take me back to the night we met. (sandy)

- i had all and then most of you
some and now none of you
take me back to the night we met -

— @sandy marshall

L’effervescence. Les lumières. Le bruit. La fête. L’envie d’oublier. L’envie d’effacer l’intégralité d’une vie beaucoup trop compliquée. Beaucoup trop brisée. Elle veut s’amuser, Opale, s’affranchir de toutes règles comme les autres jeunes femmes de son âge. Comme toutes les autres jeunes femmes de son âge. Mais toi, t’es pas comme les autres, Opale. T’as jamais été comme les autres. Tu ne le seras jamais. T’as l’esprit qui divague, l’esprit malade. Proie du démon. Entité malfaisante qui grandit en elle. Qui vient s’accaparer chaque partie de son être. Qui vient la ronger les années passant. C’est ce qui la fait tomber, c’est ce qui la fait chuter, toujours plus bas. C’est en crise, qu’elle s’est retrouvée dans cet endroit, deux semaines plutôt. Dans ce squat, cet endroit sale, ces personnes désorientées, comme elle, au fond. Dans ce squat, cette ruelle où elle a été agressée. Abandonnée, dénuée de toute vitalité, éclatée contre le sol du Queens. T’as vu la mort, Opale. Douce mort. Belle mort. T’as pensé que ton heure était arrivée, qu’il était temps pour toi de les retrouver. Mais tu t’es réveillée. . Le réveil amorphe dans cette chambre aseptisée, les derniers mois oubliés. Les derniers mois effacés. Il n’y a plus que cette violence. Cette violence qu’elle ressent partout. Cette violence qui assaille son être. Et une douceur. Une seule. Sandy.

Sandy, sa présence à l’hôpital. Sandy, sa visite au pied levé. Sandy et cette alchimie, cette tendresse inoubliable. Inoubliable. Ce que tu penses, Opale. Parce que la vérité, c’est que tu n’as aucun souvenirs des deux derniers mois passés avec elle. Seule envie, la voir. La revoir. Oublier ce qui s’est passé grâce à sa simple présence. C’est ce dont elle avait envie, mais cette envie n’est vraisemblablement pas réciproque. Parce qu’elle a disparu, Sandy. Pas d’appels. Pas de messages. Pas de visites. T’es déçue, Opale. Parce que tu l’attendais. T’attendais peut-être trop d’elle. T’attendais qu’elle soit là pour toi. Pas qu’elle parte en courant au premier obstacle. C’est ce qu’elle pense, au fond. Que Sandy se détourne d’elle parce qu’elle est moins intéressante, plus abîmée, plus amochée. Sentiment qui confirme ce qu’elle a toujours su, sentiment qui confirme que lui cacher sa maladie est la meilleure chose à faire. Elle n’est que mirage, Sandy. Mirage qu’elle tente d’oublier en enchaînant les verres, ce soir. Comportement incompatible avec son traitement. Celui qu’elle ne suit pas, qu’elle ne suit plus, avec intermittence. Oublier tout ce qui ne va pas. Oublier Sandy. Sandy et ce visage qu’elle aperçoit pourtant, juste à côté d’elle, alors qu’elle se servait justement un nouveau verre. Leurs regards se croisent, comme une malédiction. Tu ne savais pas qu’elle serait là, Opale. Tu ne savais pas que tu tomberais sur elle. Et maintenant t’es là, à la regarder, sans pouvoir dire quoi que ce soit.

rire ; boire ; danser !
encore un peu ! rien qu'un instant !
le temps d'un rêve, peut-être dernier songe
hasard et destin arrêtent le temps
là, devant elle ; mirage qui la ronge
espoirs fous partent en fumée.

