et la nuit éclate (ft viggo)

à l’extérieur, nuit noire. aussi profonde que tes pensées.
tu prévoies rien pour ce soir, alma. rien mis à part de vivre. vivre le moment présent, entourée de tes amis. nuit ébène. pourtant, à l'intérieur, musique assourdissante. lumières aveuglantes. alcool à foison, les esprits sont légers. t’es pas seule. t’es avec ta bande, ceux qui rendent ta vie un peu plus belle. un peu moins morne. ces gars-là, y a qu’eux pour te faire passer de bons moments. et elle, y a qu’elle pour te faire rire comme elle le fait. cette bande, elle régit ta vie. elle fait tes hauts, elle apaise tes bas. ce soir, vous êtes là pour faire la fête. oublier les ennuis qui assomment vos vies minables.
l’alcool entre tes mains, c’est la libération assurée. l’affranchissement espéré. voulu. désiré. c’est l’assurance de la débauche. de la nuit qui n’en finit pas. et ça te plaît de libérer enfin la tension. celle que t’accumules lorsque le jour se lève.
les gorgées se multiplient, se répètent. un geste familier, presque automatique. un mouvement que tu fais sans réfléchir. t’en commandes un deuxième. parce que t’aimes avoir un verre entre tes doigts. et qu’ils sont tous dans l’euphorie du moment. les démons sont de sortie. les démons d’après minuit. tu noies tes angoisses. tes maux noirs, tes maux du soir. car dans ton cœur c’est ainsi.
ton verre. un dernier geste vers tes lèvres et tes yeux qui semblent rêver.
devant tes yeux, viggo.
le hâle de sa peau. l’ébène de ses yeux.
son regard qui perce la nuit.
alma, tu le fixes. il est avec des potes. et tu les regardes. le temps s’arrête et t’observes. t’es bousculée par tes amis, mais tu les regardes même pas. t’entends leur voix derrière la musique. t’entends leur voix, derrière toi. leurs rires, leurs discussions qui ne t’intéressent même plus. t'es ailleurs, alma. bien ici, mais plus vraiment avec eux.
tu sens ton coeur qui bat à tout rompre. ton regard qui ne le lâche pas. tes pupilles qui voient une fille pas loin de son échine. une qui rôde. y a son regard qui l'accroche. encore. encore une qui va tomber dans ses filets, trop bien aiguisés. et son discours trop bien rodé. c’est facile pour lui. il est beau, il a de l’allure et les filles à ses pieds. tu portes la paille à tes lèvres. hypnotisée, la petite alma. et elle aime pas ça, au fond d'elle. tu veux pas qu’il s’en approche. t’as ce rôle que t’aime pas. celui qui ne te reviens pas. soudain, son regard croise le tien et c’est ton cœur qui semble rater un battement. vos pupilles qui s’croisent. s’entre-croisent. y a l’temps qui passe et viggo, il s’éloigne de l’inconnue. la paille entre tes dents, tu restes un moment, là. satisfaite. tu savoures ta victoire, celle de ce soir. elle sera de courte durée, tu l’sais, mais ce soir, viggo, il n’est qu’à toi. pas à une autre. pas à une idiote. juste à alma.

tu l’perds de vue, viggo. mais l’inconnue, tu l’as bien devant les yeux. tu supposes une pause clope. y a les minutes qui s'allongent. y a que lui dans tes pensées. y a que lui pour compenser. tout ce que tu veux et que tu n'auras jamais. tu te détaches du groupe, discrètement. tu pars. loin d’eux. loin du clan. loin cette euphorie dont tu n’as besoin. elle s’éloigne la petite, en secret.
alma, elle trace.
elle file comme le vent.

