Il n'y a qu'un remède à l'amour, Aimer d'avantage

☆ ☆ ☆
{ J'étais censé t'aimer, mais j'ai vu l'averse
J'ai cligné des yeux, tu n'étais plus la même }
crédit/ tumblr ☆ w/@Owen Swaguer

C’est aujourd’hui, c’est maintenant. Elle ne peut pas reculer plus longtemps. Elle n’a pas le choix, en réalité, l’officier de police qu’elle a eu au téléphone a été clair. Elle ne peut pas une nouvelle fois remettre à plus tard ce moment.  Elle l’a déjà trop fait. Elle est bien obligée de faire cette déposition, Cassey, mais elle y va contrainte et forcée. C’est d’un pas mal assuré qu’elle approche du poste de police. Elle essaie de penser à tout ce qu’elle a vécu, comme si elle avait réellement besoin de s’en souvenir. Elle essaie de mettre de l’ordre dans ses idées, sans y parvenir. Les images sont encore frappantes dans son esprit, comme si elle les revivait constamment. Mais elle n’a vraiment aucune envie de revivre ces instants devant le regard d’un inconnu braqué sur elle. Plus elle avance jusqu’au commissariat, plus elle est tentée de rebrousser chemin. C’est pire encore lorsqu’elle se trouve devant l’établissement. Elle prend une profonde inspiration, prête à y entrer, quand elle voit soudain une silhouette qu’elle ne connaît que trop bien. – Owen… ? lance-t-elle, en guise de salut, sous le coup de la surprise. Elle ne s’attendait pas à le voir une seconde mais, visiblement, lui, il l’attendait. C’est pour elle qu’il est ici. Loin de s’en voir soulagée, la jeune femme sent son cœur se serrer dans sa poitrine. L’âme déjà tourmentée, s’y ajoute son cœur  déboussolé alors qu’elle est envahie par le souvenir. Le souvenir de ce matin où, sans prévenir, il a débarqué chez elle pour tenter de l’emmener au commissariat. Ce matin-là, il lui a dit qu’il l’aimait, Owen. Qu’il l’aime toujours éperdument. Des sentiments qui l’ont touchée autant qu’ils l’ont effrayée. Ils se sont disputés si fort tous les deux. Elle a surtout eu la sensation douloureuse de lui faire du mal en refusant de le laisser approcher. En le repoussant après l’avoir elle-même sollicité. Elle a l’impression de tout faire de travers avec lui. Comme avec tous les hommes avant lui, les homme après lui. – Tu n’étais vraiment pas obligé de venir... lui dit-elle, presque dans un murmure. Elle l’a repoussé, elle l’a rejeté. Elle lui a dit qu’il valait mieux entre eux tout arrêter. Mais il est encore là auprès d’elle. Il est encore là à veiller sur elle.

☆ ☆ ☆
{ J'étais censé t'aimer, mais j'ai vu l'averse
J'ai cligné des yeux, tu n'étais plus la même  }
crédit/ tumblr ☆ w/@Owen Swaguer

Elle ne sait plus, Cassey. Elle ne sait plus ce dont elle a réellement besoin. Peut-être qu’elle ne l’a jamais su. De celles qui se laissent aller au gré de leurs envies en toute insouciance, elle ne pense jamais aux conséquences. C’est ce qui la rend si vivante, ce qui éveille ce feu dans ses veines, cette envie de vivre tout de manière démultipliée. Elle n’a jamais su se contenter d’une demi-mesure, c’est peut-être bien ce qui l’a perdue. Car à trop vouloir toucher les étoiles, la chute finit toujours par être fatale. À elle, plus fragile qu’elle n’y paraît, mais aussi à ceux qui se risquent à l’approcher. Owen, il n’est pas le premier. Mais il est le dernier à qui c’est arrivé.

Il a voulu te protéger,
Il a tenté de te sauver,
Mais c’est lui qui a vu ses ailes brûler.

