeur, sohla. elle recrache tout ce qu’elle a à dire et suit les conseils qu’on lui donne. porter plainte contre lui, contre celui qui lui a fait du mal. la peur qui la tiraille, sohla. les mots qui ne veulent pas sortir, la honte qui la prends, alors qu’elle en est pour rien, mais elle y arrive. et elle porte plainte, la gamine. elle prends son courage à deux mains et prends refuge chez celle qui l’a aidé lorsqu’elle en avait le plus besoin. 12/ et les années qui continuent, avec une sohla qui panse ses blessures. loin d’eux, elle se reconstruit une vie. elle reprends peu à peu goût à la vie, sohla. elle entre à l'école de médecine, comme elle le voulait. elle s'occupe et continue d'avancer en essayant de laisser le passé derrière, jusqu'à ce que le passé essaie de la rattraper. ça commencé avec une lettre. puis, une deuxième. puis, les passages à l'université où elle étudie. l'oncle qui revient à la charge, qui l'harcèle et essaie de reprendre le dessus dans sa vie. la frayeur qui garde sohla réveiller jusqu'à ce qu'elle se décide à porter plainte à nouveau. les documents en mains, elle a dix neuf ans lorsqu'elle pousse la porte de l'immeuble pour demander une ordonnance restrictive et porter plainte pour une deuxième fois. et elle pose ses yeux sur l’homme qui l’aide, sans se rendre compte que ça ne serait pas la dernière fois qu’elle le croisera. joshua, qu’il s’appelle.