L'alcool pulse dans ses veines, parce qu'il a cédé une partie de son contrôle ce soir et accepte de se laisser porter. Il ne compte plus les verres, la tête retournée par la musique trop forte, les gens qui se bousculent pour danser sur leur chanson du moment. Il se sent un peu dépassé tout en essayant d'être moins en retrait qu'à son habitude. Parfois ses mains se posent sur les épaules d'Alma dans un contact fraternel, à d'autres moments il agrippe sa taille dans une étreinte qui ne l'est pas, mais tout le monde est habitué. Parce qu'ils ont des droits l'un sur l'autre. Il s'éloigne tout en se sachant suivi par une brune, une anglaise plutôt jolie, le problème pour elle, c'est qu'il a décidé de se racheter une conduite lorsqu'Alma est dans les parages. Il n'a plus envie de lui offrir de sujet trop facile lorsqu'il est question de reproche. Forcément il essaie d'être le plus froid possible sauf que la vodka le fait sourire plus facilement que prévu et ça l'agace en interne. Ses opales captent Alma qui se fait spectatrice alors il le soutient, son regard aussi pesant que pensant. Il finit par lui dire qu'il a quelqu'un, c'est normalement efficace, ce mensonge cachant sa vérité avant de fuir ce piège. Il ne se sent vraiment pas clair et décide d'aller respirer par qu'il étouffe. Viggo s'allume une cigarette lorsque le premier coup qui percute son dos tombe. Sans se laisser faire, mais diminué par l'alcool et tout ce qu'il a pris/fumé avant, il accuse difficilement avant qu'on ne les sépare. Il n'arrive pas à se concentrer parce que la douleur irradie à des endroits différents, son visage, une épaule meurtrie, un genou maltraité. Son regard se fait fébrile et part trop rapidement à la dérive avant qu'il ne s'essuie la bouche et découvre qu'une de ses lèvres s'est également fendue sous la violence de l'échange. Y a une silhouette qu’il ne connait que trop bien qui s’enfonce un peu trop dans la nuit. Viggo fronce les sourcils par automatisme avant de se laisser trouver par la belle. Ses opales cherchent les siennes avec avidité avant de tendre une main fracassée dans sa direction. « Je ressemble à quoi ? » Il demande avec ironie parce qu’Alma est arrêtée dans son élan. L’argentin cherche à détendre un peu l’atmosphère en lui laissant faire le bilan de son état physique. Il penche légèrement la tête en arrière, ses prunelles se perdent dans l'obscurité pendant quelques secondes de trop. « Ce n’est pas ma soirée » Il conclut avec flegme, ne laissant rien paraitre mais il a l’impression que ses cotes, en freestyle, pourraient être capable de perforer ses poumons trop rapidement. Il ne préfère pas trop bouger et attendre que l'alcool surpasse à nouveau la douleur. Ça le tue d'apparaitre complètement en vrac sous les yeux d'Alma. « La plus belle fille du club ne me calcule pas de la nuit » il énumère avec sarcasme en parlant bien évidemment d’elle. Qui d’autre ? Il a senti son regard pesant sans pour autant qu'ils ne s'accrochent réellement ce soir. « Et une vieille connaissance me tombe dessus » il termine en roulant douloureusement des billes. Il relativise. « Tu devrais rejoindre les autres » Il commente parce qu'il préfère la savoir en pleine lumière plutôt d'ici avec lui, dehors.

y a tes yeux qui cherchent un teint allé, une allure de bad boy et un parfum muscé. alma, elle cherche viggo. alma, elle n’a souvent que lui en tête. surtotu depuis que tu n’dors plus au closer. t’as repris tes vieilles habitudes. ça squatte. entre chez lui et chez toi. peut-être plus souvent chez lui que chez toi, d’ailleurs. parce que t’aimes pas te retrouver seule. et que y a que lui que tu veuilles voir. viggo, l’âme qui panse tes plaies d’puis des années. comme s’il avait toujours été là. près d’toi. tes yeux balaient la salle, les gens, sans trouver celui que tu cherchais. t’arrives à l’extérieur.

