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 collision nocturne | solal

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Message Sujet: collision nocturne | solal    collision nocturne | solal  Empty Mar 17 Sep - 16:13

Dans le silence fulgurant, ses pensées se chiffonnent. Ce lit est trop grand et le poids de son absence, un peu trop envahissant. Autour d'elle le vide résonne et son cœur se noue effrontément. Puis soudain, l'impression que le monde s'effrite la prend. Sans crier gare, son impassibilité se suspend. Dehors, personne ne l'attend. Elle se demande pourtant s'il se souvient de leurs rêves et de tous ces mots, qui à présent, la crèvent. Il est facile d'oublier ce que l'on ressent, la cruelle saveur de nos tourments, lorsque le soleil écrase le firmament. Dans le noir, les beautés se métamorphosent en poussières de désespoir. Ces derniers temps un peu plus qu'auparavant. Alors souvent, elle se lève. N'importe quand. Elle cherche à souffler sur l'usure du temps, se libérer de tout ce qui fait qu'il ment et dans le froid de son silence slave, elle condamne les faiblesses que son affection lui tend.

Qu'elle déteste errer en son nom, qu'elle le haït de ne plus prononcer son prénom. Agacée par les relents de son souvenir, la danseuse quitte la douceur de ses draps blancs et personne n'est là pour la retenir. Plus aucun mirage n'est à conquérir. Eve est bien la seule à se meurtrir. Elle a beau le savoir, elle ne peut s'empêcher d'en rire. L'espace d'un instant, le ridicule de la situation la surprend puis elle se souvient que tout ceci n'est qu'un fantasme dément. Andreï ne lui appartient plus. Cela fait quelques années maintenant que, pour elle, il n'existe plus. Le passé se mue mais sans ses bras autour d'elle, elle se sent nue. En proie aux dérives maladives ; prisonnière d'une superficialité à laquelle elle refuse pourtant d'être familière.

Comment combler ce vide, qu'un seul et unique être, rend omniprésent ?
Comment en expier la tristesse sans en éprouver aucune maladresse ?

Sur le fil d'une union gâchée, Eve n'est pas aussi adroite qu'elle n'avait pu l'espérer. Cette foutue page, elle aimerait la brûler. S'éprendre de ses cendres afin d'en éradiquer tout le tendre. Sous sa boîte crânienne, le fléau d'anciens partages fait rage et feinter l'indifférence ne l'aide plus à diluer le noir jusqu'à la transparence. Eve se sent sale de cette histoire qui n'est pas décidée à se faire la malle. Alors elle se cherche de l'air, un peu d'oxygène, afin de ne pas perdre haleine. Après avoir enfilé un survêtement, elle grimpe jusqu'au toit du bâtiment. Comme si prendre de la hauteur pouvait lui rappeler la saveur de plus belles couleurs.

Activement, elle enjambe l'escalier ; gravit les échelons pour se rapprocher un peu plus de ce ciel qui lui promet un bout d'éternité. L'écran de son téléphone l'illumine alors qu'elle s'enquit de l'heure. 03h14. Combinaison de chiffres qui lui arrache un soupir. Lorsqu'elle arrive à destination, le cellulaire s'enfouit instinctivement dans l'une de ses poches. La porte de métal légèrement entrouverte ne l'incite pas à reculer. Au contraire, elle poursuit son chemin jusqu'à finalement atteindre sa destination. Sur le toit, au bord du vide latent, une silhouette masculine se détache de l'ombre ambiante. Elle ne le reconnaît pas et dans l'obscurité, l'inconnu devient l'une de ces nouvelles interrogations.

Il ne l'entend pas se rapprocher et la devine encore moins. Pourtant, c'est à ses côtés qu'elle se pose ; faisant passer ses deux jambes par delà la bordure. Calmement. Histoire de ne pas lui faire peur et de tenter un possible malheur. Eve ne le regarde pas vraiment. Ses prunelles usées s'attardent sur le tapis d'étoiles que forment les lumières de la ville. La russe n'est pas certaine de vouloir parler, elle n'est pas non plus certaine qu'il le désire. Toutefois, au bout de quelques instants, elle ne peut pas s'en empêcher et ce n'est qu'à ce moment qu'elle choisit de le regarder.

« C'est beau, n'est-ce pas ? » commença-t-elle, incapable de ne pas souligner la beauté, même lorsque celle-ci se faisait discrète. « C'est bizarre. D'habitude, je suis la seule à venir traîner ici en pleine nuit. »

Constatation inévitable. Début de conversation, qu'elle refusait intrusive. Il était bien la première personne qu'elle avait croisé sur ce toit en quatre ans. Et déjà, la fadeur tourmentée de ses nuits agitées s'estompait.

(@Solal Pettersen) collision nocturne | solal  3227196488
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Message Sujet: Re: collision nocturne | solal    collision nocturne | solal  Empty Mer 18 Sep - 22:53


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( collision nocturne )
ft. eve


Une fissure. Une seule, qui débute à l’angle avec le mur, s’étend sur quelques centimètres. Combien ? Huit ? Neuf, peut-être dix. Les prunelles mordorées fouillent le plafond à la recherche d’autres imperfections, d’autres tracés propres auxquels se raccrocher sur cette étendue d’un blanc désuni ; elles ont eu le temps de s’acclimater à l’obscurité, discerner les ombres dans la pénombre. Une façon comme une autre de prendre ses marques dans ce nouvel appartement que de mémoriser le paysage de ses prochaines insomnies.

