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 La danza della realtà

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Message Sujet: La danza della realtà   La danza della realtà Empty Mar 6 Aoû - 23:10

« The Klub » Les lettres lumineuses et gigantesques attirent l’œil dans cette rue où la discothèque est le seul point de ralliement. Comme son nom l'indique, ce n'est certainement pas le club le plus tendance, ni le plus sympa de New-York, néanmoins il a l'avantage d'être peu cher et donc d'être très prisé des étudiants qui cherchent simplement à faire la fête entre groupe de potes. D'ailleurs ; et ironie du sort, le K bleu clignote comme s'il ne supportait pas lui-même d'être là, prêt à rendre l'âme à n'importe quel moment.

A l'entrée c'est une silhouette frêle et pâle qui en ressort en plein milieu de la nuit. Elle a eu son compte, en particulier de ses fréquentations actuelles qui se payent un peu sa tête. Elle n'a pas l'âge d'être là, encore moins en étant alcoolisée, légèrement dans ce cas précis, elle n'avait pas abusé. La boîte en question est assez peu regardante. S'ils demandent, tu réponds juste vingt-et-un. Voilà ce que Brenna lui avait dit. Ça l'avait un peu inquiété, son logement est loin, elle ne voulait pas venir pour rien, surtout qu'elle voulait juste danser sans qu'on lui impose les pas. Malgré les regards en biais du videur et des barmans, ça avait fonctionné. Ils avaient de quoi se méfier vu sa tête d'adolescente, elle-même avait bien eu de quoi être septique. Pourtant c'était passé.

Et elle avait dansé, encore et encore, ne s'arrêtant que pour s'hydrater d'un cocktail... déshydratant ou aller faire des acrobaties pour ne pas que ses fesses entre en contact avec la cuvette. L'heure avançant et l'alcool s'insinuant et échaudant les esprits, les tentatives de rapprochement de certains garçons voire de certains hommes se multipliaient, ce qu'elle trouvait extrêmement lourd. Entre ceux qui se collent volontairement et tous ceux qui sont juste là et trop nombreux pour la taille de la salle, elle n'avait plus assez de place pour s'exprimer pleinement. Alors elle était sortie, décidée à rentrer chez elle ou à poursuivre ailleurs, qui sait.

Elle portait un T-shirt avec le drapeau anglais, un peu trop long pour cacher ses formes, un mini short noir, des bottines. Rien de plus par ce temps plutôt lourd. Ses cheveux platines descendaient en cascade sur ses épaules et dans son dos, quelques mèches restant collées à sa peau en sueur ; elle était quasiment en nage. Elle n'avait pas de maquillage, comme toujours, laissant ses traits libre d'être ce qu'ils étaient, naturels, juvéniles. Elle les aimaient ainsi, elle avait conscience d'avoir l'air encore plus jeune que ce qu'elle n'était et cela lui plaisait, pour le moment. Elle se sentait protégée par cet aspect virginal, loin de se douter que cela faisait d'elle la victime idéale. Elle observa quelques courts instants la rue et les quelques âmes errantes baignées par la lumière bleue des néons.

Et puis soudainement, d'un pas qui voulait conquérir le monde, elle avança jusqu'à un gars qui traînait au coin de la rue, adossé au mur. Il fumait et le faisait ici pour dieu sait quelle raison. Elle se moquait totalement de sa raison, elle voulait juste une cigarette. Ce qui était parfaitement ridicule puisqu'elle n'avait jamais fumé jusqu'à maintenant, même pas essayé. Même à Milan. Elle aurait pu pourtant, malgré la surveillance de sa tante. Elle n'en avait pas eu envie. Ça ne venait de lui prendre qu'à l'instant, piquée par la mouche de la curiosité. Peut-être que c'était à cause de son style à lui, d'être là tout seul, dans cet endroit qui ne s'y prête pas, installé de façon si inconfortable. Depuis combien de temps il était là d'ailleurs ? Ou bien c'était du fait de son faciès, un peu dur, assez marqué par le temps, un peu triste et plutôt mystérieux globalement. Lui, lui avait donné envie d'essayer de fumer, voilà ! Une envie impulsive, donnée par une vision intrigante et aidée par un petit gramme d'alcool. Elle ne se privait pas de le détailler de la tête au pied tout en avançant droit vers lui, pas intimidée, avec sa franchise et sa sincérité caractéristique.

Arrivée à son niveau, elle enchaîna directement sur sa demande, avec son joli accent et la gestuelle si emblématique de son pays.

- Salout, je peux avoir oune ci-ggiaretté ?

Il y avait une certaine impertinence dans sa posture et sa tenue qui se mariait étonnement bien avec son apparente candeur. Elle se tenait de tout son poids sur un seul pied, l'autre jambe plié sur le côté et appuyée sur sa demi-pointe, la main sur la hanche. De son autre main elle repoussa les mèches qui étaient venus se coller un peu trop devant ses yeux.


@Iskandar Cohle
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Message Sujet: Re: La danza della realtà   La danza della realtà Empty Lun 12 Aoû - 18:27

la danza della realtà × ft. NUNZIA & ISKANDAR

Il ne pleut plus. Il ne pleut plus sur le macadam, il ne brille plus, il est mat. Les couleurs et le son, matifiés sous le calme de mes pas. Placidité de façade, quand les songes corrèlent pour se durcir, infligeant l’affront d’une pesanteur inappropriée. J’avais choisi l’oubli, mais les ombres reviennent me hanter, avec la ferveur de ces résolutions qu’on a pas su prendre alors. Les remords entiers. Et le vide béant. Dans ma tête, où les ténèbres se pavent de "peut-être" et de "à jamais". Certitudes qui s’effritent entre les doigts serrés, puis qui se morcellent sous les pas. Lents. Lents. Un but qui n’a pourtant pas les atours d’une véritable mission. Peut-être que quelqu’un aux allures de notre médecin-boucher, reconverti en nettoyeur pour les Keys, traîne souvent par ici. Racontars. Songes murmurés. Mensonges appliqués de putes ou d’informateurs soudoyés, pour balader les flics dans la nuit. Comment le savoir, comment… Je n’ai pas pu entrer cependant. Masse grouillante, masse pulsante, que l’on devine à chaque fois que les portes battantes recrachent une silhouette alcoolisée, chancelante. La musique qui hurle, les basses qui cognent, avec la même dureté que ces irrésolus qui continuent à s’appuyer sur mon échine comme pour la faire courber. Le regard est sombre, un peu absent, ce sera un soir de repérage, un soir d’évasion sans nom. Mission falsifiée, comme tant d’autres. Je ne reconnais pas Brett dans les visages de jeunes adultes qui frayent dans le noir, des rires de filles accompagnées par des types du même âge qu’elles en général, ça me semble être un terrain de jeu un peu trop estudiantin pour notre meurtrier, et la prostitution là-dedans porte un visage différent. Elle ne s’est pas encore instituée, elle débute, chancelle comme les jambes des filles qu'on drogue à leur insu, s’improvise errance sur la courbe d’un rire. Et si, et si… La chair devenait contrition, pour le fric, écarter les cuisses et y glisser quelques frissons supplémentaires. Ceux que l’on arrache aux territoires proscrits. Aux territoires pleins de mépris que l’on crache d’habitude. Les étudiantes en général n’aiment pas les putes, le peu de désespoir qui grogne dans leur ventre n’est pas encore assez nourri pour qu’elles voient autre chose que la compromission dans le commerce de la chair. La compromission et le frisson. Et si… Et si… Notes qui dansent sur le cadavre de la nuit.

