je vais bien, ne t'en fais pas (sahar)

traits de caractère / et la tempête gronde, s'affole, emporte tout sur son passage. tout feu, tout flamme, c'est à cent-à-l'heure qu'elle vit. incapable de ralentir, incapable de s'arrêter, encore moins de freiner. parce que ses pieds courent plus vite qu'elle. le tempérament explosif, puissant et affirmé. tant qu'elle en oublie parfois de reprendre son souffle. qu'elle brûle et se brûle dans le même temps. de passion, d'amour, de vie, elle n'en a jamais assez. éternelle insatisfaite. sauvage amazone. se donne tellement, trop, quitte à s'en consumer totalement. ou alors elle se perd dans les émotions des gens, celles qu'elle ressent beaucoup trop fort. s'étouffe dans leur trop plein de sentiments, y mêle les siens, s'effondre sous le poids de sa dévotion. le coeur coton. et la jalousie comme lourd fardeau, écran du manque de confiance en elle constant, dont elle a besoin d'être délivré. le coeur blessé.

puis les cristaux de glace se dessinent, se solidifient, empruntent leur forme aux stalactites. un mélange de réserve, de froideur, de contrôle mais aussi d'impulsion, d'autoritarisme et parfois d'agressivité. le tout mêlé, qui la pousse à passer en un instant d'un extrême à un autre. un jour timide, le lendemain effrontée. tantôt fleur bleue, tantôt passionnée. se complaisant dans toutes ces contradictions qui la définissent. entièrement contrôlée par des émotions multiples et changeantes. bipolarité sans doute refoulée. courageuse, déterminée, et têtue maladive, se tenant toujours à ses décisions, même les plus folles. parce qu'impossible n'est rien dans son vocabulaire. d'une chose à son contraire.

avant que le feu ne se déclare pour faire fondre chaque rempart, dévoilant le plus perturbant. l'attachement qu'elle ressent trop vite et trop souvent, lié au manque affectif dont elle a continuellement souffert. et ses histoires dans lesquelles elle se perd. par moment, même plus capable de discerner le faux, du vrai. à la limite de la mythomanie, excessive à souhait, dramaqueen et comédienne confirmée, dans ses meilleures périodes. elle ment autant qu'elle se ment. perturbée, dépressive, soumise à des forces bien plus grandes qu'elle. abîmée par une existence désabusée, parsemée de sautes d'humeur déraisonnées. entre crises de panique et crises d'hystérie, on pourrait l'aimer si seulement il était possible de la canaliser. quelques obsessions malsaines à la limite du dérapage à répertorier. capricieuse gamine à l'appétit versatile.

relation extra-conjugale. erreur de parcours. enfant non désiré, pas attendu. venant souffler un vent glacial sur l'existence de sa génitrice. papa n'était déjà plus là. il s'était contenté de réchauffer les draps de maman une unique fois. une nuit, dans une éternité. il avait enchaîné les corps. elle, parmi tant d'autres. y laissant pourtant une marque de son passage, une trace indélébile. ici plus que nulle part ailleurs. et elle t'a gardé. pour qui ou pour quoi, l'éternelle question sans réponse. et elle t'a gardé. parce qu'elle était là, sa dernière chance de donner la vie, d'assurer sa descendance. la question trouvant finalement une réponse. pas celle qu'elle aurait désiré, juste celle qui l'a brisé. l'a enterré dans des sentiments surfaits. dans des faux-semblants déstabilisants, ascendant flippants. quand elle comprenait finalement que la personne qui devrait l'aimer le plus au monde ne voyait en elle que l'incarnation d'un rêve de famille en pointillé. illusion factice. rôle à honorer à l'image d'une comédienne désabusée.


en contrebas, le vide à perte de vue. les contours qu'elle ne distingue même plus. et elle éclate de rire sahar. ne se sentant jamais plus vivante qu'en étant aussi proche du ravin, aussi proche de la fin. perchée sur le rebord du balcon, elle se rêve funambule. en représentation devant un ciel de monde. des milliers d'étoiles comme des silhouettes en train de l'observer délivrer la performance de sa vie. le fil de son histoire sur lequel elle glisse. à défaut du fil que ces artistes connaissent si bien. eux font briller les yeux d'admiration, quand elle les illumine de larmes. elle tangue, retrouve un semblant d'équilibre, mimant le saut de l'ange qu'elle brûle de concrétiser. et elle rit encore, l'hystérie la prend. si quelqu'un avait pu l'observer là-haut, il aurait juré apercevoir une échappée d'asile psychiatrique. défenestration improvisée d'une ballerine aux ailes brisées. l'oeuvre de toute une vie.


jusqu'au viol. le récit si bien ficelé d'une dingue jamais rassasiée. jamais suffisamment écoutée. le visage change. les émotions se peignent sur ses traits. les sentiments qu'elle sait si bien représenter, qu'elle sait si bien inventer. parce qu'elle a l'art et la manière. parce qu'elle sait où appuyer pour toucher, pour parader. les larmes de crocodile, le chant si envoûtant de la sirène qui cherche à attirer le marin. il était dangereux le gars. il paraissait bien trop réel le type. les lieux, les mouvements, les refus à répétition et la force qui l'a emporté sur sa frêle silhouette. même l'inanimée statue qui est restée prostrée sur le trottoir après son départ. elle était vendeuse son histoire. on avait envie d'y croire, envie de la croire. le cran qu'elle n'a pourtant jamais eu d'engager des poursuites. les relents de la peur qu'elle a invoqué pour s'en sortir avec les honneurs. vile traîtresse. menteuse de bas-étage. aux lippes suintantes de mille-et-un poisons. victime de pacotille.