nez à nez avec vig, à terre. il te tente immédiatement la main. tu tends la tienne qui s’écrase dans la sienne. il se relève et tes opales fixent les endroits fraîchement tuméfiés. y a les battements de ton cœur qui s’intensifient dans ta poitrine. tes yeux qui s’écarquillent sur son échine. tes yeux qui l’inspectent et qui croisent sur leur chemin les témoins de se qu’il vient de se passer. putain, mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? y a ses mots qui t’sortent d’entre les lèvres sans que tu ne puisses les réprimer. des mots lâchés sans réflexion aucune. juste la pensée qui s’libère. tes bras qui l’aident à se lever. sa carcasse qui renaît. qui reprend sa hauteur. ta paume qui s’pose sur sa joue. tes yeux qui descendent sur son torse, ses épaules, ses mains. tu regardes tout. inspectes tout. mais tes yeux reviennent à son visage qui a bien douillé. mais merde, vig.

la question qui fâche. il ressemble à quoi, vig ? à un mec qui vient de s’prendre une raclée. un mec qui pisse le sang. qui va pas arriver à se lever demain. t’as une grimace sur le visage. comment tu t’sens, surtout ?

tu sais ce qu’il est en train de faire, vig. il tente de pas te faire paniquer en t’balancant de l’humour. mais t’es pas dupe, tu l’connais par cœur c’type. hm, tu parles de moi, au moins ? parce qu’il y en avait une qui te tournait autour. y en a toujours une. tu les attires comme des mouches. vig, il attire les nanas comme des abeilles. ça t’avait toujours étonnée. sans rien faire de particulier, il se retrouvait toujours avec une fille à côté de lui. toujours. et depuis toujours. y a un ptit sourire sur tes lèvres. un sourire, parce qu’il est dans un sale état et parce qu’il est pas reparti avec.

non. on rentre. d’toute manière tu t’amuses pas autant quand il n’est pas avec toi. ouai, t’es pas satisfaite quand viggo il n’a pas les yeux braqués sur toi. parce que toi, t’aime être le centre de son monde. tu veux être l’unique. t’as un peu l’syndrome de l’enfant unique. mais là, y a pas de négociation possible. vous rentrez. j’préviens les autres qu’on s’en va. l’œil immédiatement plongé sur ton téléphone, t’envoie un message de groupe à madden, noor et les autres.

alma simeone a écrit:

les babes, on rentre avec viggo.
nous cherchez pas.
j'vous love.
à demain.

t'es pas entré dans les détails mais t'imagines déjà les sous entendus et les commentaires qu'ils vont pas se gêner de déblatérer. vous avez l'habitude. mais tu te disais qu'il valait mieux partir d'ici. au fond, t'avais peur que l'type revienne, et accompagné de ses copains. allez, on s’tire. file-moi tes clefs. je conduis. valait mieux ne pas trop traîner. puis viggo, il était mal en point. vous marchez jusqu'à la voiture. c'était qui c'type, vig ? tu sais qu'il traîne dans des affaires pas nettes. tu sais aussi qu'il parle pas beaucoup de ce qu'il fait. et toi, tu cherches jamais à en savoir les détails. parce que t'as conscience qu'il ne répondra pas forcément.

mains sur le volant. t'as démarré depuis quelques secondes.
l’hôpital ou l'appart ? tu proposes quand même. mais la réponse, tu l'as déjà. il choisira pas l'hôpital. parce que c'est un homme et que les hommes ne veulent jamais se faire soigner.