Je sors une clope du paquet presque vide, puis le range soigneusement dans la poche arrière de mon jean. Pas de flingue ce soir, pas de holster, et surtout pas de ces costumes froissés qui m’enserrent. Par habitude, je cherche à déserrer le col de ma chemise, alors que je n’en porte pas, le col élimé d’un t-shirt cherche à me parer avec bien peu de constance des relents âcres et mordants de la ruelle adjacente. Je tire sur le filtre tout en cherchant à oublier la lettre de l’enseigne qui ne cesse de grésiller son agonie trop lente. Il n’y a pas qu’elle qui ne sait le tempo adéquat de ce qui doit mourir. Moi aussi. Moi aussi. Je songe à ses airs, je songe à ses mots, allures de jugement, et juge incrédule, si prompt à me disculper dans l’élan de ses phrases sous la pluie qui nacrait son visage. Visage ami, visage honni, mélange de ferveur et de fureur. Je l’ai abandonnée dans le noir, une nouvelle fois, avec des mots, avec des gestes, et de ces pensées impossibles à formuler, à frémir, à pardonner. Le poids sur mon échine s’accentue, je cherche une autre façon de m’appuyer au mur de béton, et souffle avec agacement le fumée de ma Morley lorsqu’elle apparaît. Etudiante étrangère, à n’en pas douter, bien avant que son accent chantant ne vienne fleurir sur ses lèvres pleines. Qui arbore l’Union Jack avec autant d’ostentation à la sortie d’une boîte médiocre, si ce n’est parce que ce drapeau ne cherche rien à dire, hormis cette culture sans borne, évasions sans frontières. Évasions sottes, évasions mortes. Je songe en même temps qu’elle opère ses premiers pas, marche résolue dans un monde qui s’effrite, à ces ailleurs dont je n’ai jamais su partir. Jamais véritablement. Les forêts denses de l’Oregon semblent me cloisonner, tandis que cette gamine parvient jusqu’à moi, fraîche, diaphane. Dans l’air nocturne, une mélodie d’horizon. Dans le silence fragile, les prémices d'une émotion. Visage d’enfant, mimiques juvéniles au coin de la bouche, des allures un peu trop angéliques. Un flic se méfie toujours de ce qui paraît angélique. À moins que ce ne soit uniquement moi, qui me méfie de tout ce qui peut sembler pur, quand l’injure et le froid sont devenus les comparses d’un quotidien presque moite. Elle est en nage, les basses lui collent encore à la peau, et puis ces attentions que d’autres corps que le sien ont dû appliquer avec la précipitation de l'inexpérience. J’ai un sourire en coin, rien que pour son approche, rien que pour son allure. Parce que je dénote dans le coin, mais pas pour les mêmes raisons que les siennes. Je continue de fumer en silence, mais mon attention s’est resserrée sur elle, précise. Oiseau de proie qui fond sur les ailes vierges de son envol. Je la détoure, je la détaille. La fumée se libère, les impressions se tracent. Et l’abordage m’arrache un haussement de sourcil notable. L’accent est charmant, il vient couronner le très parfait tableau qu’elle offre, la pureté chantante de celle qui se glisse, matamore, dans le noir pour y trouver quelques territoires de conquête. Qu’y-a-t-il à conquérir dis-moi ? Qu’y-a-t-il à dévaster qui ne le soit déjà ? Ce sont peut-être ces deux questions tendancieuses qui ornent mon expression avant que sans vraiment lui répondre, je ne sorte mon paquet de cigarettes pour lui tendre l’avant-dernière.
_ Savoure-la bien, car tu me prives d’une distraction.
Ou peut-être que sans le savoir, elle ne l’offre au contraire. Je retourne à mon observation de la porte, puis reviens à elle assez rapidement, regard noir, regard clair, deux oscillations, avant que le bruit du zippo ne nous serve de décorum. La flamme frémit, puis le claquement sec du capuchon l’étouffe aussitôt son oeuvre accomplie. Posture parjure, l’angélisme est trompeur, je le sais désormais. Et il y a quelque chose dans mon visage qui transite, comme une déduction maligne qui durcit quelque peu mes traits.
_ C’était pas bien là-dedans, pour que tu en sortes en catimini comme ça ? Ou bien c’est l’appel de la nicotine qui était plus fort que tout ?
Questions d’homme, questions dictées par l’ennui, mais pas questions de flics. Indistincte oscillation qui permet soudainement de soulever le poids mort, ma posture est plus détendue, la liberté plus proche. Étonnamment plus proche. Les mots distancent les pensées, tandis que je termine patiemment ma dose frénétique, cherche à saisir, lorsque ce foutu néon le veut bien, la pâleur de son visage, la finesse de ses traits.
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@Nunzia Baratteri La danza della realtà 3794924939
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Message Sujet: Re: La danza della realtà   La danza della realtà Empty Sam 17 Aoû - 9:53

Visage dans la pénombre dont s'échappe des volutes de fumée, irisés d'une faible lumière bleue à l'intensité grésillante. Elle ne le distingue pas bien mieux de plus près, même quand la cigarette s'embrase. Quelques boucles blondes, des yeux difficiles à cerner sous cette luminosité, un visage taillé à coups de serpe et sans aucun doute, une aura de mystère qui l'avait attirée jusque là. Sans pour autant dire qu'elle était venue vers lui pour une autre raison que celle de se trouver un nouveau but pour le reste de la nuit, le reste viendrait. Plus tard. Peut-être.

Nunzia, elle a toujours une musique dans la tête, quelques notes qui invitent à la danse ; si elle s'écoutait elle serait déjà en train de faire une arabesque ou autres pas grandiloquents du répertoire classique ou contemporain. Un grand pas pour occuper l'espace, un grand pas pour mettre l'air en mouvement sous sa propre impulsion, un mouvement de bras pour le capturer. Elle se retient sans cesse, parce qu'il est là, parce qu'ils sont là, ces regards propres à la rue. Dans les champs elle était tranquille, elle pouvait faire ce qu'elle voulait sans sentir le moindre poids sur ses épaules. A Milan elle a déjà tenté, et elle se souvient parfaitement des réactions de ses camarades, les rires de moqueries. On peut se moquer d'elle, mais pas de sa danse, pas comme ça, surtout pas lorsqu'il s'agit d'un mouvement pur du cœur vers le ciel et la terre. Et comme elle se retient, elle trépigne sans cesse, incapable de rester dans une même position plus de quelques secondes. Elle tapote du pied, agite ses bras, un petit pas par-ci, un petit pas par-là.

- Tou as besoin de te diiiis-traire ? Dit-elle avec un étonnement des plus sincères, presque choquée, tout en saisissant la cigarette. Se distraire, quelle drôle de notion. La vie est tellement riche selon elle, il y a bien trop à faire et à voir pour s'ennuyer. Tu t'ennouis ? Toujours sidérée, les yeux ronds.

Cigarette entre les doigts, elle renifle le tabac en premier lieu, odeur qui l'a surpris positivement, douce senteur de feuille séchée au parfum légèrement torréfie. Elle n'avait jamais fumé et cela ne lui parait pas si terrible tout compte fait, avec un tel fumet. D'une main elle repousse les mèches collantes en arrière, dégageant son visage avant de porter la cigarette à sa bouche. Fin prête à tenter le diable, elle rapproche alors son visage vers lui, nuque tendue et reins cambrés, d'une façon bien sensuelle dont elle n'avait aucune idée, aucune maîtrise. Le bout s'embrase, ses yeux rivés sur le petit bâton empoisonné et la flamme par crainte de se faire brûler, plutôt que dans ses yeux à lui alors qu'elle aurait enfin pu les distinguer. Il y a des priorités. Enfin elle recule, inspire une énorme bouffée de cet objet étrange qui flambe à quelques centimètres de ses lèvres rosées, sans prendre d'air frais en même temps. L'air embrasé s'engouffre dans sa gorge et la brûle, violemment. Avec précipitation, elle attrape la cigarette et l'éloigne le plus possible, la tendant inconsciemment vers lui, et elle se met à tousser tout le contenu de ses poumons, grimaçant de dégoût. En quelques secondes, elle se jura qu'elle ne fumerait jamais, et qu'elle ne comprendrait jamais ceux qui le font.

- PORCO DIO ! E Digustoso !


Un juron sorti naturellement alors qu'elle continuait de tousser. Cette petite scène très certainement comique pour lui répondit à sa question et elle préféra ne pas commenter. La crise de toux pris fin après une minute interminable, sans pour autant que sa gorge ne s'apaise. Elle la massa avec sa paume.

- No, c'était plous bien. Pas d'espacio, pas d'airé no.


Qu'elle illustre en faisant de grand mouvement de bras autour d'elle. Et comme si l'air des rues de New-York étaient agréable. Odeur de pisse, d'alcool, d'ordure, pollutions, c'est pourtant toujours mieux que là-bas dedans, un espace de liberté, de possibles. Elle est encore dégoûtée par l'expérience ratée et drôlement calmée, elle s'agite moins, sa peau est encore plus pâle. Mais elle se recompose plutôt vite et les envies d'ailleurs reviennent rapidement.

