American Psycho (Max)

la nuit a enveloppée la ville. l’a plongé dans la noirceur. a donné l’feu vert à la débauche, aux vices. c’est l’monde d’la nuit qui s’éveille. toute les vermines sont d’sortie. c’est leur moment préféré. l’moment où l’commun des mortels s’endort. où les deux mondes se croisent. la lumière du jour laisse place à l’obscurité. les règles changent. tout est permi ou plutôt, tout l’monde croit tout s’permettre. l’anarchie qui s’installe. c’est les hors-la-loi qui imposent les leur. suffit d’regarder les rues à peine l’soleil couché. les malfrats qui s’mélangent aux putes. la drogue qui rencontre la jeunesse paumée. il aime pas ça l’max. voir des gosses traînés dans les rues mal famés. c’est son côté vieux con, ou sale flic. y sait bien qu’parmi eux s’trouve la relève d’tous les ripoux. les futurs p’tits nouveaux qu’il devra coffrer quand il tiendra à peine debout. des proies faciles, les gamins, facilement attiré par la luxure et tout c’qu’on peut leur faire miroiter d’beau. sauf qu’on leur dit pas l’mauvais, ni les risques. pas sûr qu’ça les arrêteraient d’savoir qu’il risque la taule, ou pire, la mort. l’insouciance qui les rend vulnérables. du pain béni pour les vautours. mais l’flic guette. un justicier à la gueule cassée. veille aux coins des rues. il a pas d’masque, sa tronche suffit. on l’connait, l’flicard. réputation qui s’étend dans tous l’queens. sûrement qu’il effraie pas les gros poissons mais la vermine, si. les p’tits nouveaux, ceux qui s’pensent déjà parrain, les putes aux bras. eux, il sait qu’il peut les intimider, leur faire comprendre qu’il sera toujours derrière leurs culs à attendre l’moindre faux pas. le loup solitaire les observent dans l’silence d’la nuit.

les nuits sont froides. max s’les caillent à tourner dans les rues. y serait bien aller s’réfugier dans un bar. s’réchauffer la carcasse avec un bon whisky. au lieu d’ça, il rode. fait ses rondes comme toujours. l’devoir est plus fort qu’le reste. y reste pas plus d’dix minutes dans une rue. bouge sans cesse pour pas s’laisser gagner par l’froid, son pire ennemie c’soir. d’sa poche il sort ses clopes. en allume une. s’engouffre ensuite dans une ruelle sombre. trou noir duquel il ressort sur une ruelle nettement plus mouvementée. la musique qui résonne. il a atterrit non loin d’une boite. c’est les endroits qu’il préfère. ça grouille d’charogne dans ces lieux-là. alors il traverse la rue, va d’en la ruelle qui lui fait face. y s’adosse au coin d’la rue. le loup veille, silencieux. s’met à observer les gens qui défilent sous ses yeux. principalement des mômes, à peine plus jeune d’sa nancy. derrière lui, il entend qu’ça rigole fort. y s’retourne. pose son regard sur un groupe d’gamines. des minettes qui s’souci d’rien, qui font pas gaffe au prédateur derrière elles. mais max, lui, l’voit bien. y sait même qui s’est. grisha. il est russe et il est psy. deux choses qui suffisent au flic pour l’rendre méfiant. y’a des trucs pas nets qui s’cache derrière ses rides. l’max en est sûr. dans la ruelle, il fait quelques pas allant en direction des gosses bien décidé à s’faire remarquer par l’russe. ça manque pas, l’grisha l’voit. lui lance une remarque qu’le flicard écoute pas. puis s’retourne et laisse filer les demoiselles. les douces échappent au pire, de peu. rictus quand il l’entend dire qu’il n’est pas un bandit. c’est toujours ceux qui prétendre ne pas l’être qui l’sont. « j’suis là pour t’empêche d’mettre tes sales pattes d’vautour sur d’la chair innocente. » qu’il lui dit. ça reste vague. pas envie d’lui donné l’plaisir d’savoir qu’le max l’surveille. y s’approche du géant russe. lui tend son paquet. veut pas l’regarder d’trop près par peur qu’il le déchiffre. toujours s’méfier des psy. surtout ceux qui cache autre chose. sa cancéreuse terminée, l’mégot s’échoue sur le sol et il en prend une autre. sort son briquet, allume sa clope et l’tend ensuite au russe. « t’voulais en faire quoi d’ces gamines? et m’sors pas tes grands airs d’saint, ça marche qu’sur les naïfs, pas sur moi. »