Elle panique, elle l'inspecte, elle lui demande des précisions mais il se contente de la dévisager sans rien dire, parce que son esprit en vrac ne parvient pas à se concentrer pour fournir une réponse cohérente. « Je l'ai pas vu venir » Il articule en douceur en haussant les épaules. Il a déjà l'ego éraflé, si elle pouvait éviter de s'alarmer. Parce qu'il le sent. Viggo l’écoute d’une oreille plus qu’attentive avant de rouler des billes. « C'est toi la plus belle fille » Il confirme avec nonchalance, un peu feinte, certes. « Tu sais très bien que je m’en moque, d’elles » il lui réponds en lui jetant un regard de bien, à ce stade, cela relève de l’évidence. Il a toujours été clair sur le sujet, Viggo. S’il est capable de se mentir concernant Alma, il n’en n’est pas de même avec celles qui côtoient parfois ses nuits sans aucune assurance. Son esprit dérangé n'a aucune considération pour elles. « Y a que toi qui compte » Il glisse, sincère, pour une fois. Parce qu’on ne peut jamais savoir habituellement. Elle prend les devants et décide de le ramener chez lui. « Personne, laisse tomber Alma » Il souffle parce qu’il préfère la laisser nager dans une certaine ignorance. Parce que s’il en dit trop, elle risque de s’éloigner dans un instinct de survie qui est légitime. «Devine » il expulse lorsqu’elle lui offre un choix qui n’en n’est pas un. Dans un sourire discret, il lui fait comprendre qu’il opte pour l’endroit qui leur est familier, son appartement, ou leur squat, il ne sait plus trop. Il accepte de lui laisser les commandes, de la laisser diriger tandis que son regard qui se brouille tente de se fixer au paysage citadin qui défile trop vite sous ses yeux fatigués. Feu rouge. Il se tourne vers elle quelques secondes, pose une main sur l’une de ses cuisses avec affection, pour la rassurer, ou pour se rassurer lui même, un peu des deux. Il est capable de faire semblant que tout va bien. Les minutes s’égrainent et Alma arrive à les amener devant son immeuble. Viggo sort sans trop difficulté apparentes, luttant contre les vagues de douleur qui ne cessent de s’échouer. L’entrée dans leur cocon se fait rapidement. Il se désape rapidement par automatisme, surement par qu’il rêve de s’allonger pour sombrer sans rien demander. Juste être demain, vivre sa gueule de bois en paix. Il s’assoit sur le bord du lit sauf qu’Alma s’agite, s’inquiète, cherche surement de quoi désinfecter. Ses opales la captent, fébrile alors il attrape un de ses poignets pour l’attirer vers lui. « Y a rien, t’inquiète » il expulse avec difficulté avant de l’observer de près, glissant une mèche de cheveux derrière son oreille. Sa tête lui tourne, ses pensées se fracassent sous son crâne. « Je suis content que tu dormes avec moi » Il délire un peu en emprisonnant son petit corps entre ses bras. Viggo ne sait pas trop pourquoi il lui balance ça. « Ça te manque, de traîner la bas ? » Il l'interroge, d'un regard vif malgré la douleur et l'alcool. Ca lui manque de dormir au Closer et de voir souvent Morgan ? Sa question sous-entend pas mal de choses.

ce que t’as toujours aimé chez viggo c’est sa capacité à te rassurer en toute circonstance. encore là, à moitié cassé, il cherche à divertir ton attention. ou à te balancer des compliment. il fait diversion, tu l’connais par cœur. mais qu’il te rassure sur ses intentions envers d’autres filles, ça c’était nouveau, en revanche. ça, c’était une facette de lui que tu connaissais moins. y a ses trois phrases coup sur coup qui t’font un truc au bide. ces trois phrases qui au fond te rassure. est-ce que c’est juste pour que tu penses à autre chose que ses blessures ou il le pense vraiment ?

mains sur le volant, son choix est fait. le même auquel tu avais songé. il veut pas y aller à l’hosto, tu l’aurais parié. arrivés, tu cherches directement des trucs pour le désinfecter. mais c’est un mec, il n’a pas grand choses, ou alors très bien rangé. ici, c’est un peu chez toi aussi, mais tu sais pas ou chercher. t’aurais pas… pas l’temps d’finir, alma, que vig il te chope le poignet. il te coupe dans tes idées, t’attire vers lui. y a rien, ment-il. vig, va falloir au moins désinfecter ça, tu sais. mais viggo, quand il veut pas, il veut pas.

