Sujet: (fb) trouble in hell _ ezechiel&iskandar Jeu 29 Aoû - 17:35
(fb) Trouble in hell × ft. EZECHIEL & ISKANDAR
Chicago. Quelque part, dans le noir, un soir de novembre 2017. Vacarme dans la tête, la tempête dans la tempe, et l’insomnie sous les doigts qui battent la démesure. Cité tentaculaire où les buildings, géants érigés sur le sol de béton, toisent les promeneurs. Noctambules qu’ils se permettent de juger du haut des nues. La pluie s’est tue, dans l’après-midi, d’un seul coup, plus de bruit au-dehors, juste la dissidence au-dedans. Je me suis mis à désespérer à l’air libre, plantant l’enquête sur une dernière déflagration. Il est mort d’un seul coup. Informateur déchu de son humanité, je l’ai jugé à mon tour indigne de survivre et de ramper. Je l’ai abattu. Abattu sans penser, abattu sans même réellement le voir. Toutes les images qui défilaient, c’était le visage tuméfié de cette gosse qu’il avait tuée, avec ses appétits ignobles, puis celui d’Hannah, puis son corps d’enfant décharné, sur la table froide. Hérésies dans le creux d’autres nuits sans sommeil. Alors il est mort. Il est mort, oui. C’était un geste juste même si je ne l’ai pas fait pour cela. C’était ce qu’il fallait. Pour que le bruit se taise, après tous les torrents de pleurs et de pluie. Je ricane et trébuche. Je sais qu’ils retrouveront son corps, je sais qu’il ne sera pas difficile de comprendre que Joe a été liquidé par un flic, même si, avec un poil de cette chance arrogante que je trimballe depuis que j’ai rejoint les rangs du FBI, peut-être que le bureau me couvrira. Un informateur qui fait la pute pour les agents, et pour les gangs, ça finit toujours de la même manière. Si ça n’avait pas été une balle de mon arme de service, ça aurait été une de celle de ses affidés. Qu’importe en vérité, la culpabilité ne parvient pas à s’immiscer sous les chairs froides, et la migraine qui m’assaille. Je réalise avec l’euphorie maligne des rails de coke dont j’ai trop avidement abusé le matin même que je ne me sens pas coupable. Je ne ressens plus rien en vérité. Journée pluvieuse, journée poudreuse. Je devais le rencontrer pour obtenir l’assurance de son témoignage au procès, puis serrer les Keys et leur réseau de prostitution. Sans doute que blême et crevé, sur le goudron suintant de son hémoglobine, il ne témoignera plus de grand chose, hein ? C’est fâcheux. Rire encore, déformé, qui se répercute sur le verre et l’acier. Je m’appuie à un mur, cherche à m’allumer une clope mais mes mains tremblent trop. J’ai encore les éclaboussures de son sang sur le tissu froissé de mon costume. Je ferme les yeux, non pas pour fuir les preuves mais pour chercher à calmer la fureur qui palpite encore dans les veines, résidu d’une rage aveugle, qui commence tout doucement à se dissiper. La déflagration, qui résonne, qui résonne, qui résonne, sans discontinuer. Ca n’est pas le premier… Mais les autres, ça a toujours été dans les contours brouillés de la légitime défense. Ca n’a jamais été sous le sceau de la justice immanente. Tant mieux, peut-être. Tant pis, aussi. Je ne sais plus très bien. Je dénoue ma cravate, la balance sur la chaussée, parce que je ne parviens plus à respirer. Et sous les trombes arrêtées, dans la ferveur de cette nuit que mes battements de coeur allongent, je les entends m’interpeller. J’ai un mouvement très lent, qui me fait voir le monde comme un foutu carrousel, j’ai le tournis et l’envie de gerber. Je