Un coup d’œil à son portable ; trois heures. Vingt-trois pourcents, faudra qu’il pense à le recharger, tiens. Et toujours pas de message. Pas d’elle, en tout cas. Silence radio depuis qu’ils se sont quittés. Elle doit pourtant savoir qu’il est rentré. Mais elle le contacte pas – lui non plus, ceci dit, mais ça ça ne lui effleure même pas l’esprit. Et il interprète cela comme un signe de plus qu’elle doit être passée à autre chose. Qu’il faut qu’il passe à autre chose.

Un soupir. Il se redresse dans le lit, les doigts qui glissent dans les mèches emmêlées. Brouillonnes. Geste las. Il a jamais si mal dormi que depuis la rupture, comme si son sommeil était déjà pas assez chaotique avant cela. Mais Riley justement elle l’apaisait, son corps lové contre le sien il s’endormait mieux, plus vite, et cela n’en a rendu que plus douloureux le retour au galop de ses ennemies les insomnies. Et maintenant il a des cernes terribles sous les yeux, valises noires pour sous-titrer ses opales. A se demander ce qu’Anna a bien pu lui trouver avec une telle tête de déterré. Anna. C’est vrai qu’y a Anna. Elle est pas là ce soir, milieu de semaine oblige, elle doit se lever tôt demain ; et lui ça l’arrange un peu. Il se dit qu’heureusement qu’il taffe pas, manquerait plus que ça tiens, qu’il doive se lever aux aurores après une telle nuit. Non merci. Mais faut qu’il retrouve un job maintenant qu’il est rentré, c’est vrai.

Et il se demande ce qu’elle fait, elle. Riley. Si elle aussi compte les fissures de son plafond. Si elle aussi ne sait plus fermer l’œil depuis que tout a pété. Si elle aussi a cette charge constante sur le cœur, lourde, bien trop lourde. Et ça le tue rien que d’y penser, c’est insupportable de penser à elle, son cerveau qui comme trop souvent réclame son petit shoot de nicotine, solution de facilité. Alors il enfile un pantalon de jogging, un T-shirt blanc, des sneakers. Claque la porte de cet appart’ d’un vide déprimant pour gravir les escaliers de l’immeuble, quatre à quatre, le paquet de clopes et le briquet qui rebondissent au fond de la poche. Car y a un toit à cet immeuble, et il le sait. Qu’on peut y accéder, normalement. Et quoi de mieux qu’une bouffée d’air frais pour se vider la tête ? De toute façon il l’a bien compris, il dormira pas de sitôt le garçon.

Il s’attend à trouver personne là-haut, Solal. Et en effet y a personne, la porte qui claque dans son dos dans le silence de la nuit, la bordure du toit de laquelle il s’approche ; s’appuie contre, glisse le bâton de tabac entre ses lippes. Embrase le bout de la flammèche du briquet. Tire dessus, fumée dans la trachée, poison dans les poumons, un soupir de soulagement lorsqu’il recrache un nuage opaque vers le ciel newyorkais. Y a une première cigarette. Puis y en a une deuxième. Car il sait pas s’arrêter Solal, que la nicotine panse un peu trop bien son cœur, apaise suffisamment le vacarme de ses pensées. Et une ombre qui se glisse à ses côtés, présence féline qu’il ne perçoit pas jusqu’à ce qu’elle vienne s’asseoir à ses côtés, s’immisce dans son champ de vision. Il tourne la tête vers cette fille qui ne le regarde pas ; inconnue, la surprise de voir qu’il n’est pas le seul habitant de l’immeuble à se réfugier ici lorsque les nuits se font trop longues. Et un silence qu’il laisse planer, inhabituel pour le jeune homme trop bavard ; une voix fluette qui retentit tandis qu’il expire un zéphyr de fumée. C’est beau, qu’elle dit, et il se doute bien qu’elle parle pas de ce nuage qu’il fixait bien narcissiquement, son regard qu’il suit, perd ses iris dans les étoiles voilées de pollution. Un petit sourire qui s’étire, comme toujours face à la beauté simple du monde.

- Oui. Il y a des endroits où on les discerne mieux qu’à New York, mais…

Phrase laissée en suspens, et la demoiselle qui s’étonne de le trouver là.

- Je viens d’emménager, c’est sans doute une explication plausible au fait que tu ne m’aies jamais croisée ici. Et je risque de venir troubler un peu trop souvent ta solitude ici, l’endroit est agréable.

Il s’excuse pas, Solal. Car il a pas vraiment pour habitude de s’excuser d’exister, de faire. Un sourire avenant, sans doute un peu fatigué qui s’étire lorsqu’il se tourne vers elle, lui tend sa main droite. Toujours un peu trop cérémonieux.

- Solal, enchanté.

Et une nouvelle bouffée de sa cigarette qu’il recrache en tournant la tête, loin d’elle, demande par politesse :

- La fumée te dérange, peut-être… ?

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Message Sujet: Re: collision nocturne | solal    collision nocturne | solal  Empty Sam 28 Sep - 12:54

Il fallait parfois grimper bien haut pour espérer prendre les étoiles d'assaut. Surtout ici, à New York, où les buildings étaient devenus les nouvelles cimes ; géants de pierre et de verre anesthésiant considérablement la nature mère. Tout en bas, l'Humanité paraissait hurler d'une frénésie insensée, reflétant ainsi un monde qui était incapable de s'arrêter. Franchement, il y avait de quoi se lasser. C'est du moins ce que son cœur, à demi-mot, lui murmurait. À cet instant, il n'y avait plus rien de grandiose pour lui inspirer la prose. Rien, si ce n'est que ces timides constellations égarées dans le flou de sa propre perdition. Comme si observer du ciel l'éther pourrait lui permettre d'y voir un peu plus clair. Eve s'imbibe pourtant de leur faible brillance, histoire de royalement ignorer ses défaillances. Puis il y a aussi cet homme aux côtés duquel elle s'est installée. Compagnie inopinée envers laquelle elle se sent étrangement concernée.

