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| Et comme le temps nous est compté (sally) | |
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| Sujet: Et comme le temps nous est compté (sally) Lun 5 Aoû - 10:10 |
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Et comme le temps nous est compté J'irai camper sur tes lèvres pour m'endormir à t'écouter tu as su, à l’instant même où tu as lu les quelques mots qui te prié de venir la voir, tu as su qu’il y avait quelque chose de grave. d’important. d’inhabituel. ça lui ressemble pas à sally d’être aussi grave, de dire ces mots-là. alors tu t’es fait des idées, en essayant de pas trop y penser, parce que t’aiment bien les surprises, surtout quand elle vienne d’elle. T’as tout de même imaginé quelque chose de grave, de bien plus grave que quand le petit Jack s’amusait à lui tirer les cheveux, ou de la fois où elle s’était fait voler son sac dans un de ces bars dans lesquels vous traîniez. ouais, quelques choses de bien plus grave, de plus important que tout ça, peut-être même quelques choses de sérieux, le genre de truc qui vous chamboule la vie, vous la perturbe, pour toujours. tu t’es préparé rapidement ce matin-là, inquiet, impatient d’en savoir plus, cette sensation désagréable qui agite ton cerveau, le fait imaginer mille scénarios possibles. T’as embrassé maman, Sierra et les autres, puis t'a quitter l’appartement familial coincé dans ta tour de béton, traverser la ville pour rejoindre l’agitation du Queens. tu l’as vu au loin, tu t’es approché, t’as déposé un baiser sur sa joue, une main dans sa tignasse blonde, puis tu t'es installé en face d’elle, le même sourire à chaque fois que tu la vois, à chaque fois que tu passes du temps avec elle. ce même sourire qu’elle a fait naître un beau matin de septembre, alors que tu n’étais qu’un gosse, qu’elle a pris ta main pour t’emmener dans son monde de soleils et de joie.
il faisait beau ce jour-là. ce genre de jour que l’on déteste ensuite. Ces jours ensoleillés, cette lumière haute, la douce chaleur d’un jour d’été. le genre de jour où’on oublie jamais.
métastase. “il ne me reste pas beaucoup de temps...”.
le sourire est resté figé, un instant. Arrêt sur image. comme si t’avais ton polaroid à porter de main. figé le sourire, figé les émotions, figé le cerveau qui ne comprend pas. on t’a jamais parler de ça. on t’a jamais parlé comme ça. tu comprends pas. tu comprend pas. et tu veux pas comprendre. elle va partir. et c’est bien plus grave que tout ce que tu as pu imaginer en voyant ces mots électroniques. elle va partir mais elle ne reviendra jamais. on ne parle pas de déménagement à l’autre bout du pays, à l’autre bout du monde, on ne parle pas de distance qui éloigne mais ne change pas les sentiments. on parle de quelques choses d’irréversible. un voyage dans un autre monde, sans jamais pouvoir lui parler, sans jamais pouvoir la voir, sans plus jamais pouvoir la serrer dans tes bras. tu réalises pas, à peine, le cortex prenant le pas sur le limbique, voulant à tout prix trouver une issu, une solution. “Attends, attend, mais il doit y avoir un traitement, une opération”, tu paniques, on le sent dans ta voix, dans ton regard qui cherche sans trouver une réponse dans le sien. on est en 2019, personne ne meurs comme ça aujourd’hui, personne ne s’en va pour de bon, pour de vrai. il y a toujours une solution pas vrai ? comme quand maman a voulu mourir, et que les docteurs ont tout de même réussi à la sauver. pourtant personne n’a pu sauver malcom. et personne ne sauvera Sally. “on va trouver une solution”, que tu finis par lâcher, le corps soudainement plus mou, le cœur plus lourd à porter, mais l’envie de ne pas abandonner, de ne pas subir la fatalité, de la sauver. de se battre.