C’est pas volontaire, c’est même pas conscient. C’est quelque chose qu’elle provoque sans se rendre compte réellement. Elle ne sait pas ce qu’elle veut, Cassey, elle n’a jamais su. Peut-être égoïste, peut-être trop égocentrique. Elle n’a même pas vu le mal qu’elle pouvait lui faire, non, elle ne l’a pas envisagé. Pas une fois. Elle n’est pas si difficile à comprendre, il n’y a que ses envies qui entrent en ligne de compte. Elle est beaucoup plus difficile à suivre. Car elle-même, au fond, elle n’a aucune idée de ce dont elle a vraiment envie. Au rêve d’un grand amour qui la ferait totalement chavirer, s’oppose ce besoin total de liberté. Cette peur panique de s’engager. Prisonnière si longtemps  de cet amour déchu, elle ne peut plus s’y risquer, elle ne peut plus l’espérer. Mais elle est incapable d’y renoncer. C’est avec beaucoup de difficulté qu’elle a pris la décision de tout arrêter. Plus pour lui, que pour elle, incontestablement.

Parce que t’es pas de celles qui font souffrir,
T’es pas de celles qui cherchent à nuire,
Toi, tu n’veux pas faire de mal,
Ce besoin d’être aimée qui se lit dans tes opales,
C’est peut-être en cela que tu es la plus fatale.

Elle a l’air capable de tout donner. Pour tout reprendre brusquement, brutalement. Elle ne prévient pas, Cassey, elle est comme un ouragan que personne n’a vu venir. Elle essaie, pourtant, elle essaie vainement de le protéger. Mais il est encore là, à ses côtés. Et y’a cette partie de toi qui est soulagée. Cette partie de toi qui avait besoin qu’il soit à tes côtés. Même si elle sait qu’elle ne devrait pas, au fond, elle lui est reconnaissante d’être là. L’ombre d’un sourire apparaît sur ses lèvres, devant l’image d’un souvenir d’eux sur une moto venue tout droit du passé. – Le bad-boy est intemporel. lui répond-elle, de cette douce complicité. Celle dont, récemment, ils ont trop manqué. – Merci... ajoute-t-elle tout de même en saisissant le petit sac qu’il lui tend. Elle n’a rien avalé de la matinée, l’estomac trop noué. Mais elle lui est reconnaissante pour le geste. Reconnaissante de sa présence, aussi. C’est pour cela, surtout, qu’elle le remercie. Il n’était pas obligé, surtout après la manière dont elle l’a traité.

Mais il est là, Owen,
Il est toujours là.

Il lui parle de lui ficher la paix comme si c’est ce qu’elle voulait. Comme si c’était ce qu’elle désirait. Alors que non, ce n’est pas du tout la réalité. Mais elle est incapable de savoir ce dont elle a envie. Mettre des distances, c’était pour lui. – Je… Je ne sais pas. Je ne sais pas ce qui serait le plus facile pour moi. avoue-t-elle, la voix fébrile. Elle n’a aucune envie qu’il la voit aussi vulnérable, aussi fragile. Mais sa présence la rassurera, peut-être, quand elle devra tout raconter. Elle ne sait même pas répondre à cette simple question, elle ne sait pas comment elle va pouvoir subir tout un interrogatoire. – Pas très bien. Je… J’ai peur de ne pas y arriver. elle lui confie, les prunelles qui fuient, en direction de la porte du commissariat. Mais elle n’a plus le choix. – Je crois que je veux que tu viennes avec moi. La sensation de trop lui en demander. Mais, devant ces lieux, elle se sent déjà comme paralysée.

☆ ☆ ☆
{ J'étais censé t'aimer, mais j'ai vu l'averse
J'ai cligné des yeux, tu n'étais plus la même  }
crédit/ tumblr ☆ w/@Owen Swaguer

