Sujet: How to save a life. (Owen) Lun 15 Juil - 2:20
✩ How to save a life.
Step one, you say we need to talk He walks, you say sit down, it's just a talk He smiles politely back at you You stare politely right on through Some sort of window to your right As he goes left, and you stay right Between the lines of fear and blame You begin to wonder why you came Where did I go wrong? I lost a friend Somewhere along in the bitterness And I would have stayed up with you all night Had I known how to save a life…
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Les réminiscences du passé qui reviennent, Les battements du cœur qui, à nouveau, se déchaînent, L’écume d’une âme déboussolée qui se perd un peu plus, qui s’échoue un peu plus.
C’est le bordel. C’est le bordel le plus complet dans sa vie depuis qu’il est revenu. Tout n’était pas évident, déjà avant. Rien ne l’a jamais été. Mais c’est son existence tout entière qui se retrouve si compliquée, désormais, bien plus compliquée depuis qu’Owen est de retour dans sa vie. Elle ne sait pas trop comment, ni pourquoi. Elle ne sait pas, par quelle force, il a pu redevenir une petite part de sa vie. Une place qui grandit de jour en jour alors qu’elle sait, elle, de moins en moins, où elle en est. Il y avait sa fille qu’elle avait besoin à tout prix de reconquérir. Il y avait son frère qu’elle voulait retrouver. Il y avait ses amis qu’elle avait réussi à se trouver. Il y avait même son amant pour chaque instant, de tendresse ou charnel, dont elle avait envie. Mais il a tout fait voler en éclats, Owen. Elle sent que sa vie est en train de lui échapper. Elle sent qu’elle peut facilement tout égarer, à commencer par elle-même. Elle ne parle déjà plus à Nikolaï. Elle a manqué de perdre Toby. Et Arya… Arya deviendrait complètement folle si elle apprenait qu’elle est retombée dans les bras de son père. De l’homme qu’elles s’étaient, silencieusement mais non moins solennellement, promis de ne pas laisser leur faire du mal à nouveau. Elle pourrait briser si vite, trop vite, la complicité qu’elle récupère peu à peu depuis des mois avec sa fille. Elle ne sait plus du tout comment se positionner dans sa relation avec Owen. Parfois, elle le déteste, d’autres fois, il la touche profondément. Puis, il y a ce désir, cette attraction qu’elle ne peut plus vraiment renier maintenant. La vérité, c’est qu’il sait atteindre ton cœur comme personne. Dans le bon, comme dans le mauvais, il est le seul capable de t’faire perdre tes moyens. Te faire oublier ce que tu penses, ce que tu veux, et tout ce qui fait de toi la personne que tu es. Et ça, ce n’est pas normal. C’est malsain ou, en tout cas, c’est dangereux. C’est dangereux pour son cœur, c’est dangereux pour son être tout entier. Elle refuse de se laisser anéantir une nouvelle fois par un homme, d’autant plus par celui qui l’a déjà fait une première fois. Elle refuse de se laisser bouffer par ce poison avec lequel il sait si bien la contaminer. Elle s’efforce, en cette fin d'après-midi encore, comme chaque jour qu’elle est loin de lui, d’oublier cet homme inoubliable. Ne pas penser à lui, se forcer à ne pas penser à lui. Ni à ses paroles, ni à ses gestes, ni à ce baiser qui a clôturé leur dernière rencontre. Et peut-être qu’elle va y arriver, enfin, en cette journée. Elle se trouve dans sa boutique, ouverte depuis peu de temps. Avec toutes les choses qui se sont produites ces dernières semaines, elle n’a pas même eu le temps de voir venir l’inauguration en fin de compte. Elle est en train de relire l’expertise d’un lustre datant de quelques siècles déjà lorsqu’elle entend le tintement encore peu familier de sa porte d’entrée. – Bonjour, je… Elle s’arrête net dans ses paroles. L’homme qui se trouve à la porte, elle le reconnaît. Elle le connaît. Elle n’aurait jamais pu oublier ce visage. C’est celui qui l’a agressée quelques temps plus tôt, pour lui réclamer l’argent de son créancier. – On dirait bien que tu sais qui j’suis. Elle sent les battements de son cœur s’accélérer, elle le sent prêt à exploser. La peur qui la submerge, elle essaie de garder contenance, les jambes pourtant déjà tremblantes. C’est pire encore quand il commence à avancer jusqu’à elle. – Écoutez, je… L’argent va arriver, et… – Il n’est pas censé arriver. T’es censée me le donner, entièrement, depuis