Préambule de deux âmes noctambules, elle essaie de deviner ce qui pourrait le tenir éveillé. Est-ce que, comme elle, il fait partie des cœurs froissés ? Difficile à dire lorsque les contours de ce nouveau visage ne sont pas si simples à lire. Il a des airs d'indifférence qui tirent la révérence. De celle qui sourit mais, qui, d'un autre côté, vous fuit. Première impression en distorsion qu'elle s'amuse à confectionner sans son autorisation. Eve, elle reste pourtant attentive à ses brèves explications. Puis par politesse, elle lui rend la gentillesse du sourire qu'il lui lance. Il y aussi sa main tendue vers elle, qu'elle capture un court instant, tandis que l'inconnu dépose enfin un prénom sur son identité nue. Solal. Comme le héros de ce livre, qui se confond finalement avec l'astre de feu, comme pourrait le faire un dieu. De quoi laisser ses pensées s'évader un peu.

« Je comprends mieux... Dans ce cas, bienvenue au Queens, Solal. Je tâcherai de m'habituer à ce que tu squattes délibérément l'endroit même si j'te promets rien. » dit-elle, sur le ton de la plaisanterie, pas sérieuse pour deux sous. « Je suis Evpraksiya. » poursuit-elle en prononçant le nom à la russe. « Mais Eve ira tout aussi bien. » Ils étaient rares, ceux qui se foulaient à ne pas emprunter le surnom. Mais c'est promis, s'il le faisait, elle ne lui en voudrait pas. Avec les inconnus, sa susceptibilité disparaissait aussi vite que la nicotine qu'il s'enfile. D'ailleurs, elle secoue la tête négativement lorsqu'il lui demande, gentiment, si la fumée la dérange. Après tout, ce n'est pas parce qu'elle ne fumait pas qu'elle se devait d'interdire aux autres de le faire. Puis c'était tellement commun que la ballerine n'allait pas s'user à vouloir y mettre un frein.

« Non, t'en fais pas pour ça. » répondit-elle dans un petit haussement d'épaules. Elle n'allait tout de même pas lui dire quoi faire. Tout ce qui l'intéressait, à l'instant même, était de chasser la tristesse de ses lourdes paupières. Balayer cette nostalgie poussiéreuse qui lui bouchait les artères et s'extirper un peu de l'ordinaire. Le passé lui semblant bien trop lancinant, il l'empêchait clairement d'aller de l'avant. Si en avoir conscience était censé l'aider, il était clair que c'était un raté. Malgré les quatre dernières années, Eve restait l'étrangère. Celle qui manquait de sa terre mère. À l'époque, elle n'avait pas su résister à cet irrépressible besoin de s'en aller et de simplement tout quitter. Disparaître, au prix de quelques beaux regrets. De quoi engourdir son cœur de souvenirs et empêcher sa fureur de frémir.

Elle était de ceux que l'on ne pouvait pas enfermer et qui avaient tendance à s'évaporer – en supposant que partir puisse les guérir – mais qui étaient pourtant toujours appelés à revenir. Eve était encore en transit, coincée entre ses envies et ses besoins surréalistes. Ce dont elle manque et ce qui lui fait du bien. Entre deux avions, elle sait qu'elle a égaré quelques bribes de son âme compliquée. Et sur le toit de ce bâtiment, presque invisible dans la masse qui les entoure, elle se demande soudainement ce qu'elle est venue chercher. Il paraît que la nuit fait rêver mais qu'elle incite aussi les méninges à mutuellement se déchiffrer. Cependant, après plusieurs insomnies, la russe, elle n'est pas vraiment certaine de pouvoir y arriver. Peut-être bien que finalement elle est trop fatiguée. Un peu lassée, aussi, de s'endolorir les idées.

« Et tu vivais où, avant ? T'as choisi New York pour une raison particulière ? »

Eve s'intéresse un peu à lui. Elle qui, pourtant, a l'habitude de feinter le désintérêt ; décide à présent d'alimenter les échanges de cette rencontre hasardeuse. Il faut dire que ce n'est pas tous les jours qu'elle peut profiter de son insomnie avec autrui. Puis ça ne lui coûte absolument rien d'apprendre les paroles d'autres refrains. Quitte à ce qu'ils deviennent de véritables voisins, il était préférable qu'entre eux les choses se passent bien. Découvrir Solal ne pourrait pas lui faire de mal. Du moins, c'est ce que ses premières impressions lui disaient. Et l'avantage des nouvelles rencontres, c'est que dans l'instant présent, elles lui permettaient de ne pas s'encombrer du néant que laisse les absents.