- Tou ne veut pas aller voir la statou della libertà ? Allez ! Dis !


Elle lui souri, ravie de son idée tout d'un coup. "Non" ne sera pas une réponse tolérée. Excitée de nouveau, et peut-être plus ivre qu'elle ne l'aurait cru, ou tout simplement euphorique comme ça lui arrive régulièrement elle attrape le poteau de signalisation juste là et tournoie autour en glissant sa main dessus.

- Emmèné-moi, per favore ! Je l'ai jamais vou.



@Iskandar Cohle
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Message Sujet: Re: La danza della realtà   La danza della realtà Empty Jeu 22 Aoû - 16:30

la danza della realtà × ft. NUNZIA & ISKANDAR

Les rencontres, cela ne s’explique pas, cela se joue ou se déjoue à la faveur des errances. Il y a des conséquences qui mordorent la nuit trouble, parce que entrechoquer des destins après une certaine heure entraîne des impromptus qui n’ont parfois rien de bien délicat. Alors quand elle apparaît, et quand elle s’attarde, sautillante dans cette fausse posture qu’elle ne parvient guère à tenir bien longtemps, les idées s’interdisent et pourtant elles se tissent. Bien malgré moi, les prunelles qui glissent sur les lèvres, puis les attentions qui l’entourent d’une brutalité sentencieuse. Si elle oscille, je ne bouge pas. Posture droite, posture hargneuse, qui chercherait à la repousser en plein jour et qui trace des attraits indéchiffrables dans le creux même des ombres. Ombres chuchotées, qui versent des désirs languissants au fil de son accent. Rond. Rond. Arrondi comme ces gestes qu’elle destine à une conversation étrange. Je devrais lui dire de se barrer. Je devrais. Je n’en fais rien, regarde ses pas, me demande ceux qui suivront quand une drôle de danse semble se nouer. Malgré elle, malgré moi. Les rencontres, cela ne s’explique pas. Je pince mes lèvres autour du filtre, le mords presque tout en n’ayant pas besoin de réfléchir longtemps pour lui asséner un plus grave :
_ On a toujours besoin de se distraire.
De fuir, de sortir de soi, de sortir des chemins tracés par d’autres, ou même par une histoire dont on ne se débarrasse pas. La notion lui semble hérétique, elle dévisage l’impiété, cherche à la scléroser. Je ne lui souris pas, mais une lueur quelque peu amusée s’inscrit dans mes iris sombres. Je n’épilogue pas, la jeunesse ne peut guère comprendre ce que signifie l’érosion même du sens. Du sens de l’existence. Tout comme l’aube ne peut rien devoir à la nuit. Je la laisse fumer son trophée obtenu sans avoir besoin de négocier, puis froisse le paquet vide dans ma paume avant de le balancer dans une poubelle déjà trop pleine, celles que l’on a toujours à l’arrière des bâtiments. Curieux ornement. Mes questionnements se suspendent à son petit manège, une inspiration dévale la courbe de ses reins qui se creusent, tout comme mes joues. Je clope toujours, mais je savoure autre chose, cette sensualité qu’elle exhale sans savoir qu’elle la manie. Tout du moins c’est ce que l’on pourrait croire tandis qu’elle joue avec ses allures, enfant, tentatrice, impure, puis si naïve. Surtout lorsque la grimace assortie de cette toux sans équivoque la possède. Un sourire, amusement passager, presque importun, vient naître devant ce tableau. Je lui offre un piètre secours, bouge à peine juste pour sauver la cigarette, la mienne étant terminé, le filtre retourne à ma bouche. Celui qu’elle a goûté. Et une inflexion dans le ventre m’indique que j’aime bien ça. Je n’ai pas particulièrement besoin de connaître l’italien pour comprendre le sens de son juron fleuri. Je susurre, moqueur :
_ Si tu le dis…
Et je savoure, je savoure oui, ses impressions brutales et la clope, la dernière. Le rapt aussitôt censuré, il n’aura pas fait long feu. Ce qu’elle a volé, elle le restitue, et j’ai presque l’impression que la collision s’arrêtera net. Un pas en arrière, un pas contraire, oscillation fanée. Disparition de l’ingénuité. J’inspire, l’incandescence suit le regard que je lui appose :
_ J’peux comprendre ça.
Manque d’espace et d’air, exactement ce qui m’a empêché d’entrer. Parce que lorsque le passé reparaît et que les horizons aux dessins de la canopée se glissent dans la tête, un petit bain de foule exaltée n’est pas le bon remède. La fumée expulse une sorte de soupir, au moment même où la proposition s’élance. Stellaire, l’enfant quémande, l’enfant chante. Le calme que nous avons si peu apprivoisé se voit chassé par les mots, et ce sourire qu’elle offre. Candeur face à une certaine stupeur. L’enfant tournoie, l’enfant se noie. Dans son euphorie qui ne parvient pas réellement à me gagner.
_ Qu’est-ce que tu racontes, gamine. Bien sûr que non, je ne veux pas aller voir la statue de la Liberté. Qu’est-ce qu’elle pourrait bien me foutre, la statue de la Liberté ?
Et l’enfant trépigne. Je secoue la tête, mais je sais quelque part que je vais céder, parce que ses danses infantiles et en même temps sensuelles ont des parfums chauds et boisés. De la canopée, qui protège l’ombre. Ils m’emmènent ailleurs. Loin des souvenirs, loin des enquêtes qui m’échappent, loin de la commission qui ne parvient toujours pas totalement à statuer quant à mon dossier. Vont-ils me laisser à la criminelle après ce grand fiasco. Vont-ils me juger et me mettre aux crimes majeurs, à l’anti-gang. Là où l’on finit toujours pas crever ? Cette perspective, annoncée de manière assez désinvolte par Hank me séduit plutôt. Il y a des désespoirs dans ces horizons-là. Des désespoirs qui me vont bel et bien. Traquer les Keys, à la section criminelle, ou à l’anti-gang, ce sera pareil. On se passera juste de ma gueule, on aura moins à fréquenter ces atmosphères que je plaque dans les bureaux. Certains se plaignent déjà, parce que ma réputation a fuité. Et on ne fait pas confiance à celui qui a tué. Passé de l’autre côté, on ne souhaite pas le reconnaître comme un allié. Alors les évasions nocturnes, avec la gamine en prime. Belle à crever, elle aussi. Je termine ma clope en silence, avant de rouler des yeux, une sorte de théâtre :
_ Bon… Je vais t’emmener pour que tu arrêtes de me donner le tourni. Juste pour ça.
Puis aussi parce que je ne veux pas la laisser seule, déambuler ainsi. Pas à cette heure-là, alors qu’elle est moitiée ivre, accents de l’alcool ou de sa joie, qu’importe. On ne traîne pas, en traversant Manhattan, en mode adulescente qui babille à tout va. Des pas déjà, une marche rapide, pour entamer une route sinueuse. Il va falloir gagner Canal Street, puis Church Street histoire d’éviter Broadway, même si sur cette section on est loin de la foule qui se masse à Time Square. Je balance mon mégot, et lui octroie un regard par-dessus mon épaule avant d’ajouter :
_ Allez, viens.
Appel, murmure. Appel, blessure. La tristesse passe sur mon visage comme un tempo frénétique. Cela disparaît assez vite. La ruelle se transforme en rue, droite, dégagée, il y a quelques traînards, mais qui remontent plutôt en sens inverse, les touristes se sont lassés de Battery Park à cette heure. On en déconseille l’accès à cause des trafics, mais bon, la gamine veut voir, alors elle verra. L’arrogance de la ville, portant son flambeau, illuminée dans les ténèbres, comme une balise pour les âmes perdues.
_ Je te préviens, on fait pas la tournée de New-York by night, je suis pas guide touristique. Tu n’as pas eu l’occasion d’y aller, t’es là depuis quand d’ailleurs ?
Regard de biais, marchant toujours, à proximité, mais sans totalement l’approcher, comme à distance. Distance respectueuse, mais distance envieuse quelque part. Le carcan se fait lourd à côté de la liberté. Sa liberté à elle, brutale, aussi brutale que mes jugements nihilistes. Cela secoue un peu, c’est une collision plus profonde que je ne croyais, alors la distance oui, la distance pour éviter de la condamner. Condamner la lumière aux ombres.
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@"Nunzia Baraterri" La danza della realtà 3794924939

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Message Sujet: Re: La danza della realtà   La danza della realtà Empty Dim 25 Aoû - 9:44

- Pas moa.

