Sometimes we're holding angels. (isabella)

Libre. Elle était libre, désormais, Alessia. Libre après avoir passé plusieurs mois enfermée dans cet hôpital. Elle aurait aimé pouvoir dire qu’être internée avait été la chose la plus douloureuse qu’elle avait eu à vivre et pourtant, c’était loin d’être le cas. Son séjour là-bas ne ressemblait guère à une colonie de vacances, mais en comparaison avec ce qu’elle avait vécu auparavant, elle préférait presque être une patiente là-bas. La jeune femme s’était contentée d’agir exactement comme on le lui avait dit, dormir, manger, avaler toute sorte de médicaments, elle était là sans être vraiment là. Elle avait perdu cette lueur dans ses yeux, celle qu’elle avait autrefois, celle qui brillait et illuminait par la même occasion tout son visage. Elle vivait simplement machinalement, Alessia, désormais. Machinalement et avec ce fichu mal-être qu’elle avait en elle, celui qui persistait, et ne la quittait jamais vraiment. A l’hôpital, elle avait eu longuement l’occasion de penser à ce qu’elle avait fait. A cette tentative de suicide. Et même si au moment de passer à l’acte, elle n’était pas totalement elle-même, la belle brune savait au fond d’elle qu’elle en avait réellement eu envie. A cet instant précis, elle avait réellement eu envie de mourir. Quelque chose que, des années plus tôt, elle n’aurait jamais envisagé de faire. Pas une seule seconde. Elle qui avait toujours été si indépendante, si mature, si… Forte, tout simplement. Mais cette force s’était envolée avec son innocence, et elle avait été brisée. Avec plus rien pour la retenir. Plus rien, sauf elle, Isabella. C’était son ange gardien, littéralement. Elle lui avait sauvé la vie lorsqu’elle avait tenté de mettre fin à ses jours. Elle l’avait accompagné à l’hôpital, et était revenue la voir les mois suivants lorsqu’elle était internée. Et tout cela sans jamais rien lui demander. Elle ne comprenait pas, Alessia. Elle ne comprenait pas comment une inconnue pouvait être si gentille avec elle. Et elle, elle n’avait plus confiance en personne, alors c’était d’autant plus déconcertant. Mais elle était touchée, sincèrement touchée, parce qu’elle pouvait voir dans les yeux d’Isa une bienveillance à toute épreuve. Alors en passant la porte de l’hôpital, aujourd’hui, jour de sa sortie définitive, elle ne fût pas étonnée de la voir là, une nouvelle fois. Elle s’approcha alors d’elle, un sourire presque émue sur le visage. Isa… Tu es venue. Tu n’étais pas obligée, tu sais. Affirmait-elle en lui offrant une légère étreinte. Elle en avait déjà fait tellement pour elle, qu’il n’était pas non plus nécessaire qu’elle en fasse encore alors qu’elle était remise sur pieds. Enfin… Presque.

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♛ Sometimes we're holding angels.

If I could, then I would I'll go wherever you will go. Way up high or down low, I'll go wherever you will go. And maybe, I'll find out A way to make it back someday To watch you, to guide you through the darkest of your days. If a great wave shall fall and fall upon us all,Then I hope there's someone out there who can bring me back to you. If I could, then I would. I'll go wherever you will go. Way up high or down low, I'll go wherever you will go...

Debout, bien droite sur ses escarpins, Isabella a le regard posé sur les deux grandes portes du bâtiment en face d’elle depuis dix bonnes minutes maintenant. Elle se tient immobile malgré la petite impatience, de plus en plus grande, qu’elle ressent. Elle sait que, derrière ces grands murs imposants, quelque part, il y a Alessia qui est en train de préparer son départ. Peut-être finit-elle de ranger ses affaires, ou bien elle partage une dernière conversation avec son médecin, ou encore… Elle est en train de signer ses papiers de sortie. Sa sortie, enfin. Après trois longs mois, elle va enfin quitter ce centre psychiatrique. Isabella a cru que ce moment n’arriverait jamais. Mais elles en sont là, après tout ce temps, elles vont enfin se voir autre part que dans cette prison aseptisée. Elle se souvient encore dans les moindres détails de la première fois qu’elle a posé les yeux sur Alessia. Elle était sortie, assez tard, lassée de se retrouver seule dans cette villa immense dans laquelle elle ne se sentait pas à sa place. Elle a déambulé dans les rues de la ville, errant sans but précis, quand elle a atterri dans ce parc abandonné. Et c’est là qu’elle l’a vue, inconsciente sur un banc, ses longs cheveux bruns étendus tout autour de son visage d’ange. Elle a eu peur, Isabella. Elle n’a pas réfléchi, elle a simplement laissé parler son instinct. Elle s’est précipitée jusqu’à elle, à la recherche de son pouls, faible, si faible qu’elle a cru d’abord qu’il était trop tard. Mais elle n’a pas perdu de temps avant de se jeter sur son téléphone pour appeler les secours. Et, depuis cette nuit-là, elle ne l’a jamais lâchée.