y a ses bras qui t’entourent et toi qui te blottie contre lui. qui t’as dit que j’allais dormir avec toi ? t’as un sourire au bord des lèvres et la taquinerie qui s’voit à dix mille. le mensonge plus gros que toi. tes yeux qui s’lèvent discrètement vers lui, scrutant avec hâte sa réaction. je suis si prévisible que ça ? t’avoue tout. toi et tes intentions. toi et tes envies. le fait que bien sûr, tu allais dormir ici cette nuit. comme pleins d’autres fois avant. encore plus ce soir que les autres fois, parce qu’il est blessé. j’ai pas envie de t’laisser seul. ou c’est toi qui a pas envie qu’il te laisse seule. t’as pas envie d’dormir dans ton lit froid. juste dormir là. mais c’est vague c’que tu viens de dire. c’est pas clair.

le closer. est-ce que ça te manque ? ça faisait des jours que tu n’y étais pas allée. parce que morgan et toi, c’est compliqué. que ça n’a pas pris la voie que t’espérais. c’est peut-être mieux comme ça, au fond, t’en sais rien, alma. tu te dis que c’était couru d’avance, que morgan c’était peut-être pas celui que tu croyais. tu t’étais fourvoyée. son absence dans sa propre chambre, ce désaveu qui ne passe pas. ce désaveu que tu n’acceptes pas. des jours que tu restes là. avec vig. j’suis bien, là, avec toi. pourquoi tu veux m’renvoyer là-bas ? parce qu’il va falloir que tu bouffes à la fin du mois, alma. mais ça, c’est la version que tu ne veux pas qu’on te raconte. mais connais l’issue à tout ça : c’est alma qui retourne au club de strip. parce qu’il faut qu’elle paie ces factures. je sais ce que tu vas m’dire… t’en as marre de moi, c’est ça ? un sourire qui s’noie entre les lignes. et tes yeux s’perdent sur ses mains qui sont posées sur toi. sur l’une en particulier. y a déjà un hématome qui apparait. tes phalanges qui s’posent sur les siennes. tes doigts qui pansent sa blessure. y a ses phrases qui te hantent. ces phrases qui s'répètent dans ta tête. y a que toi qui compte. et si c'était vrai ? et si tu comprenais mal. et s'il parlait de valeur et pas d'sentiments. tu savais que tu comptais plus que des filles rencontrées dans des boîtes. que des filles de passages. mais tu veux pas l'comprendre mal. ou t'as envie de l'entendre à ta manière. tu rencontres toujours des superbes filles, vig. le genre de nanas que beaucoup d'mecs se garderait bien plus qu'une nuit. ne m'dit pas qu'il y en a jamais une de bien sur toutes celles que tu rencontres. t'es sérieuse tout à coup, alma. tu veux savoir si c'était une phrase lancée comme ça. tu veux savoir pourquoi, vig, il s'investit pas. y a que toi qui compte. tu surplombes les autres. mais tu n'voulais pas lui demander si c'était vrai. question rhétorique, trop facile. tu sais que tu poses une question délicate. tu sais qu'il est faible, et qu'il a bu. c'est le moment de creuser. tu veux savoir c'qui se passe au creux de son palpitant. là où tu n'es encore jamais allée

Il l'empêche de se mouvoir dans le rôle de l'infirmière en panique pour la coincer entre ses bras et l'accueillir. Il esquisse un sourire lorsqu'elle essaie d'installer un pseudo suspens concernant sa présence ce soir. « Tu serais capable de me laisser dans cet état ? Je te pensais un peu plus empathique que cela » il en rajoute un peu, ou pas tellement, avant qu'un rictus moqueur n'illumine ses traits. C'est fois, c'est elle qui en rajoute lorsqu'il a l'audace de parler du closer. Il sait qu'elle n'y met plus les pieds depuis un certain temps déjà. Viggo ne lui demandera jamais réellement pourquoi. Il n'est pas sûr d'avoir envie de savoir. « Tu sais très bien que tu peux rester ici autant que tu veux» Il glisse sur le ton de l'évidence, elle a déjà les clefs depuis qu'il a emménagé ici.