Il y a quelque chose qui est en train de s’immiscer en elle. Cette noirceur venue brusquement se mêler à la lumière. Elle prend de la place, tout doucement, enfonçant lentement mais sûrement l’astre solaire dans les ténèbres. Il y a cette angoisse qui la submerge chaque fois qu’elle pense à ce qui s’est passé. La panique qui risque de l’envahir, si elle se met à raconter. Elle redoute ce moment, Cassey, elle le repousse continuellement. Elle est terrorisée à l’idée de se remémorer ces souvenirs, parce qu’elle sait que c’est comme les revivre. Depuis des jours, elle a les nerfs à vif. Il suffit de voir comment s’est déroulée sa dernière rencontre avec Owen. Elle ne s’attendait pas à le retrouver ce matin, lui tendre une nouvelle fois la main. Elle ne sait pas si elle doit être inquiète ou soulagée. Se sentir coupable ou rassurée. Elle ne sait pas, Cassey, elle ne sait plus comment agir avec lui. Elle a bien compris que son rejet l’a blessé. Lui a donné l’impression de n’être qu’un jouet. Impression erronée, pourtant pas si loin de la réalité. Parce que tu n’es pas prête à parler de sentiments, parce que tu ne sais plus ce qu’il représente, tu as préféré mettre entre vous cette distance. Peut-être qu’elle devrait lui demander de s’en aller pour éviter d’abuser de ce qu’il ressent. Mais elle n’y arrive pas, elle n’en a pas la force, Cassey. Ni même l’envie. Son arrivée inattendue parvient au doux miracle d’apaiser un peu ses songes trop confus. La peur qu’elle oublie, juste, quelques brefs instants. L’ombre d’un sourire se dessine sur ses lèvres devant la question de son amour d’antan. – Peut-être un peu des deux. répond-elle, sagement. Pas d’humeur à flirter dans de telles circonstances, indéniablement. Encore moins à lui, après tout ce qu’il lui a dit.

Tu ne veux pas le faire souffrir,
Jouer avec ce qu’il peut ressentir,

Même si c’est trop dur de le laisser partir.

Elle ne peut pas se laisser aller à jouer avec lui. Mais cela lui fait du bien, un peu, de retrouver cette légèreté en sa compagnie. Elle oublierait presque l’instant tant redouté qui l’attend… Presque. Elle ne sait pas comment aborder ce qui est en train d’arriver. Le silence qu’elle retrouve, elle essaie de mettre de l’ordre dans ses pensées. Elle ne parvient pas à trouver les mots pour lui répondre, elle est trop déboussolée. Comme dépossédée d’elle-même. Elle secoue négativement la tête devant les encouragements d’Owen. – Ouais… je n’en sais rien. Elle prend une profonde inspiration. Les paupières closes, elle essaie de garder le contrôle de la situation. Et, enfin, elle se décide. – On y va. Sa main dans la sienne, elle approche de l’entrée sans plus attendre. Elle ouvre elle-même la porte pour s’y engouffrer, le pompier à la suite. Elle se connaît, Cassey. Il vaut mieux qu’elle évite de réfléchir. Il vaut mieux qu’elle se contente d’agir. Elle sera confrontée bien assez tôt à la réalité. Elle se présente à l’accueil, bien vite prise en charge par l’un des officiers présents. Elle se retrouve assise à cette table, aux côtés d’Owen, en train de raconter tout ce qu’elle a vécu. De son appel à l’aide à cet homme peu recommandable, jusqu’au dernier rendez-vous tragique. Elle lui raconte les menaces quotidiennes, les mises en garde, les attaques, pour arriver jusqu’à cet instant où elle s’est retrouvée avec son frère face aux trois hommes. C’est à ce moment qu’elle ne parvient plus à parler. La gorge nouée, elle sent les souvenirs remonter. Le policier lui offre quelques minutes de pause, le temps d’aller chercher un café, elle se retrouve seule avec Owen. – C’est interminable... murmure-t-elle, fatiguée, lessivée. Elle se sent épuisée moralement, psychologiquement. Mais elle sait qu’elle est loin d’avoir terminé.

☆ ☆ ☆
{ J'étais censé t'aimer, mais j'ai vu l'averse
J'ai cligné des yeux, tu n'étais plus la même  }
crédit/ tumblr ☆ w/@Owen Swaguer

