you've said i mattered. (artni)

Depuis qu’ils se sont échangés ces quelques textos, Jenni n’a fait que penser à ce fameux repas. Pour la première fois depuis son célibat, elle s’est senti prête à faire un effort. Tant pour elle, que pour l’intéressé. Elle a cherché la recette parfaite pour l’occasion, qui plairait à la fois aux enfants et à leur père. Elle a organisé l’appartement pour que la table à manger soit au milieu du salon, qu’ils puissent profiter d’être tous ensemble. Depuis la première fois depuis l’explosion de leur famille, les Rowling vont passer un moment à quatre. Ensemble. Pour Jenni, ça veut dire beaucoup. Mais pour les enfants, certainement encore plus. Un soir, alors qu’elle les couchait, elle a essayé de leur expliquer. « Dans trois dodos, papa vient vous chercher. Vous vous souvenez ? » qu’elle demande, les bordant de chaque côté du lit. Ils répondent en cœur qu’ils savent, qu’ils retiennent toujours le nombre de nuits qui les séparent de leur père. « Et juste avant de partir chez papa, on va manger tous les quatre ici. D’accord ? » Jenni n’y est pas allée par quatre chemins, elle sait qu’il faut être claire avec eux. Perspicaces, les petits. Ils la regardent alors avec de grands yeux, sans bien comprendre. Marcus se lève et sort de ses draps bordés pour sauter sur son lit. Il semble ravi. « Oui ! Papa va rester ! Oui ! » Jenni sent son cœur se serrer, et retient son fils qui sautille sur le matelas. « Juste pour le repas. Papa va rester juste pour le repas. » Et voilà que Milo se met à sauter à son tour. Certainement une mauvaise idée de leur annoncer ça juste avant de dormir. Même s’ils auront eu le mérite d’être crevés et de s’endormir en deux secondes. Jenni avait fermé la porte, heureuse de voir à quel point ils aimaient les voir ensemble. Le jour tant attendu est arrivé assez vite. Jenni n’en a presque pas dormi, assaillie de questions. Est-ce que tout est en place ? est-ce que c’est une bonne idée ? est-ce que ça ne va pas empirer les choses ? est-ce que son cœur ne va pas davantage se briser ? Et s’il se passe quelque chose, qu’est-ce que ça implique ? Jenni sait qu’elle ne pourra jamais répondre à ces questions avant de l’avoir vécu. Et c’est pour ça qu’elle se réjouit aujourd’hui de se mettre au fourneaux. Les cheveux attachés en queue de cheval, un petit pull rouge sur une jupe noire – elle est élégante. Presque trop pour un simple après-midi. Elle a décidé de ne pas travailler aujourd’hui, de prendre le temps de se faire belle et d’habiller les garçons comme un jour de grande occasion. Tous les deux installés sur la table, ils ont pour mission de faire quelques décorations. Après tout, c’est bientôt halloween et l’appartement manque cruellement de fantômes. Jenni sait qu’elle peut leur faire confiance pour ça. Ce n’est cependant pas le cas de sa confiance en elle pour le repas, chose qu’elle a toujours redouté. Au programme, lasagnes de légumes. Carottes, butternut, courges. Un pari osé mais entouré de pâtes, donc accessibles. Et si elle ne manque pas la cuisson – alors tout se passera bien. En entrée, Jenni décide de faire une simple salade. Elle préfère prendre le temps de faire son fameux gâteau aux pommes que tout le monde adore. Il ne faut pas bien longtemps avant que les doigts des deux garçons se retrouvent dans le fond du plat, d’ailleurs. Un fond sonore, la table est mise. Il ne manque qu’Artus, qui ne devrait pas tarder. Jenni retire son tablier et rajoute un peu de rose sur ses joues. Elle est dans un bien meilleur état que la dernière fois. Elle n’a pas bu, elle a dormi cette semaine, elle a le sourire. Cette soirée lui a redonné un peu d’espoir, un peu d’envie. Elle ne sait pas à quoi s’attendre, elle ne préfère pas l’imaginer mais elle met toutes les chances de son côté pour que tous les quatre, ils passent un bon moment. Qu’importe le résultat, qu’importe les larmes lorsqu’il sera parti. Qu’importe l’envie fougueuse de l’inviter contre elle, cette nuit. Qu’importe tout ça, elle sera heureuse d’avoir tout fait comme ça l’enchante et au rythme des rires des enfants. On sonne quelques minutes plus tard, les enfants se ruent vers l’entrée. Milo ouvre la porte du haut de ses bras et se jette dans les jambes de son père. La soirée peut commencer.