(@Solal Pettersen)
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Message Sujet: Re: collision nocturne | solal    collision nocturne | solal  Empty Mar 1 Oct - 23:38


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( collision nocturne )
ft. eve


Brèves présentations sous le firmament, il ne s’excuse pas de venir troubler le calme des lieux. De se rendre coupable du fait que désormais, elle ne sera plus seule sur ce toit. Car il n’est pas comme ça, Solal. Qu’il ne s’excuse pas, aime mieux poser clairement les faits, asserter sans détours que maintenant, il impose sa présence ici. Pas un besoin de contrôle ou quoi que ce soit du genre de sa part, mais plutôt un dégoût franc pour l’hypocrisie humaine ; une sincérité, filtre manquant entre sa bouche et son cortex, qui lui cause bien trop souvent des soucis avec ses pairs. Mais pas avec elle, de toute évidence. La jolie brune qui lui répond en ricanant qu’elle fera de son mieux pour se faire à la situation, ne promet rien, cependant. Et ça a le mérite de lui arracher un rire discret, ce genre de rire qui s’exprime seulement par un sourire amusé, et un souffle significatif des narines.

- C’est bien aimable de ta part… De mon côté je m’efforcerais de m'accommoder à ta présence ici… bien que je ne te promette rien.

Du toupet, bien évidemment qu’il en a le garçon, on parle de Solal tout de même… Tellement de toupet qu’il se permet de faire comme s’il était celui ayant le plus de droits sur ce toit, comme s’il était là avant cette jeune femme, et non l’inverse. Et enfin elle lui délivre son prénom. Enfin il peut mettre une poignée de syllabes sur ce doux visage. Enfin… C’est aller un peu vite en besogne que de prétendre cela, car lorsque le nom roule sur la langue de la demoiselle, il se demande comment diable il est supposé répéter cela. Le répéter sans l’écorcher, en tout cas, car baragouiner quelque chose de ressemblant est à la portée de tous, en soi. Mais Solal s’il doit réduire en bouillie ce joli prénom, il aime mieux ne pas le prononcer tout court ; un sourire désolé avec lequel il répond donc :

- Je m’excuse, mais je me contenterais d’un « Eve ». Non pas par flemmardise, hein, je n’aimerais pas que tu te méprennes. Seulement je me connais, j’écorcherais immanquablement ton prénom si je me risquais à le prononcer en entier.

Et il respecte un peu trop les prénoms pour cela. Leur beauté. La myriade de sentiments qu’y ont mis les parents, le jour où ils ont choisi de le donner à leur enfant. Concept délicat à croire lorsque l’on sait combien Solal a pu écorcher – volontairement – le prénom de Riley au cours des derniers dix-huit mois ; mais à ses yeux existe une différence majeure entre massacrer un prénom volontairement, et le faire par accident. Et sa cigarette sur laquelle il tire nerveusement, comme toujours lorsque la jolie blonde vient glisser ses jambes graciles dans son esprit, demande plutôt à son apparente voisine si la fumée ne la dérange pas. Manifestement non, tant mieux, il ne s’amusera pas pour autant à la lui recracher au visage, et une pensée qui l’assaille soudain, le fait qu’elle aussi partage peut-être cet amour de la nicotine.

- Tu en veux une, peut-être ? Je ne t’ai même pas proposé…

Parce qu’on ne sait jamais. Et Eve qui a la mauvaise idée de lui demander où il vivait avant. Mauvaise car Solal a la langue bien trop agile, que lorsqu’on le lance, il peut déclamer des tirades dont on n’avait même pas idée. Il parle trop, Solal ; et sans doute que si elle le connaissait, elle y aurait songé à deux fois avant de lui poser pareille question.

- C’est une question épineuse, en réalité, aussi je suppose qu’il vaut mieux que je commence par le commencement… J’ai grandi à Amsterdam, mais à l’âge de dix-huit ans je suis allé m’installer à Paris. J’y ai passé trois années, le temps de valider une licence, tu vois ? Et après cela j’ai commencé à voyager. Beaucoup, j’essayais de passer un mois sur deux à l’étranger, car notre Terre est si riche, qu’il y a tant de choses à découvrir. Tout cela m’a mené à Rio à la fin de l’année 2017, et là, plutôt que de rentrer à Paris, j’ai décidé de découvrir New York. J’étais un peu fatigué de ces constants aller-retours, et je ne connaissais rien des Etats-Unis, alors je me suis dit que ce serait l’occasion de découvrir le pays. Seulement j’ai rapidement trouvé un emploi ici, alors je me suis installé du côté Staten Island. J’ai vécu là-bas pendant près d’un an et demi, et puis j’ai perdu ce fameux travail et j’ai décidé de repartir sillonner le monde. Je n’étais pas supposé rentrer à New York après cela, seulement mon premier roman va être publié et la maison d’édition se trouve ici, alors… C’était plus commode ainsi.


Un vague haussement d’épaules, vraiment, après sa rupture avec Riley il ne pensait plus avoir de raison de rentrer ici. Et puis il avait achevé son manuscrit, l’avait envoyé un peu partout sans trop y croire. Et ça avait marché et, du même coup, l’avait ramené sur la côte Est. Comme une vague qui revient sans cesse s’échouer sur la même plage.

- Et toi, alors ? Tu as toujours vécu ici ?