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| Sujet: Re: Et comme le temps nous est compté (sally) Dim 11 Aoû - 17:22 |
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"viens, vite. c'est important." juste quelques mots virtuels envoyés comme une bouée à la mer. ces quelques mots ce n'est pas sally, ils ne sont qu'un ensemble de lettres qu'elle ne reconnait même pas. sally c'est les mots lumières, les textos remplis d’émoticônes qui représentent le soleil qu'elle aime tant, c'est les sourires à se déchirer la commissures des lèvres pour emmerder un peu plus la mort, la repousser à grands renforts de joie. ce n'est pas toujours suffisant, la maladie a gagnée sur son corps fébrile et l'heure est grave. elle ne peut pas mentir sally, le mensonge est réservé pour les personnes trop malheureuses pour être honnêtes. alors elle a envoyé ce message le coeur lourd depuis cette terrasse baignée de lumière. l'ombre ne tardera pas à venir tout gâcher. c'est juste un mauvais moment à passer, un déchirement éphémère qui va changer plus d'une vie. rio ne mérite pas de ressentir cette douleur, mais pour la première fois depuis de longues années elle doit se résigner à le faire souffrir. cette simple idée suffit à lui serrer la gorge. il ne faut pas beaucoup de temps avant que la silhouette de son soleil personne n'apparaisse dans la rue. il est inquiet, elle est angoissée, ils ne peuvent que se raccrocher l'un à l'autre. elle le laisse s'installer en silence, incapable de parler d'autre chose que du sujet principal. c'est les yeux embués qui parlent pour elle avant même que sa voix s'envole dans le ciel, comme son corps bientôt. « je suis malade, le crabe m'a eu. il ne me reste pas beaucoup de temps.. » les mots sont lâchés. ce n'est plus des jolis mots, des mots d'enfant qu'ils s'amusent à utiliser pour rester un peu plus longtemps dans cette enfance chérie. c'est aussi brutal que le visage de rio qui se fige sous le choc. elle veut pas sally le voir mal. elle refuse de se retrouver loin de lui pour le temps qui lui reste. elle refuse de mourir, de se laisser abattre, mais à cet instant elle a l'impression d'être à place de ce médecin qui lui a annoncé comme on annonce un vulgaire rhume. c'est un cancer, c'est grave. mais jamais de la vie elle ne laissera son genou plier au sol, jamais elle ne laissera la maladie l'emporter avant l'heure. rio panique sous l'annonce, tente de trouver une solution, quelque chose pour repousser l'évidence. c'est avec toute la douceur dont elle sait faire preuve que sally vient poser sa main sur celle de son ami, un simple geste pour lui faire comprendre la dure réalité. « il est trop tard pour les opérations, les traitements j'en veux pas. » les médicaments qui font vomir, qui rendent la peau boutonneuse, qui font tomber les cheveux. c'est superficiel, mais pour les derniers mois qu'il lui reste sur cette terre elle veut être jolie, plaire aux hommes, aux femmes, à rio et aux autres. « je suis encore là rio, alors on va en profiter tu m'entends ? » les paupières de sally viennent recouvrir ses pupilles pour cacher l'émotion qui grimpe en flèche, juste le temps pour elle de reprendre une respiration convenable, ne pas craquer pour contredire ses dernières paroles. quelques secondes défilent dans un silence religieux, un silence d'enterrement qu'elle compte fuir à tout prix. elle se redresse dans une longue inspiration pour poser sa main sur la joue de rio et déposer ses lèvres sur la seconde joue en signe de réconfort. elle n'aime pas le voir dans cet état, il est tellement plus beau quand il sourit.
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| Sujet: Re: Et comme le temps nous est compté (sally) Mer 28 Aoû - 18:02 |
| tes oreilles bourdonnent. tu n’entends plus vraiment le reste. tu n’entends plus les bruits de la ville, des verres qui claque, des chaises qui se traînent, des voitures qui passent, klaxonne. tu n’entends plus les rires, les discussions futiles des autres clients. tu n’entends plus rien. rien que le silence assourdissant, et cette phrase qui se répète encore et encore. et encore.
“il ne me reste pas beaucoup de temps.. “
c’est faux. Il vous reste toute une vie, des dizaines, et des dizaines d’années pour faire tout ce dont vous avez toujours parler, pour partager ces sourires, ces rires, ces pleure, ces souvenirs. pour s’aimer, se porter, comme vous l’avez toujours fait. c’est faux, elle se trompe, tu le sais. il lui reste bien plus que ça. une éternité. pourtant t’arrive pas à effacer cette phrase qui se répète, leitmotiv dégueulasse qui te pourrit déjà la tête. fatalité. qu’est-ce qu'il reste à faire ? qu’est-ce que tu peux bien faire ? Sally semble déjà loin. partie. accepte la sentence comme un condamné accepte de rencontrer son bourreau. mais elle n'a pas encore la tête tranchée Sally, elle n'a pas encore le cou tordu au bout d’une corde. et elle se trompe. il lui reste bien plus de temps. il lui reste tout le temps qu’elle veut.
