wild stare (ft Jabez)

ce n'est qu'une ombre, une silhouette qui longe les murs lorsque que le soleil entame son lent déclin. rien n'est dangereux pour le moment, tel un inspecteur amateur il observe en silence, sans bouger, sans exprimer quoi que ce soit si ce n'est de la colère. des jours qu'il observe ce petit manège de sa soeur avec un homme plus âgé. la retenue de leurs gestes ne fait que trahir un peu plus ce qui se cache derrière quand les regards indiscrets sont loin. il le redoute comme la peste ce moment où le rapprochement de trop sera effectué. d'abord le job de strip-teaseuse, ensuite un flirt potentiel avec l'adulte qu'il suppose être un professeur. c'est trop pour les nerfs fragiles de jabez. il bouillonne rien qu'en apercevant la silhouette masculine sortir du bâtiment de l'école de danse. seul, pour une fois. alyah n'est pas fermement accrochée à son bras avec son regard qui brille même dans la plus grande des obscurités. c'est le moment où jamais d'attaquer pour avoir des explications en espérant pour lui qu'elles soit valables. il suffit seulement d'une petite hésitation pour déchainer l'animal prêt à tout pour éloigner les mains sales de sa frangine. même si elle doit en souffrir, le haïr pendant quelques temps. il a repéré la voiture de ce prétendu professeur à l'allure d'un bon père de famille qui ne se plait plus vraiment dans cette vie trop simple pour lui. il peut le comprendre, si ce n'est pas sa soeur qu'il utilise en pauvre victime. c'est avec une étrange patience qu'il s'est pointé tout proche de la voiture, il n'a pas l'intention de le laisser partir indemne avant d'avoir de bonnes raisons de la laisser fuir, pourvu que ce soit loin d'alyah. son regard caché par la capuche sur son crâne observe l'air pensif de l'inconnu, tout en lui vient attiser un peu plus la haine grandissante dans les entrailles de jabez. il a juré pourtant de ne plus faire de bêtises inconsidérées après son accident, mais c'est plus fort que lui. on ne peut pas arracher ce qui fait entièrement partie de lui, ce plaisir de traquer une proie pour mieux attaquer. il ne se doute de rien le professeur quand jabez vient l'accoster sans se présenter. il n'en a pas besoin, il devinera bien assez tôt qui il est. les poings sont fermement enfoncées dans les poches de son jean, les griffes plantées dans ses propres cuisses pour ne pas laisser la colère l'emporter trop facilement. le silence s'installe juste avant que l'israélien laisse résonner sa voix au clair de lune. « alyah n'est pas là ? » l'intonation trahit la tension qui règne dans l'air, comme un soir d'orage où le ciel est prêt à se déchirer de colère. jabez est dans le même état, à deux doigts d'imploser au moindre mot prononcé de travers.

