temps électrique -- w/ breakfast club.

T E M P S É L E C T R I Q U E

❝ b e s o i n d ' a i r f r a i s o n é t o u f f e l à - d e d a n s ❞
► p l a y l i s t

activité qu'elle a d'abord cru insipide, lorsque l'idée fut proposée au cours d'une discussion a n o d i n e. accord donné d'un ton las pour couper court à la discussion qui l'ennuyait. faiblesse d'esprit qui lui coûta son samedi soir. au début boudeuse, jojo avait rapidement pris goût à cette sortie qui avait été créée pour détendre les plus stressés (elle). mais — ~~parce qu'il y a toujours un mais~~ ; c'est le chaos. tout s'entrechoque, y'a plus vraiment d'ordre de priorités dans le tumulte de ses pensées. ça ne cesse de bourdonner tout contre ses oreilles, sorte de fantôme qui s'applique à répéter les paroles m a u d i t e s (celles qu'elle voudrait rayer, celles qu'elle voudrait colorier de brume jusqu'à tout-à-fait les recouvrir) –

et ça éclate, quelques mille couleurs dans ce ciel ombragé –
et ça explose, comme le m y o c a r d e dans la poitrine –

et de ses pulpes tremblantes s'échappe un long soupir, de ceux retenus silencieusement, toute la journée durant. l'enfant solaire se lève de son trottoir, pupilles abyssales cherchant le réconfort, réponses dans les yeux de b y r o n (introuvable). brise légère jouant malicieusement dans ses boucles sauvages, l'une d'elle caresse l'épiderme de ce visage poupée — légère chatouille qui fait froncer le nez et le sourire illumine le visage –

et le naufrage en plein sauvetage –
la vision troublée par tant de silhouettes, petite ariel des temps modernes se sent paumée dans cet océan d'individus — silhouette féminine se glissant avec maladresse entre les corps, elle cherche du regard l'ami qui la sauvera. le bruissement sempiternel résonnant si fort dans les tympans, elle prie pour ne pas perdre l'audition dès la sortie gagnée. et jojo, elle prend p e u r lorsqu'elle cherche, mais qu'elle ne trouve pas l'ami, le moteur essentiel à sa survie qui se heurte dans la poitrine chaque fois que son regard semble trouver l'illusion de ce garçon –
elle s'inquiète jojo, l'imagination qui déborde sur le sort de cet enfant — pensée envahie de suppositions, des et si à s'en bouffer l'âme et l'existence –

et si elle ne le retrouvait pas ?
et si quelque chose lui est arrivé ?
~~et si~~.
et si ?

un instant d' e n t r o p i e quand il ouvre les yeux.

la lumière des réverbères lui brûle la peau, et les effluves a r d e n t e s d'une jeunesse sacrifiée, abandonnée, laissée pour compte en charogne p u t r e s c e n t e, lui reviennent soudainement. il les sent, b y r o n – il les voit, les observe et les épie, ces adolescents à l' a t a r a x i e enivrante et à l' i n d o l e n c e exaltante. il les jalouse, et, secrètement, l'envie m o r d a n t e de les rejoindre le tente. convoitise éphémère qui n'est semblable qu'à une v é l l e i t é futile, il repense au serment qu'il avait prêté sur le catafalque face à sœur.

j'te jure que j'en aurai fini avec ça
j'te jure qu'elle m'abattra pas
j'te jure qu'elle ne m'tuera pas

j'te jure que j'arrêterai
et quand j'arrêterai enfin
j'reviendrais ici et j'te dirais
qu'finalement
toutes bonnes choses ont une fin.

mais il se trompe, b y r o n. parce qu'il croit que son corps est un p h a l a n s t è r e, que le monde est un i d é a l quand il n'est que d i s c o r d e et b r a n l e - b a s. parce que dans son cœur, c'est l'hystérie. tohu-bohu psychique, turbulence intérieure. parce que, dans son âme, e a t o n est un fouriériste philosophal, qui ignore les t a r e s de son propre-être et passe outre ses t r a v e r s les plus ancrés, soit par f i e r t é, soit par n e s c i e n c e.

parce qu'au fond, b y r o n est naïf.