Il devine que non. Ne serait-ce que pour son prénom, et la facilité avec laquelle l’accent roulait sur sa langue lorsqu’elle s’est présentée.
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Message Sujet: Re: collision nocturne | solal    collision nocturne | solal  Empty Ven 22 Nov - 9:31

Il a du répondant, Solal, et ça lui décroche un autre sourire. Elle n'aime pas les gens qui font semblant et apprécie ceux qui ont un certain mordant. Y a pas plus chiant, selon elle, que des sentiments trop envahissants ni plus usant qu'un air bienveillant qui ment. Les américains, là-dessus, étaient un peu trop exubérants. Eve avait la retenue naturelle que lui procurait le silence. Entre elle et les autres, elle maintenait la distance. C'était ainsi qu'elle fonctionnait. Cependant parfois il lui arrivait de s'allier ; à des âmes auxquelles la sienne s'accrochait. Malgré ses apparences, la danseuse n'était pas faite d'acier ; elle faisait simplement attention à qui entrait dans son cercle privé. Puisque selon elle la confiance était une chose qui devait se mériter. Pourtant des étrangers avec qui le feeling était passé avaient existé et soudainement, elle se demandait si Solal comptait participer. L'aspect bancal de ce qui se trame avait quelque chose d'affreusement banal mais elle ne se ferait pas de mal, Eve, à délaisser cette étrange solitude qui commence à devenir sale. Il faut dire qu'il ne lui laisse pas vraiment le choix ; la répartie qu'il lui impose ne lui laisse aucune porte de sortie.

Mais la danseuse ne s'en offusque pas. C'est plutôt intéressant de combler tout cet espace manquant. Et puis la nuit, tout comme l'insomnie, est propice à la folie ; qu'elle soit douce ou qu'elle fiche la frousse. Tout était différent lorsque l'obscurité reprenait le devant. Eve était persuadée que Solal inspirerait d'autres mots aux murmures que lui chuchotaient habituellement le vent. Elle ne s'est pas attardée sur les présentations ; discrète, Eve l'a toujours été. Y a que la scène ou l'intimité pour la faire vibrer ; autrement, elle n'aime pas tant briller ni même se faire remarquer. La réponse qu'il lui donne n'est qu'une autre preuve de son penchant pour la sincérité ; et cela incite le respect de la russe à évoluer. Ils sont rares, de nos jours, les gens qui savent encore être entiers mais du peu qu'elle en sait sur l'individu qu'elle se surprend à observer, il est de ceux qui préfèrent la vérité. Il ne reste plus qu'à vérifier si tout ceci n'est qu'un jeu de fumée ; similaire aux arabesques que ses expirations intoxiquées dessinent doucement dans l'air. Elle en observe les ondulations, Eve, puis s'éprend même un peu de cet éphémère qui est un de leurs principaux critères.

« Je te crois, pour le prénom. Ne t'en fais pas. Et pour la clope, c'est gentil, mais ce sera non. J'ai besoin de mes poumons pour danser correctement. »

Presque sage lorsque cela concerne sa passion mais plus tellement lorsqu'on savait qu'autrefois la cocaïne virevoltait dans ses narines. Elle y pense à peine, rien qu'un bref instant, avant de poursuivre la conversation. Comme si de rien n'était. Solal, il lui explique son parcours. Elle a l'impression qu'il n'omet rien. Et c'est tant mieux car cela lui permet de ne pas rester sur sa faim. Eve a la curiosité des gosses malgré ses airs de dame. Et pour certains de ses proches, c'était un véritable drame. Ce bref résumé lui permettait d'en savoir un peu plus sur l'homme qu'elle venait de rencontrer. Il avait l'air d'être un aventurier, de faire partie de ces gens qui ont un puissant besoin de bouger et c'était quelque chose que la russe aimait. Pour la simple raison que ces personnes-là étaient souvent cultivées. La mention d'un manuscrit à peine terminée ne fit que le confirmer. C'était un genre d'artiste et donc, par défaut, quelqu'un dont le domaine principal était l'imagination. Le garçon lui retourne la question, par politesse, afin d'alimenter leur discussion.

« Non. Ça ne fait que quatre ans que je vis ici. J'ai grandi en Russie avant d'aller étudier la danse classique, à l'Opéra de Paris. Ensuite je suis devenue professionnelle ; si bien qu'on m'a offert l'opportunité d'intégrer la compagnie du ballet de New York. J'ai accepté ; c'était une manière de changer d'air, de découvrir une autre culture aussi. »

La danse et la notoriété qu'elle avait su en tirer lui avait permis de visiter le monde. C'était quelque chose qu'elle aimait, elle aussi. Se détacher, s'abandonner à d'autres communautés. Après tout, n'était-ce pas l'une des meilleures façons d'évoluer ? De ce qu'elle avait compris du petit récit qu'il venait de lui faire, c'était un point de leur personnalité qu'ils avaient en commun.

« Il parle de quoi, ton livre ? »

Elle poursuit, soudainement intriguée par le genre d'écrivain qu'il était. Eve avait toujours eu faible pour la poésie. Ça avait l'art de la transporter, de colorer un peu la fadeur de ses réalités.

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Message Sujet: Re: collision nocturne | solal    collision nocturne | solal  Empty Lun 25 Nov - 22:43


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Ainsi elle est danseuse. Danseuse de quoi ? Le domaine est si vaste, mais Solal n’a pas le temps de lui poser plus de questions que déjà elle lui demande depuis combien de temps il vit à New York. Et parce qu’il est incapable de répondre à une question sans en faire des tartines et des tartines, il lui détaille tout de son parcours géographique : enfance en Europe et ces dernières années d’un bout à l’autre du monde, vie de baroudeur, vie qu’il a embrassé et qu’il ne se verrait plus abandonner. Question qu’il lui retourne alors, et la satisfaction d’obtenir sans même avoir eu à la demander la réponse à sa question, quant à ce qui lie Eve à la danse. La danse classique, donc. Russe, aussi, ce qui explique la complexité du prénom et sa manière si particulière de faire rouler les syllabes sur sa langue. Et un sourire qui se dessine en apprenant que sa carrière semble marcher pour elle.

