La houle.

@morgan mcgrath

Une volute de fumée s'échappe de sa bouche alors qu'il s'arrête devant l'enseigne qu'il méprise en interne. Un léger rictus de dédain se forme sur ses lèvres. Celle qui lui vole constamment Alma alors qu'il pensait que ça serait un job temporaire qui s'est étiré sur des années finalement. Il tire une nouvelle fois sur son bâton cancérigène avant de se décider. Un regard fébrile vers sa montre avant d'entrer, il se demande si elle a fini, il l'espère parce qu'il est incapable de la regarder danser de cette façon sans avoir envie de la tirer rapidement de là pour la rhabiller. Un long soupir s'échappe. Il ne tarde pas à croiser Morgan qu'il dévisage quelques secondes. « Je viens chercher Alma » glisse Viggo dans un automatisme qui n’a pas lieu d’être. Morgan doit s’en douter. Il ne met jamais les pieds dans cet endroit, pas trop sa came, alors quand sa gueule de mec sarcastique se pointe façon retour de l’enfant prodigue, c’est forcément que pour elle. C'est toujours que pour elle. Viggo se retient de lui dire qu'il sait qu'il a couché avec, le rôle de l'ignorant est finalement plus préférable. Il esquisse un sourire un peu forcé qu'il maitrise néanmoins après des années de pratique. Le soupçon d'hypocrisie coulant dans ses veines se mélange avec le reste de bon sens qu'il lui reste. Pas de scandale surtout qu'il sait qu'il n'est pas en position de justifier un pétage de câble en bonne et due forme. Ses opales contrariées balaient les lieux à la recherche de sa belle. « Ça s’est bien passé ton week end avec tes parents ? » Il lâche avec flegme alors que ses prunelles se font plutôt désinvoltes. Viggo cherche simplement des détails, parce qu'il n'a pas voulu écouter Alma sur le sujet. Morgan n'a clairement pas intérêt à lui dire qu’il a bien profité de ces deux jours. Viggo ne rêve que d’une chose, fracasser ses phalanges contre l’une de ses pommettes. Ca n’avancerait à rien, mais ça le soulagerait de sa frustration. Il fait un effort surhumain pour ne pas les imaginer ensemble, c’est compliqué. D’ailleurs ça ne serait pas une mauvaise idée que ce soit Morgan qui prenne tout dans la gueule. Viggo se contente d’être là, tolérant sa présence parce qu’il n’a simplement pas envie de mettre Alma dans une position désagréable en agressant même verbalement son patron, quand bien même ce dernier soit initialement son pote. « D’ailleurs c’était quoi l’histoire ? » Il demande l’air de rien, pour comprendre pourquoi Alma s’est sentie obligée d’y aller.

— Load up on guns, bring your friends
It's fun to lose and to pretend
She's over-bored and self-assured
[ viggo & morgan ] @think up anger

