time to leave and turn to dust. (alexios)

✧ ✧ ✧
{ time to leave and turn to dust }
crédit/ tumblr ✧ w/@alexios johnson

Accoudée sur une table au fond du bar, elle sent son corps lâcher, un peu. Puis un peu plus. Et encore un peu plus. Elle sent son corps lâcher, et elle n’a pas les idées claires, Meg. L’esprit embrouillé par la surdose d’antidépresseurs. Par la surdose avalée après avoir été bien trop longtemps en manque. Embrouillé par l’alcool, qu’elle est venue ajouter à ça, juste pour oublier. Juste pour ne plus penser. Pour ne pas rentrer chez elle, à la fin de son service. T’as quand même changé de bar, Meg, parce que t’avais trop peur qu’ils te voient comme ça, tes collègues. Parce qu’elle ne veut surtout pas qu’on l’aide. Parce qu’elle ne veut surtout pas qu’on s’approche d’elle. Encore moins lorsqu’elle est dans cet état, si faible, si vulnérable. Une sensation qu’elle découvre pour la première fois, à la merci de tous, à la merci du monde. A la merci des fantômes qui la suivent, à la merci de la mort qu’elle traîne, comme un boulet accroché à son pied. C’est l’impression que t’as, Meg. Celle de n’être jamais vraiment seule. Celle qu’ils sont toujours là, autour de toi. Et cela lui rappelle sans cesse qu’elle n’est qu’une putain de meurtrière. Que c’est elle, qui aurait dû mourir. C’est elle qui aurait dû mourir, toutes ces reprises. Elle veut faire taire les voix. Celles dans sa tête. Et celle à son oreille. C’est de l’homme qui insiste pour lui payer ses verres. Mais elle n’a pas besoin de lui pour cela, Meg. Elle est indépendante. C’est bien la seule chose qu’elle garde de la Meg d’avant, la fille forte, battante, au fort caractère. Son indépendance, encore bien plus prononcée, depuis qu’elle s’éloigne de toutes les personnes qu’elle aime. Pour eux. Pour les protéger. Convaincue de porter malchance. Convaincue d’attirer sur eux tous les mauvais événements de la vie. Et elle n’a aucunement envie d’avoir une compagnie ce soir. Surtout pas celle d’un homme. Surtout pas celle d’un homme qui cherche à aller plus loin avec elle. Alors elle tente de se lever, pour qu’il s’en aille. Mais elle n’y parvient pas vraiment, et lui, il insiste, encore et encore. Posant même sa main contre son épaule. - C'est non. Qu’elle tente de répéter, bien plus fermement. Tenter, seulement. Parce que, ferme, dans son état c’est difficile. Quelques mois plus tôt, elle aurait simplement jeté son poing dans la figure de ce type. Bien trop de poigne. Bien trop forte. Pour se laisser faire. Pour se laisser marcher dessus par un homme. Avant. Avant que ton cœur crèves, Meg.

@Meg Arganza ;

Time to live and turn the dust.  

Comme tous les samedis soirs, Alexios débutait la soirée en prenant un verre dans un bar. La note mensuelle s'annoncerait salée mais il n'en avait que faire. Franchement, il avait un peu de sous de côté avec son dernier job en date mais surtout, il avait besoin de décompresser. Le rouquin, c'était un insouciant pur et dur. Le genre d'adulescent qui était en retard de paiement de factures et demandait de l'aide assez souvent à son jumeau ou quelqu'un d'autre de sa famille. C'était franchement un gars encore ado sur les responsabilités même s'il n'y avait eu qu'une seule qu'il conservait : celle d'être marié. À un fantôme, certes mais l'anneau restait éternellement autour de son doigt. Le miracle viendrait peut être, l'arrachant à ce vide si important que Peyton avait laissé. Peut être que la brune viendrait recoudre son coeur et lui redonner espoir. Mais pas ce soir. Il se dirigeait vers le bar dans l'idée de s'en prendre un car honnêtement, il se voyait mal rester à l'appart en attendant de rejoindre ses potes en boîte.

