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| Sujet: noces funèbre (noor) Mar 3 Sep - 20:11 |
| elle est toujours là, l’ombre, la présence envahissante qui entoure ton dos, elle est là, river, retournes-toi
c’est son reflet que tu vois, coup d’oeil dans le miroir, l’image qu’il te renvoie. dérangeante. dérangeante parce qu’il te ressemble, parce que les traits sont les miennes, quoique plus marqué par le temps, quelques rides au bord des lèvres, quelqu'une sur le front. probablement à force de s’énerver, de froncer les sourcils, de prendre son air méchant. en a-t-il vraiment besoin ? n’est-il pourtant pas déjà craint par tous ceux qui l’entourent ? bien sûr que si. tu l’observes, silencieusement, les bras tendus, sans bouger. T’as l’impression d’avoir à nouveau dix ans, d’être là, debout dans le salon, à faire ce qu’on te demande bien sagement. sans jamais broncher. et c’est ce que tu’es encore en train de faire aujourd’hui, pantin, mannequin inanimé qui se fait mesurer de bout en bout. les dernières retouches sur un costume hors de prix. de fursac, s’il vous plaît. parce qu’il faut que tu sois présentable, le plus beau, le plus remarquable pour ce soir. ton père revient, s’approche de toi, raccrochant le cellulaire qu’il tient en main. “Albert viendra te chercher à vingt heures, ne soit pas en retard”, une main sur ton épaule avant qu’il ne tourne les talons, un ordre qui claque, ton obéissance jamais remise en question.
en effet Albert est là, à vingt heures. précise. il ne s’agit pas d’arriver en retard ce soir. T’es monté dans la voiture, le chauffeur privé qui t’emmène à l’autre bout de la ville sans un mot. ce soir, tu représentes l’élite River, la réussite, l’excellence. ce soir, tu dois faire honneur à ton père, à ta famille, aux tiens. Sourire quand on te le dit, parler quand on te le dit, réciter le discours qu’ils t’ont écrit. rien n’est laissé au hasard, jamais, surtout pas ce soir.
alors tu fais ce qu’on te dit, te place ou on te place, récite les mots qui prennent tous leurs sens, sans jamais raisonner en échos dans ton crâne. tu croises des visages, que tu connais bien, d'un peu moins. d’ancien, et nouveau élève de la colombin, l’élite de la nation, la relève des futurs diplômés, futur président, pdg, tête couronnée. comme elle. Noor. Noor princesse déserte, la douce, la belle, le jeune marié. tu connais tout, de son mariage, de son mari, de leurs relations. de ce qu’Angel t’a raconté, briefer. le plan machiavélique mis en forme il y a déjà quelques mois, quelques années, un plan tellement alléchant. tu t’approches alors, une coupe de dom pérignon en main, le sourire malin aux lèvres. tu t’imposes, te fou de la conversation qu’elle peut être en train de mener avec cette personne, te fou de savoir si tu la déranges, si elle refuse de te parler. elle te connaît elle aussi, très peu, de vue, de nom, comme on connaît d’autres élèves de son université. “mademoiselle el Hassan”, tintement de verres quand ta coupe rencontre la sienne, le sourire accroché, tu la salues, en prenant soin d’user de son nom de jeune fille. il est hors de question d’évoquer ce mariage. celui qui n’aurait jamais dû avoir lieu. |
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