Elle hausse les épaules. Se distraire ? Se distraire de quoi ? Nunzia est la vie, avec ses errances, ses temps de pause et sa fougue. Il y a toujours à faire, à voir, à observer, ou à penser. L'incarnation d'une impétueuse vivacité, d'une curiosité sans limites, d'une jeunesse qui ne connaît ni les responsabilités, ni la souffrance, ni vraiment le bonheur d'ailleurs. Un sentiment d'égal quelque soit la situation, parfois exaltée, tantôt survoltée. Incrédule aussi, comme maintenant, alors qu'il reprend la cigarette qu'elle a laissé tomber entre ses doigts. Elle passe deux doigts sur ses lèvres, s'interrogeant sur une possible différence de nature entre lui et elle, ici ou dans ses poumons. Comment pourrait-il en être autrement ? Fumer, lui et tant d'autres, comment peuvent-ils aimer ça ? Brûlure qui continue d'envahir la gorge malgré toute la salive qu'elle peut envoyer pour l'apaiser. Sa main descend sur son cou pour le masser.

Et puis la vie reprend, la fougue s'empare à nouveau d'elle. Une autre idée sortie de son chapeau, ça ou autre chose. Puisqu'ils parlaient de liberté. Une statue. La liberté figée dans le marbre ou dans le bronze, qu'est-ce qu'elle en sait. Juste elle se demande, avec enthousiasme, comment cela peut représenter la liberté. Il dit non, mais elle sait qu'il va plier, il a l'inclination que ses parents n'ont pas.

- Jé ne suis pas une gamine, no ! Qu'elle rectifie cependant, avec fermeté et assurance, un brin effrontée même avant de le supplier de l'y emmener. Voir la liberté, qu'elle se dit, ça doit être quelque chose ! Elle répète ses derniers mots alors qu'il concède enfin. « Juste pour ça ? » En articulant à outrance et en s'appliquant bien sur la prononciation. Il est déjà parti et elle reste coi, parce qu'elle n'a pas tout à fait compris ce qu'il voulait dire, outre le fait qu'il acceptait de l'emmener. Une histoire de tournis. Ce n'est que lors de son rappel à l'ordre qu'elle se met en route, retrouvant son niveau en quelques bonds. Il marche vite, très vite, elle a presque l'impression de courir à côté. Mais elle suit sans discuter, s'adaptant à son rythme. Elle est loin d'ailleurs cette statue ? Elle n'en sait strictement rien, elle s'en moque même. Elle pourrait marcher des heures. Et lui il continue avec ce même ton suspect et ses regards en biais. Seulement l'ironie ce n'est pas facile à saisir quand ce n'est pas ta langue maternelle, déjà que sa crédulité habituelle lui rend difficile la détection du second degré.

- Ah oui ? Et pourquoi ça ? Quèss... Hmmm no... Tou es quoi alors ?
Et no, j'ai pas pu. Je suis à la... Ju-Julliard depouis quelques... mois ? Je veux être ballerina. Travail, travail, travail, si ?


Elle articule au mieux, et hésite souvent sur des mots plus difficiles que d'autres. Son accent chante tout de même, surtout sur les voyelles qu'elle fait si longues et rend si jolies. Son sourire s'élargit lorsqu'elle parle de son rêve, devenir danseuse. Les images de la scène reviennent toujours avec les sensations de son corps transcendé. Ballerina... Elle se mord la lèvre. Puis son sourire repart dans les songes, rangé avec les éphémères rêveurs. L'école n'est pas facile, personne n'est tendre avec elle. Elle travaille d’arrache-pied pourtant les reproches fusent toujours autant, implacables et douloureux. Tu es morte quand tu danses, Nunzia. Elle ne se laisse pas abattre, jamais, elle essaye de comprendre, de faire mieux. Pour le moment, ça ne paye pas. Elle sait que l'examen sera un moment de souffrance, face à un jury intransigeant pour seul public. Et puis il y a Damiano aussi, les professeurs s'entêtent à les faire danser ensemble alors que ça ne fonctionne pas. Elle ne s'envole pas, Nunzia, dans les bras de Damiano. Et il dit que c'est de sa faute. Néanmoins, ces troubles ne la rendent pas malheureuse, ni n'occupent son esprit de façon indésirable. Ils n'éteignent pas non plus son visage, ni n'y laissent une ombre. Parce que ne sont que des raisons de se battre, de se dépasser. Elle retrouve aussi vite sa joie et son entrain. Elle marche dans son ombre sans jamais la craindre, se tournant vers lui et ses regards en coin de temps en temps, lorsque le trottoir ne présente aucun obstacle. De grande enjambée, en grande enjambée, elle a réellement hâte de découvrir cette statue. L'impatience pointe même, finalement.

- Céééé loin ?



@Iskandar Cohle
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Message Sujet: Re: La danza della realtà   La danza della realtà Empty Lun 9 Sep - 19:04

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Détour sur la rive des songes, la nuit plonge dans un fastueux décor qu’elle semble faire sien à chaque pas qu’elle trace. Tressautement du corps, cisaillement de l’âme, voir cette jeunesse déshabillée de tout parjure fait mal. Il y a toujours de la mélancolie dans l’écrin d’un bonheur fantaisiste. Factice pourrait-on dire, mais même si ma propre vision délavée du monde et des êtres qui le peuplent l’entoure d’un linceul, les lumières qu’elle exhale font que le deuil ne dure pas longtemps. Dans son sillage, je pourrais tracer des errances. Peut-être, peut-être. Dans son sillage, je pourrais imaginer déambuler autrement. L’accent enchante, la nuit éclate, corps sculptural qui donne l’envie d’un parcours sans but et sans raison. Un désir à l’impiété qui brûle. Les certitudes s’envolent un peu, s’évadent de la prison qui les détient, sous ses pas il n’y a plus d’entraves. Ma posture est plus souple, et mon phrasé plus délié. Elle qui n’a pas besoin de se distraire et moi qui ai tant le désir de m’extraire des lendemains désenchantés. J’ai encore le parfum de Maxine dans mes imaginaires, et j’aimerais fuir les échos, les fautes qui ont pris le visage hideux de mots trop durs, réapprendre un langage où l’agressivité enfin exsangue pourrait se démunir un peu. Sous ses pas. Sous ses pas qui dansent. Je la regarde de biais dans la rue, pense à ses certitudes de petite fille perdue dans les méandres de la nuit. Âme noctambule aux côtés d’une silhouette insomniaque. Des nuits blanches pour tes desseins aux lignes de ténèbres. Ce sont les promesses que je pourrais te faire… Visage d’enfant, les espoirs qui sont encore incarnés dans tes mirettes. Virages. Virages. Des routes infinies dans tes yeux clairs, des routes infinies et des précipices qui se déguisent en rires. Elle n’est pas longue à me convaincre en vérité, parce que sa manière d’avoir ainsi froncé ses sourcils en se traitant d’adulte, ou plutôt en reniant les travers puérils dont elle fait preuve me harponne. Des déambulations après ça, et puis d’autres mots pour habiller l’incertitude d’idées arrêtées. Mon ironie lui est délicate, un matériau étrange qu’elle semble en permanence devoir appréhender. Rien que pour revoir ses questionnements dissidents, je pourrais tenir des discours implacables jusqu’au point du jour. Des discours implacables contre toi. Je secoue la tête, comme si la conversation se faisait à trois, elle, moi et mon peu de conscience.
_ Je suis juste un type que tu as rencontré cette nuit. Et que tu ne connais pas.
J’arque un sourcil, je marche toujours, et son pas suit le mien désormais que la direction des infinis nocturnes sont connus. Elle raconte, trébuche sur les syllabes, trait du langage charmant. J’ajoute, un brin moqueur :
_ Travail, travail, travail. Tout à fait. Il paraît que c’est l’élite qui danse là-bas.
Un regard de plus comme pour mesurer ce qu’elle pourrait valoir sur une scène, comme si j’en savais quelque chose. Je n’ai ni leurs codes, ni leur appétit pour cette brutalité dont on pare l’éducation du corps des femmes. Je ne lui souhaite pas bonne chance, il y a un rictus sur mes lèvres. Petite fille sage donc, bien rangée dans son décor. Je ponctue d’un ton assez tendancieux :
_ C’est qu’ils doivent avoir du courage, vu comme tu sembles incapable de rester en place. J’imagine que tu es différente, sur scène.
Dommage. Il y a dans ses élans presque empreints de rébellion un matériau brut qui me plaît. Qui donne des idées sourdes quand l’esprit cherche à étancher cette soif que les heures tardives finit toujours par creuser. Je désigne le parc qui étend ses ombres plus denses, quelques mètres plus avant. Non ça n’est plus si loin que ça, mais la statue se dissimule encore, elle s’épargne le voyeurisme des promeneurs nocturnes. Il faut se jeter à ses pieds, tout en bas de Manhattan pour s’éprendre de sa solennité. Et l'autre statue animée, fillette instable, me regarde bien trop, elle approche toujours, dans ses mouvements un peu disparates, alors je la cueille au passage, prends sa main, l’entraîne plus vite, plus loin :
_ Allez viens, gamine. On a pas que ça à foutre ce soir.
Ou peut-être que si. Quelques détours, l’orée du parc, un chemin plus ombreux, plus calme, trop calme en vérité. La ville semble taire son tapage. La ville semble mourir, mourir, d’un seul coup. Il y a une drôle d’intimité dans le silence, sa main dans la mienne, et mon regard qui revient traîner sur sa silhouette arrêtée. L'élan brisé. Point d'orgue.
_ Tu n’as pas peur j’espère. Je pourrais t’emmener n’importe où.
Sourire indocile, presque carnassier, je la jauge et la tance, je viens chercher ses élans car elle semble venir aiguiser les miens. Je serre sa main, ça n’est pas une menace, c’est plus un appel sourd. Puis je reprends une marche plus élégante, avant de lui dire, comme pour ménager le suspens :
_ T’es prête j’espère.
Parce que la toute première fois, c’est ce que cela produit. L’impact d’une majesté, même si elle s’est rendue triviale, même si elle fut bafouée, sur tous les supports qui soient. Même si elle est inscrite dans l’imaginaire d’un monde qui n’en peut plus de tourner, ça n’a strictement rien à voir, de la découvrir et de lui rendre des hommages étrangers. Langue chantante sur le versant de l’île où elle s’élève, un pas, un autre, on la distingue enfin, et tandis qu’elle peut y laisser s’enfuir ses émotions, plutôt que de regarder la statue de la Liberté que je connais par coeur, c’est elle que j’observe, c’est elle que je traque. Et les hommages maudits, dans l’écrin de la nuit, prennent des accents avides. Le chant, la danse, et l’implacable envie de voir ce qui saura la fasciner.
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Message Sujet: Re: La danza della realtà   La danza della realtà Empty Dim 15 Sep - 10:45