Quand il entra dans le bar, il fût tout d'abord surpris et conquis de l'ambiance qui y régnait. Il y avait déjà du monde et c'était parfait pour garantir le début des festivités. Il s'avança vers le comptoir, l'endroit le plus important du bar où il passerait plusieurs fois ou même où il resterait accoudé. Il y avait autant de femmes que de mecs même si certains mecs se distinguaient d'ores et déja par un comportement suspicieux voire carrément titubant. Un portrait bien trop commun dans les bars et qui était à proscrire à une telle heure.

Il y en avait justement un en ligne de mire. Le genre de vieux bien trop moche et bien trop éméché pour plaire à la meuf d'à côté. Il semble n'en avoir que faire de leur différence d'âge et reste prostré à sa gauche comme un piquet. La jeune femme se raidit lorsqu'il pose une main sur son épaule. Pour le rouquin, c'est la sonnette d'alarme. Il se dirige vers eux et reconnaît peu à peu la jeune femme. Il s'agit d'une nana qu'il a déjà pu croiser auparavant. Un peu renfermée sur elle-même, ils n'avaient finalement pas beaucoup causé mais ils avaient échangé des sourires. Une bienveillance s'était installée et il connaissait même son prénom. Alors, il se dirigea vers elle en arrivant à sa droite, à l'opposé du vieux pervers. Il profita de l'effet de surprise pour inventer un bobard. Il prit place sur le siège vacant et lui adressa avec un sourire franc et jovial :

 «Meg ça va? Je ne suis pas trop en retard? »

Il imagine déjà sa mine ahurie et décontenancée mais il n'a pas trouvé mieux. Qui plus est, il est important de faire comprendre au vieux qu'il n'est pas invité à la fête. Alors il lui lance tout naturellement.  
«Eh toi, ça serait sympa que tu te barres. Tu n'as rien à faire avec nous en faite.  ». Il le dit sèchement et la réponse du gars ne se fait guère attendre. Il lui répond sur un ton autoritaire.
«Je suis un pote de Meg, vérifie bien!  ». Il arque un sourcil, adresse un regard à Meg. Il lui suffit d'un seul mot et il l'envoie dire bonjour au videur. Il y avait dans le regard de la jeune femme un soupçon de douceur et de tristesse infinie. Il voulait l'aider et ne laisserait aucun malotru la maltraiter. Celui là ferait office du premier cas.

credit : advengeinchains & underusedfcds

✧ ✧ ✧
{ time to leave and turn to dust }
crédit/ tumblr ✧ w/@alexios johnson

Elle n’est plus. Elle n’est plus rien de ce qu’elle était autrefois. Elle s’assombrit, les jours passant. Elle s’affaiblit, les nuits tombantes. Elle n’est plus rien, rien de ce qu’elle était autrefois. Sa force. Son tempérament de feu. Sa détermination. Tout s’est dissipé. Tout s’est essoufflé, dans l’accident. Celui qu’elle aimait s’est envolée, il n’y a pas de raison pour qu’elle reste celle qu’elle était. Parce que celle qu’elle était, aurait déjà envoyé ce sale type bien loin. Elle n’aurait pas hésité à lui répondre avec poigne, à le repousser suffisamment pour qu’il ne demande pas son reste. La Meg d’aujourd’hui, elle en est tout bonnement incapable. Isolée dans un monde où il n’y a plus qu’elle. Loin de ceux qu’elle aime. Loin de ceux qu’elle repousse. Surtout pour éviter de détruire à nouveau. De blesser à nouveau. Parce que t’es qu’un putain de chat noir, Meg. Partout où tu passes, tu n’engendres que malheur et douleur. Parce qu’ils finiront tous comme sa mère. Comme Chace. Ils finiront tous maudits. Pourtant, il ne semble pas le réaliser, lui. Le beau roux qui vient à son secours. Celui qu’elle connait, un tout petit peu, à force de le croiser dans le bar où elle travaille. Celui qui lui redonne parfois le sourire, avec ses quelques blagues, ses quelques paroles. Celui dont elle ne veut pourtant pas s’approcher, parce qu’il ne semble pas avoir besoin de souffrir davantage. Mais il est là, ce soir. Par magie ou par miracle. Il est là, et il prend des risques pour elle. Il la protège, il la sort des griffes de ce sale type qui aurait pu n’en faire qu’une bouchée. Elle fait mine de répondre à sa question, faiblement, rentrant dans son jeu. - Non, ça va. Un petit sourire, sans bouger davantage. Et tu te sens mal, Meg. Mal d’être si faible. Mal de devoir le laisser se débarrasser de ce sale type à ta place. Mal de ne pas être capable de te débrouiller seule. Parce que c’est ce qu’elle a toujours fait. Parce qu’elle ne sait que compter sur elle-même. Mais il faut croire que les choses changent. Qu’aujourd’hui, elle est bien obligée d’accepter son aide. Et elle ne veut pas que cela dégénère. Elle ne veut pas qu’Alexios puisse avoir des problèmes, pas par sa faute. Elle prend sur elle. Puise une grande inspiration. Son bras s’appuie alors contre la table, lorsque son autre main vient s’accrocher au bras d’Alexios, pour finalement se relever, reprenant alors. - On peut y aller, maintenant que tu es là. Le regard trouble, elle tente de soutenir le sien. C’est donc ce que t’es devenue, maintenant, une trouillarde. Une peureuse. Une fille qui préfère prendre la fuite quand tu étais la première à te battre, avant, Meg. Et fatalement, elle sait qu’elle a besoin de lui, pour quitter le bar. A cet instant précis, elle voudrait voler. Elle voudrait s’enfuir. Loin du bar. Loin de tout. Loin de ses états d’âmes. Loin des fantômes qui semblent s’appuyer sur elle, la faire tomber beaucoup trop bas, la noyer dans les abysses.