tout homme qui s'approche de près ou de loin de sa soeur est un ennemi potentiel. alyah ne comprend pas cette protection exagérée qu'il exerce sur elle, elle ne peut pas deviner que jabez n'a qu'à elle pour se maintenir la tête hors de l'eau. il a besoin de sa soeur comme un asthmatique a besoin d'une bouffée d'air pur, l'encré est condamné à vivre avec cette crainte constante de la perdre, d'une fuite potentielle pour les bras d'un homme au sourire ravageur. certains gestes ne trompent pas, comme ceux qu'il a pu apercevoir entre le sang de son sang et ce professeur qui se tient droit devant lui. jabez n'a jamais appris la diplomatie, le dialogue pour trouver des solutions pacifiques, il ne connait que la violence, les cris et le coups pour se faire entendre. pourtant il fait tout son possible pour ne pas se jeter à sa gorge pour lui ôter l'envie de se rapprocher d'alyah, il lui laisse une unique chance de se justifier, trouver une excuse valable que l'encré ne croira de toutes façons pas. le professeur est étrangement serein, comme ignorant du danger qui se présente sous ses yeux alors que les pupilles de jabez semblent le fusiller. elle n'est pas rentrée chez elle, il le sait bien puisqu'il a guetté sa présence avant l'arrivée fatidique de l'inconnu. il semble propre sur lui, un bon père de famille qui s'ennuie fermement à la recherche d'un grain de folie pour secouer sa vie. il reprend, demande l'identité de l'israélien qui manque de faire grincer ses dents tant que sa mâchoire est contractée. s'il refuse de coopérer de cette façon, jabez veut bien passer à l'étape supérieure. il n'est pas du genre à se calmer face à une personne impassible, bien au contraire. il lui faut de la réaction, une gueule trop grande pour qu'il daigne le laisser tranquille, ce soir ce n'est pas le cas. deux foulées suffisent à le rapprocher de l'inconnu pour que sa main vienne quitter l'épiderme de sa cuisse pour agripper la chemise fraichement repassée, le tirer vers lui avec la ferme intention de ne pas le laisser filer sans conséquences. « je suis son frère. » les visages sont assez proches pour que les regards n'aient pas d'autres choix que de se croiser, deux noirceurs qui s'affrontent pour une seule personne. « maintenant tu vas me faire le plaisir de ne plus l'approcher en dehors de tes cours, compris ? je ne veux plus voir tes sales pattes sur elle. » le souffle court témoigne d'une colère grandissante que même jabez peine à contrôler. éternel défenseur de ces dames, une bonne excuse pour user de ses poings. encore plus quand il s'agit de sa soeur, il ne supportera jamais l'idée de la voir aux bras d'un homme étranger à la famille.

ce professeur n'a vraiment pas de chance, il représente tout ce que jabez déteste. un air de mec rangé dans son costard repassé par une femme qui ne voit pas les tromperies de son mari. une apparence trop calme pour être tout à fait honnête. c'est un tout, même si la vision de l'encré est sûrement déformée par la colère qui gronde au fond de lui. le col de sa chemise impeccable est attiré en direction du zombie qui le fusille du regard. il peut dire n'importe quoi, trouver les meilleurs excuses du monde, rien ne changera l'issue finalement. il n'est pas le meilleur des frères, mais il tient à la protéger coûte que coûte contre les hommes et leur venin. surtout quand cet homme se trouve être son professeur qui l'accompagne trop souvent à pied à la fin de la journée. trop souvent au goût de jabez en tout cas. la dernière fois c'était une simple main posée sur le poignet de sa soeur, il a dû se mordre la lèvre jusqu'au sang pour se retenir de lui sauter à la gorge. ce soir il peut enfin se défouler, tant pis si les regards curieux s'éloignent en voyant le spectacle qui se déroule sous leurs yeux, la plupart des occupants de ce bâtiment sont de toutes façons trop riches pour comprendre cette haine. la main du professeur se lève en signe de paix, elle vient se poser sur le bras du tatoué qui s'empresse de la dégager à l'aide de sa seconde main. il ne veut pas qu'on le calme, de toutes façons ce n'est pas la bonne façon de procéder. il veut seulement le cogner, tellement que sa mâchoire est contractée au point de devenir douloureuse. il y a les mots de trop l'homme propre sur lui, ceux qui brisent les dernières barrières qui retiennent la rage de jabez. ils sont clairement de deux mondes opposés, il ne peut pas comprendre l'instinct de protection qu'il ressent envers son unique soeur. « je crois plutôt qu'elle n'a pas besoin d'un coincé dans ton genre. » le coup part, le front de l'encré vient percuter violemment celui du professeur, il lâche sa chemise en même temps pour le faire tomber au sol. malgré l'arcade ouverte qui fait sortir le liquide prouvant qu'il est bien humain le long de ses tempes battantes, jabez reprend l'homme par sa veste pour le tirer à nouveau. il n'y a plus de dialogue, plus de négociations possibles. le point de non-retour vient d'être atteint. « tu ne l'approches plus, ce n'est pas une question. » plutôt une menace après l'avant-goût que le zombie a bien voulu lui offrir. il ignore même s'il sera capable de décontracter ses muscles autrement qu'en le frappant de toutes ses forces.


@"archibald salisburry"