Son pragmatisme ruinerait le moral de n'importe quel croyant. Peut-être que c'est juste ça, il est juste un type qu'elle a rencontré, elle est juste une gamine qui s'est mise sur son chemin. Leur rencontre n'est le fruit d'aucun destin, un simple hasard pour personnes qui y croient, sans y voir milles conjonctions des astres. Là-haut dans le ciel, la lune n'a pas fait son apparition en sagittaire afin d'opérer leur confluence l'un vers l'autre, comme deux fleuves qui se chercheraient inconsciemment. Comme lui, mais de façon moins négative, elle croit au hasard. Elle lance les dés qui guident sa vie et ses pas, ce soir là les dés les ont amené à lui, sans qu'il y ait un but caché. De chaque rencontre elle apprend et grandit, mais de chaque rencontre, il n'appartient qu'à elle et à lui d'en extraire l'essence. Ils pourraient faire le choix de ne rien en faire, ou plutôt ils auraient pu car il est déjà trop tard. Cette rencontre a déjà eu lieu et se transforme désormais sans que ni lui, ni elle, ni le ciel ne puisse prédire l'avenir. Entre les lampadaires et le bitume, ils échangent, tout en se dirigeant vers l'endroit qu'elle a décidé. Du moins c'est ce qu'elle croit, il pourrait l'embrouiller et l'emmener où il le voudrait en réalité, lui mentir, la trahir. Elle ne pense même pas à cette option, jeune ingénue qui a décidé de croire en lui, qui ne comprend ni ses sarcasmes, si son ironie, encore moins ses déceptions.

Elle, elle s'imagine sur scène, rayonnante, habitée, incarnée même, sans discerner qu'il l'imagine éteinte, enfermée dans des pas trop étriqués pour elle, dans une chorégraphie inflexible et morose, manquant cruellement d'éclat. Ces chorégraphies, d'une manière inattendue, elle les sublime, les rend faciles. Elle s'y crée un espace de liberté suffisant pour briller, grâce aux émotions que lui procure tous ces regards posés sur elle. Il marque un point cependant, d'autres danses moins rigides, voire carrément improvisées mettraient d'autant plus en valeurs sa virtuosité. A séduire, à envoûter, à déchirer l'espace et le temps pour sublimer la danse, le corps et l'esprit. Elle ne le sait juste pas encore. Mais ils n'ont pas le temps de s'arrêter sur ce point, elle le garde en tête pour plus tard. C'est qu'elle n'a pas la patience de s'attarder sur son ton et ses mots dont la subtilité lui échappe à nouveau, la statue ne l'attend pas, Nunzia trépigne, comme si l'immuable risquait de disparaitre dans l'heure. Elle est tourmentée de ne toujours pas l'apercevoir et fait part de ses inquiétudes, de façon bien enfantine. Il lui montre quelque chose au loin dans l'ombre, qu'elle regarde, circonspecte, ne s'agissant visiblement pas de la fameuse statue. Il a dû sentir qu'il était en train de la perdre pour décider de l’entraîner plus vivement. Dans le creux de sa main, elle retrouve aussitôt son entrain, il n'avait pas fuit bien longtemps.

- No, pas gamine, qu'elle a juste le temps d'affirmer avec une candeur risible avant qu'il ne la mène.

Pour la première fois leur toucher se rencontre. Elle est si douce, peau de bébé immaculée, si pure et préservée alors que sa paume à lui est faite de sillons et de rides, marquées par le temps mais pas que. Il a la peau calleuse, elle aime bien cette rugosité, les reliefs qu'elle explore avec son pouce, timidement. Son derme est plein de surprise, loin d'une surface lisse et lassante. Il y a des blessures et des sourires qu'elle caresse du bout du doigt. Tout en courant derrière lui, au tempo qu'il lui impose. Elle sourit aussi car cela l'amuse. Et puis il s'arrête si soudainement qu'elle manque de lui rentrer dedans, à l'orée de ce parc où les réverbères ne pénètrent pas. Il fait si sombre. Oui, elle a peur d'un coup, ou plutôt le traque de ce qui va se produire ensuite. Elle ne lui avouera pas, il serre sa main et elle s'accroche à lui. Elle acquiesce et déglutit, il vient de créer en quelques mots une telle appréhension, un suspens démesuré. Et alors que son cœur bât et qu'elle s'ancre à lui comme si elle menaçait de flancher, il la lâche dans le vide.

Autour d'elle tout ne semble que néant, il n'y plus rien sous ses pieds, et les abîmes devant elle. Seulement au loin, l'autre rive scintille avec son reflet sur le miroir d'eau. Elle se sent d'un coup comme propulsée sur une scène vide, avec les projecteurs qui l'aveuglent. Pourtant l'instant d'après ce n'est pas elle l'étoile, la véritable scène est devant elle, majestueuse dame Liberté en protagoniste principale, elle, elle est dans l'ombre des gradins. Précieuse statue, tant attendue et enfin dévoilée. Au milieu du chaos sur son île, éclairée comme la star qu'elle est. Un petit « oooh » s'échappe de ses lèvres. Elle l'imaginait encore plus grande, sans doute parce qu'elle est au milieu de l'embouchure, loin. Sa peau frémit tout de même, de la découverte, de cette beauté étrange qui émane de la statue et trouble quiconque la regarde. Elle est si calme Nunzia à cet instant, elle se retourne vers lui, comme pour recueillir son approbation. Elle lui sourit fébrilement en remerciement. Les minutes passent dans un silence religieux, simplement à observer cette statue. Jusqu'à ce que le rire de la jeune femme ne vienne ne le briser, elle rit d'elle-même, à admirer une statue sans rien dire, même si elle est belle avec sa couleur cuivrée. C'est rien qu'une statue. Elle grimpe alors sur la balustrade, prenant la pose de dame liberté tout en rigolant toujours. C'est donc comme ça qu'ils imaginaient la liberté, cette simple représentation le bras en l'air ? Et c'est vers lui qu'elle regarde pour réaliser sa caricature. Ses mots pourtant sont profonds alors qu'après observation, elle trouve que la réalité rejoint ce qu'elle s'imaginait.