- C’est fantastique ! La danse est une passion, pour toi ?

Parce qu’on ne sait jamais, après tout. Que c’est peut-être là seulement un chemin de vie imposé par ses parents, et non une vocation pour elle, et que dans ce cas-là, c’est tout de suite un peu moins fantastique. Mais il espère pour elle qu’elle s’épanouit dans cette voie. Et son passé à l’Opéra de Paris ne lui échappe pas, comme lui elle a vécu à Paris ; comme lui, elle finit à New York aujourd’hui. Pour opportunité professionnelle l’un comme l’autre, finalement.

- Paris et New York sont très différentes, tu ne trouves pas ? Toi qui vit ici depuis quatre ans, dis-moi… Est-ce que l’on finit par se faire un jour à l’atmosphère si particulière de cette ville ?

De toute façon, il restera pas longtemps. Incapable de tourner en rond. Mais il aime mieux lui demander, tout de même. Ne serait-ce qu’à titre informatif. Et puis elle lui demande de quoi parle son livre. Et à cette question, un sourire s’étire, car Solal il est toujours heureux de parler de ce qu’il crée – même si en même temps il a la boule au ventre, car c’est un sujet sensible pour lui, la crainte permanente que l’on trouve ce qu’il fait claqué, constat qui remettrait tout, absolument tout, en question.

- Je ne peux pas te le dire, il n’est pas encore sorti, je dois préserver la surprise jusqu’au bout… Mais allez, tu me tiens compagnie cette nuit et tu me permets de rester sur ton toit, aussi je suppose que c’est bien le minimum que je puisse faire… Eh bien il se passe à Paris, justement. C’est l’histoire de Camille et Raphaël, qui tombent amoureux au premier regard. Le coup de foudre. Sauf qu’une histoire qui débute de la sorte, tu te doutes bien qu’elle ne peut pas continuer ainsi durant quatre cent pages, c’est un peu trop utopique pour être réaliste. Alors à mesure qu’ils apprennent à se connaître, ils s’aperçoivent qu’ils n’ont rien, mais alors rien en commun, si ce n’est ce coup de foudre. Mais ça ils ne le savent pas, hein, car il ne s’est rien passé entre eux. Leur relation devient de plus en plus compliquée, car ils ne s’entendent pas, mais qu’il demeure cette espèce… d’attirance indéniable entre eux. Et qu’ils sont obligés de se côtoyer puisqu’ils travaillent au même endroit. Après, pour savoir s’ils sauront faire fi de leur différence et vivre une histoire d’amour digne des plus grands films hollywoodiens, ou si au contraire cela ne marchera jamais entre eux… il faut acheter le livre, sortie le huit octobre !

Petit éclat de rire sur ces derniers mots, et le regard plein de doutes qu’il porte sur sa nouvelle amie nocturne.

- Ça va, je ne me débrouille pas trop mal en promo… ?

Car c’est effrayant pour lui tout ce nouvel univers, dont il a si souvent rêvé mais qui, maintenant qu’il le touche du bout des doigts, le terrifie. Peur de tout faire foirer, de décevoir ceux qui croient en lui plus que peur de l’inconnu.

- Et toi, alors ? Tu danses un ballet spécifique, en ce moment ?
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Message Sujet: Re: collision nocturne | solal    collision nocturne | solal  Empty Lun 9 Déc - 16:44

Passion... Elle aurait aimé que ce ne soit que ça, que ça s'arrête là, et ne pas en perdre la raison. Se délester de la sordide effusion et de la sensation que lui avait laissé ces milliers de frissons. Cependant, c'était bien fort que cela. Sur scène, elle pouvait encore entendre les ronronnements de son cœur qui saigne ; en ne lui laissant que son corps pour tenter de vaincre la mort. Les ombres d'Andreï se mêlant au vermeil qu'il avait ancré en son capricieux sommeil. La danse, c'était sa transe. Son ultime effervescence ; le berceau de tout ce qui lui donnait envie d'exister mais aussi de se mutiler. Ce n'était pas rationnel, ce n'était qu'un rêve éveillé ; indispensable pour faire face à la réalité qui aimait tant la brimer. Ce n'était que sa vie, éparpillée en quelques pas disciplinés. La seule manière de canaliser tout ce qui pouvait la bousiller. Le seul domaine capable de la faire halluciner et d'attiser l'infinité de ses émotions exacerbées. Il lui arrivait de tout détester, en cette rigueur étouffée ; puisque chaque mouvement la ramenait à ce partenaire particulier qui l'avait bafoué. Andreï n'était plus là pour l'accompagner. Elle se devait d'exister dans le regard d'étrangers sans devoir s'accrocher à ce corps qu'elle avait tant aimé.

C'était compliqué, pour elle, de répondre à cette question sans risquer de s'étaler. Davantage lorsqu'elle se maudissait de ne pas savoir tourner la page. New York, ce n'était qu'une façon pour elle de tout balancer mais le passé la poursuivait ; quand bien même elle s'appliquait à l'ignorer. L'absence était toujours aussi amèrement éprouvée et personne jusqu'ici n'avait pu l'en dissuader. La danse, ce fut aussi sa chance de rencontrer un amour que personne ne pouvait défier et la possibilité de dépasser les frontières imposées, de ne jamais cesser de s'émerveiller malgré le grisaille amère d'une étrange société. C'était la musique. Les battements de cœur frénétiques. La perdition et l'illusion. Ça la faisait vibrer, ça la transportait ; bien loin de toutes les idées que l'on s'en faisait. Effusion corporelle qui lui avait dérobé des pleurs et de la sueur pour ne lui rendre qu'un océan de magie ; fait de clair-obscur et d'entités sacrées. Rien qu'elle ne pourrait expliquer sans s'étrangler d'émotions qui s'amusaient à la dépasser. Et Solal, lui, la trouverait probablement insensée si seulement il savait tout ce que la danse représentait pour elle.

