Baby trying to stand down in the crowd Looking for a stranger.
T'es pas le plus drôle des hommes. L'humour ne te touche pas particulièrement. Ce qui ne t'empêche pas de rire ou de sourire à l'occasion, quand vraiment quelqu'un s'avère être très drôle. Ce n'est pas tellement le cas de la jeune femme à laquelle tu continues de répondre avec un certain sérieux, sans trop déceler les notes drôles dans son petit discours. Tu ne sais pas même si elle plaisante encore quand elle se raconte plus en détails. Qu'elle mentionne le peu d'allers et retours qu'elle a eut à faire à l'hôpital au cours de sa vie. T'es un peu surpris qu'elle ait envie de se raconter de la sorte sans te connaître. Mais il s'agit peut-être encore d'une plaisanterie de sa part, que t'es totalement incapable de piger. Tu pinces même un peu les lèvres quand elle semble rire de toi. T'es pas énervé et t'as pas encore même envie de ronchonner. Mais sa petite moquerie a quand même le don de te faire réagir. Lèvres pincées et sourcils qui se lèvent, tu continues de l'observer en silence. C'est vrai qu'on peut facilement perdre conscience de ce qui se passe autour dans ce genre de moment. Pour preuve, le coup qu'elle a reçu en voulant vous séparer. Tu ne considères pas pour autant que c'est tout à fait de ta faute.
Tu ne l'écoutes plus qu'à moitié dans ses petits discours qu'elle t'offre. Assez pour oublier de la regarder dans les yeux, rien que quelques secondes. Des secondes de trop apparemment. Sa vive réaction a quand même le don de t'arracher un bref rire. Quoi ? On t'mate jamais peut-être ? Que tu siffles, ironique. Elle ne va quand même pas crier au scandale parce qu'une seconde -ou plus ,t'es moins conscient du temps avec l'alcool qui te coule dans les veines- t'as laissé tes yeux errer sur ses seins. Qu'elle a d'ailleurs de très jolis. T'es pas allé jusqu'à faire un commentaire pervers. Et moins encore jusqu'à y glisser tes doigts. Tu ne considères donc pas avoir fait quoi que ce soit de répréhensible. Pourtant son regard courroucé semble chanter une toute autre chanson. Et ça a davantage le don de t'amuser que le don de te faire peur ou de calmer tes ardeurs. Il en faut plus pour ça. Tu prends d'ailleurs un peu plus tes aises en te calant le dos contre le dossier de ton siège et à ton tour, tu croises les bras sur ton torse. T'as l'ironie dans le regard et dans le sourire que t'affiches.
Le regard sévère, presque à l'image d'une institutrice en colère, elle repasse dans sa tête une multitude de souvenirs dans lesquels elle voit des yeux trop intéressés se poser sur elle. Dans la rue, à un premier date, en cours, après l'amour quand le souffle est coupé court par l'effort.
Bien sûr qu'on l'a déjà matée. Pas qu'une fois même. Elle a encore conscience qu'elle a un physique qui peut plaire à bon nombre, et faudra-t-il qu'elle l'avoue, mais oui, elle sait en jouer et ne s'en cache pas. Reste qu'elle adore afficher sa mine outrée lorsqu'elle surprend un regard se perdre dans un de ses décolletés qui se veut plongeant. C'est pourquoi, à la question, bien que la vérité soit toute autre, elle se contente d'hausser les épaules et de bredouiller :
- Bof, ça n'arrive pas si souvent. répond-elle toutes dents sorties.
Et avec un naturel qui lui est propre, elle lui lance un clin d'oeil rapide traduisant une décontraction déroutante. Enfin... à y réfléchir, en connaissant Robyn, ce n'est pas si étonnant. Les nouvelles rencontres ne l'empêchent en aucun cas d'être plus à l'aise que jamais, et du côté de son interlocuteur actuel, la décontraction semble également être au rendez-vous, autrement, ses yeux se seraient baladés sur autre chose que sa poitrine, pas vrai ? Et puis elle le voit bien se détendre peu à peu, elle croit même apercevoir l'esquisse d'un sourire sur son visage. Victoire. Ses bras se croisent, peut-être par simple mimétisme, et il se cale contre le dossier de son siège, donnant à Robyn, au contraire, l'envie de se décoller du sien pour se pencher légèrement au-dessus de la table. Devant-elle, son verre vide et la poche de glace qui n'a désormais de glace, que le nom. Son poignet douloureux, luisant légèrement en raison de la glace qui a été posée, ne la lance plus tellement, sûrement parce qu'elle a arrêté d'y penser, trop occupée à essayer de cerner le monsieur aux poings infernaux. Cette dernière tâche lui a d'ailleurs fait oublié un autre détail : la serviette qu'elle s'était enfoncée dans le nez pour stopper son nez qui pissait le sang. Rapidement, dès qu'elle s'en rend compte, elle porte sa main fonctionnelle à son nez, retirant la serviette en détournant le visage, histoire de ne pas dégoûter la personne qui lui a gentiment offert un verre.
- Génial, j'avais ce truc dans le nez depuis tout à l'heure, je devais avoir bien maline tiens ! Bah j'comprends pourquoi vous avez préféré regarder ma poitrine plutôt que de me regarder dans les yeux maintenant !
La classe à l'état pur. Enfin, au-moins son saignement de nez s'est arrêté, c'est toujours ça de gagner. C'est fou ce que ça absorbe bien les serviettes de bars. Mieux que les tampons hygiéniques des meilleures marques.