naïf de croire que ses promesses effaceront ses peines
naïf de croire qu'un jour, il les entendra
naïf de croire qu'un jour, il les respectera

naïf de croire qu'un jour, il acceptera
de se débarrasser de ce qui faisait autrefois son tout
sa vie et de ce qui la faisait
sans même savoir que celui-ci
était déjà parti.

alors il inspire, b y r o n. l' e n f a n t t e r r i b l e inhale la fraîcheur de la soirée et continue, adossé contre un mur, de regarder intensément ces jeunes qui s'oublient au c h a n v r e et à la k u s h sur l'asphalte.

il ne devrait pas être là.
il aurait mieux fait se rester chez lui, à se défoncer jusqu'à s' a m n é s i e r complètement.

mais il ne peut pas. parce qu'on lui a proposé ce soir là de sortir dans un c i n é m a p l e i n a i r – l'hybridation parfaite pour être dérangé à la fois par la f r o i d u r e nocturne et par les s t r i d u l a t i o n s des criquets. parce qu'on lui a demandé de l'accompagner et que, par c o m p l a i s a n c e ou par f a i b l e s s e, il a accepté sans ciller. il se sent reclus, b y r o n, comme p i é g é entre les impossibles fortifications qui lui servent de barrages contre lui-même. puis y'a son regard qui dévie brutalement sur elle. elle qu'il a a d o p t é. elle qu'il a pris sous son aile. elle sur qui il veille, sans réellement savoir s'il est responsable d' e l l e ou si elle est responsable de l u i.

pourtant, il y a toujours cette part de lui qui demeure a f f a m é e et i n a s s o u v i e, et qui échoue à se contenter du bonheur qui est à sa portée en préférant s'appuyer sur ce qu'on pourrait considérer comme de la b é a t i t u d e s u p e r f i c i e l l e. ça l'envoûte, ça le fascine, ça le séduit et l'hypnotise. la t e n t a t i on se rompt finalement et le défi à la mort est immédiatement lancé.

b y r o n s ' e s t v o l a t i l i s é.

dure réalité à vivre, constante douleur du muscle situé entre ses deux poumons atrophiés. elle étouffe, dans cet océan d'angoisse et de problèmes. elle peine à sortir la tête de l'eau, cette eau si froide, qui immobilise son âme meurtri.

des lumières, des rires au loin, néva en est comme attiré, impatiente de vivre à son tour la joie de vivre.

uniquement l'écho d'une petite musique d'ambiance, sa vision troublée par de lourdes perles salées, qui luisent le long de ses joues creuses.
le corps blessé, elle s'avance. la tête tournée dans diverses directions, son arcade sourcilier sanglant.

encore un règlement lié à sa dose quotidienne; qu'est-ce que tu peux être pathétique, néva.
le manque d'argent ne semble pas la freiner à son addiction mortelle. elle veut juste oublier l'amertume dont elle est victime chaque soleil levant.

tristesse sans nom, par manque de pognons, elle vient vendre son corps bleuté et endoloris. une sorte de putain qui devient folle, foutue camée.

les lumières les plus fréquentes sont celles des étoiles, nous observons; nous les humains dépravés. rieuses, on peut les voir se moquer de notre sort, satanées étoiles.

tapant l'épaule d'inconnus, elle se fait un chemin vers le devant, là où la scène prend lieu. posté comme un spectre vengeur, ses larmes semblent s'être multipliées. apparition liée au taux funeste de méthamphétamine, les visages sont troublées, l'âme perfide. vous devriez avoir honte, de vous pourrir pour vivre. ironique, n'est-ce pas ?

. on comprend mieux pourquoi ton entourage t'a éloigné de leur vie. tu es inutile, néva. I N U T I L E.

non, c'est faux. elle apporte-

. cette putain n'est qu'une droguée, nymphomane et pyromane. une criminelle qui mérite de mourir.

une voix qui dévoile les pêchées d'une pimbêche vouée à l'enfer. comme l'impression qu'elle fait tout pour s'y retrouver.

le regard voyageur, elle observe un feu plus loin, s'approchant de la source vive de chaleur, un sourire sur ses lèvres gercées.

la soirée ne sera pas si merdique, finalement.

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