même en la regardant droit dans les yeux, sandy ne parvient pas à se décider. évidemment qu'elle savait ! qu'en venant à cette soirée, les deux se croiseraient. c'est peut-être même toute la raison de sa présence... délicieuse chance, de deviner dans ses pupilles toutes les réponses à ses questionnements. la musique perturbe ses pensées sans sens, alors qu'aucun mot ne vient naître sur ses lèvres, aucune impulsion dans ses mouvements. que dire ? que faire ? rester dans l'oublier, s'incarner dans son présent ? laisser derrière elles les querelles oubliées, renforcer le feu d'une passion évanouie ? les jours se sont écoulés, lentement. pas un sans qu'elle ne zieute son cellulaire, hésitante. les lettres floues ne pouvaient s'envoyer, et chez opale sandy n'avait osé s'imposer. retourner dans l'endroit épris de passé était en plus un paris risqué... naïve, elle s'était dit qu'ici les choses seraient plus simples, entre les clopes et les shots.

pourtant, malgré la complexité de la tâche.... malgré le fait qu'elle n'ai aucune idée de comment agir, la seule pensée de la savoir seule finit par la pousser à s'avancer davantage vers son ancienne amie... petite-amie ? D'un battement de cils délicat, d'un sourire de travers... tic nerveux que de remettre une mèche de travers. parler ! dire un truc ! vite !

-"je te conseille pas le punch... il m'a carrément détruit les papilles gustatives."

un rire forcé, un regard sur le côté. Un embarras palpable. L'envie de mieux faire, l'envie de lui crier dessus et de la prendre entre ses bras.

-"comment tu vas ?"

@opale millstone

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take me back to the night we met -

— @sandy marshall

Elle se retrouve sans voix. Comme si sa langue était liée. Comme si sa bouche était cousue. Elle se retrouve sans voix, parce qu’elle a peur de ce qu’elle pourrait dire. Elle a peur des mots qui pourraient sortir, si elle s’aventurait à parler, réellement, sincèrement. Parce que ton problème à toi, Opale, c’est que tes mots sont toujours beaucoup trop forts. Beaucoup trop violents. Beaucoup trop tout court. A ton image. A ton instinct malade. Elle ne veut pas dire à Sandy combien elle est en colère. Elle ne veut pas non plus lui dire combien son absence la blesse, combien son silence la pèse. Elle ne veut pas lui avouer qu’elle a besoin d’elle, maintenant bien plus qu’avant. Et il ne reste rien. Rien d’autre que cette putain d’incompréhension. Rien d’autre que des souvenirs envolés. Vestiges d’une relation avortée. Sandy, elle, elle a l’air complètement déconnectée. Comme si elle ne voyait pas tout cela. Comme si elle ne sentait pas tout cela. Et au fond, ça te fait mal, Opale. Parce qu’avant t’avais pas besoin de parler pour qu’elle te comprenne. Elle n’avait pas besoin de parler pour que tu la comprenne. Et maintenant elle en est là, à pointer le punch du doigt, prétendant qu’elles n’ont rien de mieux à se raconter. Elle reste silencieuse, Opale. Elle n’a pas envie de rire. Pas avec elle. Pas après son abandon. Et ce n’est que lorsqu’elle lui demande si elle va bien qu’elle répond finalement, la gymnaste. - Parce que ça t’intéresse maintenant ? Les mots sortent. Ils sortent comme des flèches prêtes à transpercer le cœur. Les mots sont durs, acerbes, amères, et c’est peut-être la meilleure façon de faire réagir Sandy, après tout. Si elle ne veut plus te voir, t’aimerais simplement qu’elle te le dise, Opale. T’aimerais qu’elle ait cette honnêteté, en honneur de ce que vous avez vécu. Si vous avez réellement vécu quelque chose.

-"parce que ça t'intéresse maintenant?"

y a les faux semblants qui volent en éclats, et non, opale n'a plus envie de jouer à ce jeu là. mais sans le masque, sandy n'est rien, rien que du passé envolé et des mensonges pour se protéger. le palpitant en prend un coup, s'arrête encore un instant. le silence brise les mots morts nés, y a t-il seulement quelque chose à ajouter? y a un courage à retrouver, qu'elle espère percevoir au fond de son verre, liquide qu'elle engloutit en deux gorgées.

c'est fou comme elles s'aimaient-
non, qu'elle l'aimait.

