On a tous nos problèmes. || Andreas

Terrilyn sursauta vigoureusement lorsque sa flânerie fut interrompue par une inconnue qui venait de littéralement manquer de lui rentrer dedans. Le cœur battant, elle leva le nez de son téléphone pour mieux faire face, une fois un pas de recul envisagé, à une demoiselle qui se targuait facile de la moitié de son âge. Un véritable sapin de noël ambulant lui faisai face ; c’était exactement ça. Des branches plus vraies que nature se superposaient sur deux bons mètres de hauteur, et leur sommet croulant sous les guirlandes se coiffait d’une étoile scintillante éclairée à la led verte et rouge. L’illusion se brisait quand on tenait compte du fait que le sapin était pourvu de pieds, d’un visage et de bras qui tendaient une pétition pour une quelconque cause qui profitait de l’attendrissement du quidam propice durant la période de Noël.

L’intéressée soupira d’agacement et fit religieusement le tour du sapin pourvu de pattes sans même jeter un regard à la demoiselle qui ne devait être rien de plus qu’une étudiante tentant désespérément d’arrondir ses fins de mois.
Oui eh bien, on a tous nos problèmes, hein.

Terrilyn n’avait jamais particulièrement aimé Noël. Elle ne disposait pas d’une famille étendue, pas plus que son mari. Les parents de ce dernier avaient disparu depuis bien longtemps déjà, et les siens les accueillaient chaque année le temps d’un dîner au cours duquel ils s’échangeaient des banalités. Chacun pouvant s’offrir ce qu’il voulait toute l’année, les cadeaux étaient une denrée obsolète, tout simplement ignorée.

L’enseigne boisée d’un café prônant la diversité des arts choisi par Andreas attira bientôt ses mirettes. Terrilyn congédia sans minauderies l’éditeur qu’elle avait au téléphone et arracha sans plus de cérémonie ses écouteurs de ses oreilles. Son regard cherchait déjà celui avec lequel elle avait rendez-vous tandis qu’elle les enroulait autour de ses doigts pour les ranger précieusement dans son sac.

Au moindre pas qu'Andreas fait dans les rues de New-York, le paysage lui rappelle que les fêtes approchent à grand pas. Ça ne l'a jamais réellement enthousiasmé mais il fait l'effort d'être présent au repas de Noël pour ses parents et ses frères et sœurs. Il les aime et veut leur faire plaisir. Même si sans Odaleen, tout est bien différent aujourd'hui. Il n'a plus le goût à la fête, plus l'envie d'avancer, ni même de penser à l'avenir.
Il aimerait bien se sortir de cette vie sans futur. Il aimerait bien avec un but comme beaucoup de gens, avoir un toit à lui. Mais bien vite, ces envies s'en vont et il ne bouge pas un pouce pour que sa situation change. Peut-être qu'au final, il est bien comme ça. Dans un confort qui laisse à désirer, dans une instabilité qui ne lui fait pas peur mais qui en déroute plus d'un.
Il entre dans le café, salue la personne présente derrière le comptoir avant de lui commander un café. Pas la trace de Terrilyn pour le moment alors le jeune homme va s'asseoir sur une table un peu à l'écart des personnes présentes.
Et il l'attend.
Rien ne le montre mais il est un peu impatient de la voir aujourd'hui. Ils ne sont pas amis, loin de là, mais ils s'entendent bien. Et avec elle, il a l'impression qu'il peut tout lui dire. Evidemment, il en dit le moins possible parce qu'il n'est pas du genre à se livrer si facilement et ouvertement. Il a besoin de temps, Andreas. Mais il se dévoile un peu parce qu'elle sait le mettre en confiance. Et elle en fait de même.
Ça lui fait du bien, mine de rien.
Leurs échanges sont simples et sans prise de tête malgré le contexte professionnel de leurs rencontres.
La porte s'ouvre et le regard d'Andreas s'y pose pour y voir Terrilyn entrer. Elle ne semble pas l'avoir vu, pas encore. Alors il se redresse un peu et lui fait un signe de la main avant de se lever pour l'accueillir. Il dépose un baiser sur chacune de ses joues avant de l'inviter à s'asseoir et de s'assoir lui aussi. Comment vas-tu ? Tu n'as pas eu trop de mal à trouver ? L'endroit est un peu caché des rues principales mais il n'en reste pas moins une très bonne adresse. Andreas se balade souvent dans les nouveaux quartiers où il trouve un logement, c'est comme ça qu'il découvre ce genre de petit lieu sympa. Tu veux quelque chose ? Qu'il lui demande