@Meg Arganza ;

Time to live and turn the dust.  

Revoir Meg faisait du bien à Alexios en ces temps difficiles où sa tête était sens dessus dessous.Il était évident qu'il cherchait également à endosser le rôle de sauveur, de cet ami qui pourrait apporter son soutien à la jeune femme en cette période si sombre. Elle n'avait plus cette lueur qui la caractérisait tant auparavant. Elle avait cette âme esseulée par les pleurs, par la fatigue. Le rouquin était apeuré et déboussolé de voir Meg dans cet état, peut être parce qu'il ne pouvait rien faire de concret. L'absence de son petit ami avait écorché son coeur, créé un trou dans sa poitrine dont jaillissaient à la fois les larmes et le bonheur passé. Il savait qu'elle était en miettes, qu'elle avait tout envoyé valser. Qu'elle était mal, qu'elle tombait chaque soir un peu plus. Il lui suffisait d'observer leurs rendez vous réguliers pour s'en rendre compte : elle dépérissait à vue d'oeil et il s'en voulait d'être le simple spectateur de cette chute vertigineuse. Il essayait de faire plus, il rêvait d'être davantage celui qui fallait, celui sur qui compter. Ses propres problèmes l'accaparait à présent ce qui rendait difficile ce soutien indéfectible auprès de la belle brune. Pourtant, cet appui était là, visible. Ce soir plus que jamais alors que ce boloss osait l'intimider, la chercher. Alors qu'il vient de lui faire d'un geste de la main le signe de décamper au plus vite avant qu'il lui explose la tronche, il entend Meg répondre faiblement que tout va bien.
Non, tout ne va pas bien. C'est d'une petite voix chétive qu'elle lui dit cela et son regard se perd dans un nouvel espace intersidéral dont Alexios assiste, impuissant. Sa voix lui répond dans un murmure, dans ce regret de ne pas détenir le remède de tous ses maux.
 «Ca ne va pas, Meg. Ca ne va pas mais je suis là. Je suis là. »

Et alors, son bras prend appui sur la table et cherche vainement son attache qu'elle finit par trouver. Alexios l'attrape au vol, à cette tentative désespérée de tomber dans le vide. Il la maintient et retrouve son regard. D'ordinaire si doux, si clair il est devenu sombre, dénué de toute expression, de tout espoir. Elle veut sortir d'ici, elle cherche son aide et Alexios passe son bras autour de son cou et la pousse contre lui. Il sera son ami, il sera son protecteur pour cette soirée. Il oubliera ses soucis, il ne pensera pas à Peyton et pourra être cet ami. Celui qu'elle mérite.