Elle revient sur un sujet qui l'irrite parce qu'il a déjà l'impression de lui avoir tout dit. Il va essayer d'être transparent, résolution adoptée à l'instant qu'il regrettera peut être demain au réveil. Peu importe. « Elles ne m'intéressent pas» Il commence, concis et bref parce que ça l'inspire pas, de parler de celles qui côtoient ses nuits avec Alma. S'en est presque dérangeant finalement. Ses sourcils se froissent face à cette discussion que son cerveau dérangé n'avait pas anticipé. Y a pas grand chose à dire, elle sait très bien qu'il assouvit juste un besoin primaire mais que y a rien derrière, pas de tendresse, pas d'intérêt. Il les observent d'un regard distant et parfois se force à esquisser un léger sourire par politesse et humanité surtout. Il leur doit bien cela. « Elles ne m'arrachent rien» Il glisse sans être clair. Viggo a toujours été à la recherche d'une certaine intensité pour le contenter. Eternel insatisfait. « Y a que toi qui m'intéresse » Il souffle, franc, en croisant ses prunelles. Il met cette déclaration, qui n'en n'est pas une parce qu'elle doit le savoir, sous le coup de l'alcool et de sa matière grise traumatisée par les coups qu'elle a reçu. Ses mains encadrent le minois d'Alma avant que ses opales ne cherchent les siennes pour savoir si elle arrive à le croire. Parce que Viggo a beaucoup joué, et elle le connait, lui et sa capacité à se faire l'homme du moment selon son interlocutrice. Mais c'est vrai. C'est quand il contemple Alma en soirée se faisant -forcément- abordée par un gars que ses entrailles se tordent dans un pulsion de colère qu'il ne contrôle pas. « Ce n'est pas juste des belles paroles pour t'endormir » Il complète dans un sourire un peu ironique avant de lui rendre sa liberté et de cesser de l'annexer sans lui demander son avis. « J'espère qu'un jour je t'intéresserai de la même façon » Il ajoute dans une réelle nonchalance du Viggo prêt à l'attendre sans trop savoir pourquoi. Ses opales se plantent dans celles de la belle avec l'assurance d'un propriétaire terrien alors qu'en interne, il n'est rien. Il aborde un air tranquille qui déforme ses traits parce qu'il ne réfléchit pas trop à ce qu'il vient de lui balancer sans transition, il ne percute plus, trop fatigué parce qu'il vient d'accuser. Il se contente de laisser la vérité accumulée depuis des mois s'expulser douloureusement de ses pulpeuses.

jamais.
jamais tu serais capable de le laisser comme ça, seul. il le sait, vig. et joue la dessus. mais toi, dans ta réponse, t’es très sérieuse. y a ta main sur la sienne. tes doigts qui frôlent sa peau. ton cerveau qui dicte pas vraiment tes gestes. viggo, il répond à ton interrogation. à cette question qui était restées sans réponse. pourquoi ses relations n’vont pas plus loin que du sexe. que des nuits sans lendemain. rien d’étonnement. vig représentait l’homme dan toute sa spelndeur. l’archétype du mec qui veut pas s’engager. mais tu voulais pas croire qu’il n’y avait jamais eu de fille assez bien pour lui. pas de fille qui valait le coup de s’poser. ses réponses arrivent. petit à petit. et tu le laisses se dévoiler sans l’interrompre. plus il parle et plus tu crois à l’incroyable. ce à quoi tu n’avais jamais espéré. il joue, là, ou pas ? avant même que tu ne lui pose la question, il te confirme que non. y a ses mains qui viennent encadrer ton visage et y a ton palpitant