-"dis pas ça..."

répartie pourrie des fonds de tiroir, mais comment avouer? à elle, s'être toujours intéressée? depuis cette soirée où opale d'un sourire fiévreux lui avait fait découvrir une ville qui avait beau avoir été berceau, semblait sans elle être aujourd'hui inconnue. que son regard depuis n'avait plus jamais quitté ses traits, que lors du premier baisé le cœur s'était embrasé? marqué, voilà ce qu'avait fait la jeune femme. elle l'avait marqué des péchés, d'une pureté, des rêves et d'allégresse.

parce que peut-être qu'avant elle, sandy n'avait jamais vraiment aimé.

-"je suis désolée. je sais que j'ai pas géré mais... j'ai été occupée."

à l'imaginer recommencer, volubile devant l'écran sanctifié. à se dénuder sous le regard des inconnus, offrir cette chair qu'elle avait cru sienne. à l'imaginer de nouveau tabassée, sans avoir osé être à ses côtés. à l'imaginer, constamment.

ouais, l'esprit entier qu'est possédé par ses crimes et sa beauté.
qui lui hurle
de pas recommencer.

les doigts impétueux pourtant s'élancent, frôle cette peau divine dans un élan de tendresse. entourent le coude, s'y posent délicatement.

-"je sais pas comment... comment agir. tu sais? mais je t'ai pas oublié."

les yeux brûlent d'une confiance fébrile, osent ne plus fuir le regard de la brune. ils demandent, supplient! mais quoi? de l'amour, de la haine, de la proximité ou de la fuite?

@opale millstone

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— @sandy marshall

Les mots de Sandy semblent tomber comme la grêle en hiver. Ils sont des coups de poignards. Ils sont assourdissants. Et elle ne se calme pas, Opale. Elle ne se calme pas pour la simple raison qu’elle ne digère pas. Douces maladresses ou cruels mensonges, elle n’a pas idée de ce que cache réellement Sandy au fond de son être. T’es perdue, Opale. Parce que la Sandy que tu connaissais n’aurait jamais menti. Mais la Sandy que tu connaissais n’aurait jamais pu t’abandonner. Et peut-être qu’au fond, tu ne la connaissais pas réellement. Peut-être qu’au fond, elle se tenait auprès de toi simplement pour s’amuser un peu. Mais à présent, elle est occupée. Trop occupée pour elle, trop occupée pour s’inquiéter d’elle, trop occupée pour ne serait-ce que lui téléphoner. Trop occupée ou incapable d’agir comme il le faudrait. Deux hypothèses évoquées par Sandy. Deux hypothèses qui font mal au cœur, peu importe laquelle de ces dernières est la bonne. - Non, non en fait, je ne sais pas. Comment je pourrais le savoir, puisque je n’ai plus de nouvelles de toi. La colère qui la ronge de l’intérieur. La colère qui dévore son âme. Incapable de se freiner, incapable de s’arrêter, parce que ses émotions sont comme toujours bien trop décuplées. - Si je comprend bien, t’es bien avec moi quand tout est cool. Par contre, dès que ça se complique un peu, tu prends la fuite ? Tu le vis mal, Opale. Tu le vis beaucoup trop mal, chaque fois que tu penses à vos beaux moments, vos rires. Tu le vis mal, quand tu sens son absence alors que t’as besoin d’aide. Besoin d’elle. Elle ingurgite son verre d’un trait, prête à s’en servir un nouveau. Juste pour oublier. Juste pour tenter d’effacer. Pour se calmer. Parce qu’elle pourrait crier. Parce qu’elle pourrait hurler. Et tout pourrait s’effondrer, d’un instant à l’autre. La situation pourrait partir en vrille, terminer complètement chamboulée.