unknow, sandy

paraît qu'elle s'est pointée. paraît qu'c'est dans l'aéroport qu'ses talons se sont mis à claquer. paraît qu'il n'y a qu'elle qu'ça n'a pas dérangé de venir foutre un coup d'pieds dans c'qu'il s'était efforcé d'garder rangé. y'a le queens qui s'est mis à murmurer qu'un fantôme était sur l'point de venir l'effleurer. qu'le soir dans son pieu, il se remettrait à l'imaginer ondulante au-dessus d'son bassin échauffé. ouais, comment oublier. comment oublier l'goût de l'adultère. comment oublier l'parfum suave d'cette nana qui s'devait interdite. comment oublier l'étreinte essoufflée, son corps pressé contre le sien et sur ses côtes, le coeur de la brune qui v'nait s'écraser. ça a été bref leur histoire. mais putain c'que c'était bon. la paume sur l'nombril il aurait pu tout balancer. pour elle. marshall il aurait pu tout abandonner. pour elle. si elle le lui avait d'mandé. sauf qu'il est jamais venu, c'désir de tout plaquer. juste ce silence insupportable. puis la dernière fois qu'il s'est fait happer par son regard foncé, c'était pour récupérer la seule chose qu'ils avaient pu fonder ; cette pauvre gamine aux traits hâlés.

il est seul comme un connard, l'cul vissé sur son lit mal fait, les pieds plantés dans le parquet pas ciré. il entend pas la vingtaine qui s'occupe dans la chambre d'à côté. tout c'qu'il voit, c'est les boucles sauvages sur la photo volée. la couleurs sont passées, les bords par le temps bouffés ; mais y'a toujours ce sourire qui lui fout l'même effet. pas plus grande que sa paume, le cliché s'est volontairement perdu dans ceux d'autres types en treillis. l'tout bien rangé dans sa table de chevet.
y'a des dizaines d'années qui sont passées
sur les gueules d'un bonnie and clyde raté.
putain ça aurait pu marcher.
putain qu'est-ce qu'on a loupé.
c'est l'foutu silence qui s'brise lorsque la porte s'ouvre à la volée. lorsque c'est sandy qui fait son entrée - toujours enjouée. marshall sursaute et laisse échapper d'entre ses doigts le précieux cliché qui vient s'poser entre ses pieds avec la grâce d'une plume tout juste arrachée. putain sandy tu pourrais frapper. la vulgarité qui planque dans ses jupons l'intimitié violée, rick s'penche rapidement pour ramasser avec précipitation l'origine latine qui déteint des traits d'la gamine. la photo balancée sur les autres et le tiroir rapidement bousculer pour qu'il avale à jamais le moindre secret. marshall se redresse et fait barrière entre sa fille et son hérédité.

putain sandy tu pourrais frapper.

l'sourire s'envole
ailleurs, loin.
sourcils qui se froncent en une seconde; yeux dont la couleur changerait presque tant ses expressions n'ont pour secret aucune émotion. y a quasiment les pupilles qui murmurent un 'quel con', là où les lippes scellées tentent de ne pas si vite s'emporter... alors, sandy se contente d'admirer le spectacle inexpliqué, le père qui s'élance presque désespéré récupérer ce qu'est tombé sans même laisser le temps à sa fille d'en épier ne serait qu'une bordure, un trait.

promesse muette de v'nir faire sauter ce tiroir dès que l'occasion à sa porte viendra se présenter; avant de reprendre le fil de ses pensées.

hein sandy, pourquoi t'es entrée?
de base, sans doute pas pour t'faire engueuler
peut-être pour enfin oser lui demander
eh papa, tu crois que sans moi tu te serais mieux débrouiller?

et puis ça lui revient, y a cette soirée... sandy ne revient pas de devoir encore lui demander. pire, se voir déjà refusée une demande pourtant pas bien compliquée! une fête comme ça. oui, y aura de l'alcool... qui croirait qu'elle n'a pas déjà connu les vices d'une gueule de bois? oui, des gars seront là! si rick savait, si il savait qu'il n'y a pas que d'eux qu'ils devrait se méfier... de la drogue? n'en parlons pas! comme avoir la tête dans les étoiles; les yeux dans la lune... et le cœur en orbite sans ça?

sandy parfois se surprend à rêver d'une adolescence plus normale; plus basique. loin de lui, et elle, elle l’innommable! elle aurait toujours été là. peut-être qu'ils auraient heureux tous les trois.

pas qu'ils puissent le savoir un jour;
et pas moyen non plus dans le fond qu'elle échange sa vie actuelle contre quoi que ce soit.
que les génies se meurent, que les miracles s'éloignent
que les fantasmes croupissent au fond d'une crevasse!
pas de vrai souhait, seul réconfort qu'est de se dire
lui (et sa sale gueule)
seront toujours là.
ouais, de la fond
ça lui va
presque parfaitement
comme ça.

-"alors, déjà... de même dans ce cas, quand tu frapperas à ma porte je ferais l'effort de faire pareil pour la tienne."

stature! sandy croise les bras.
eh regarde
j'suis une adulte papa.

-"et puis, tu faisais quoi au juste? c'est quoi ça?"

du menton, la grande gamine indique le tiroir.
peut-être qu'il va lui montrer, lui dire
qu'elle aura pas besoin de venir fracasser les gonds dans le noir.
peut-être qu'il y a pas de sale histoire!
mais y a le palpitant qui se tord un peu
des doutes, des questions, des peurs
dis moi que j'ai tort;
comme quand j'étais petite
jette moi un sort.