need you, right now (leandra)

- destroyed -

— @leandra marquès

et t'avais encore l'impression de le vivre, ce putain d'accident... encore et encore, chaque nuit, chaque jour. t'avais mal, tu souffrais, t'avais envie de gueuler à la face du monde, t'avais envie de disparaître, de mourir...
depuis que ses jambes n'étaient plus, elle n'avait de cesse de sombrer dans de mini dépressions, trop amochée pour se battre, trop abattue pour se reprendre, et trop enragée pour abandonner. elle était de ces personnes qui n'abandonnaient pas, mais de ces blessés qui ne savaient plus avancer. ainsi, elle se donnait soit en spectacle, en soirées, dans ces fêtes organisées pour elle et les autres riches de la ville, ou alors se retrouvait à boire plus qu'il ne fallait, dans son immense demeure qui n'avait rien d'adapté à sa nouvelle condition. elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, elle n'était plus capable de se relever, elle n'était plus capable de vivre seule, et pourtant s'acharnait à le faire. c'était horrible, c'était comme se brûler constamment, et en redemander. elle ne savait plus vivre, elle n'avait plus rien pour le faire. elle ne savait plus s'en sortir. elle avait mal. tellement mal.

et c'était pour cette raison que tu l'avais appelée. elle. elle, cette coach sportive, que tu connaissais depuis quelques temps. elle, cette femme, qui avait pu t'aider à devenir la championne que tu étais désormais, mais qui avait aussi les compétences pour reconstruire ton corps. du moins, tu le croyais. parce qu'elle devait s'y connaitre, leandra. elle devait savoir comment réparer les membres abattus d'une carrière sportive. c'était obligé. du moins, elle l'espérait. un unique espoir d'enfin s'en sortir, un unique espoir de retrouver sa forme d'antan. elle avait l'impression que sans ça, elle n'avait plus qu'à se laisser crever. elle n'avait pas envie de vivre dans un fauteuil pour l'éternité.

t'avais presque failli te suicider, au début, quand t'avais compris que tu ne remarcherais jamais. t'avais presque failli disparaître, te laisser porter par la mort. t'aurais tellement voulu réussir. à mourir. mais elle n'avait pas pu. elle était une survivante. elle n'avait pas pu. pas pendant qu'il y avait encore de l'espoir. une infime lumière, qui la gardait éveillée. une infime lueur, qu'elle voulait revoir. et lorsque la sonnette de sa demeure retentit, elle fit rouler, difficilement, son fauteuil, jusqu'à l'entrée, pour voir la belle coach. tu grimaçais. elle, au moins, elle avait ses jambes. enfin ! je t'attendais. bonjour, bonjour, entre donc. cette femme, c'était sa dernière chance. cette femme, c'était peut-être la réponse à tous ses problèmes, ou, au contraire, celle qui allait l'enterrer, en ne la sauvant pas. les médecins, elle ne les aimait pas. mais une sportive, elle pouvait avoir confiance. elle l'espérait, tout du moins.
et alors qu'elle démontrait sans le vouloir à quel point son corps était mal en point, elle laissa leandra entrer. entrer dans son monde. entrer dans cette demeure qui semblait crier à chacun combien elle était mal.