- Jé suis libre ! Qu'elle dit toujours euphorique et moqueuse avant de reprendre plus calmement et en lâchant la pose pour faire quelques pas de danse en équilibre. La statoue elle est comme moa, c'est la li-liber-té mais sans avoir droit bouger.

La seconde d'après elle est déjà ailleurs. Sur sa demi-pointe, elle fait monter son autre jambe jusqu'à son oreille avant de la refaire passer par le bas pour faire une arabesque dans son dos. Elle glisse lors de la rotation de son pied sur le garde-corps, manquant de tomber, elle se rattrape en s'asseyant sur le bastingage, dos au fleuve, l'air de rien. Elle le regarde sans s'attarder sur cette chute qui aurait pu se révéler dangereuse. Est-ce qu'elle réalise même que de l'autre côté il n'y a que les eaux troubles et dangereuses ?

-  Tu vienne-dras me voir... sur scène ? Sur scène, jé souis différenté ui. Tou serais sur-pris. Car elle croit qu'il la voit comme les autres, fade. Tu pourrais véniré... si tou n'as pas peur de tomber d'amour. Elle répète des mots qui ont été dit à son égard, un compliment fort elle le savait et qu'elle ne comprenait pas suffisamment pour le répéter avec exactitude. Une faute qui témoigne de l'inconnu. Elle ne sait rien de l'amour et tomber amoureux ne lui évoque que peu de chose, si ce n'est une expérience qu'elle souhaite vivre elle aussi, et tous ces films qui ne parlent que de ça. En réponse à son ventre qui fourmille, elle détourne le regard et fini en baissant d'un ton : C'est ce qu'ils disent. Ses joues rosissent dans l'intimité de la pénombre.
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Message Sujet: Re: La danza della realtà   La danza della realtà Empty Dim 13 Oct - 16:59

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Gamine, gamine, jolie gamine. La nuit improvise des stratagèmes pour te garder. Te garder tout contre elle, et t'étreindre. Le chant amer de la monstruosité qui s'est amourachée de la candeur de tes traits. Entends, entends, jolie gamine, les harmonies troublantes de tes évocations. Sur la courbe de ton accent, sur les lignes de ton corps, la sentence s'épanche pour mieux te rencontrer. Elle te murmure ses silencieux secrets. Dans l'étreinte du froid, des lueurs chamarrées, qui te laissent danser, danser, danser. Pour voir le monde sombrer dans l'onde des abîmes. Sous les doigts de la nuit, la fièvre suit ta peau, les frissons sont légers. Ils remontent l'échine, le velours d'une rencontre qui s'imprime sur ta nuque. Jolie gamine, jolie fille. Dans l'étreinte de la monstruosité, tu apprends à danser, et les chaînes se dissolvent pour peindre une autre liberté. Regarde, regarde. Sous l'onde opaque, le jour poindra, sous chacun de tes pas. Regarde, regarde, jolie gamine. Il n'y a plus que toi. Il n'y a plus que toi.

Quelque chose se passe, c'est comme une fracture, qui ébranle les os et les résolutions. Quelque chose se passe, au moment où la pulpe de son pouce rencontre ma paume. Un secret qui glisse sous l'affront d'une caresse, écho trouble de la tendresse. J'ai presque tout oublié, j'ai presque tout oublié. Et les battements sourds dans mes tempes semblent porter des ricanements pathétiques dans l'air. Sous la fièvre des pas qui s'envolent, la lourdeur d'un jugement. Qu'est-ce que tu fais ? Qu'est-ce que tu fais ? Il y a encore la saveur de ses lèvres sur les tiennes, et l'humeur effroyable d'un adieu. Je ferme les yeux, je ressens, le frisson et l'accablement. Comme si le sursaut de la tendresse charriait derrière lui tout un équipage de douleurs. Je le laisse caracoler derrière moi, puis lui rends son altérité tout en rouvrant mes paupières sur un monde où elle est. Là. Juste là. À regarder, à ressentir la stupeur d'une rencontre, et les rêves qui choisissent de s'envoler. Je les suis, le long de la ligne de son regard, puis reviens à ses lèvres qui ourlent sa candeur bousculée. Minuscule poupée qui regarde le temps lui murmurer l'aube de sa destinée. Il y a quelques accents tragiques dans sa rigidité, sa façon de sautiller sans cesse semble l'avoir quittée. Elle est en arrêt, la gamine, elle est là, elle n'a jamais été aussi présente qu'à cet instant-là. Impossible de s'échapper lorsque l'on rencontre ce dont l'imaginaire s'est abreuvé. C'est une contradiction, des cris, et une passion langoureuse qui remonte dans la gorge. Puis tout explose en un regard, alors qu'elle me sourit, avec une sagesse troublante. Je ne lui souris pas, mais je la vois, je la vois. Je ne peux me détacher de son profil, de son corps, de ses songes qui glissent sur son épiderme. Puis, il y a l'éclosion de sa joie, le silence qui se déchire, les pas qui l'emportent, et dans son sillage les miens, qui suivent irrémédiablement. Sur la balustrade en équilibre, mon sourire en coin, et mes pensées dissidentes. J'avance désormais, comme happé par les lueurs de l'île qui la nimbent, ainsi perchée, poseuse trompeuse. Jolie gamine, jolie fille, à l'accent enchanteur. Je secoue la tête, caricature charmante, presque charmeuse. Et pour une fois, mon ironie froide retient tous ses élans. Personne n'est libre, gamine, personne. Personne. Mais toi, tu peux encore y croire, sans doute, tu as ce mystérieux pouvoir qui te rend si attirante. Alors pourquoi vouloir l'étreindre jusqu'à l'étouffer ? Je garde mes mots, mon sourire est un peu plus appuyé, avant que je ne l'observe avec plus d'aplomb, tandis qu'elle se met à danser. Souplesse féline qui éteint mon sourire et vient creuser mes traits. Une sorte d'envie qui tranche l'apathie, et l'euphorie, élan implacable qui me laisse statufié à mon tour, à quelques pas seulement. J'attends qu'elle se stabilise, mes instincts me dictent de l'inviter à descendre mais quelque part, un interdit contraire vient s'apposer sur mes certitudes, qui cherchent à se jeter dans le vide grisâtre des eaux troubles. Troubles, les iris et la houle. Troubles dans le silence, immense. La ville dans mon dos, une toile tonitruante, face à l'hommage funèbre de sa silhouette virginale. L'invitation, qui glisse entre ses lèvres ourlées, et mes pas qui me portent jusqu'à elle, trop près, mais d'un côté si elle flanche, je pourrais la rattraper. Je ne lui souris plus désormais, j'inspire son odeur et les parfums entêtants de mes doutes. Elle parle, elle parle, mais ce ne sont que des mots, elle n'a pas la moindre idée du pouvoir qu'elle revêt. C'est ce qu'ils disent... Ce qu'ils disent... Les prédateurs autour d'elle. Les prédateurs comme moi. Ma main vient relever son menton pour qu'elle regarde et assume les contes qui frémissent sous sa langue. Mon timbre est plus grave et il y a une lueur dans mes yeux qui cherchent à la sonder :
_ C'est ce que tu veux ?
Je laisse l'ambiguïté s'installer, plonger dans les eaux sombres, et griffer les certitudes et les idées fragiles dans nos esprits contraires. C'est ce que tu veux ? Que l'on tombe amoureux de toi ? Jolie fille, jolie gamine, tu danses, tu danses, mais tu ne sais pas, de quoi se composent tes pas. Je souffle, mon pouce frôle sa lèvre inférieure. Sinueuse envie qui se grave.
_ Tu sais, je pense qu'on ne peut avoir peur que si on ignore ce que cela fait.
Ou si l'on a oublié. Je la regarde plus encore, et avec lenteur je laisse son visage à son entière liberté.
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Message Sujet: Re: La danza della realtà   La danza della realtà Empty Mar 15 Oct - 23:12

- Oui... Tout ! Je veux TOUT !