« Hm... Pour faire simple et bref, la danse, c'est ma vie. »

Elle lui avait tout donné ; ses plaies ainsi que ses rêves les plus entêtés. Avec le temps, rien n'avait changé. Au contraire, tout semblait se renforcer ; même si depuis qu'il était parti, elle avait l'impression que tout partait en vrille. Andreï n'avait toutefois rien démoli de cette passion qui donnait un sens à chacune de ses actions. La seconde question de son nouvel ami soulevait en elle de nouvelles interrogations. New York n'était pour elle qu'une grande évasion. Evie n'était pas chez elle mais ne pouvait s'empêcher d'encore traîner dans ses ruelles. Peut-être parce qu'ici aucun souvenir personnel ne venait lui imposer sa ritournelle. Elle aimait se perdre et s'inventer d'autres histoires entre cette multitude de buildings impersonnels. Il était plus facile de prétendre à la liberté lorsque plus rien ne nous retenait attaché. En sa poitrine, un vide intersidéral siégeait mais ce dernier lui permettait pourtant de ne pas se noyer dans un trop plein de naïveté. Alors elle traînait un peu, à lui répondre, à partager avec lui ce qu'elle pouvait penser de cette ville au sein de laquelle la foule lui permettait de se cacher.

« Cela dépend de mes humeurs. Parfois j'aimerai m'en aller, retourner vers tout ce que je connais mais la plupart du temps, je reste accrochée aux nouvelles possibilités que cette ville est capable de m'apporter. C'est effervescent, ça pulse de partout et constamment. Ça me donne l'illusion de ne pas stagner et pourtant, dans ma tête, rien n'a vraiment changé. Paris, ce n'est qu'un autre morceau de ma vie. Elle appartient plus à ma nostalgie. » Eve, elle marque une pause. De peur d'un peu trop s'emballer. Ce qu'elle raconte est probablement désordonné et pourtant, elle ne peut pas s'empêcher de le penser. « Comment tu t'y sens, toi, à New York ? Est-ce que Paris te manque ? » Échange de points de vue qui continuait à piquer sa curiosité. Elle se demandait ce que tout ça pouvait lui inspirer, à cet écrivain qui semblait entiché du monde et de toutes ses nombreuses contrées. Peut-être que ces horizons à foison l'aidait aussi à alimenter les rêves qu'il imprimait sur le blanc de plusieurs centaines de feuilles de papier. C'est d'ailleurs vers son livre que son attention se tournait ; intéressée par la conversation, elle se plaisait à l'écouter.

« Les histoires sentimentales tout en contradiction, ça laisse toujours place à une multitude de possibilités... » souligne-t-elle avant de sourire une nouvelle fois. Solal rit un peu maladroitement pour finalement demander à la danseuse s'il s'en sortait bien niveau promo. « Plutôt pas mal, ouais. Sois rassuré ! » Ça ne devait pas être facile de concrétiser un rêve avant de le léguer aux mains de parfaits étrangers... C'était quelque chose que la russe n'avait pas de mal à assimiler. « Puis faut bien que je mette un terme à ce suspense insoutenable donc je l’achèterai. » dit-elle avant de lui faire un clin d'œil. Après tout, n'était-ce pas le genre d'histoire qu'elle aimait ? Imparfaite et emmêlée. De quoi la rassurer sur ce bordel de sentiments entassés qui régnait en son muscle moteur malgré elle depuis des années. Solal la sort à nouveau de ses pensées lorsqu'il la questionne sur le ballet ; elle s'étire un peu, doucement agressée par le manque de sommeil et ses muscles éreintés. « Disons que mon quotidien est cadencé par de longues répétitions. Comme à chaque automne, on s'entraîne pour la saison d'hiver et donc Casse-noisette. T'as déjà assisté à un ballet ? Vu ta tête, ça m'étonnerait mais on ne sait jamais. » Eve s'amuse un peu, elle taquine en haussant ensuite les épaules comme si de rien n'était puis elle rit à son tour, légère, malgré tout.  


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Message Sujet: Re: collision nocturne | solal    collision nocturne | solal  Empty Ven 13 Déc - 0:49


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( collision nocturne )
ft. eve


Réalité confessée en une poignée de mots bruts, et un sourire arraché à Solal qui hoche la tête, silencieux. Car il se reconnaît, dans la franchise de ces palabres. Que lui aussi finalement pourrait dire que l’écriture « c’est sa vie ». Qu’y a que lorsqu’il se confronte au caprice de la langue qu’il se sent pleinement à sa place, a l’impression de faire ce pour quoi il a été placé sur cette Terre. Qu’y a que manier les mots qui lui confère un tel réconfort, un tel apaisement, et ce malgré les migraines apportées par la page blanche, le sentiment de ne pas parvenir à exprimer justement ce qu’il ressent. Que s’il écrit pas pendant trop longtemps il se sent mal. Comme si quelque chose clochait. Que le monde ne tournait plus rond. C’est ça que ça signifie, de dire que c’est « sa vie » ?