Il ne sait pas si le gars les suivra, il a l'air d'être parti plus loin faire son baratin à une autre. Toutefois, il lui lance un regard des plus menaçants et le roux comprend qu'il faut partir.
«Accroche toi à moi, on sort d'ici.  ». Il n'aura pas pris de verre mais il s'en fiche. L'important, c'est que Meg soit bien, que Meg soit mieux.

Ils sortent du bar, il la maintient contre lui et lui dit doucement, une main dans ses cheveux.
«Meg, Meg tu peux pleurer si tu veux. Dis, fais n'importe quoi mais sors cette tristesse. S'il te plaît, laisse la s'en aller.  ». Il veut qu'elle explose, qu'elle sorte tout cela pour qu'il puisse revoir en elle celle qu'il a toujours admiré. Celle qui combattait et était déterminée dans ses actes. Elle est devenue faible, anxieuse, éteinte. Pourtant, c'est l'une des étoiles qu'il veut revoir naître. Renaître de ses cendres.

Et bien évidemment, le mec les a suivi. Il est dehors, l'air penaud. Il lui lance.
- Putain mec, je voulais me la faire. Laisse en aux autres.

Alexios bouillonne. Meg a besoin de lui mais il ne veut pas laisser passer cela. Il grince les dents, jetant un regard bref dans sa direction.
«Casse toi avant que je te défonce. Vraiment cette fois. »

- J'tattends.

Et le roux cherche alors le regard de Meg. Elle peut dire un mot et il n'ira pas. Il n'ira pas se battre, même si cela le démange. Il sait juste qu'il ne peut pas la laisser, il veut savoir si elle pourra l'attendre. Si elle saura se libérer de ce fardeau qui la hante. Si elle acceptera qu'il la défende face à ce lourdeau. Au fond, il veut tout simplement qu'elle sache qu'il la protège contre tout. Et pour toujours.

credit : advengeinchains & underusedfcds

✧ ✧ ✧
{ time to leave and turn to dust }
crédit/ tumblr ✧ w/@alexios johnson

Il n’y a rien de plus douloureux. Rien de plus douloureux que de voir combien elle a changé. Combien elle change, au quotidien. A travers son propre regard, mais aussi à travers celui des autres. La pitié. La tristesse. La colère. L’inquiétude. Principalement celles de de ses amis, puisqu’ils sont sa seule famille. Amis qu’elle tente de tenir à distance par tous les moyens, simplement pour éviter cela. Simplement pour éviter de les voir souffrir, eux aussi, par sa faute. De voir souffrir ceux qui restent. Et t’as pas envie que qui que ce soit perde son temps avec toi, Meg. T’es qu’une cause perdue. T’es plus qu’une carcasse vide qui a même du mal à s’agiter. Alexios n’est pas différent. Son regard empli de bienveillance et de tristesse n’est pas différent. Il veut l’aider, c’est indéniable. Il voit clair en elle. Il voit cette souffrance qui tourne autour d’elle. Cette souffrance qui gravite, où qu’elle soit. Cette souffrance qui ne la lâche pas, venant la ternir, elle et tout ce qui l’entoure. Elle et sa vie toute entière. Et les mots d’Alexios, censés la rassurer viennent lui faire peur davantage encore. Parce qu’elle réalise qu’il ne compte pas s’en aller. Qu’il ne compte pas la laisser. Et elle en a besoin, ce soir, mais demain, elle sait pertinemment qu’elle refusera d’être un fardeau pour lui. Son bras passe pourtant autour de son cou, laissant son ami la soutenir, la sortir du bar comme s’il la sortait de sa seule prison. Mais ta prison, c’est toi-même, Meg. C’est cet accident dont tu ne peux pas te détacher. C’est la mort de celui que t’aimais à en crever. Elle profite pourtant de l’étreinte d’Alexios. De ses caresses. De ses bras. Juste pour ce soir. Juste un peu. - Je vais bien… Je t’assure. C’est juste un coup de mou. Qu’elle prétend, sans savoir si c’est lui qu’elle tente de convaincre, ou si c’est elle-même. Sans savoir s’il s’agit d’un mensonge, ou d’une ultime tentative de ne pas s’effondrer sur place.
Mais ils ne vont pas s’en sortir. Pas tout de suite. Parce que le gros lourd du bar se retrouve là, dehors, visiblement mécontent de ne pas avoir eu ce qu’il voulait. Si seulement il avait pu te connaître avant, Meg. Tu lui aurais certainement fait passer l’envie de vouloir quoi que ce soit avec toi. D’espérer quoi que ce soit avec toi. Et au lieu de cela, c’est Alexios, qui se trouve là. Alexios, obligé de la défendre, de la protéger, une fois de plus. - Non, laisse tomber… S’il te plait, viens. Parce qu’il n’en vaut pas la peine. Parce qu’elle ne veut pas qu’il se batte. Pas pour elle. - On rentre. C’est mieux. Crois moi… Il ne doit pas tenir à elle. Il ne doit pas risquer de se blesser pour elle. Parce que s’il venait à lui arriver quelque chose, jamais elle ne pourrait s’en remettre. Jamais elle ne pourrait se relever.