m’attends presque à ce que ce soit des types qui viennent le venger, je plisse les yeux pour découvrir leurs visages que je peine à reconnaître. Non… Non. Ce ne sont pas les Keys qui ont décidé d’avoir enfin ma peau, ce sont les autres. Ceux avec lesquels j’ai volontiers traîné, pour me fournir en opiacés. Et pour obtenir quelques infos subsidiaires sur un gang rival qui leur faisait de l’ombre, en s’improvisant dealers sur leur territoire. On balance parfois assez facilement les gars d’en face pour s’en débarrasser. Surtout quand le flic consomme, il est mouillé, on ne s’attend pas à ce qu’il cherche ensuite à mordre la main de celui qui l’a dépravé. Ils portent le blouson des Hell’s en étendard. Je lance, d’une voix esquintée : _ Doug c’est ça ? Ou bien Dan ? J’me souviens jamais et à vrai dire je m’en tape tellement… Ca les désarçonne un peu comme entrée en matière, j’ai eu des soirs plus conciliants, et son pote, dont je ne connais pas vraiment le nom rétorque : “On s’en tape des civilités, tu nous dois du fric, Cohle. Un paquet de fric à force.” Comme je disais… Les fréquentations. Je penche la tête sur le côté, tout en m’agaçant sur mon briquet qui refuse d’obtempérer : _ Ouais, dis-moi donc un truc que je sais pas déjà. “T’as pas crédit illimité.” Appelez ça l’ambiance post-assassinat, mais le mec me gonfle et je n’ai pas particulièrement l’envie de plier. Je n’ai jamais trop su le faire en vérité. Je fais un pas, mal assuré, toujours dans un monde distordu par la came et les restes malsains de l’adrénaline : _ Ah bon ? Je croyais. Parce que tu vois, connard, je pourrais très bien te serrer, toi et ta bande de petits roquets, juste parce que je l’ai décidé. Fièvre, au corps, au coeur. L’esprit enfui, replié, dans les relents de drogues et de meurtre. Le sang appelle le sang, ça a toujours été la même rengaine, depuis le fond des âges. Et peut-être que l’inconnu, le sait aussi. Il le sent tout comme moi. Les mâles se jaugent même si Dan ou Doug, à la périphérie de ma vision et de ma mémoire, nous demande de nous calmer. Il y a le temps, on est pas pressés, je finirai bien par payer. Mais connard en chef veut bouffer du poulet, ou alors c’est ma gueule qu’il n’a jamais su encadrer. Il y a un blanc, puis un uppercut droit dans le sternum. Je pense que je lui ai amoché la gueule, alors le fait que je sois plié en deux, avec la nausée, ça doit être la résultante de ma propre connerie. Il y a des hurlements à mes tympans et des injures sur mes lèvres. Je peine à ouvrir le holster pour délivrer mon arme de service, les doigts tremblent, quémandent ce repos qui ne revient jamais. Parce qu’ils ont assez lutté, ils ont assez tué. Pour ce soir, pour cette nuit, peut-être même pour une vie toute entière. Je mords ma lèvre, siffle entre mes dents serrées, tandis que je me redresse sans plus vraiment de panache : _ Continue, bordel, j’ai absolument toute la nuit. Ma main choppe, son col, sa manche, n’importe quoi. Je pourrais presque mordre, il se débat, je balance un coup de coude assez aveugle, mais qui l’atteint dans le creux des reins. Puis il y a une déchirure. Ma chemise peut-être, ou bien c’est l’os de la main qui crie son mécontentement. Le sien, alors que je constate que ma lèvre saigne. Le goût métallique sur la langue, il ne m’a pas loupé. Je le regarde, sans baisser mes iris pleines de fiel, et de fatalité. Continue, continue, j’ai toute la nuit, j’ai toute la vie pour crever.