elles m'arrachent rien.
y a ces mots qui te parlent. tu comprends. saisis ce que vig il veut dire. toi aussi tu veux que ça te prenne au bide. que ça te renverse. tu veux pas juste survoler des sentiments négligés. toi tu veux tout. ou alors rien.
il joue, là ou pas, vig ?
il t'as affirmé que non, mais cet air désinvolte vient tout déstabiliser. y a ta garde qui tombe et ta méfiance avec. y a ton palpitant que tu sens dans ta poitrine. que tu ressens. tu ne sais pas quoi dire. ni quoi faire. en vrai tu te dis que tu rêves et qu'il n'a pas dit les mots que tu as entendu. qu'il est pas venu tout fragiliser. mais ça y est, on y est peut-être à ce croisement. à ces deux chemins qui vous font face. celui de l'amitié solide ou celui de l'inconnu qui t'effraie. vig, yeux dirigés vers le plafond, il te laisse choisir. te laisse le choix de l'emprunter ou pas. ton visage qui se tourne vers lui, tout près de son oreille. promets-moi qu'tu joues pas, là. chuchotement juste là pour te rassurer. qui existe juste pour confirmer. que vous rigolez plus. que vous êtes sérieux, plus que d'habitude. tes opales qui se lèvent vers lui, scrutant sa réponse. parce que j’veux plus qu’on joue, vig. à demi-mots, à demi-voix. tes lèvres tout près de son oreille. c’est à peine perceptible. comme si la confession ne devait être entendu que par lui seul. comme si le silence vous menaçaient. c’est toi qui cède. toi qui aime. toi, qui arrête ce jeu de dupe. tu sonne enfin le glas, alma. et tu trembles de voir sa réaction. y a ta respiration qui se bloque. ton cœur qui attend. alma, t’avais saisi ce qu’il voulait dire. t’espérais qu’il comprenne entre les mots. tu voulais qu’il comprenne sans dire ces mots qui t’font peur. sans lui dire que tu n’voulais plus l’voir avec une autre fille. que ça t’faisait trop mal. vig, tu veux plus te dire que ce n'est qu'un ami. qu'un meilleur ami. qu'un confident. putain, y a tout qui s'emmêle et en même temps tout qui devient limpide. j’veux plus me mentir.

Viggo ne réfléchit pas, il se laisse porter par ses envies alors qu'elle se fait plus prudente, méfiante façon félin sauvage dont l'apprivoisement se fait délicat et crucial. L'argentin va essayer de ne pas tout faire foirer, parce que c'est vrai, ses déclarations sortent de nulle part même si elles sont pensées depuis de longs mois. Son attitude n'est pas rassurante, avec son je m'en foutisme avec la gente féminine. Viggo ne lui ment pas, se veut sincère, profondément pour une fois. Il guette une réaction, il se tend quand elle se rapproche pour parler plus bas. Inconsciemment, tout se contracte, surement parce qu'il ne sait pas à quoi il s'attend. Il observe le fauve, d'un air sérieux. « Je ne joue pas » Il articule clairement. Il ne joue pas avec elle, de toute façon elle est trop vive pour se laisser berner par sa capacité à moduler son comportement ou ses paroles. « J'ai trop à perdre » il glisse avec un léger rictus arrogant parce qu'il n'est pas si con que ça. Alma, c'est tout, il n'est pas si stupide pour oser la traiter comme toutes les autres. Si Viggo a peu de respect pour le monde, même pour lui même d'ailleurs au fond, elle, elle lévite au dessus. « Tu as peur de quoi Alma ? » Il lui demande sereinement en cherchant ses prunelles des siennes tout en espérant qu’il n’ait pas l’air d’un chien fou, errant. Un sourire s'esquisse sur ses pulpeuses fracassées. « Qu’on se crashe ? » il souffle en glissant une main sur sa nuque avant que ses phalanges ne s'enfouissent dans la naissance de sa longue chevelure. Ouais, ils ont pas mal à perdre, c'est sur, mais la situation s'est nécrosée depuis quelques pour arriver dans un entre-deux angoissants où chacun ne sait pas comment se positionner. Il ne sait pas quoi lui dire, il préfère le lui montrer. Il l'embrasse. Ses maux, sa jalousie et sa possessivité au bord des lèvres pour lui faire comprendre ce qu'elle crée en lui. Cet amas compact de pensées contradictoires qui lui retourne sa matière grise. Alma, elle l'écorche, elle lui arrache surement trop. Il s'accroche à la sienne, de bouche, quelques secondes supplémentaires avant d'autoriser l'air à s'infiltrer à nouveau entre leurs deux visages. Il la libère sans pour autant la quitter des yeux avant d'hausser les épaules avec nonchalance, contrastant avec ce qu'il vient de faire. « On ne pourra plus faire semblant, maintenant » il conclut d'un air faussement serein alors que ses prunelles fébriles traquent la moindre expression de celle qui le torture.