@"Meg Arganza " ;

Time to leave turn to dust.

Il y a cette idée qui émerge dans son esprit : celle qu'il pourrait faire plus. Il n'y a qu'à voir son regard si apeuré, si effrayé pour se rendre compte qu'elle est dévastée, désespérée. Même quand le gros beauf s'était pointé pour tenter une énième chance avec elle, il n'avait pas cessé de soutenir Meg, de la porter sur ses épaules. Il pourrait même la porter sur son dos jusqu'à chez elle si elle le demandait. Il était loyal, Alexios. Il savait qu'en amitié (autant qu'en amour) il était important de compter les uns sur les autres, qu'il était nécessaire d'être présent, de donner suffisamment de preuves pour solidifier le lien. La jeune femme avait besoin de lui dans cette impasse douloureuse où le deuil ne connaissait pas de répit. Il semblait envelopper Meg et résistait à l'érosion du temps, à l'absence, à l'espoir. Résignée, elle le repoussait comme elle le faisait sûrement avec tout son entourage. Belle erreur, celle de croire qu'elle ne leur serait qu'un poids, qu'une désolation dans leur paysage sans nuages. Non seulement il existait des déconvenues dans tout quotidien mais aussi, elle était son amie. Il ne la laisserait pas tomber, qu'importe ce qu'elle pouvait trouver comme justification, comme remarque pour le stopper.  

Il l'entendait se fourvoyer, prétendre que cela allait alors que c'était faux. Terriblement erroné. Cependant, l'urgence était surtout d'éloigner le mec, de façon définitive. Il lui lança un dernier regard, levant le poing en sa direction. Il serra les dents et lui dit, d'une voix forte :
« Si tu ne dégages pas de suite, je te casse la gueule.». Il avança son poing en guise de menace imminente mais le gars haussa les épaules avant de tourner les talons. Au moins il les laisserait tranquille.

Une fois éloigné, Alexios posa à nouveau ses yeux sur la jeune femme. Touché par sa détresse, refusant de laisser les choses comme elles le sont. Il ne serait pas l'indifférent qui la laisse plonger, tomber plus bas.  Il lui dit doucement tout en la fixant.
« Non , non ça ne va pas, Meg. Je le sens, je le sais.»

Il ne pouvait que l'écouter lui dire de rentrer, de ne pas chercher plus loin. De partir pour oublier. Cherchait t-elle à esquiver la moindre explication? Désirait t-elle couper court à toute confidence? Rien n'était écarté. Il était néanmoins certain de ne pas la laisser seule, de ne pas la voir s'échapper derrière ce voile de solitude et de désarroi.
« On va rentrer, Meg. Je vais te conduire chez toi.».

Cependant, avant de prendre la fameuse direction menant jusqu'à chez elle, il sait que la phrase ne quitte pas son esprit. Il doit lui demander, même si elle ne veut pas se confier. Se dévoiler. Elle est résignée au fond, Meg. Elle est dévastée par la mort de son petit ami et Alexios le comprend. Tellement qu'il ne peut l'abandonner de cette façon. Il se sent investi de la mission de l'épauler, sans la brusquer mais sachant pertinemment qu'elle ne l'acceptera pas. Qu'elle ne le voudra pas. Il doit le faire, pourtant. Et il lui demande, dans un timbre de voix peu assuré mais néanmoins distinct, sérieux.
« Mais dis moi..  Dis moi comment fais tu? Qu'est ce que tu prends? ».