Puisqu'il a relevé sa timidité, elle le dévisage avec l'intensité et la force de l'effrontée qu'elle est capable d'incarner. Un timbre affirmé, qui revendique même, sans pouvoir imaginer ce tout. L'amour, la passion, les cris, les joies, les peines, les pleurs, les sourires, l'exaltation, la colère. Se laisser envahir, dévorer par ce tout, ne plus rien maîtriser, sombrer, se relever, aimer, aimer, aimer. Elle veut tout, alors qu'elle ne connaît rien, parce qu'elle ne connaît rien. Elle n'a pas la moindre idée de ce que c'est que de vivre tout cela. Ce que c'est que de vivre tout simplement. Sa vie était fade, rêvée, imaginée, des émotions sous cloches, un filtre devant les yeux. Tout est pastel, tout est doux, glissant, facile. Au milieu des nuances blafardes, son cœur en émoi qui se bât, qui réclame et que personne n'écoute. Il veut battre jusqu'à se rompre et s'écrouler. Elle veut que la scène s'étende jusque dans sa vie, la passion, la folie, mourir et renaître. L'explosion des sens. L'amour et la haine. L'inattendu et les déconvenues. Un chemin houleux et tout au bout, une fin tragique. Elle ne veut pas pas de cette vie tranquille, cette vie obéissante, cette vie chiante ! Sissonne, sissonne, entrechats, pas de bourrée. Elle s'exécute, encore, encore, sur ces pas imposés et dénués de sens, entre quatre miroir, sur les barres, dans cette prison de glace trop étriquée pour son âme grandiose. Pour son être qui réclame la lumière, la gloire, l'amour, les projecteurs. Ses pas à elle, elle les veut hasardeux, elle les veut en équilibre au dessus d'un précipice. Est-ce qu'il comprend ça ? Alors oui elle veut qu'ils tombent amoureux, lui, tous, et tout ce qui va avec. Même si... Elle ne sait rien.
Est-ce qu'il comprend qu'elle est aussi morte de trouille ? Parce que tout c'est trop. Et si tout lui tombait dessus, tout d'un coup, trop d'un coup ? Elle n'est pas prête, elle ne sait pas encore.

Son regard en émoi trouve son reflet dans le sien, qui a changé, qui a changé. Elle se laisse aller à l'écho de sa caresse fugitive, beaucoup trop courte. Elle se laisse enchanter par ses mots, par ses yeux et cette façon qu'ils ont de se poser sur elle, et puis tout son être qui semble lire entre ses lignes. Qui devine, qui devine. Elle est son écho, la lumière de son ombre, la tendresse qui caracole sur ses peines, l'incarnation de la vie dans son sillon chaotique, la raison dans son désespoir. Cette chose qu'il n'attendait plus, qu'il ne rêvait pas.

Pourtant alors qu'il la libère, elle s'échappe. Quelques pas guidés par la crainte de ses propres intentions. Elle n'est pas prête, pas encore. Elle le regarde en biais. Quelque chose a changé, dans l'air qui les sépare et qu'ils respirent ensemble. La charge électrique, l'intensité. Ensemble. Une fracture dans le ciel, une ouverture dans son cœur, un désir qui s'appréhende. Ensemble. Désormais elle sait pourquoi lui, pourquoi finalement, ça n'a jamais été lui ou un autre, mais bien lui. Juste lui, sa prestance, sa présence rassurante, sa présence créatrice, sa présence. Lui. Et le hasard qui n'en est pas un. Elle et lui, non pas destinés, simplement attirés, parce qu'elle est son reflet et lui le sien.

- J'ai un peu peur, et toi ? Elle n'avoue que ce qu'il sait déjà, dans un murmure, puisqu'elle a fuit. Elle ignore tout, bien sûr qu'elle ignore. Alors elle n'est pas sûre de ce qu'elle veut, de ce qu'elle est capable de réaliser. A part qu'elle ne veut pas qu'il parte, mieux encore qu'il reste avec elle et son pouce... Son pouce sur sa lèvre, son pouce contre son derme, la douce caresse, paume contre paume. C'est tout ce qu'elle connaît pour l'instant et elle en redemande. Ou bien... Sur sa joue cette fois ? Contre son ventre, pour en calmer les fourmillements ? Peut-être. Une nouvelle exploration. Elle veut, veut. Tout, mais doucement. Une explosion de couleurs, mais pastel, pour le moment. Elle n'est pas prête à les faire flamboyer, pas encore, pas encore.

Quelle va être ton excuse Nunzia pour renouer le contact maintenant que tu as fuit ? C'est lui qui a pris ta main, lui qui a pris ton menton. Est-ce que tu vas juste attendre et espérer qu'il recommence ? Qu'il retente alors que tu l'as fuit, lui et sa proximité ? Et s'il ne le faisait plus, et si tu avais rompu ce contact à tout jamais ? Elle panique soudain, face à ce désir nouveau et aux doutes qui l'accompagnent. Et si, et si. Et s'il ne ressentait pas cette même attraction. Cette attraction qui ne la préoccupait même pas quelques minutes plutôt, quand elle ne savait pas la reconnaître. La statue de la Liberté, prétexte précédant, n'existe plus, quel sera le suivant ? Est-ce que tu vas lui demander de faire le tour de New-York ? Pas très original Nunzia. Il avait promis qu'il ne le ferait pas, une exigence risquée et d'ailleurs, à quoi bon ? Puisqu'elle l'a là, éclairé par l'île dans ce square à l’abri de tout, des regardes, des autres. Elle l'a rien que pour elle, happé par ce pouvoir qu'elle ne maîtrise pas et même la grande dame derrière ne lui fait aucune ombre. Elle n'a pas besoin de le traîner dans tout New-York non. Elle a juste besoin de combler ce vide magnétique, cette fracture. Juste quelques pas, reprendre sa main.

- Dis, tu veux bien m'aider ? A quoi, à quoi Nunzia ? Quelle est ton excuse ? A répéter oune pas ? Loin dans un autre univers, celui qui n'appartient pas à lui, il y a des doutes et des hésitations, ce porté qu'ils n'arrivent pas à faire avec Damiano. Une belle excuse que de savoir à qui appartient la faute, alors qu'au fond, elle sait, ces portés provoquent parfois des choses, des sensations dans le corps viscéral. Ces sensations qui auraient plus leur place ici, entre eux, dans ce qu'ils partagent déjà, dans ce qui naît et ce qui s'augure que là-bas. Elle l’entraîne vers l'espace plat et ouvert, enfermant, enfermant cette main entre ses doigts graciles. C'est très simple no, il suffit que tu me soulèves dans les airs. Par là. Elle lui montre comment en posant en miroir ses propres mains sur la pointe de ses hanches et en le tenant fermement. Comme le professeur l'avait fait, dans ce langage qu'elle connaît bien, lorsqu'il s'agit de parler de chorégraphie. Sauf que... Ce n'est ni le professeur, ni Damiano qui font papillonner son ventre. Elle cherche son regard, l'air de dire : explique moi ce que je suis en train de faire ? Alors qu'elle devrait le lâcher, elle serre un peu plus. Alors qu'elle devrait s'éloigner pour prendre de l'élan, elle explore du bout des doigts. Le doigt glisse sous le tissu, découvre cette peau entre le T-shirt et la ceinture, une peau qui n'est pas différente de la sienne.

Je veux tout, mais pas trop vite.

Elle arrache ses mains, le cœur battant, le regard fuyant.