Elle ne sait pas réellement ce qui l’a poussée, durant tous ces mois, à venir lui rendre visite souvent, si souvent. Elle a été touchée par la détresse de cette fille, encore si jeune et pourtant, déjà prête à mettre fin à sa vie. Peut-être parce qu’elle-même, qui s’est bien souvent sentie désespérée, n’en est jamais arrivée à une telle extrémité. Elle s’est dit qu’elle ne pourrait pas, jamais, la laisser se retrouver à nouveau si seule qu’elle puisse mettre fin à ses jours. C’est comme ça que ses visites se sont enchaînées, multipliées, au point qu’elles ont créé une véritable relation toutes les deux. Une relation étrange, peu banale, et surtout à l’abri de tous. Elle a raconté, bien entendu, sa découverte à son mari mais jamais, elle ne lui a fait part de toutes les fois où elle est allée rendre visite à la jeune femme. Il ne comprendrait pas, personne ne comprendrait. Peut-être parce qu’elle ne comprend pas elle-même, en fin de compte, comment elle a pu aussi rapidement s’attacher à elle. Elle en sait si peu sur elle, tout comme Alessia ignore presque tout de sa vie. Mais elle n’a jamais pu se résoudre à lui tourner le dos. Elle s’est sentie liée à elle, d’une manière inexplicable, et surtout, elle a eu envie de la sauver. Peut-être pour ceux qu’elle n’a pas pu sauver avant, peut-être parce qu’elle aurait aimé, elle, être sauvée à l’époque où elle a dû se battre seule. Tout ce qu’elle veut, c’est qu’Alessia sache qu’elle n’est pas seule. Elle ne sera jamais plus seule.

C’est pour cette raison que, aujourd’hui, elle a décidé d’être présente. Elle veut garder un œil vigilant sur elle, et lui faire comprendre aussi qu’elle ne compte pas quitter sa vie du jour au lendemain. Quand elle la voit finalement, enfin sortir de ses lieux, ce sourire attendrissant sur les lèvres, la Latina lui adresse un sourire bienveillant et chaleureux, heureuse de la voir enfin. – Bonjour Alessia. la salue-t-elle alors qu’elle la voit s’approcher pour lui offrir une étreinte. Elle l’accueille dans ses bras, la serrant un bref instant contre elle. Les marques d’affection ne sont pas si habituelles pour Isa, en tout cas pas avec n’importe qui. Mais Alessia n’est pas n’importe qui. A ses paroles, elle esquisse un doux sourire. – Il était hors de question que je ne sois pas là à ta sortie. Se détachant doucement d’elle, la jeune femme la scrute quelques instants, comme pour s’assurer de son état, avant de plonger son regard dans le sien, l’air plus que concerné. – Alors, dis-moi, comment te sens-tu ?

