the worst in me. |sasha

le souffle, t'oscilles le doigt vers la droite sur ton téléphone. pré-choix fait que sur l'physique.
swipe.
swipe.
superswipe sur une nana qui s'appelle sasha.
tu r'fous ton téléphone dans ta poche et tu fais rien, installé d'vant ta télé, le câble hdmi est mort, l'image saute parfois, mais t'as la flemme d'aller en acheter un neuf. t'aurais l'temps pour aller boxer. après t'as un sac de frappe au coin d'la pièce, c'est bon pas besoin d'faire deux-cents mètres. et c'est ce que tu vas faire. aucune idée du pourquoi mais tu te lèves et tu déverses d'la haine dans l'sac, parce-que de la rage et de l'injustice en toi, t'en as a foison, t'en revends peut-être trop. le souffle a chaque coups, ça dure pas moins de trente secondes quand t'es bloqué par la vibration de ton téléphone, tu l'sors rapidement alors que le sac rends un coup et te reviens en pleine gueule. t'arques un sourcil, jugeant presque le sac avant de regarder ton téléphone. ni unes ni deux, t'envoies un message à cette sasha.
"hi! i was wondering.. what do you think about hang out tonight? wherever you want."
t'es pas dans la dentelle et le romantisme, mais c'est toi, ta vie, ta raison d'être un peu. un bon gros connard qui ne l'est pas tant au final. c'est comme un mauvais pétard, quand on allume la mèche, soit ça pète. soit ça fait rien, c'est une sorte de roulette russe des temps modernes, le six coup est changé, c'est toi l'arme dans ce p'tit jeu là. t'es du genre pas mal jaloux aussi, du genre a aimer trop vite, ou a ne pas aimer du tout. ou a ne pas savoir même, c'est putain d'bizarre le "tout-toi". t'attends pas réellement de réponses avant de renvoyer un message a la fille.
"i know a good place, do you know the bar above 5th street and the 19th? what about 7 p.m?"
t'attends une réponse, positive. dix-neuf heures c'est dans une heure même pas.

Ça fait mal.
Tu comprends pas.
Pas pourquoi il t'a fait ça. Pas pourquoi ça aussi mal alors que tu l'aimais même pas SI fort que ça à la base. Pas que tu l'aimes pas, mais t'as déjà aimé plus. Aimer à t'en mordre les dents plutôt que les doigts, à en avoir mal aux organes vitaux. Là c'était un amour plus tranquille. Une espèce de ''c'est pas grave si ça se termine''. Sauf que là, c'est grave. Parce que tu décides que c'est sa faute. Sa faute à lui, si vous allez pas bien. Sa faute à lui si tu ne l'aimes pas plus. C'est toi qu'il devrait emmener voir la mer. T'as peut-être pas un cancer, mais toi non plus, tu vas pas bien. Toi aussi, tu pourrais mourir demain, comme ça, parce que la vie a décidée de te reprendre.

Ta rage prend des couleurs de vengeance lorsque ça goûte la trahison dans ton œsophage. Une petite application diabolique que se télécharge toute seule sur ton portable. Tinder. La bonne idée que l'alcool t'as donné. L'envie de te perdre et personne contre qui le faire. Pas entièrement, pas comme tu le voudrais. Parce que les gens de ton entourage on leurs limites qu'ils t'ont imposés et ça fait chier. Un inconnu c'est mieux. Ça s'oublie plus facilement. Et puis tant pis. T'as juste mal d'être toi.

Y'a un gars avec une gueule de badboy un peu, qui te superswipe. Petit sourire en coin et un pourquoi pas au bout des doigts. Aucune idée encore de ce qu'il deviendra pour toi, s'il sera de passage, se noyant dans l'océan de ta vie. C'est un match, no shit Sherlock. Il t'écrit cash, le petit Darell. Déconnes pas, te proposes de le voir ce soir. Le genre d'invitation un peu trop pressée, qui promet qu'on va s'faire tuée et qu'on se doit de refuser, sauf que t'as pas envie. Il poursuit avec sa proposition et t'es déjà trop intoxiquée pour refuser. « Yeah sure. See you there.    » Pas le temps de déconner non plus, c'est dans un peu moins d'une heure, t'as une douche à prendre pour te faire un semblant de gueule et t'as un verre a terminé aussi. Tu t'rends même pas compte que tu sonnes aussi psycho. Que tu sonnes comme la fille qui ne viendra surement même pas.

Tu pars un peu à la course quand même, parce que t'as dansée à poil sous la douche un peu trop longtemps. Pleurer aussi. Mais ça va, t'avais pas encore de mascarade noire scotchée aux cils pour barbouiller partout tes joues. Tu retrouves l'adresse du bar qu'il t'a donné, cherche le gars, remate ses photos même si tu vois floue. Même pas nerveuse, t'as un sourire tranquille quand tu t'installes à une table, face à où les gens entre. Alors que tu farfouilles sur ton téléphone, l'ombre arrive vers toi et tu sais pas trop comment t'es censé dire bonjour. Tu le reconnais, le vilain gars aux yeux bleus. Te lèves, lui souris, lui fait la bise rapidement, un peu maladroitement. « What's up ? On boit quoi ?  » Demande l'alcoolique en toi, ne sachant plus trop bien si tu devais te représenter et quoi. Et puis fuck it.