t’as peur de quoi, alma ? il te connaît par cœur, vig. des années d’errance à tes côtés et le voilà que ce soir, il lit en toi comme dans un livre. il voit ce que tu ressens, comme si tu lui disais. il devine, ce qu’il se passe dans ton encéphale. ça réflechis trop. ça pense. qu’on se crashe ? dans l’mille, vig. t’as même envie d’applaudir tellement son approche est précise. tellement il vise juste. ouai. que t’expluses difficilement. t’as peur que vous gâchiez tout, vous et votre sale caractère. vous et vos âmes pleines d’éther. effleuves composées de jalousies et de possessivité. vig, t’as peur qu’il t’abime. t’as peur de tout gâcher. et pourtant, t’y penses depuis trop longtemps, à ses lèvres sur les siennes. si bien que tu réalises même pas que tu goûtes enfin ce dont les autres avaient droit. ce dont tu désirais durant des nuits entières. le grand que ces idiotes de soirée pouvaient goûter. c’était presque trop soudain. tellement, que t'as presque pas réalisé. senti la chaleur sur tes lippes. un baiser et il ne laisse qu'un vide bien plus immense entre toi et lui. tu comptes. plus que n’importe qui. plus que ma propre famille, plus que tous les mecs de cette terre, plus que… putain, vig, tu comptes plus que tout ça. et j’veux pas qu’on s’brise.

c'était trop court. c'est tout ce dont il te vient à l'esprit. c'est tout ce dont à quoi tu penses. tes dents viennent mordre ta lèvre inférieure. et tu te forces à taire la faim en toi. cette faim qui te bouffe les tripes depuis un siècle. cette faim aliénée que tu refreines depuis que t'as compris, depuis que tu sais que lui et toi, c'est plus que de l'amitié. maintenant, vous ne pourrez plus faire semblant. tes opales, elles viennent s'échouer sur vig et son air faussement détaché. parce que, si lui te connais par cœur, tu peux te vanter de connaître les moindres détails de son encéphale et de ses méandres. il a cet air détaché, parce que justement, ça compte. parce que pour une fois, y a quelque chose qui compte.

vig. j'veux tes lèvres sur les miennes. j'veux tes bras autour de moi et le feu en mes reins. y en a des non dits en un prénom. prénom expiré comme si tu respirais pour la dernière fois. comme si c'était douloureux d'y avoir goûter qu’une seule fois. une main sur son bras. une seule, qui l’accroche, et l'amène à toi. le rapproche à nouveau. ta main qui se dépose sur sa joue, et tes lèvres qui jouent. tes opales qui s’perdent sur sa bouche. c’est ta main, sans que tu le lui aies ordonné, qui pèse sur sa nuque pour amener ses lèvres au contact des tiennes. et vos chairs qui s’entrechoquent à nouveau. ce soir, viggo, il n’est qu’à alma. ce soir, c’est toi qui goûte à ces lippes. c’est toi dans ses bras. c’est pour toi qu’son cœur il bat. pas une blonde, pas une rousse, pas une autre brune que toi. juste toi, alma.

tu quittes ses lèvres un instant.
juste un instant.

t’imagines pas combien de fois j’ai eu envie d’faire ça. combien d’fois t’as eu cette pensée. combien d’fois t’y as pensé. alma, tu penserais même que t’as plus d’morale. mais vig et toi, c’était fait pour s’terminer comme ça.

et ton corps qui s’aimante au sien, alma, t’as plus les pensées cohérentes. son corps trop loin du tien, tes désirs qui te hantent. alma, en vrai, y plus rien qui t’retient.