Cassey, elle ne sait plus qui elle est. Tous ces derniers mois ont été si agités, si mouvementés. Ils ont eu l’effet d’un tsunami sur celle qui a toujours été le tourbillon dans la vie des autres. Elle n’a rien contrôlé, rien maîtrisé. Ni ses frasques sentimentales, ni ses dérives du cœur, ni même les choix erronés d’une vie trop emmêlée. Elle s’est perdue au milieu de ses tourments, elle s’est noyée sous la contradiction de ses sentiments. Il y a eu ces derniers mois passés sous la menace de tes détracteurs, puis il y a eu Lui qui s’est trop approché de ton cœur. La présence d’Owen dans son existence lui a fait du bien, dans un premier temps. Elle s’est sentie soulagée, apaisée surtout, d’être à ses côtés. Ils ont créé cette illusion d’un foyer, lui, elle, et même Gabriella. Elle s’est sentie bien auprès d’eux. Auprès de lui, surtout. Elle s’endormait auprès de lui plus que dans son propre lit. Et commençait la plupart de ses journées avec lui. Ils étaient presque un couple tous les deux, sans l’être véritablement. Comme s’ils faisaient semblant. Comme si elle essayait de se convaincre qu’elle n’avait promis aucun engagement. Mais leur relation a évolué vite, trop vite pour elle. Trop fort pour une femme qui n’ose plus donner une véritable chance à quelqu’un pour l’aimer. Moins encore à celui qui est à l’origine de ses plaies. C’est pour cette raison qu’elle a choisi la fuite. Pour cette raison qu’elle a décidé de tout arrêter avec lui. Elle ne veut pas le blesser par ses indécisions, elle ne veut pas jouer avec ses sentiments. Pourtant, aujourd’hui, c’est Owen qui est présent pour elle. C’est lui qui se tient à ses côtés pendant qu’elle vit l’un des moments les plus éprouvants de son existence. Il est là, à lui tenir la main, pendant qu’elle raconte tout dans les détails au policier en face d’elle. C’est quand elle arrive au moment le plus important, le plus difficile surtout, qu’elle s’arrête. C’est Owen qui insiste pour qu’elle prenne une pause, incitant l’officier de police à quitter la pièce, pour se retrouver en tête à tête. Sa main contre la sienne, le jeune homme essaie de la rassurer. Il lui affirme même qu’elle n’est pas obligée de tout raconter. Mais elle n’a aucune envie de vivre à nouveau un moment pareil. - Je ne veux pas qu’ils me rappellent dans quelques jours pour me dire que je dois revenir... Non, elle doit tout terminer. Pour que la page soit enfin tournée. Alors qu’elle prend une profonde inspiration, comme si elle manquait d’air, son interlocuteur lui fait remarquer l’absence de décor dans les lieux. Elle esquisse un faible sourire, pas le cœur à rire. - L’objectif est de faire peur aux criminels, pas sûr que ça fonctionne avec des licornes. Mais, en repensant à ses paroles, elle se rend compte combien cela fait longtemps qu’elle n’a pas vu la petite fille. Elle n’a pas le temps de formuler ses songes à haute voix parce que le policier revient, beaucoup trop vite. Il leur a apporté un café mais elle ne touche pas le sien, Cassey. Elle se contente de poursuivre tant bien que mal. Le rendez-vous avec les trois hommes, Nikolaï et elle qui se retrouvent séparés. Elle qui finit seule avec l’homme qui l’avait agressée. Elle raconte difficilement le supplice infligé, les mains de cet homme sur son corps, elle qui s’oblige à faire la même chose, pour inverser la situation. Elle sent encore l’odeur de sa peau, l’emprise de son corps contre le sien. Les yeux qui brillent, elle termine enfin par l’arrivée de la police. L’officier la remercie avant d’imprimer sa déposition pour qu’elle la signe. Et, enfin, elle est libre. Sans plus tarder, la belle se lève pour quitter ce lieu maudit. Elle reste près d’Owen une fois dehors, étonnamment silencieux, alors qu’elle plonge ses deux océans dans les siens. Elle voudrait lui exprimer toute sa reconnaissance mais elle n’y arrive pas, elle ne sait pas. Alors, sans réfléchir, elle s’approche pour entourer ses bras autour de son cou. L’enlacer comme elle ne l’a plus fait. - Je... Je te remercie d’être venu. murmure-t-elle lentement. Instant de faiblesse, alors qu’elle avait promis de garder ses distances. Elle n’en est peut-être pas capable, pas en sa présence.

