carnage - jeff

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{ carnage }
crédit/ tumblr✧ w/@jeff stinson

Mensonges saccadés, au rythme de la respiration, battements de carrière au rythme du cœur, il n’y avait plus rien, plus aucun silence, plus aucun calme, qui ne parvenait, tandis que les gémissements venaient dans sa direction, que le souffle de ses proies se voulait acharné, et que les sourires peinaient quand les fléaux tombaient. Un soupçon de malice, un brin de mauvaise foi, la parole en l’air, et le plaisir surmené, de quoi donner aux spectateurs quelque chose à regarder, les tenir en haleine, eux et l’audimat. Corps à genoux devant reine, et requin. Corps qui s’amassaient, devant le petit écran. Les fumeuses disputes, les caresses inavouables, tout était filmé, il n’y avait pas de secrets, dans ses fantasmes, tout du moins, elle qui reposait à son bureau, l’envie présente de jouir de la scène, tant elle se mariait si bien avec les décors. Il n’avait suffi que d’une étincelle, presque romantique dans l’âme, elle l’avait glissée à leurs oreilles. Comme une rumeur enjouée qui voguait au milieu des candidats, elle n’avait plus qu’à profiter, tout en marquant chaque fait. Tout en vérifiant les points. Il fallait un certain nombre de vues pour que l’émission soit rentable, et sa toute dernière idée, faire auprès des sans abris, anciens délinquants et addictions. Des personnes aux tempéraments irascibles, retrouvés dans une maison louée pour l’occasion, des embrouilles, des sourires, et surtout, l’humiliation. La misère humaine rapportait gros, de quoi lui permettre de rouler sur l’or, de quoi lui permettre d’atteindre le septième ciel, tout en profitant gaiement de son programme.
t’étais un monstre, on te le disait souvent. Au fond de toi, tu le pensais, tu l’imaginais, tu te voyais ainsi. Femme de peu de vertu, qui se laissait prendre au jeu de la domination, qui se nourrissait des ordures humaines, un requin insatiable qui avait besoin de voir le monde se déchirer. T’étais déchirée, toi aussi.
Et aujourd’hui, il n’y avait pas silene. Information qui venait l’empêcher d’atteindre la petite mort de son émission, de son immoralité. Parce qu’elle était la seule, silene. La seule à pouvoir l’atteindre, la seule à pouvoir la retenir, la seule à pouvoir la pousser là où les trésors existaient. Un duo qui n’avait aucun rival, un duo qui fonctionnait si bien, mélange d’émotions et d’actions, un passé commun pour seule lien, et cette terrible envie de l’aimer, d’être aimée… avec elle, t’étais reine du monde, animal tout puissant, au sommet de la chaine alimentaire. Sans elle, t’avais plus rien de bien en toi, la reine devenait tyran, l’animal devenait carnassier et pour simple preuve, l’information divulguée. Bouche à oreille au sein de la maisonnée, dossier discréditant pour l’un des participant, le piment qu’il manquait à cette société défavorisée, pour parvenir à sublimer l’audience.
t’étais un monstre.

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{ carnage }
crédit/ tumblr✧ w/@jeff stinson

Un sourire.
Un sourire, pour seule réponse, de la part de la reine, quand le roturier entra, en colère. Un sourire, mesquin, malin, qui se voulait pénible, qui se voulait mauvais. Un sourire, parce qu’elle savait, parce qu’elle n’ignorait pas quelle raison poussait l’un de ses candidats à fouler sa terre sacrée, pour réclamer ses droits. mais des droits, il n’en avait plus. les clauses d’un contrat, la légalité de son côté, tu étais reine, il n’était plus rien. n’avait-il jamais été plus qu’un moins-que-rien ? c’était pourtant un simple manant, quand tu dirigeais un royaume. Un simple manant qui avait apposé sa signature sur un document qui te donnait tous les droits. Naïf. Il l’était. Tu le voyais. Tu adorais. parce que le requin ne reculait jamais devant rien pour montrer ses rangées de dents, lames de rasoir, prête à déchiqueter ses proies. Au sommet de la chaine alimentaire, elle ne comptait pas redescendre, ne comptait pas perdre son calme, ne voulait que cette misère dans les yeux de son adversaire, pour prendre goût à ce qu’elle faisait, cette pourriture qui exhalait son âme.
Un souffle, long soupir. Un souffle, manque d’intérêt totalement évident, bien démontré, envers ce qu’il clamait, petit insolent en fauteuil roulant qui n’avait même pas de quoi la menacer physiquement. Soupir détonnant, qui ne pouvait qu’énerver son hôte, alors qu’elle posait ses doigts de sorcières contre le bureau, qu’elle souriait de façon carnassière, le monstre qui était en elle prêt à être lâché sur le pauvre stinson. de quel droit, dîtes vous ? un rire, méchant, mauvais. Un rire, presque vicieux, pétrifiant. mais du votre, enfin. une main sur le tiroir de son bureau, et le calme effrayant qui survenait avant la tempête, elle ouvrit l’endroit, elle mit la main sur le contrat. une copie, cependant, tu n’étais pas assez folle pour lui donner l’occasion de te le voler. Une copie, plastifiée, comme chaque copie de chaque document que tu possédais. parce qu’elle était minutieuse, parce qu’elle était prudente, parce qu’elle était fourbe. parce qu’elle maitrisait ce sujet, son domaine, son royaume. Parce qu’elle régnait d’une main de fer. Qui ne savait pas s’adoucir, sauf pour une seule personne, sauf pour la vipère qui accompagnait le requin à chaque fois. Presque.
voici une copie du contrat que vous avez signé, monsieur stinson.présenta-t-elle, après avoir refermé son tiroir à combinaison. parce que si quelqu’un parvenait à forcer ton bureau, tu perdrais gros. Il était évident que tu étais équipée, un code secret pour empêcher les fouineurs de venir faire du tort à la reine que tu étais. Seule silene connaissait la combinaison. A part toi. il me donne le droit d’utiliser chaque détail de votre vie pour notre programme. il le savait. C’était sûr. il le savait. Se plaindre n’aboutirait à rien, sauf à de l’amusement. Ou de la colère. Dans le premier cas, il survivrait. Dans le second, il n’aurait sûrement plus de quoi utiliser ses membres supérieurs en sortant de ce bureau. quant à la façon que j’ai utilisée pour empiéter sur votre vie, vous n’avez pas à la connaître. elle avait un sourire amusé. Parce qu’en deux coups, elle faisait echec et mat.
Que pouvait-il bien répondre ? que pouvait-il bien faire ? se lamenter ? elle en serait dégoûtée, appellerait la sécurité. s’énerver ? elle en serait amusée, pourrait même se mettre à prendre les vidéos des caméras de surveillance de son bureau pour les ajouter au programme. S’en aller ? elle serait assez déçue, mais resterait toujours reine.
avez-vous d’autres réclamations ? nous sommes toujours à l’écoute de nos candidats. fit-elle, de mauvaise foi. Un mensonge comme un autre, qui faisait attention désormais ?
Parce que quoiqu’il se passe, elle ne pouvait que gagner, avait déjà vaincu. Les informations étaient déjà parvenues aux autres candidats, et la chaîne avait déjà généré l’audimat.
Elle avait déjà vaincu.
un monstre.