Et la discussion qui se fait un brin moins empirique lorsqu’il lui demande si l’on se fait un jour aux particularités de la Grosse Pomme. Car lui il a du mal, et sans doute que cette simple question suffit à impliquer cette vérité. La réponse tarde à venir, mais Solal ça ne l’inquiète pas. Il sait que parfois l’opinion se fait capricieuse à se manifester, qu’elle finira par reprendre la parole. Chose qu’elle fait en effet, avoue une humeur fluctuante, l’effervescence de la ville qui semble l’illusionner à sa guise.

- Je pense saisir ce que tu veux dire. Après, je trouve que Paris aussi est une ville hyperactive, mais il est vrai qu’à côté de New York… A côté de New York, on croirait presque à un petit village de campagne.

Rictus amusé qui se dessine, il ne lui pose pas davantage de questions sur Paris ou ce qui semble bouillonner dans sa tête, malgré toutes les interrogations que suscitent ces paroles énigmatiques ; car déjà elle lui pose elle-même de nouvelles questions, auxquelles il lui faut bien répondre.

- Honnêtement, pas très bien. C’est loin d’être ma ville favorite, pour une multitude de raisons. A commencer par la mentalité américaine avec laquelle j’ai énormément de mal, et puis je déplore que les Etats-Unis soit un pays sans histoire. Enfin, il en a une, bien évidemment, tout pays a une histoire, mais elle remonte à trois cents ans, ce qui est absolument ridicule à l’échelle de l’humanité, et les colons ont décimé sur leur passage tout patrimoine antérieur. Et j’aime les pays avec une histoire, tu vois, des monuments, des lieux, des œuvres pour témoigner du passage des siècles, de la transition d’une époque à une autre. Et puis, New York c’est aussi la ville où j’ai rencontré mon ex, et où nous avons vécu notre histoire. Aujourd’hui les rues demeurent chargées de ces souvenirs, c’est quelque peu… douloureux.

Haussement d’épaules, et un nouveau sourire qui se dessine. Pour relativiser.

- De manière générale je n’aime pas spécialement rester trop longtemps au même endroit, de toute manière. Mon maximum tient la plupart du temps à une poignée de mois, alors le fait que j’ai passé plus d’un an ici doit probablement participer à mon dégoût de la ville. Paris, en revanche… Paris me manque, oui. Je suis plus à l’aise avec la mentalité française, et je trouve la ville plus belle, plus… riche culturellement que New York. J’aimerais bien retourner y vivre.


Mais y retourner, quitter New York reviendrait à y laisser Riley. Tirer sur elle un trait définitif. Et il n’est pas sûr d’en être encore capable, Solal. Pas elle. Et à propos de Riley, le livre qu’il a écrit sur elle. Sur eux – vérité criante dont il n’est pas encore conscient, mais ça c’est un autre sujet. Pour lui ce n’est qu’une histoire fictive parmi tant d’autres, certes imprégnée de ses sentiments, mais c’est bien tout – face voilée, déni évident. Alors il lui raconte les grandes lignes de l’histoire, se permet de demander si elle trouve qu’il ne se débrouille pas trop mal en promo ou si c’est au contraire une catastrophe totale. Soulagement d’apprendre que c’est « plutôt pas mal », il retient tout de même qu’il lui faut travailler sur ce point en vue de la sortie du livre. Mais apparemment cela a au moins fonctionné au point de lui assurer une future lectrice, alors…

- « Insoutenable », à ce point ? Tu me flattes ! Mais merci beaucoup, cela me fait plaisir ; si tu es gentille je te le signerais même sans t’infliger la file interminable d’une séance de dédicaces.

Sourire en coin, confiance exacerbée pour une fois purement feinte, car la vérité c’est qu’il n’a pas la moindre idée du succès potentiel de son livre – en doute en réalité plus qu’autre chose, malgré les paroles rassurantes de son éditrice. Et puis, pour détourner la conversation de ce sujet un brin trop épineux pour lui, il la questionne sur son art à elle : la danse, ce qu’elle joue présentement. Remarque qu’elle s’étire, mais ne prend pas la peine de lui demander si elle est fatiguée, souhaite peut-être redescendre se coucher, car elle est finalement assez grande pour lui faire ses adieux d’elle-même si elle le souhaite.

- Ah oui, je connais cette histoire ! Et j’imagine que la danse est une discipline très exigeante en terme de pratique, en effet…

Mais lorsque c’est ce pour quoi on vit, les heures de travail ne sont finalement pas si désagréables que cela, si ? Dans son cas avec l’écriture ce n’est pas le cas en tout cas, malgré la frustration que lui inspire souvent parfois l’exercice, il en ressort toujours apaisé, satisfait d’une certaine manière. Et le sourcil qui s’arque lorsqu’elle prétend qu’il n’a pas une tête à assister à un ballet, un éclat de rire presque outré qu’il laisse échapper.

- Comment cela, « vu ma tête » ? Qu’est-ce que je suis censé comprendre par-là, hein ?

Solal nullement vexé, simplement curieux de ce que ses traits peuvent bien lui inspirer. Il ne lui reprochera pas de le juger trop vite en tout cas, car le connaissant, ce serait clairement malvenu de sa part.

- Mais effectivement, tu vois juste… Le plus loin que je sois allé ce sont les spectacles de danse de ma petite sœur, je ne suis pas certain que cela compte comme les ballets auxquels tu sembles penser… ?
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