☆ ☆ ☆
{ J'étais censé t'aimer, mais j'ai vu l'averse
J'ai cligné des yeux, tu n'étais plus la même  }
crédit/ tumblr ☆ w/@Owen Swaguer

C’est enfin terminé. Tout ce cauchemar est terminé. Tout ce calvaire derrière elle, peut-être qu’elle va enfin pouvoir tourner cette page de son histoire. Retrouver sa vie, cette fois, elle en a l’espoir. En sortant du poste de police, la jeune femme est encore bouleversée. Chamboulée par tout ce qui vient de se passer, tout ce qu’elle a réussi à confier. Elle n’était pas sûre d’en être capable, non, en réalité elle ne pensait pas l’être. Elle a envisagé, durant tout le temps où a duré cet entretient, au moins quinze fois de se lever et partir. Elle s’est presque imaginé en train de fuir. Mais elle est restée, Cassey. Elle est restée parce qu’elle a trouvé le courage d’affronter. Elle n’est pas certaine qu’elle y serait arrivée sans lui… sans Owen. C’est sa présence, à quelques centimètres d’elle, qui lui donnait la force de rester sur cette chaise et continuer. C’est de sentir qu’il était là pour elle qui lui a permis de trouver l’élan nécessaire pour tout raconter. Elle se sent émue, en sortant, soulagée aussi. Libérée d’un certain poids même si elle ne peut pas oublier, même si elle ne peut pas effacer. Elle se sent, enfin, respirer.

Et il n’imagine pas combien tu lui en es reconnaissante,
Combien tu t’es sentie rassurée par sa présence.

Parce qu’elle a beau jouer les femmes indépendantes, Cassey. Elle a eu besoin de lui. Elle a eu besoin de quelqu’un pour lui tenir la main. Quelqu’un pour prendre avec elle ce chemin. Il ne l’a forcée à rien, Owen. Il l’a écoutée, il l’a entendue. Elle n’y croyait presque plus. Elle en est si bouleversée que, sans réfléchir, elle se jette dans ses bras. Et, à nouveau, tu prends le risque de tomber dans ses bras. Elle agit comme elle a l’habitude de le faire, avec toute sa spontanéité. Avec toute sa sincérité. Elle lui a exprimé sa colère plus d’une fois ces derniers temps, sa rancœur également. Elle peut bien aussi lui montrer sa reconnaissance. Et il ne la rejette pas, Owen. Il ne la rejette pas alors qu’il le devrait peut-être. À force de souffler le chaud et le froid avec lui, elle doit le perdre un peu plus à chacune de leurs rencontres. À chacun de ces moments qu’ils vivent ensemble. Ses bras autour de son cou, elle sent ceux de son ancien amour enlacer sa taille. Elle se sent minuscule, au creux de ses bras puissants. Elle se sent protégée, l’espace d’un instant. Elle respire son odeur, ce parfum qui sait si bien l’apaiser.

Pendant quelques secondes,
Tu te sens à l’abri du monde.

Il n’y plus que lui. Plus qu’eux. Elle ferme un moment les yeux. Ce sont les mots d’Owen qui la poussent à les rouvrir pour les plonger dans les siens. Il est tellement gentil avec elle, tellement doux. Elle ne comprend pas pourquoi ce n’est pas toujours ainsi, pourquoi tout finit toujours par imploser. Peut-être parce qu’elle a du mal à se laisser aller, peut-être parce qu’elle se refuse à se dévoiler. Mais, aujourd’hui, c’est ce qu’elle a fait. Devant lui, elle a absolument tout raconté. Elle s’est livrée comme elle n’imaginait pas en être capable. Un faible sourire vient répondre à celui du jeune homme devant son baiser, puis les mots qui viennent la rassurer. – J’y arriverai. répète-t-elle, ses prunelles plongées dans les deux océans qui lui font face. Elle pourrait s’y noyer, encore, si facilement. Ses paroles viennent l’intimider, la poussant à détourner ses iris bleutées. – Et tu n’imagines pas à quel point tu m’as aidée. lui avoue-t-elle sans retenue. Elle ne prétendra pas qu’elle aurait pu le faire seule, elle n’en sait rien. Elle se rend juste compte que, chaque fois qu’elle a voulu s’échapper, c’est dans son regard qu’elle a trouvé la force de rester. – Je… Je t’offre un verre. Pour te remercier si… si tu en as envie. lui dit-elle avec un petit sourire faible. Le genre de sourire auquel il cède. Mais c’est sans intention cachée, sans rien qu’elle ne cherche à dissimuler. Elle veut seulement le remercier, du mieux qu’elle peut le faire. Même si ce sera toujours minime à côté de ce que lui, il a pu faire.