- Et ça vous gênait pas de me voir avec ça ? Vous auriez pu me le dire euh... oh attendez, vous vous appelez comment en fait ?
Parce que oui, elle s'est prise un vilain coup de coude, elle est tombée par terre, il est venu l'aider à se relever, il lui a offert un verre, lui a même amené une poche de glace, ils parlent depuis tout à l'heure mais elle ne connaît toujours pas son nom. Remarque, ça apporte une touche de mystère.
Baby trying to stand down in the crowd Looking for a stranger.
Plus le temps passe et plus t'as les sourcils qui se froncent, le regard toujours posé sur la brune qui te fait face. T'es bien incapable de la comprendre cette nana là. A vrai dire, tu ne comprends que trop rarement les femmes. Celles qui portent des tenues très sexy mais qui s'insurgent lorsqu'un regard de mâle vient se perdre sur les parcelles de peau découvertes. Elle même s'est parée d'un décolleté des plus plongeants. Et le moins qui puisse en être dit, c'est qu'elle a de quoi mettre en valeur à cet endroit là. Alors c'est tout naturellement que tes yeux sont venus s'y loger. Rien qu'une poignée de secondes. Déjà trop à son goût de toute évidence. Au vu de la remarque qu'elle ne manque pas de te faire. De ton côté, tu lèves les yeux au ciel. Et laisse s'échapper un soupir qui se veut las. Sa réponse ne te convainc pas du tout. Tu doutes fort être le premier à remarquer sa poitrine et à la mater sans vergogne. Quoi qu'elle en dise. Et ça explique même sa réaction. Son emportement immédiat et, selon toi, disproportionné. Quelques secondes supplémentaires et elle semble soudainement se rappeler de la présence de la serviette dans son nez. Qu'elle extirpe sans douceur. Le tissu est, sans surprise, trempé de sang. Pas de quoi te faire tourner de l'oeil. T'es habitué, toi qui perds constamment des quantités folles d'hémoglobines quand, comme ce soir, tu te bats avec ou sans raison.
Franchement j'ai vu pire. Que tu te contentes de répondre d'un ton traînant. Tu n'as aucune envie de t'attarder là dessus. Tu n'as pas envie de tourner autour de la question de cette stupide serviette plantée dans son nez sanguinolent. Et tu n'iras certainement pas prétendre que c'est uniquement à cause de ça que ton regard s'est égaré un peu plus bas sur le corps féminin. T'as besoin d'aucune excuse pour expliquer ça. Tu l'as fait, un point c'est tout. Joe. Pourquoi ? Tu comptes me rappeler ? Que t'ironies, franchement et ouvertement moqueur. T'as la sensation qu'elle est de cette minette qui provoquent ouvertement mais qui n'assument plus du tout une fois devant le fait accomplis. Alors tu songes que tu peux bien t'en amuser toi. Te foutre un peu d'elle et la secouer légèrement. Comme si le coup de poing qu'elle a reçu en plein visage quelques minutes plus tôt, pouvait ne pas suffire pour ça.
Il n'est pas dupe. Elle voit bien que sa déclaration, comme quoi elle ne se fait pas souvent reluquer, ne convainc pas du tout ; normal, ce n'était pas le but, n'importe qui aurait pu le deviner en voyant qu'elle en a fait des masses pour si peu.
La serviette imbibée de sang retirée de son nez, elle entend l'homme bredouiller qu'il a déjà vu pire ; et si lui a eu du mal à croire à la déclaration de la jeune femme -à raison, en ce qui la concerne, elle le croit sur parole. Rien qu'avec les coups qu'elle l'a vus distribuer ce soir, elle se doute bien que les altercations dans lesquelles il a déjà été impliqué ne se sont pas toutes soldées sur une poignée de main virile. Reste qu'elle ne peut s'empêcher de pouffer de rire avant de laisser échapper tout bas :
- C'est vrai que j'ai affaire à un guerrier.
Loin d'elle l'idée de l'offenser, c'est juste plus fort qu'elle. Et puis elle balaye cette taquinerie sans importance en lui demandant son nom. Question à laquelle il répond sans faire de manières. Joe hein ? Elle regarde son visage avec insistance pendant quelques secondes juste avant d'esquisser un petit sourire satisfait. Elle se dit que ça lui va étrangement bien juste avant de répondre à sa questions.
- C'est exactement ce que je compte faire, qu'elle lâche sans détour et en le regardant droit dans les yeux.
Une étincelle d'audace et de défi dans le regard. Elle a l'impression de jouer à un jeu, et s'il pensait qu'elle allait bégayer juste en raison de cette question, il se fourrait le doigt dans l'oeil. Elle est entrée dans la danse et compte bien la mener. Hop, la voilà qu'elle enchaîne.
- Sinon enchantée, Joe. Moi c'est Robyn, et si ça vous dit on oublie cette histoire de moi qui vous rappelle et on va directement autre part ensemble, là, tout de suite ?
La voix est mielleuse, le sourire angélique et le regard plein de sous-entendus. Elle n'a pas froid aux yeux et compte bien le montrer. Est-ce qu'elle est sérieuse ? Totalement. Est-ce qu'on va la prendre au sérieux ? Rien n'est moins sûr. Elle qui se contente de plaisanter depuis tout à l'heure, il se pourrait tout simplement que la demande tombe dans l'oreille d'un sourd.