chicago, novembre 2017. c'est une longue virée qu'ils ont faite les motards deux jours de route en faisant un stop à détroit. c'est en territoire conquis qu'ils sont arrivés à chicago. faisant ronronner leurs bécanes de quartier en quartier, s’arrêtant de bar en bar, enchaînant whisky sur whisky jusqu'à en avoir le crâne explosé. il les regardait faire ézéchiel, les méninges en perpétuelles ébullitions. c'est au lendemain qu'il était déjà en train de penser, à tout ce qu'ils se devaient de mettre en place. à l'argent qu'il fallait récupérer, les part de marché dans lesquels il fallait s'implanter. il ne regardait pas les femmes comme un chien en manque d'affection, avalait à peine ses gorgées quand ses frères d'armes eux, s'enquillaient leurs verres tout en sifflant les premières nanas en mini-jupe. c'est sans rien y comprendre qu'il les observait, rageant intérieurement et voulant leur coller son poing en pleine gueule pour qu'ils calment leur ardeurs. il n'en fait rien. il patiente, à l'écoute. il les entends piailler dans leurs barbes, quelques messes basses qu'ils se font à l'oreille. c'est l'extérieur du bar qu'ils désignent d'un geste de menton, ézéchiel n'a pas le temps de demander ce qu'il en est, qu'ils se sont tous levés. lui refilant une gonzesse dans les pattes. il met bien cinq minutes à s'en défaire, cinq minutes qui lui paraissent une heure. et quand il sort enfin, sa veste de cuir sur les épaules c'est à l'arrière du bar qu'il les retrouve. une ruelle sombre, éclairée par un lampadaire faiblard. il distingue les ombres, ces hommes, trois et une quatrième au répondant piquant. - Ah bon ? Je croyais. Parce que tu vois, connard, je pourrais très bien te serrer, toi et ta bande de petits roquets, juste parce que je l’ai décidé. il s'approche le brun, fait quelques pas dans la pénombre et entends déjà les chaires qui cognent. les os craquent, les insultes fusent. trois contre un. il ricane ez, avec l'envie soudaine de s'allumer une clope pour profiter du spectacle. ce sont les motards qui le remarquent en premier, à peine, puisque la scène reprend de plus belle. - Continue, bordel, j’ai absolument toute la nuit. il n'a pas besoin d'explications, il sait, qu'il s'agit d'une histoire de fric. c'est toujours, le fric. les billets verts ont tendance à rendre les hell's peut enclin à négocier. les billets verts font transparaître la rage avec rapidité. un flic, qui leur doit du fric. ce sont les pires des camés. des pleurnicheurs qui réclament et refusent de payer leurs dettes. il devrait les rejoindre, lui exploser les mâchoires. - vous pouvez pas le lâcher ? trois contre un, les mecs, quand même. il se marre le biker. ces gars là, ce sont de vrais chiens enragés. des bâtards dont il n'est pas le maître. feu son père, l'était. c'est à peine s'ils le regardent. à peine s'ils l'entendent. il n'a pas le galon pour faire régner l'ordre, pas encore. alors qu'ils savent à quel point il peut-être dangereux. où réfléchir avec vôtre cerveau, pour une fois, je vous en prie. il finit par se l'allumer cette cigarette. les trois têtes se tournent vers lui, peut-être même les quatre. il ne se sent pas menacer, alors que les hommes roulent déjà des épaules. ce mec, nous doit un sacré pognon lachance. c'est comme ça qu'on règle nos affaires. il crache, pitt. vous allez le cogner, et finir en taule ? ou vous tuer, tout les deux, pour le plaisir. il rit de plus belle, j'suis pas sûr que l'agent ... il arque un sourcil, réclame un nom, j'suis pas sûr qu'il se laisse faire. et vous êtes trop saouls pour réussir à me faire la peau. qu'ils approchent, il leur tranchera la gorge volontiers.