Elle ne parvenait pas à comprendre, Alessia, comment une femme comme Isabella pouvait perdre son temps avec elle. Elle avait tout, dans la vie. Elle était belle, intelligente, elle avait une bonne situation et un travail génial. Elle l’avait réussi, sa vie. Alors pourquoi est-ce qu’elle perdait son temps avec une fille comme elle, qui, aux yeux de la société, n’était qu’un véritable déchet ambulant. C’était adorable à elle, de vouloir l’aider comme elle le faisait. Mais elle ne serait certainement rien d’autre qu’une déception dans sa vie. Au mieux un fardeau dont elle n’avait certainement pas besoin. Et puis, elle ne lui devait absolument rien. Elle n’était personne pour elle, elle n’était pas de sa famille, et avant qu’elle ne la trouve inanimée dans ce parc, elle n’était même pas une amie. Et c’était un concept qui était totalement inconnu pour Alessia. Peut-être parce que la seule personne, la seule au monde qui avait choisi de l’aider sans raison, avait finalement abusé d’elle. Et par la même occasion, briser toute la confiance qu’elle pouvait avoir en elle et aux autres. Bien sûr, elle savait qu’Isabella ne pourrait pas lui faire la même chose. Pas exactement, du moins. Mais elle savait aussi qu’elle, elle ne pourrait rien lui apporter. Jamais. Tout du moins, elle en était persuadée. Alors évidemment, elle était touchée. Surtout que sa vie, elle la lui devait, entièrement. Mais cela n’effaçait pas toutes les questions qu’elle pouvait se poser. Certes, c’était elle qui l’avait trouvé alors qu’elle était au plus mal, mais ce n’était pas pour autant sa responsabilité. Alors, elle devait être un ange, Isa. Il n’y avait pas d’autres explications, dans la tête de la jolie brune. Elle était certainement son ange gardien. Elle la serra alors une seconde dans ses bras, avant de finalement reprendre la parole. Tu en as déjà bien trop fait pour moi. Disait-elle, dans un sourire. Elle avait le sentiment qu’elle ne pourrait jamais assez la remercier pour tout ce qu’elle avait fait pour elle. Pour la deuxième chance qu’elle lui avait offerte. Pour l’avoir soutenue durant des mois. Pour avoir été sa seule lumière dans cette obscurité grandissante. Non, elle en était certaine, elle ne pourrait jamais en faire autant pour elle. Elle était simplement son héroïne. Comme dans les films. Je vais bien, je crois. Aussi bien que l’on pouvait se sentir après plusieurs mois d’internement. Après avoir été violée par la seule personne qui nous avait tendu la main. Mais Isa, elle ne savait pas tout cela. Elle ne connaissait aucune des raisons qui l’avaient poussé à vouloir en finir. Elle plongea alors son regard bleuté dans celui de son amie, avant de reprendre avec sincérité. Merci, merci pour tout ce que tu as fait. Je ne l’oublierai jamais, tu sais. Et ce n’était même pas assez. Lui dire simplement merci ne reflétait en rien ce qu’elle ressentait au plus profond d’elle. Mais elle ne savait pas comment faire autrement, et pour le moment, elle n’avait malheureusement rien d’autre à lui offrir. Rien de mieux à lui offrir.

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♛ Sometimes we're holding angels.

If I could, then I would I'll go wherever you will go. Way up high or down low, I'll go wherever you will go. And maybe, I'll find out A way to make it back someday To watch you, to guide you through the darkest of your days. If a great wave shall fall and fall upon us all,Then I hope there's someone out there who can bring me back to you. If I could, then I would. I'll go wherever you will go. Way up high or down low, I'll go wherever you will go...