les amas d'une fin de soirée. la musique qui s'essouffle dans la pénombre d'un closer au bord de la fermeture. il a toujours apprécié ces moments suspendus, sur le fil. les prémices d'une fin amplement méritée après avoir trimer comme un acharné. les employés s'affairent à rendre le lieu calme, nettoyer le bordel luxuriant de chaque jour. des verres étalés un peu partout et cet odeur vivace de liqueurs consommés qui ne quittent pas les narines d'un mcgrath plus que fatigué. un chiffon humide entre les doigts, il nettoie les cadavres du comptoir, range les quelques verres qui s'y sont échoués et lève les prunelles, aux aguets. il pourrait très bien aller se coucher et laissait faire les fourmis qui bossent pour lui. mais morgan est certain d'une chose, ce n'est pas cette nuit qu'il trouvera le sommeil salvateur qui lui manque tant. comme les démons sont grands, rangés dans le fond de son crâne. tumultueux. omniprésents. prenants. il aimerait s'en débarrasser. se voir respirer. oublier. et c'est en y réfléchissant trop lourdement qu'il finit par lâcher le chiffon, attrape un verre propre et se sert sa liqueur préférée. un large verre qu'il boit d'une traite sans même sourciller.
le poison coule et s'écoule,
t'es emporté par cette houle.
il remarque pas la présence dans son dos ni même les deux billes qui le fixent avec intensité. ce n'est que lorsqu'il daigne se tourner que ses pupilles croisent celles de viggo, un brin surpris de le voir ici. il ne met presque jamais les pieds au sein du closer. morgan fronce les sourcils, le relooke de la tête aux pieds avant qu'il ne réponde tout seul aux questions qui entrechoquaient son esprit. alma. il ne pouvait être là que pour elle. duo inséparable. ça sonne faux. ses mots. son attitude toute entière. mcgrath le descelle alors qu'il ne sait même pas avancer pour le saluer. et cette impression dans son dos. rien de bon. juste de l'ombre. des tâches noires. elle n'est pas là. il répond sur le même ton, sur le même rythme sans en saisir les raisons. comme si l'atmosphère le forçait à adopter la froideur, le détachement. c'est pourtant ton pote. jusqu'à preuve du contraire. non ? alma, ça fait des jours qu'il ne l'a pas vu. ça fait aussi des jours qu'il n'a pas trainé sa carcasse dans l'enceinte du closer, trop occupé par les affaires de famille. ces conneries fraternels auxquelles il se soumet sans sourciller. il tique un instant. il la croyait avec elle. comme souvent. comme toujours en fait. apparement, morgan se trompait. je la pensais avec toi. et il ne peut pas lui en vouloir. de fuir. d'avoir besoin de cet espace. l'étrangeté d'une chose qu'ils ont fait et dont ils étaient surement pas préparé à assumer pleinement. les aléas d'une vie. de leurs vies. mcgrath finit par se retourner complètement, calant son dos contre le comptoir du bar et croisant ses bras sur son torse. il n'a pas cessé de fixer viggo, contemple la moindre de ses réactions. le calme avant la tempête, tu le sens. elle lui a tout raconté. les doutes confirmés avec une seule phrase. et ça le fait sourire. doucement. un rictus en coin qu'il n'arrive pas à dissimuler. la jalousie, il sait trop bien ce que s'est. en a été envahi mille et une fois. se sent encore, parfois, frapper par ce sentiment dévastateur. fragilisant, omniprésent. très bien. il se contente de répondre brièvement. le laisse mener la barque comme il l'entend. il n'est pas prêt pour une confrontation, aimerai seulement qu'il lâche ce qu'il a sur le coeur et rapidement. trop vieux pour ces jeux à la con.
la vague de l'âme,
celle qui submerge tout sur son passage.
il se pense surement malin sur le moment, viggo. comme hermétique à tout ce qu'il pourrait ressentir ou même refouler. mais personne n'est dupe. pas même morgan lorsqu'il s'agit des sentiments. des attractions inévitables. des amitiés qui dérapent. celles qui font frémir les myocardes les plus insensibles. l'air de rien tire les traits de son visage. quelle histoire ? il répond à sa question par une autre, évite un sujet qu'il sait trop épineux pour eux deux. lâchant finalement un long soupir avant de baisser les yeux. de contempler le bout de parquet sous ses pieds, lassé déjà par ce jeu dont il ne connait même pas les règles. écoute, viens en au but. il lâche la bombe. celle que viggo n'était surement pas prêt à laisser s'échapper. morgan ne sait pas faire semblant. ses prunelles bleutés remontent aux siennes lui faisant bien comprendre qu'il savait, que lui savait. ça ne se cache pas ce genre de chose.

Il ne peut s'empêcher de froncer les sourcils lorsqu'il apprend qu'elle n'est pas là. La matière grise d'Alves s'agite pour comprendre pourquoi Alma ne souhaite pas revenir travailler, en tout cas au point de vouloir déserter le Closer complètement. La présence de Morgan est si insupportable que cela ? Viggo est bien d'accord avec l'idée. « Ca va ? » demande l'argentin radoucit par l'absence d'Alma dans ce lieu. Morgan lui donne toujours cette impression de flotter de lui même, d'être absent de sa propre vie, alors forcément ça l'accroche malgré lui. Viggo questionne façon éternel insatisfait (ou maso) souhaitant des détails sur une histoire qui retourne ses entrailles à l'idée. « L'histoire qui a nécessité qu'Alma se passe passer pour ta copine » lance Viggo, très à l'aise et frontal parce qu'il n'a pas obtenu la réponse qu'il souhaitait. Y a quelque chose de surréaliste dans le bordel de leur relation, depuis le début. « Je me demandais si tu couches avec toutes les filles que tu emploies ? » il demande avec un certain flegme qui est bien trop maitrisé pour Viggo. Parce que s'il avait été au courant de ce critère de recrutement, il n'aurait jamais mis en contact les deux, qu'on se le dise. Sa mâchoire ne se serre même pas, surement parce qu'il a bien compris qu'il était illégitime dans sa petite démarche interne de névrosé qui a du mal à se déclarer auprès de la belle. Alma (cette femme est si épuisante) a bien souligné ce point essentiel, comme si c'était une victoire pour elle. Il se serait bien contenté de rouler des billes s'il disposait d'assez de self control pour se le permettre. « Je ne sais pas ce que tu es en train de faire, et je n'ai pas l'impression que tu le saches toi non plus » articule Viggo l'air serein parce que y a sa boîte crânienne qui menace de vriller, il n'arrive pas à trouver une approche qui n'est pas trop agressive sachant que trois paramètres rentrent en jeu. Son illégimité, ses liens avec les deux protagonistes de cette histoire dénuée de sens et le fait que Morgan reste son employeur, au fond. « Mais elle, c'est la seule qui compte vraiment » dans ma vie de connard égoïste. Il ne prend pas la peine de le dire mais ils le savent tous les deux. Viggo ne pense qu'à lui et laisse peu de prise aux autres qui ne s'ancrent jamais vraiment en lui, les observant de loin avec sourire ironique en prime. Alma, c'est complètement différent, ils se connaissent par coeur et ne passent pas une seule journée sans se capter peu importe le moyen. « Alors j'serai toujours là » Il déclare en croisant les opales de Morgan pour être sur que l'information est bien entendue.

» LA HOULE [délai : 16/08]
» emportée par la houle (thelma)