Sujet: Re: (fb) trouble in hell _ ezechiel&iskandar Mar 15 Oct - 20:22
(fb) Trouble in hell × ft. EZECHIEL & ISKANDAR
Le sang sur les lèvres, la langue qui vient le laper, réflexe d'animal blessé. Les loups hurlent à la Lune tandis qu'ils se font tabasser. Les types s'acharnent et la douleur transite dans mon corps amaigri par les excès comme un passager opportun. Plein de folie et d'appétence pour ces sensations extrêmes qui imprègnent les muscles et l'esprit, des territoires désertés par toute envie depuis des mois à présent. La douleur est un substitut qui confine au désir et mon corps semble se modeler sous ses assauts. Ravages inavouables. La foudre qui éclate, une vision, un flash qui me laisse quasiment délirant, mon crâne se fait la malle tandis que la migraine le chevauche. Je ricane comme un psychotique et finit par en redemander, tout en apposant sur le bras de celui qui est le plus à portée une prise que j’usurpe à mes instincts de traîtrise. L'une de celle qu'on nous apprend au Bureau pour menotter ceux qui chercheraient à nous tuer. Même s'il est certain que ceux-là on choisit de les descendre plutôt que de s'en approcher. C'est dommage, le contact est bien plus délectable. _ Danse avec moi, connard. Le gamin hurle. C'est le plus jeune et le plus famélique, je viens de lui briser le bras. Après ça il est vrai que la vision m'emporte dans des errances indescriptibles. Je dois être tombé à un moment, on récolte ce que l'on sème et les coups pleuvent désormais. Je crache, feule, de l'hémoglobine sur le bitume et des mots qui fleurissent à leurs pieds. C'est là qu'il apparaît. Je le distingue mal, mais son timbre se porte jusqu'à moi, interruption d'une brutalité sans doute pire que le massacre annoncé. La douleur enfle de ne plus se voir précipitée, une douleur stagnante, rampante. Ignoble gangue qui m'empêche de me relever. Le plat de ma main rippe dans mon propre sang. C'est à rebours, dans un ralenti presque aristocrate que je consens à lui répondre. Ponctuation rauque qui se termine sur un rire aussi sombre que sourd. _ Cohle. T'as raison. Un nom ça fait tout, n'est-ce-pas ? Car c'est tout ce qui reste en dernier. Un nom et rien d'autre… Je tousse et me relève enfin, mal assuré sur mes jambes. Le gosse qui ravale sa douleur me hurle dessus pour m'intimer une distance nécessaire, le temps que chacun puisse évaluer la situation. L'on ne sait pas encore si l'invité et ses jolies postures vont se joindre au camp des condamnés. Encore faudrait-il savoir lequel c'est… J'ai un sourire mauvais, mes doigts tapotent le holster et, une mise en garde, hableuse, joueuse, létale. Le bruit de la pulpe sur le cuir, c'est une sonorité qui résonne dans ma tête dans un écho abrutissant. La crosse de l'arme pèse bientôt contre ma cuisse et je susurre : _ La taule ou la tombe, je ne suis pas porté sur les négociations actuellement, j'en suis navré. Votre fric est vraiment une échelle de valeur dérisoire ce soir. Je regarde l'inconnu parce que la configuration change peu à peu. Deux d'entre eux ont fait un pas de côté comme pour le prendre en tenaille ou bien lui dire de ne pas bouger. Alors je ne réfléchis pas trop et la crosse s'abat sur le bras déjà mal en point du jeunot qui cherchait à s'interposer. Son hurlement retentit, ses injures dégoulinent sur ses lèvres, je ne mesure pas vraiment la force de l'impact. Les harmonies distordues par sa haine me laissent une moue désabusée sur la gueule. La tombe ou la taule. Qu'est-ce que ce sera hein ? Qu'est-ce que ce sera ? Je lance à l'inconnu : _ Il semble que le duel soit plus équilibré maintenant, tu crois pas ? Les deux gros bras restants ne sont plus vraiment très assurés maintenant, mais la rage est palpable, chacun se tient prêt à sauter à la gorge du premier assaillant qui saura déclencher les hostilités. Je grogne : _ Vous devriez considérer les paroles du plus intelligent d’entre vous. Après tout c’est suffisamment rare pour être remarqué.