Il y a quelque chose en Alessia qui la touche en plein cœur. Elle ressent irrémédiablement le besoin de s’assurer qu’elle va bien. Bien sûr, les circonstances de leur rencontre y sont pour beaucoup. La voir entre la vie et la mort lui a fait peur, au point qu’aujourd’hui, elle a besoin de garder un œil sur elle. Un peu comme si, maintenant, elle était responsable d’elle. Ce n’est pas surprenant, finalement, quand on connaît Isabella. Elle a toujours éprouvé le besoin de s’occuper de ceux qui l’entourent, de les protéger. C’est peut-être son statut d’aînée d’une grande famille qui l’a rendue ainsi. Ce sont probablement les sévices qu’elle a subis et dont personne ne l’a jamais protégée, aussi. Mais ce n’est pas seulement elle. C’est aussi dû à Alessia. Elle dégage une telle douceur que l’imaginer, elle, souffrir à vouloir en crever… C’est une idée bien trop difficile à supporter pour qu’elle la laisse se reproduire. Et plus les jours ont passé, plus elle lui a été insupportable au fur et à mesure qu’Isa a appris à la découvrir et, naturellement, à s’attacher à elle. C’est pourquoi, aujourd’hui, il lui apparaissait inconcevable d’être absente au moment de sa sortie du centre. Qu’importe ce que peut en dire la principale intéressée. Sa place est là, aujourd’hui, nulle part ailleurs. – Ne dis donc pas de bêtise. déclare-t-elle simplement, comme pour balayer ses craintes, avant qu’elles ne mettent doucement fin à leur étreinte. Elle la regarde, quelques instants, comme pour s’assurer qu’elle se porte bien. C’est aussi ce qu’elle lui dit bien qu’elle ne semble pas tout à fait sûre d’elle. Mais quoi de plus normal, après tout ce qu’elle vient de traverser ? Très vite, la belle reprend la parole pour la remercier avec reconnaissance. Elle est adorable, mais elle n’a pas besoin de le faire, vraiment pas. Elles ont dépassé ce stade désormais toutes les deux. Lui adressant un tendre sourire, Isabella ne tarde pas à lui répondre. – Bien sûr, tu ne vas pas l’oublier puisque je ne suis pas prête de te lâcher maintenant. Evidemment que non. Elle serait incapable de la laisser livrée à elle-même. Elle sait que son séjour dans ce centre lui a permis d’avancer, mais elle n’a aucune envie de la voir sombrer. Elle ne le fera pas, pas cette fois. Entourant son bras autour de l’épaule de la jeune femme, elle lui désigne sa voiture pour qu’elles puissent y mettre ses affaires et débuter enfin cette première journée de liberté pour Alessia. – Plutôt que me remercier, dis-moi ce dont tu as envie pour cette première journée. Et je suis sérieuse, hein, tu peux me dire absolument tout ce que tu veux, nous le ferons.  Peu importe ce qu’elle choisit, Isabella est prête à lui offrir ce qu’elle désire. Tout ce qu’elle veut, elle, c’est de la voir heureuse, heureuse d’être libre. Elle le mérite tellement. Même si, irrémédiablement, tout ne sera pas toujours si simple. Mais, avant de s’inquiéter de quoi que ce soit, elle doit retrouver ce que les hôpitaux sont incapables d’apprendre…  Pouvoir savourer à nouveau la vie. Mais quoi qui puisse arriver ensuite, elle sera là pour elle, comme depuis le début.

Les années passaient et, elle avait l’impression de se sentir de plus en plus vulnérable, Alessia. Avant, avant la mort de ses parents, elle était forte et indépendante. Elle aurait pu accomplir de grandes choses, elle aurait pu devenir une femme accomplie, tout simplement, un peu comme Isabella. Mais la vie en avait décidé autrement, elle avait été bien trop bousillée. Et peut-être que ce qu’il lui avait manqué, c’était une raison de vouloir s’en sortir. Une raison de vouloir lutter pour reprendre sa vie en mains. Et au début, c’était ce qu’elle avait fait, lorsqu’elle avait décidé de fuir ce foyer d’accueil. Mais après son viol, plus rien n’avait plus jamais été comme avant. Elle avait recommencé à vivre normalement, elle s’était sentie plus en sécurité, elle avait retrouvé des rêves, mais tout avait été brisé. Et aujourd’hui, elle en été là. A devoir s’estimer heureuse d’être sortie d’hôpital psychiatrique. Mais pourtant tout lui semblait encore tellement difficile. Tout lui semblait encore insurmontable. Alors peut-être qu’en réalité, la présence d’Isabella était une bonne chose. Pour elle, du moins. Parce qu’elle avait le sentiment d’avoir quelqu’un sur qui compter. Quelqu’un sur qui se reposer. Mais elle, la belle brune, elle n’avait absolument rien à y gagner. Elle n’avait certainement pas besoin d’un poids, d’un fardeau à s’occuper, comme elle le faisait à présent. Tu n’imagines pas comme cela me touches… Mais je… Je n’ai rien à t’apporter, tu sais. Je ne veux pas être un poids pour toi. Disait-elle, un sourire faible aux lèvres. Après tout elle se connaissait. Elle se connaissait bien plus qu’Isa ne la connaissait. Elle savait à quel point elle pouvait être instable. Et cette instabilité n’était bonne pour personne. Personne ne pouvait volontairement vouloir d’une fille comme elle dans sa vie. Pourtant quoi qu’elle fasse, quoi qu’elle dise, Isa s’obstinait à vouloir tout faire pour elle. A vouloir l’aider et prendre soin d’elle. Et Alessia n’avait pas d’autres choix qu’obtempérer, elle était obstinée, Isa. Cela se voyait à des kilomètres. Elle la suivit alors jusqu’à sa voiture en souriant, l’idée même qu’elle fasse tout pour lui faire plaisir la touchait encore davantage. C’était comme si elle ne voulait pas simplement s’assurer qu’elle aille bien, mais également lui faire retrouver goût à la vie. Et bien… J’avoue que je meurs de faim. Affirmait-elle dans un rire. J’ai l’impression de ne pas avoir mangé depuis dix jours. Elle n’avait eu que très peu d’appétit durant ces mois où elle était internée. Elle avait perdu tout ce qui pouvait s’approcher de près ou de loin d’une vie. D’une vraie vie. Elle était dépressive, lui disait les médecins. Et peut-être qu’ils avaient raisons. Mais si cela était le cas, Alessia n’était pas certaine de pouvoir vraiment guérir un jour.

