mik ✖️if i only could make a deal with god

01/ les septs merveilles. tu étais le plus fragile, le plus faible de la bande, le petit mouton qu’on laisse derrière. mais si tes qualités combattives n’égalaient pas celle des autres, tu avais en toi quelque chose qui brulait, incandescent et qui malgré la rudesse de l’entrainement qu’ils te faisaient subir ne cessait de croitre, de gronder, de te dévorer tout entier. était-ce de la colère ? de la hargne ? de l’envie ? un poison qui se distillait dans tes veines, qui brûlait jusque dans le fond de tes poumons, qui t’obligeait à toujours te tenir debout. ils te considéraient comme un chien, bon à obéir au doigt à l’oeil, tandis qu’en ton for intérieur, tu construisais cette muraille entre toi et eux. ton intelligence et ton oeil affuté à l’observation. ta capacité de réflexion. bientôt, tu n’étais plus le petit canard boiteux. tu n’étais pas comme eux, tu étais différents, mais ça tu le savais déjà. tu choisissais cependant, était-ce là alors pour t’affirmer, de montrer que par ta différence tu n’étais pas faible. le monde avait décidé, sans te l’avoir demandé, qui tu serais. tu choisissais de lui obéir, tout en construisant en ton propre sein, le miroir de ton âme, ou tu ne cessais de te répéter tout doucement que tu n’avais beau être qu’un chien, tous savaient cependant de quoi tu étais capable. toi. eux. vous tous.
02/ les septs sacrements. la première fois que tu as vu un homme mourir, tu ne sais même plus ce que tu as ressenti. ni même ce que tu devais. bloqué dans ce qu’on t’avais appris, tu laissais ton visage impassible laisser voir au monde ce qu’il voulait bien tandis que ton âme hurlait à la mort quelque part dans un recoin sombre. sombre, ce mot commençait à te définir de plus en plus. et lorsque ta cage thoracique n’avait plus le pouvoir de contenir tout ce que tu lui forçais à endurer, il en sortait de toi le pire. la mort, tu l’avais déjà donné de ta main, jusqu’à entendre passer le dernier soupir entre les lèvres de ta victime. une sorte de brouillard entourait cette première fois, comme si tu étais dans une sorte de brouillard épais. avec le temps, côtoyer la mort avait fait de toi quelqu’un de différent, et tu avais appris a en faire un bon compagnon de route. semer la mort, sans jamais se retourner. pouvoir frapper avec justesse, sans un bruit, sans un souffle, là ou ça faisait le plus mal. l’anatomie humaine, tu l’avait longtemps étudiée. d’abord un coup dans la trachée, précisément là ou le nerf pharyngé passait, ce qui refermait le tractus vocal et empêchait les gens d’hurler à la mort. puis la fémorale, plus gros réservoir sanguin, empêchant l’ennemis de prendre la fuite par la même occasion. puis le poumon, en partant du côté gauche, pour avoir la chance de créer une tamponnade cardiaque. l’abdomen, au niveau du cadrant supérieur droit, pour que la rate sois hors-jeu. deuxième coup à droite dans l’espoir d’embrocher un rein au passage. toujours finir par la carotide, dans un dernier coup sec et précis. puis disparaitre, une fois le dernier sacrement de mort accordé.
03/ les septs péchés capitaux. chien de l’armée, reclus dans les tréfonds d’une identitée, maintenant vous êtes envolés comme la poussière. mort pour certains, désertant pour d’autres, envoyé faire le sale boulot au quatre coins du globes pour ta part. voyager, tu as eu cette chance pendant des années. ta préférence ? pouvoir t’installer et t’imprégner de l’endroit ou l’on t’envoie. l’observation, c’est réellement ton talent. la façon de marcher, de s’habiller, les habitudes de l’épicerie jusqu’au moindre petit trémolo d’accent rocailleux. ta personnalité s’habille et se change. mais une fois porte close, l’étau se resserre. personne ne sait qui tu es. tes frères ennemis en viendraient presque à te manquer dans des moments pareils. toujours là pour te faire vivre le pire, mais eux seuls savent par quoi tu es passé. ils ont été forgés de la même façon. trop de souvenir. encore des points de faiblesses. aujourd’hui, tu vagabondes encore là ou ton esprit te mène. tu ne restes jamais plus de 6 mois au même endroit. tu prends soins de ne laisser aucune traces derrière toi, comme tu le fais depuis toujours. Tu brûles des mots, des photos. Tu rédiges tes rapports à la machine à écrire, pour qu’on ne puisse jamais identifier ton écriture. Tu cryptes, encore une de tes grandes passions. Tu sais que ton heure viendra, et patiemment, tu continues de mettre un pied devant l’autre.  
04/ les septs jours de la création. Observateur. Fin d’esprit. Toutes ces qualités qui te rendent sensible à ton environnement et t’aident à t’en imprégner au maximum. Tu as bien eu des casquettes dans différents corps de métier. Du barmaid un peu renfrogné sans histoire venu tenter sa chance dans la grande ville avant de disparaitre quelques mois plus tard. Tu avances petit à petit dans ta quête. Tu sais qu’ils sont là, comme si ils pouvaient te regarder de là ou ils sont. Mais tu sais que la plus grande erreur que tu pourrais faire, c’est de te jeter dans la gueule du loup en voulant te précipiter. La patience est la plus grande de tes vertus. Elle t’en voudra surement d’avoir mis autant de temps.Elle trouve toujours quelque chose à te reprocher de toute façon, alors pourquoi se leurrer ? Tu a l’impression d’avancer vers chez toi. Mais souviens-toi, pour avoir une maison il faudrait déjà savoir qui tu es ? Qui tu es d’autre que ce symbole que tu portes tatoué quelque part sur ton flanc. Tu grilles encore une cigarette. Une dernière pour la route. La route est encore longue, et ton objectif à la fois si proche et si loin.
05/ les septs rayons de la couronne. la tête appuyé, ballotant au gré des secousses du train, il ne sait pas si c'est son coeur qu'il sens s'emballer dans sa poitrine. le retour est proche. retour à la maison ? il ne sait pas. il ne sait pas de quoi cet avenir sera fait. si il court droit à sa perte, ou si c'est le début d'un semblant de liberté. il se surprend lui-même à sourire : liberté, pour un homme qui a été au quatre coin de la planète, ne rêve-on pas d'un homme plus libre que ça ? et pourtant, retenu par des chaines invisibles. toujours sur ses gardes, presque trop à fleur de peau par la solitude qui le ronge plus loin encore que les os, il arrive avec les yeux cernés de doutes et de rancoeur. son esprit peine à se libérer. et il se chuchote encore à lui-même qu'il est son plus grand ennemis, son double maléfique. lui seul peut se sortir du mal. lui seul peu s'y plonger. les septs rayons de la couronne de la statue de la liberté se profilent doucement à l'horizon, tandis qu'il ferme les yeux, un sourire presque en coin. quel sera l'avenir ? est-ce qu'il a vraiment été question d'avenir un jour dans sa vie ? il n'était après tout qu'un chien. tantôt chien de l'armée. chien errant. que deviennent les chiens sans leurs maitres, si ce n'est des bêtes déboussolées et aux abois ?