ton cortex logique et calme cherche une solution. cherche et cherche, et cherche encore l’unique issu pour éviter cette fin tragique. tu vas trouver Rio. T’es intelligent, m'man te le répète encore. T’es malin, tu trouveras bien la solution de ce casse-tête, tu réussiras bien à la sauver. t’avances les premières suppositions sans vraiment écouter ses paroles, sans vraiment analyser sa réponse. il n'y a pas de traitement, plus d’opérations, des médicaments qu’elle refuse de prendre.
pourquoi sally ? pourquoi tu veux me quitter ? pourquoi tu veux pas te soigner?
Sally veut pas d’une solution, Sally refuse aussi cette discussion, tu le sais, le lit dans ses yeux, dans ses gestes, ses mots qui viennent mettre une fin à tes idées logiques. elle te veut toi, elle veut vivre, ne serait-ce que ces derniers instants, avec toi. et tu seras là. si son monde s’écroule, si elle tombe, tu seras là, toujours, pour la relever, l’accompagner dans sa chute. être le. juste être là. une main sur ta joue, un sourire tendre, un baiser qui rencontre ta peau. la douceur de Sally, les gestes qui serre le coeur, mêlée à l’émotion des dernières confidences, des regards, d’un monde qui s’écroule sans que tu ne puisses rien y faire. “J'vais trouver une solution sally”, tu secoue la tête, l’observe, un bras qui entoure déjà ses épaules, embrasse son front. tu vas trouver. il le faut. tu le dois. tu dois la sauver. même si elle ne veut pas, même si elle accepte ce que tu n’arrives même pas à concevoir, même si elle veut donner la main au destin, tu le refuses. tu la sauveras. coûte que coûte. “il y a forcément une solution”. |
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| Sujet: Re: Et comme le temps nous est compté (sally) Mer 28 Aoû - 20:50 |
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il est fort rio. assez fort pour supporter le poids de la maladie quand elle viendra frapper sally comme une biche sur une autoroute. assez fort pour chercher des solutions où il n'y en a pas. elle ne veut pas briser ses rêves d'enfant, détruire les illusions qu'il se forge pour se protéger face à l'annonce qui tombe brutalement. c'est dur pour tout le monde, pour lui, pour elle, pour le reste de ses proches. c'est comme si le monde entier s'était arrêté pour ralentir cette dernière année. juste un an pour vivre, c'est tout. douze mois, peut-être plus, peut-être moins. pour le moment elle peut encore vivre, sourire, embrasser le soleil pour le bénir au petit matin. l'astre de rio a perdu de sa lumière depuis l'annonce, elle s'en veut sally de lui infliger ça. elle n'aime voir aucune personne accablée par la peine, mais rio c'est insurmontable par-dessus tout. il est partagé entre la peur, la tristesse et la réflexion. elle a envie de lui hurler de ne pas s'encombrer avec ce problème, c'est seulement un gros détail qui ne doit pas les empêcher de vivre. la moindre seconde qui s'écoule est une seconde de moins dans le sablier de sally, il ne faut pas perdre ces précieuses secondes qu'elle veut passer avec lui, jusqu'au bout, jusqu'à son dernier souffle. la maladie peut bien la faire souffrir, jamais elle ne prendra les médicaments que les médecins veulent lui imposer, elle veut mourir belle. passer l'arme à gauche avec sa chevelure dorée qui la caractérise tant. crever le sourire aux lèvres, satisfaite d'avoir vécue des centaines de belles choses. son rictus doux comme offrande pour rio, le meilleur des cadeaux qu'elle peut lui faire avant l'adieu. il y a son bras qui passe autour de ses épaules, ses lèvres qui viennent rencontrer son front avec toute la tendresse du monde et sally qui laisse naturellement sa tête se reposer sur cette épaule solide, cette épaule sur laquelle elle pourra s'appuyer dans les beaux comme les mauvais moments. « je ne veux pas de solution miracle, ça n'existe que dans les contes de fées. » elle ne parvient même pas à ressentir une once de tristesse sally, elle a seulement cette envie pressante de bouffer la vie par les deux bouts, goûter à ce qu'elle peut lui offrir. elle n'aura jamais d'enfants, jamais de descendance ni même de villa immense, sa librairie finira rachetée par un gros entrepreneur, mais pas avant que ses deux yeux se ferment à tout jamais. l'odeur de sa meilleure épaule vient enivrer ses narines, lui donner une bouffée d'air frais alors que le monde gravite autour d'eux. « emmène-moi loin de cette foule rio, on va vivre maintenant. » parce qu'il devient le plus beau de la terre quand il affiche un sourire sur ses lèvres. la blonde se redresse avec le regain d'énergie que cette étreinte trop courte lui a apportée. les lippes étirées en un sourire elle lui tend sa main en signe de proposition. attrape ma main, viens avec moi, vivons jusqu'à ce que la mort nous sépare.
