lust for life (sadie)

tu claque des doigts, à l’intention de ton assistante,
planqué derrière ton bureau, un tas de papier étalé devant toi,
prêt à aboyer sur la première personne qui franchira cette porte.

c’est une rentrée des plus mouvementé, un tas de projet ont mené, de problèmes à régler. À croire que la vie s’est arrêter le jour ou t’a décidé de prendre un peu de vacance. t’aime te savoir indispensable, que le temps s’arrête, que l’horloge ne tourne plus quand tu n’es plus là . t’aime la simple idée de leur rendre la vie plus difficile par ton absence. même si ce n’est pas le cas. une journée comme les autres, à prendre un certain plaisir à aboyer les ordres, à voir les personnes à ton service. prince des enfers qui se délecte de la peur qu’il arrive a créé dans les yeux des plus faibles. tu n’aurais jamais dû avoir accès à ce poste, jamais dû être à la tête d’une équipe, de tout un service. tu pourrais le mettre à terre, le faire tomber, le détruire. et ça, juste pour ton plaisir.

le sourire se décompose quand tu vois son nom apparaître
lettre numérique
s a d i e

ça n’annonce rien de bon. ses messages ne sont jamais de bon présage, de bonne nouvelle. bien au contraire. tout a changé entre vous depuis qu’elle sait. elle te connaît maintenant, des mois et des mois accroché à ton bras, dès nuit passée à tes côtés, dès matin à ton réveil. Elle a vu Sadie, le plus mauvais en toi, le plus cruel, le plus méchant. elle a vu le vrai visage, vu les masques tombés et tu te doutes que ce qu’elle a découvert ne lui a pas plu. tu n’aimes pas ce qu’est devenue votre relation depuis. l’aimé tu avant river ? l’as-tu seulement déjà aimé ? tu détestes ce rapport de forces, cette pression qu’elle exerce sur toi. tu détestes t’écraser devant elle, ramper à ses pieds et lui accorder le moindre de ses désirs. T’es devenue sa chose, et tu détestes ça. pourtant tu ne dis rien, tu ne fais rien, tu la laisse faire. parce que cette relation t’est essentielle, parce que tes parents te foute la paix, parce que votre “cercle” bien fermé vous laisse tranquille tant que vous ne faites pas de vague. de faux pas.

tu lis rapidement les quelques mots qui te donne rendez-vous ce soir, chez toi. elle a à te parler. tu te demandes déjà ce qu’elle peut bien vouloir, ce qu’il y a de si urgent pour qu’elle ne puisse pas attendre le lendemain, votre prochain rendez-vous, ou qu’importe, plus tard. ce soir-là, tu prends ton temps, joue avec la montre, provoque ton retard. les clés dans la porte, l’immense loft qui t’accueille, une ombre dans le salon. elle est là, elle t’attend, fais naitre un sourire cruel sur tes lippes, dévoile tes canines. “ tu sais, le fait que tu aies les clés ne te donne pas le droit de rentrer chez moi à n'importe quelle occasion…”, tu te défais de tes affaires, t’avance finalement vers elle, un baiser sur sa joue pour tout salut. te retourne vers le bar, les bourbons hors de prix, le verre qui tinte. “qu’est-ce qui me vaut ta visite si précipité ?”, tu tourne les talons, verre à la main, t’installe en face d’elle dans le Chesterfield, la jambe repliée, le regard qui se pose enfin sur elle, prêt à l’affronter.

tu entrais la clé dans la serrure en tournant, un petit sourire fier sur les lèvres et tu soupirais. tu pénétrais dans le loft, encore désert et tu faisais tomber ton manteau pour le laisser sur le canapé du salon. tu te servais un verre de gin, que tu noyais dans du schwepps tonic et tu t’approchais des grandes baies vitrées pour observer la vue sur la skyline de manhattan, plus loin. tu sirotais lentement ton cocktail, et tu jetais de temps en temps des coups d’oeil à ta montre. bien trop chère, d’ailleurs. tout comme tout ce que tu portais. même le gin valait une fortune.

tu commençais sérieusement à t’impatienter, et tu savais que river faisait exprès. il te connaissait, il savait très bien que tu ne supportais pas quand il avait du retard. mais tu avais décidé de ne rien dire, ce soir. tu le laissais faire, si ça l’amusait, très bien. tu te mordais les lèvres quand enfin, il apparaissait et tu le laissais embrasser ta joue, pour simple bonsoir. « oh voyons mon coeur, ne soit pas si désagréable. » tu soufflais en souriant en coin, terminant ton verre d’une traite avant de te tourner vers lui pour l’observer de longues secondes. tu savais pas où ça vous menait tout ça. ce que tu t’apprêtais à lui demander, tu savais même pas si tu en avais envie. tes parents, eux, te pressaient. depuis quand tu les écoutais ? depuis quand tu en avais quelque chose à faire de ce qu’ils te demandaient ? depuis que ça emmerdait river, certainement. depuis que tu en savais trop sur lui.

tu continuais de l’observer de longues secondes et tu haussais les épaules lentement. « et bien disons que mes parents me parlent énormément de toi. et ils se demandent quand, enfin, tu oseras demander leur fille en fiançailles, tu vois ? » tu soufflais en te rapprochant de lui et en affichant un sourire carnassier. « ça fait un moment. ma chère mère a hâte d’organiser tout ça. du coup je me disais… tu attends quoi, au juste ? » tu demandais, l’air de rien, en te détournant et en soupirant un peu, appréciant de nouveau la vue qui s’offrait à toi. tu attendais sa réponse avec impatience, tu savais que tu avais la main sur lui. depuis que tu connaissais tout de ses activités secrètes. et puis, votre relation était déjà un pur désastre, qu’est-ce que ça allait changer, que vous soyez fiancés ou non ?

calme olympien, tu te tournais de nouveau vers lui, avec toute ta grâce et toute ta beauté. tu affichais un sourire, à la fois malicieux et malsain. tout ce qui caractérisait votre relation. tu t'avançais doucement vers lui, le regard planté dans le sien. alors, river ? cap ou pas cap de pousser le vice encore un peu plus loin ?