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Prendre soin d’Alessia est loin d’être un fardeau. C’est, comme, une évidence pour Isabella. Elle serait incapable de la laisser seule, livrée à elle-même, avec un tel passif. Ce ne serait pas elle. Mais ce n’est pas uniquement un geste altruiste de la part d’une inconnue, ce n’est plus seulement ça. Elle s’est attachée à la jeune femme. Elle a appris à la découvrir, tout doucement, mais sûrement. Elle ne sait pas tout de son passé, tout autant qu’Alessia ignore également tout ce qu’elle renferme en elle. Mais elle la connaît, elle. Elle sait reconnaître en un instant quand son sourire est sincère, quand il est forcé. Elle sait voir quand elle tente de se battre, ou bien lorsqu’elle est tentée de baisser les bras parce que tout devient trop difficile. Elle sait aussi voir toutes ses inquiétudes, tous ses doutes sur elle-même, sans qu’elle n’ait besoin de les formuler. Alors, quand elle entend ses propos, son cœur se serre mais elle n’est pas surprise pour autant. Elle s’arrête dans sa marche, un instant, juste pour laisser son regard se plonger dans le sien. Elle attrape ses mains tout en prenant la parole, de cette voix douce et rassurante, presque maternelle. – Tu n’es pas un poids, Alessia. Je tiens à toi, tu comprends ? Tu n’as rien besoin de m’apporter, je t’ai toi, c’est largement suffisant pour moi. Elle veut qu’elle comprenne bien qu’elle est importante pour elle. Peut-être que tout a commencé par hasard entre elles, le soir de cette découverte terrible qu’elle a faite. Mais, aujourd’hui, elle la porte dans son cœur. Elle veut la garder dans sa vie, elle en a décidé ainsi. Et elle espère sincèrement que la belle brune finira par s’y faire et accepter l’idée tout doucement, l’idée qu’elle ne sera plus seule. Elle fera tout pour en tout cas, elle ne se fait aucun doute là-dessus. Elle a commencé depuis sa première visite dans ce centre, mais elle compte bien poursuivre maintenant qu’Alessia en est sortie. Et, pour ce premier jour, elle est déterminée à lui faire retrouver le goût à la vie. L’entraînant jusqu’à sa voiture, la Latina se renseigne en même temps sur les envies de son amie. Quand elle l’entend lui avouer qu’elle meurt de faim, elle affiche un sourire en coin, ravie. Elle est contente de savoir qu’elle a de l’appétit, c’est un bon signe. Elle se souvient de toutes ces fois où Alessia ne prenait même pas la peine de terminer ses repas. – Très bonne idée. Déverrouillant sa voiture, elle s’installe sur le siège du conducteur et la laisse en faire de même. Une fois son sac à main posé sur la banquette arrière, elle démarre pour prendre la route. – Alors, dis-moi, de quoi as-tu envie ? Pizza, sushis, tacos, pâtes ou même Mcdonald’s ? C’est toi qui choisis. déclare-t-elle dans un léger sourire. Alessia n’a qu’un mot à dire. Elle est prête à aller partout, tant qu’elle peut lui faire plaisir.