L’américain devait bien l’avouer, cet échange de SMS l’avait légèrement retourné. Au point que Peter l’avait bien remarqué, le questionnant un peu trop à son goût. Il a joué au muet, le connaissant assez pour savoir qu’il allait se pavaner en lui disant qu’il avait raison depuis le début. Artus est toujours amoureux de Jenni et il le sait aussi bien que les autres pour le coup, il préfère juste se taire. D’un naturel direct, il avait bien sûr dis les choses tel qu’il le pensait, il la connaissait assez pour le savoir, sa pokerface était efficace à toute épreuve. Il n’avait pas le choix, c’est un policier. La semaine a été longue, ou rapide, ça dépendait des jours. Il était serein pour le diner de ce soir, ça allait lui faire un bien fou de retrouver leur habitude de l’époque. Bien que Marcus avait bien grandis et que ça allait être un peu moins tendu –il l’espérait en tout cas. A la fin de son service, il eut le temps de rentrer chez lui pour prendre une bonne douche et s’apprêter pour ce diner en « famille ». Une fois habillé d’un pull à colle roulé plutôt fin et d’un pantalon noir taillé, il mit son manteau par-dessus et quitta son appartement. Il dut quand même prendre sa voiture, s’ils vivaient dans le même quartier, ce n’était pas non plus la porte à côté –et c’était pas plus mal au début de leur rupture. Il sortit de sa voiture et fit le même trajet, comme s’il était chez lui. Il sonna à la porte et ce fut sa plus grande tête blonde qui lui ouvrit la porte, tout excité. – et voici mon grand monstre, attention je t’ai attrapé dit-il en l’attrapant pour le porter tel un sac à patate. Marcus à ses pieds, criait déjà de joie à voir son grand-frère rire. Après quelques secondes de rigolade, il reposa son fils au sol après lui avoir déposer un baiser et pris Marcus contre lui. Son attention se porta alors sur Jenni, rester silencieuse durant cet échange entre père et fils. – tu es en beauté ce soir dit-il en souriant, ne sachant pas s’il devait venir la saluer de plus près ou non. Finalement, il sentit la douceur odeur du gâteau qu’il aimait tant. – serais-ce le gâteau aux pommes que j’aime tant ? il pourrait le reconnaître entre milles. Son attention se reporta par la suite sur la décoration d’Halloween, alors qu’il avait le petit par terre. Se déchaussant et retirant son manteau qu’il accrocha aux portes manteaux. – c’est enfantin mais glauque, vous avez fait ça avec maman les garçons ? en vue des cris, ils en étaient plus que fier.

Jenni a peut-être été ambitieuse sur cette soirée. Les attentes sont peut-être trop grandes, tant pour la famille qu’ils forment à quatre que pour le couple. Depuis aussi longtemps qu’elle se souvienne, elle a cependant toujours été comme ça. Pleine d’espoir et d’entrain, toujours persuadée que le verre est plein – même s’il n’y a pas d’eau dedans. Une belle qualité qui peut jouer des tours. Elle est souvent déçue, Jenni. Elle tombe souvent de haut. Et ce soir, elle pourrait bien se prendre une claque. Ou voir ses derniers rêves se réaliser. C’est une chance qu’elle prend, à bras le corps. Et elle arrange la situation autant qu’elle le peut à l’aide de ses armes préférées : un visage rayonnant, des enfants heureux et occupés et un gâteau aux pommes magiques. La possibilité de l’échec sera moins difficile si la soirée se déroule bien, sans cris et sans pleurs. Juste en rappel du passé et de ce qu’ils ont vécu. Jenni respire un grand coup avant que son fils n’ouvre la porte à son père, sautillant entre ses jambes. Artus n’est pas en uniforme, Jenni le remarque tout de suite. Il est pourtant bien habillé, élégant. Il a fait un petit effort, tout comme Jenni en a fait de son côté. Est-ce que c’est bon signe ? Jenni décide que oui. Elle affiche donc un large sourire sur son visage, mettant les derniers couverts sur la table. Les enfants jouent, heureux de retrouver leur père. Et ça se voit, Artus est tout aussi content de pouvoir les reprendre dans ses bras. Déchirure toujours difficile pour les deux parents divorcés. Laisser les enfants, accepter de ne les voir que la semaine prochaine. Accepter cette situation qui pourtant, ne semble ravir personne. Artus lâche enfin les petits, portant son attention sur Jenni. Il laisse de jolis mots sortir de sa bouche, faisant rougir les jours de la jeune brune. Il a toujours eu les mots qu’il faut, il a toujours su quand les dire. Jenni n’a pas fait de grands efforts ce soir, elle est juste en forme. Pas fatiguée, pas en gueule de bois. Juste naturelle. Et c’est