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Message Sujet: Re: La danza della realtà   La danza della realtà Empty Mer 16 Oct - 16:55

la danza della realtà × ft. NUNZIA & ISKANDAR

Si tu savais, petite fille, ce que ce mot revêt. Comme absolu, et comme imparfaits. La danse n’est plus exactement celle que tu connais, il y a tout, et rien à la fois, il y a le vide dans lequel se jeter, et la passion que l’on respire prompte à nous étouffer. Si tu savais, dans l’entre-deux étrange de ton exigence de femme-enfant, les songes diaphanes et les sensations brutes qui se disputent un corps qui apprend, un corps qui comprend. A chaque caresse sous les doigts, chaque parjure qui se grave dans ta voix. Il y a des mondes entiers dans l’exploration de la chair, des appétits affreux et des ivresses sans fin, des éternités à s’apprivoiser, s’apprendre, jusqu’à devenir le plaisir incomplet que deux amants partagent, ployer sous le prolongement des souffles assiégés, ramper pour quémander l’infini dans une bien trop courte volupté. Et vouloir recommencer, encore. Encore, et encore. Si tu savais ce que ce tout représente, ce qu’il pourrait donner. De toi, à moi, une sorte d’immensité, dont se parent les années. Le trouble d’une expérience, la peur qui se grave au seuil de ce dernier pas. Il n’y a plus qu’à céder. Je le sais avant toi. Je le sais avant toi. Et je crève de te l’apprendre. Te souffler dans le noir ce tout que tu demandes, plier devant cette volonté aveugle pour que tu la comprennes enfin. Et me souvenir de ce que cela peut avoir de délectable, de céder à mon tour. Si tu savais, si tu savais… Mais tu ne sais pas, et pourtant tu veux, tu veux tout. L’amour, et le châtiment approprié, les sensations qui rendent infirme, les hérésies qui rendent aphone, le partage, et cette foutue chaîne que l’on apprend à porter ensuite, quand le désir s’appose sur quelqu’un et y demeure quelques temps. Fiché dans les chairs, figé dans le sang. C’est ce que tu souhaites, n’est-ce pas ?

Ses joues s’empourprent, son ton s’envole, il y a la détermination que seule une nature indocile et vorace est capable de forger. Détermination aveugle et enflammée, elle m’atteint et me rembrunit car c’est un trait de caractère qui me plaît. J’ai toujours eu tant de mal à me plier à ces codes que l’on se plaisait à me dicter, les liens familiaux, les obligations du paraître, les voies toutes tracées. Je me suis enfui du berceau, j’ai troqué la forêt pour des champs de béton, et les liens délétères pour d’autres libertés. J’ai même su déserter un mariage que je ne pouvais plus supporter, abandonné mon masque de père estropié pour redevenir un homme qui ne peut que lutter contre le déchaînement de sa colère et l’apaisement qu’il souhaiterait rencontrer. Alors la voir ainsi se rebeller contre le système qui l’enferre, contre l’existence qui l’enferme, cela abandonne en moi des inflexions que j’avais choisi de taire, et de laisser pourrir. Quelque part, quelque part, le long du chemin tortueux de mes nuits torves, les envies se sont oubliées dans l’éther, langage devenu inconnu, l’apprentissage en est devenu violent. C’est comme une mémoire amputée qui se reconstitue à la suite d’un songe, tout paraît plus abrupt, tout paraît plus imparfait que jadis. Et cela me plaît. Oui, cela me plaît. Je ne peux que le laisser paraître, éclore sur mes traits, brûler dans cette introspection qui rend mes prunelles plus brillantes dès lors qu’elles lui reviennent. Ce tout qu’elle chante, il surgit des limbes, expose sa silhouette décharnée, et sa dégénérescence. Ce tout oublié, ce tout défiguré. Dans le sang. Dans le sang et dans la mort. Toute la densité de sa quête forge une détermination qui sculpte ma posture dans une attention animale. Personne, depuis des années, n’a su réveiller ce que j’avais tant souhaité voir crever. Personne… Est-ce parce que ton envie enflamme l’air, déconstruit le paysage pour apposer la virulence de coloris empoisonnés sur tout ce qui nous entoure ? J’inspire, je rêve, je vois. Elle. Moi. Et ce tout entre nous qui pourrait tout vitrioler. Les couleurs, le passé. Embraser le présent pour le rendre ne serait-ce qu’une seconde plus supportable. Tout, c’est sans doute trop. Ca n’est peut-être pas assez. Je la laisse s’enfuir tout en sachant que je saurai la rattraper. Les quelques concepts dictés par une morale désuète qui pouvaient encore me murmurer que je ne devrais pas demeurer auprès d’elle deviennent étrangers, je ne les considère plus que comme des bruits parasites, à peine reconnaissables. Ils s'éteignent sous le chant millénaire qu'elle vient d'amorcer. Son instinct fuyard aurait pourtant pu me permettre de renoncer, à l'artifice d'une rencontre, à la promesse d'un plaisir usurpé. Je devrais questionner ma légitimité, lui dire qu'elle pourrait tout avoir, avec n'importe qui, avec une rencontre de hasard, un sujet plus approprié. Mais alors là tessiture du chant changerait, et ce qu'elle irradie dans l'infini de cette seconde serait perdu à jamais. Car ça n'est pas un hasard et ça n'a pourtant rien d'une destinée. Car ça n'a rien à voir avec ce que l'on doit être ou ce que l'on doit suivre. Car ça ne concerne pas ce que nous aurions dû devenir, ça ne concerne qu'elle, et moi. Un seul lieu, un seul temps, pour entrecroiser nos silences et nos peurs. Et les transfigurer. Je la laisse prendre la juste mesure de ce qu'elle réclame sans rien ajouter. Le poids de mon regard continue de la sonder, comme pour laisser l'évidence l'atteindre si ce n'est pas déjà fait. Ce tout je te le donnerai. Parce que tu me l'as demandé, au bord du désespoir de tes jeunes années, à la marge de mes déambulations précipitées. Un autre néant en partage, ce tout qu'il nous faudra peupler. Le vent balaye nos murmures. Le mien s’évanouit juste après son aveu :
_ Je ne sais pas encore.
Si ce sera la peur ou la fièvre, les deux ensemble. Si elle finira par avoir peur de moi, ou si j’en finirai à craindre son pouvoir. Qu’importe. Ca ne compte pas. Ni dans la décision, ni dans l’émoi qui se suspend à ses impressions, qui modèlent ses traits. Je ne suis pas vraiment surpris de la voir revenir à portée, plus de la requête dont elle abuse à présent que nos évasions semblent terminées. J’opine, doucement, la laisse reprendre ma main, modeler cette envie qu’elle a su verser dans ma tête. Quelques pas, assez harmonieux, ma main demeure au repos, créature docile pour ne pas l’effrayer. Je hausse un sourcil quand elle explique, les mots font place aux gestes, les harmonies au trouble. Elle cherche un assentiment que je lui abandonne, le masque se fêle pour laisser fureter l’accent d’une douceur depuis longtemps avortée. Ses doigts qui s’attardent, l’envie qui apprend des accents indolents, avec la langueur de ses tâtonnements. La pulpe qui frôle la peau, je ne souris plus, je la laisse opérer puis s’effrayer de ses propres véléités. Je retiens son poignet, élan vivace mais léger, glisse une caresse du pouce sur la peau où les veines dessinent des cheminements empêtrés, et le tendon qui saille sous l’émotion. Tu ne fais rien de prohibé. Il n’y a que toi et moi, sur le fil acéré d’une décision déjà gravée, quelque part, lorsque tu as clamé ta volonté. Et tes envies de femme, qui laissent la petite fille effarouchée. Je romps le contact l’espace d’une seconde étudiée, avant qu’à mon tour je ne pose mes mains sur ses hanches, mouvement gracile, qui s’aventure sur le creux de sa taille, sur l’étoffe de son t-shirt tapageur. L’air nocturne qui embrasse le seul centimètre de peau à portée. Je souffle :
_ Comme ça ?
Je soulève un peu plus, pas son corps mais le tissu qui la frôle, pour laisser mes mains reposer sur cette nudité improvisée, à la lisière de son jean. Une pause, l’écrin des iris qui l’interrogent, qui l’appellent. Tu n’as pas à avoir peur. Ni de toi, ni de moi. Je ne connais même pas son prénom, l’évidence et l’onirisme s’entrechoquent dans une sensation distordante qui me sied plus qu’elle ne me dérange. Juste un homme que tu as rencontré, juste une femme évanouie d’une boîte de nuit. Toi, moi, le parc, et cet anonymat qui t’autorise absolument tout. Tout ce que tu voudras.
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@Nunzia Baratteri La danza della realtà 3794924939

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