Pour la première fois depuis des mois, Alessia commençait à réaliser qu’Isabella faisait tout cela parce qu’elle tenait réellement à elle. Pour la première fois depuis des mois, elle avait le sentiment qu’elles avaient nouées une vraie relation toutes les deux. Peut-être parce que, pour la première fois depuis des mois, son esprit n’était plus embué. Embué par ses idées noires, par l’alcool, par des médicaments. Son esprit était libre et, même si elle ignorait encore pour quelles raisons, la belle brune voyait bien à quel point Isabella était bienveillante et sincère avec elle. Elle, elle avait toutes les raisons de l’apprécier. Elle était parfaite avec elle. Mais Alessia, elle était tellement brisée et instable qu’elle ne parvenait pas à comprendre comment quelqu’un pouvait choisir de l’avoir volontairement dans sa vie. Seulement, elle n’avait pas son mot à dire, et, elle devait bien avouer que la présence d’Isa à ses côtés était particulièrement rassurante. Elle savait qu’elle prenait une nouvelle fois le risque d’être brisée à nouveau, qu’elle ne disparaisse un jour la laissant tomber, mais pour l’heure, elle était complètement livrée à elle-même. Et, être livrée à elle-même après une tentative de suicide et un internement était particulièrement effrayant. Alessia serra alors les mains de son amie dans les siennes en reprenant la parole. J’en ai de la chance alors. Affirmait-elle en souriant, parce que quoi qu’il arrive, elle savait pertinemment qu’Isa ne dirait jamais rien qui pourrait lui faire penser qu’elle ne le méritait pas. Elle était bien trop douce et prévenante pour cela. Et, elle commençait à la connaître, Alessia, avec toutes ces fois où elle était venue lui rendre visite. Et maintenant, elle allait pouvoir apprendre à la connaître hors de ces quatre mures, cela faisait au moins quelque chose de positif. La suivant jusqu’à sa voiture, elle lui fit un beau sourire en répondant. Je dois avouer que quand tu as prononcé le mot pizza, mon cœur à raté un bond. Laissant échapper un rire, elle s’installa dans la voiture aux côtés de son ange gardien. Et toi alors, comment ça va ? Elles s’étaient bien trop focalisées sur elle, depuis leur première rencontre. Et Isa était tout aussi importante pour elle que le contraire, alors Aless voulait apprendre à la découvrir. Elle en faisait déjà tellement pour elle, que s’intéresser à son tour était bien la moindre des choses qu’elle pouvait faire pour la remercier. Maintenant qu’elle était sortie, elle devait essayer de se reprendre et leur relation devait aller dans les deux sens.