À la voir ensuquée et si faible, il ne peut laisser la situation au hasard. Il comprend qu'elle se dope, qu'elle oublie forcément son malheur avec quelque chose. Reste à savoir quoi exactement. La nuit ne faisait que commencer mais il cherche à savoir. Un miroir de la réalité, de la conscience que Meg ne pourrait éviter. Et il le savait.

✧ ✧ ✧
{ time to leave and turn to dust }
crédit/ tumblr ✧ w/@alexios johnson

Elle ne sait pas vraiment si c’est à lui qu’elle ment ou bien à elle-même. Elle ne sait pas si c’est lui qu’elle tente de convaincre qu’elle va bien, ou si elle cherche désespérément à se rassurer. A se prouver qu’elle n’est pas si faible, qu’elle n’est pas si détruite, qu’elle n’est pas tombée à ce point. Qu’elle n’est pas tombée si bas. Elle tente de de maintenir le cap. Un minimum. Elle tente de préserver les apparences, parce qu’au fond, c’est beaucoup trop difficile d’avouer combien elle a changé. D’avouer combien elle n’est plus la même. Elle n’est plus celle qu’elle était. La force s’est envolée après l’accident. La force s’est envolée lorsqu’il est mort, lui. Lorsqu’elle a causé un drame. Un nouveau drame. Après tout, c’était une certitude, Meg. T’es venue au monde en tuant ta mère. Quelle vie tu pouvais espérer ? Quelle vie tu pouvais envisager ? Elle est à bout de souffle, ce soir. Elle est complètement à bout de souffle. Et c’est Alexios, qui est présent pour la rattraper. C’est Alexios, qui est présent pour la garder debout. Pour la garder en sécurité. Pour repousser ce sale type qui semble vouloir s’emparer d’elle. Oui, il est là pour toi. Tellement gentil. Tellement protecteur. Mais c’est parce qu’il ne sait pas qu’il est impossible de te réparer. Parce qu’il ne sait pas que ta noirceur finira par te tuer. Pourtant, il voit qu’elle va mal. Il voit clair en elle, il voit dans ses yeux ce qu’il y a de pire. Il voit ce qu’il y a de plus douloureux. Et elle ne peut même pas lui répondre. Elle en est incapable. Incapable de mentir un peu plus encore, ce soir. Il n’y a que son cœur qui bat de nouveau, lorsqu’il affirme qu’il veut la raccompagner. Il y a cette petite culpabilité en elle, celle de lui causer du tort. Mais il y a surtout du soulagement. Le soulagement de savoir qu’elle rentrera saine et sauve. Parce que, sans lui, tu n’es pas certaine d’y parvenir, Meg. - Merci. Qu’elle souffle simplement, s’éloignant du bar à ses côtés. Sa main accroche son bras, parce qu’elle se sent mieux, avec lui. Du moins, plus en sécurité. Parce que t’es dans un état léthargique. Parce que t’es bonne à rien.
C’est bien la seule chose qu’elle voudrait pouvoir préserver. La seule choque qu’elle espère encore pouvoir cacher. Mais elle se fourvoie, parce qu’il n’est pas dupe. Il est loin de l’être. Personne ne l’est. Et ces médicaments qu’elle prend, ils sont son seul salut. Ils sont la seule chose qui lui permet encore de tenir. Mais Alexios s’interroge. Il veut savoir ce qui la met dans un tel état. Il veut savoir ce qui la rend si vulnérable. Le souffle coupé, elle balbutie, elle a du mal à répondre. - Je… Pourquoi tu… Pourquoi est-ce que tu me poses cette question ? Elle a honte. Tellement honte. Elle a honte d’avouer qu’elle se gave d’antidépresseurs pour oublier les vois qu’elle entend. Pour effacer la présence sur elle, sur ses épaules. Pour oublier les images qui reviennent dans son esprit, encore et encore.