comme ça qu’Artus l’a aimé, et qu’il l’aimerait encore longtemps. Une légère tension s’installe. Est-ce qu’ils doivent s’approcher, est-ce qu’ils peuvent se toucher ? Jenni, mal à l’aise, se contente de parler. Incapable de s’approcher de trop près. « Merci. T’es pas mal non plus. » Un clin d’œil pour se détendre et volte-face dans l’espace cuisine pour cacher ses joues et une respiration forte. La soirée s’annonce plus stressante qu’elle ne le pensait. Et il ne faut pas. Ce soir, qu’importe le passé, c’est le présent qui compte. C’est l’instant figé. Un bon repas, en famille. Voilà ce qui compte. Jenni ouvre le four pour la cuisson du gâteau et se réjouit de la remarque de son ex-mari. Elle savait qu’elle marquerait des points avec ce gâteau. « Lui-même ! » qu’elle dit, en le posant sur le plan de travail. L’odeur des pommes caramélisées s’installe dans la pièce et réchauffe les cœurs. C’est l’effet qu’il fait. Des sourires, quelques habitudes. Les manteaux tombent et les masques aussi. Ce soir, ils sont naturels. Ce soir, ils grandissent. Et les enfants aident, à ça. Montrant leur dessin et leur ambiance halloween. Ils ont été si sages, c’était presque comme s’ils n’étaient pas là. « Ils ont fait beaucoup de choses tout seul, pendant que je cuisinais. » Jenni passe sa main dans les cheveux de Marcus et embrasse Milo sur le haut de la tête. Il se débat, absolument gêné. « Mais ! Arrête maman ! » Jenni lève les yeux au ciel en riant et frappe des mains. « Aller, à table ! » Il faut manger tôt pour que ces petits bouts aillent au lit. Jenni a prévu un petit film s’ils sont sages, et ils ont pour l’instant gagné leur droit à la télé. Une fois tout le monde installés, Jenni apporte la salade et sert tout le monde. Les enfants racontent leur journée. « On voulait faire comme James, à l’école. Sa mère a décoré tout l’appartement ! Mais maman n’a pas voulu, alors on a juste fait ça. Et on a mangé des bonbons ! Tu voudras des bonbons papa ? » C’est chaleureux. C’est heureux. Jenni ne s’arrête pas de sourire. Elle ose quelques regards vers Artus, elle tente de comprendre ce qu’il pense. Ce qu’il a derrière la tête. Mais très vite, elle choisit de ne pas se poser trop de questions. « Et toi alors, t’as fait quoi cette semaine ? » Qu’elle demande, en écho à son fils qui s’interroge aussi. Après tout, ils ont raconté toute leur semaine. Alors, à son tour.

L’américain était plus que ravi de pouvoir passer une soirée en compagnie de ses fils et de leur mère. Il avait l’impression de revenir deux ans auparavant, quand tout allait bien dans leur couple. Artus sait très bien que leur relation n’a jamais été vu d’un bon œil pour la famille de la demoiselle. Ils lui avaient même tourné le dos en apprenant la grossesse et leur mariage. Il ne fallait pas le croire, mais il s’en voulait pour cette situation, il avait l’impression que c’était principalement de sa faute. Maintenant qu’ils n’étaient plus mariés, il doutait que les choses se soient calmés entre eux, surtout avec son grand-frère. Il devait en entendre de toutes les couleurs à son sujet, il y avait de quoi, il ne niera pas. Le policier n’était pas là pour broyer du noir, maintenant qu’il était dans l’appartement joyeusement décoré pour Halloween. Il s’intéressa principalement à ses deux monstres et à son ex-femme qui était plus que rayonnante aujourd’hui. – ça change un peu de mon uniforme de police dit-il avec un sourire aux lèvres. Il se rappela vite leur discussion par SMS, c’était encore bien trop compliqué. Peut-être que c’était plus simple de se séparer dans un mauvais terme. Il sentit rapidement son gâteau préféré aux pommes. L’américain eut un sourire aux lèvres, elle savait de quoi lui toucher le cœur. Le sourire ne quitta pas ses lèvres depuis qu’il a passé la porte de l’appartement de son ex-femme. – tant mieux, j’ai une faim de loup dit-il avec un sourire au coin. Il s’installa à sa place habituelle, là où il se posait principalement quand ils étaient en famille. Il écouta attentivement les propos de son fils qui racontait joyeusement la raison de cette décoration. – vous avez fait ça comme des bricoleurs ! dit-il en tapotant la tête de Milo. Il reposa son regard sur Jenni alors qu’il commençait à manger tranquillement. – la routine, pour l’instant c’est plutôt calme. Mais il va certainement avoir une grosse affaire en approche dit-il en haussant les épaules. – et toi alors, tu as des événements en cours ? demanda-t-il en coupant le plat de Milo pour qu’il mange tranquillement.