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Peut-être est-ce le hasard qui les a réunies mais si, aujourd’hui, Isabella est venue chercher Alessia à sa sortie de ce centre, c’est uniquement le fruit de sa volonté. Elle n’a aucune envie de perdre sa trace, aucune envie de la perdre elle. Et il y a probablement une partie d’elle qui en a besoin, pour se sentir rassurée, pour éviter d’avoir peur de l’imaginer se retrouver seule. Mais il y a aussi le fait qu’elle apprécie sincèrement Alessia. Elle s’est réellement attachée à elle, bien au-delà des inquiétudes que son instinct protecteur habituel la pousse à ressentir. Elle veut la garder dans sa vie tout bonnement, elle veut garder son amitié. Elle a l’impression que ce qui est évident pour elle ne l’est pas autant pour la jeune femme qui paraît presque étonnée de l’attention qu’elle lui porte. Mais tout ce qu’elle espère, c’est qu’avec le temps, leur amitié prenne le pas sur tout sentiment de reconnaissance qu’Alessia pourrait avoir pour elle. En attendant, elle ne peut que lui montrer qu’elle sera là, jour après jour, autant de temps qu’elle lui permettra de rester dans sa vie. Parce qu’en ce qui concerne Isabella, quand elle laisse quelqu’un entrer dans son cœur, il n’en sort plus. Un petit sourire aux lèvres aux paroles de son amie, la Latina décide cette fois de répondre avec plus de légèreté. – Ne parle pas trop vite, tu ne connais pas encore tous mes défauts. Et elle en a. Beaucoup plus qu’il n’y paraît au premier abord. Mais elles auront bien le temps de faire plus ample connaissance en dehors de ces murs. Il est temps d’ailleurs pour elles de s’éloigner de ce bâtiment pour rejoindre un endroit bien plus plaisant. Prenant place dans la voiture, les deux femmes discutent de leur programme. Et, rapidement, le choix paraît évident pour Alessia qui avoue son envie de manger de la pizza. Elle est contente de l’entendre rire, Isabella. Acquiesçant d’un signe de tête, elle allume le moteur avant de prendre la direction du centre-ville. – C’est parti pour une pizza dans ce cas. Tout en conduisant, elle réfléchit quelques instants au restaurant ou bien à la pizzeria où elles pourraient manger quand elle entend la question de son interlocutrice. – Oh, moi, tu sais, tout va bien. Ce serait merveilleux si c’était le cas. Mais ça ne l’est jamais vraiment, n’est-ce pas ? Elle ne sait pas vraiment parler d’elle, Isa. Elle n’a jamais trop aimé à vrai dire. Seulement si elle veut qu’Alessia voie en elle une amie plus qu’une sauveuse, c’est à elle de lui montrer que c’est ce qu’elles sont. Alors elle décide de prendre à nouveau la parole pour lui répondre de manière un peu plus approfondie. – L’entreprise est sur un contrat important en ce moment. C’est une bonne chose, mais je ne vois pas beaucoup Luke. Et, tournant la tête vers elle un instant, la belle ajoute avec un petit sourire en coin. – Alors je te remercie, grâce à toi, j’ai un peu de compagnie.

Elle avait cette impression permanente, Alessia, celle de tomber, se relever, et tomber à nouveau. Pourtant, elle voulait sincèrement aller mieux, du plus profond de son cœur. Elle voulait oublier, elle voulait tirer un trait sur ses mauvais souvenirs, sur ce qui l’avait poussé à vouloir en finir. Mais pourtant, au fond d’elle, elle avait le sentiment que le chemin était bien trop long, bien trop semé d’embuches. Seulement, avec Isabella, tout était différent, elle ne savait pas si c’était parce que cette dernière se comportait avec elle comme si elle était une poupée à protéger, mais Aless se sentait réellement en sécurité à ses côtés. Et après tout, elle l’était, puisque c’était bien cette dernière qui lui avait sauvé la vie quand elle-même n’en avait pas eu la force. Alors en l’entendant lui dire qu’elle a bien des défauts, elle n’y croyait pas vraiment. Ou, du moins, si elle en avait ils étaient bien minimes à côté de ses qualités de cœur. Mais quoi qu’il en soit, elle serait ravie de les découvrir, de la découvrir. Puisqu’elle n’en avait visiblement pas assez d’elle, puisqu’elle comptait rester dans sa vie, Alessia voulait également être une amie pour celle qui, de toute évidence, en était déjà une vraie. Et bien, tu pourras me les énumérer autour de cette pizza. Disait-elle, riant encore. Et, la belle brune voyait bien qu’Isabella était presque rassurée de l’entendre, ce rire. Personne n’avait jamais été comme cela avec elle, alors bien qu’elle eût encore du mal à le comprendre, elle en était touchée, réellement touchée. Installée dans la voiture de cette dernière, cela lui avait donc semblé être la moindre des choses que de lui demander à son tour si elle allait bien. Oh je vois, c’est moi qui t’aide alors en réalité. Affirmait-elle malicieusement, elle savait bien que c’était faux. Elle était adorable, Isa, elle essayait par tous les moyens de lui faire comprendre qu’elle n’était pas un fardeau dans sa vie. Alors que c’était bien le cas. Elle reprit finalement de manière plus sérieuse. C’est super pour votre entreprise. Et, ton mari ne te manque pas trop ? Si elle lui avait donné cette précision, ce n’était pas anodin. C’était bien que quelque part, cette situation la travaillait. Et, c’était son rôle d’amie, d’en discuter avec elle.

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