to many times.

longtemps qu'ça n'était pas arrivé.
longtemps qu'une main sur ses hanches n's'était mise à traîner.
pas un regret des temps passés. pas une once de nostalgie mal placée. salva elle répugne ses types qu'elle a pourtant longtemps fréquenté. ces rictus malsains. ces gestes obscènes. et c'truc dans leurs yeux. c'truc vicieux. cette étincelle de machisme qui rend leurs avances plus bovines que divines. cette vieille tâche d'immondice collée au fond d'leurs rétines. abi elle les haît tous. elle leur cracherait bien sa rancoeur, son dégoût. elle leur cracherait bien tout c'qu'elle a sur l'coeur. s'ils n'avaient pas l'avantage de la force, et elle la faiblesse de rentrer seule le soir.

alors elle sourit, salva. elle s'plaît dans c'nouveau job. incapable de se séparer totalement du monde sordide qui l'a élevée. incapable de vivre dans un milieu bien rangé. elle manie les verres et les bouteilles -habillée, elle s'fait bien plus d'oseilles.
un martini pur ma jolie. la brune grogne un brin. n'relève pas -n'relève plus. l'habitude. elle lui offre son air renfrogné et son silence pour seule réponse avant d'se retourner. les yeux fermés. elle pourrait servir n'importe quelle liqueur, les paupières closes. quelques mois seulement pour apprivoiser c'bar flambant neuf. elle respire le renouveau. cette envie d'changer d'rafiot.
elle sent l'insistance des iris dans le bas d'son dos dénudé. et les mots graveleux, elle aurait pu les parier. eh dis donc poupée, tu pourrais sourire ça t'rendrait pas moins canon. inspire salva. n'dégaine pas tout d'suite ta rage enfouie. elle se retourne, le verre exécuté. elle n'répond pas. n'prend pas la peine de l'écouter. elle se penche la brune, dépose la commande entre les poings du répugnant. répugnant qui lève une paume, profite de l'échine courbée pour lui flanquer entre les seins son billet tout froissé. et garde le pourboire. un clin d'oeil inapproprié et c'est salva qui s'met à vriller.

aucun instant d'flottement. abi elle sait pas s'poser. elle sait pas c'que c'est la sérénité. elle a pas c'calme inné pour répondre avec sobriété. tu m'as prise pour une putain !? la mexicaine accompagne ses mots d'un jeté de billet qui vient s'échouer sans force dans l'verre du type scotché. que te follen, hijo de puta (va t'faire foutre, fils de pute), qu'elle termine. tout l'monde les a entendu. tout l'monde s'est tu. et l'type écorché qui vient d'se lever pointe son gros doigt sur la brune au regard de jais. j'vais t'faire la peau sale petite traînée !

To many times.

Y'a longtemps eut Jenny derrière ce bar. Vive et réactive. Le sourire toujours sur les lèvres, l'énergie bien placée mais le caractère bien trempé. Combien de fois tu l'as vu rabrouer des types au regard lubrique ? Combien de fois tu l'as vu affronter de ses yeux perçants, ceux embué par l'alcool, de clients qui pensait pouvoir la tripoter tout à loisir ? Bien trop pour que t'ais pu en faire le compte. Dès l'ouverture de ce pub, elle t'a mis au pli toi aussi. Elle t'a tout de suite précisé que t'avais pas intérêt de jouer au chevalier servant avec elle. Que tu devais la laisser gérer les dégueulasses susceptibles de tenter leur chance. Que tu devais lui permettre de se faire respecter d'elle même. Et elle y est parvenue sans grand mal. Les ivrognes n'ont pas besoin de grand chose de plus que des paroles fermes pour comprendre qu'ils ont tout intérêt à se calmer. Toi tu n'as eus besoin de mettre à la porte que les plus bagarreurs d'entre eux. Quand t'as décidé d'embaucher une jeune femme dernièrement, tu t'es dis qu'il te faudrait veiller au grain. T'assurer que ses conditions de travail ne soient pas trop compliquées pour ne surtout pas lui donner l'envie de fuir et de changer de boulot.

Ce soir t'as bien remarqué le petit manège de ce client installé au comptoir. Ou plutôt, avachit au bar. Tu les reconnais les regards de ces pervers qui s'imaginent avoir une chance. Surtout s'ils insistent lourdement. De ces pervers qui s'imaginent qu'ils peuvent parler comme bon leur semble à la barmaid et lui donner l'envie d'y répondre. Qui s'attendent à ce que la jolie fille glousse et tende son numéro ou accepte de partir en sa compagnie. Tu les connais par coeur les remarques sexistes auxquelles elles peuvent avoir droit, pour y avoir si souvent assisté avec Jenny. Tu continues de courir à droite et à gauche entre les tables pour t'assurer que tout le monde a bien ce qu'il faut et tu laisses Abi gérer le client insistant. Tu manques ainsi une partie de la scène mais tu entends la voix féminine qui s'élève alors que le bar se calme. Que tout le monde se tait pour assister à la chose comme s'il s'agissait d'un spectacle. Tu ne tardes pas à t'en approcher, côté client, pour flanquer une main ferme sur son épaule. Autour de laquelle t'appuies juste assez fort pour lui faire saisir que c'est terminé. Qu'il ferait certainement mieux de se calmer. Hey ! C'est pas vraiment des manières ça. De tes doigts bien placés, t'appuies plus fort sur l'épaule pour provoquer la douleur. Trop longtemps que t'as pas eus à immobiliser un type. C'est que ça commencerait presque à te manquer. On doit sortir monsieur ? Que tu demandes à l'adresse de la barmaid.

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