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| Sujet: Re: Et comme le temps nous est compté (sally) Jeu 12 Sep - 16:32 |
| tu comprenais pas avant, ce qui pouvait détruire le sourire des gens, un coup de fil, une annonce, et votre vie n’est plus jamais la même.
tu t’es tant de fois demandé quand tu’étais gosse, ce qui pouvait détruire les sourires aussi facilement, brisé les espoirs, mettre à terre le bonheur. tu te rappelles cependant, de la première fois où tu’as vu ce phénomène arrivé, le visage se décomposer devant vous, un cri effroyable et des pleurs à n’en plus finir. un coup de fil qui bouleverse, comme celui qu’Angie t’a passé, ce jour-là où Malcolm vous a quitté, la voix tremblante et la maudite nouvelle. tu te rappelles de cet instant où ta conscience à compris, que ton frangin ne reviendrait jamais, qu’il était mort et que ces choses la sont irréparables. tu te rappelles du sentiment, du poids lourd sur tes épaules et de cette boule d’angoisse qui t’étouffe, grandit et grandit encore et encore jusqu’à envahir complètement ta poitrine.
et bien cette sensation, cette même sensation t’envahit à l’instant où elle prononce les mots funèbres. À l’instant même ou le noir remplit ton beau ciel bleu, cache le beau soleil que Sally a toujours eu au fond de ses yeux. des nuages dangereux, un ciel qui tremble sous chaque mot, prêt à exploser. et tu le sais pourtant, tu le sais Rio, qu’il y a quelque chose de bien plus dangereux que tout ça, de bien plus dangereux que la mort, ou le cancer, ou toutes ces choses-là. l’espoir. celui qui te taraude, s’immisce dans chaque coin de ta tête comme une foutue tumeur, celui qui ne te quittera plus. l’espoir même de trouver la solution pour vous sortir tous les deux de là. pour la sauver, elle.
retour à la réalité, Sally t’assassine de sa voix forte, t’ordonne d’arrêter d’y croire, d’arrêter d’espérer, refuse les solutions que tu peux lui apporter. non. elle ne veut pas. non, vous n’êtes pas dans un putain de conte de fées. et c’est elle qui a raison, elle qui sait mieux que toi, elle qui a rencontré les médecins, les docteurs, les hôpitaux. elle sait. elle sait qu’elle ne veut pas de ces traitements, et toi, toi, tu ne comprends toujours pas . tu ne comprends pas pourquoi, pourquoi elle n’envisage pas de lutter, de survivre. pourquoi elle accepte si docilement son destin. elle n’a jamais été comme ça Sally, jamais du genre à se laisser faire, jamais du genre à se laisser abattre, à laisser les autres choisir pour elle. alors pourquoi ? pourquoi, pourquoi, pourquoi.
et tu comprends, soudainement, que tout ce dont elle a besoin à cet instant, c’est toi. sa tête blonde sur ton épaule, tu l’entoures de ton bras, pose ta bouche sur son crâne doré. elle veut vivre maintenant Sally, elle ne veut pas attendre les médicaments et les solutions miracles, elle veut que tu l’emmènes loin d’ici, loin de tout ça, des gens, de la maladie, de la foutue réalité. alors tu la serres un peu plus, les yeux clos tu respires le parfum de son shampoing, l’odeur familière de fleurs, le parfum d’un cocon sécuritaire et apaisant. tu la serres, la contre ton coeur, pour ne jamais, jamais, jamais, jamais la voir partir. “J'vais t’emmener Sally”, que tu promets, murmure contre sa peau, l’oeil humide, “on va aller vivre”, ailleurs, tout de suite, et maintenant. |
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