des mois. Vingt-cinq mille dollars, ma jolie. – Vingt-cinq mille ? C’était… C’était vingt mille. – Tu oublies les intérêts. Allez, sors-moi ce qu’il y a dans la caisse. Il brandit soudain un couteau, un couteau immense dont il passe le bout sur son épaule dénudée. À l’endroit exact où il avait laissé sa marque, la dernière fois. Elle sent toujours son cœur battre à la chamade. La peur omniprésente, mais la panique disparue. Cela devient tristement une habitude, trop pour qu’elle puisse se laisser atteindre par la panique. Elle ouvre la caisse d’un geste rapide, mais fébrile, pour laisser apparaître deux mille, peut-être trois mille dollars à tout casser. – J’ai pas l’impression qu’il y a le compte. balance-t-il froidement en attrapant les billets. Il les compte sans le moindre scrupule devant une Cassey plus silencieuse que jamais. – Deux mille sept cent dollars. Tu sais ce que ça veut dire ? – Je viens d’ouvrir cette boutique, je… Je vous assure que ça va changer et… Aaaaah. Il vient de l’attraper par les cheveux. La tête penchée de force en arrière, elle lui laisse tout le loisir d’approcher de son cou. Elle peut sentir son souffle sur sa peau frémissante de terreur. – Tu sais, on pourrait s’arranger… Tu m’fais un petit cadeau et je dis au patron que je t’ai malmenée comme il le voulait. Elle le fixe, une lueur aussi effrayée qu’écœurée dans les yeux, alors qu’il vient caresser lentement sa joue. – Alors, t’en dis quoi ? – Tu peux crever. Qu’elle balance sans réfléchir, entraînant la colère de son agresseur qui la plaque violemment contre le mur derrière eux. – J’ai essayé d’être gentil. Mais si tu veux la manière forte…
Et tu te noies un peu plus dans l'océan de tourments de ta vie. Les flots de ténèbres dans lesquels tu t'es si facilement plongée.
Sujet: Re: How to save a life. (Owen) Lun 15 Juil - 16:25
✩ How to save a life.
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La main de son agresseur plaquée contre son buste, il la retient fermement contre le mur derrière elle pour mieux la piéger. Pour mieux la garder prisonnière de lui. Elle a le cœur qui bat si fort, Cassey, qu’elle a l’impression qu’il ne va pas tenir le choc. Mais elle conserve pourtant son calme, le calme de celle pour qui ce n’est pas la première fois. Elle sait qu’il ne peut pas la tuer, pas s’il tient à récupérer cet argent. Il est censé seulement lui faire peur. Mais, au lieu de la violence physique que son commanditaire lui a demandé d’utiliser contre elle, ce psychopathe est en train de dangereusement se rapprocher d’elle. Il est proche, si proche qu’elle peut sentir son haleine contre sa peau. Elle peut sentir l’emprise de son corps contre le sien. – J’vais peut-être m’amuser un peu avant de te faire ta peau, toi. Sa main remonte contre le cou de la jeune femme, de sorte que l’air commence à se raréfier pour elle. Elle ne peut plus parler, elle peut à peine inspirer. De son autre main, il est en train de glisser sa main sous le top qu’elle porte. Elle sent ses doigts remonter le long de sa taille. Cette fois, c’est la panique qui la submerge. Ce dingue est en train de profiter d’elle. Mais c’est trop tard pour crier, trop tard pour fuir. Elle est complètement à sa merci, elle est prise au piège. Elle ne s’attend à aucun miracle. Et pourtant, l’emprise contre son cou disparaît soudainement. L’inconnu se retrouve écarté alors qu’elle entend simultanément la voix si familière d’Owen retentir dans la pièce. Elle ne sait pas ce qu’il fait ici, elle ne s’attend pas à le voir, surtout pas maintenant. Il est, comme, une apparition surnaturelle qui vient subitement de bouleverser la situation. La première émotion qui la submerge, incontestablement, c’est le soulagement. Elle sent une vague d’oxygène revenir en elle, aussi bien métaphorique que réelle. Mais, très vite, ce sont de tous autres sentiments qui viennent l’envahir. La peur, omniprésente, surtout, qui la paralyse alors qu’elle voit son premier amour en train de se battre avec cet homme qui a un couteau. Il semble maîtriser la situation mais le combat n’est pas à armes égales. Elle voit soudain l’inconnu attaquer son sauveur au couteau, créant une mine effarée de la jolie blonde qui lâche sans se rendre du risque qu’elle prend le prénom de son ex petit-ami. – Owen, attention ! Tout ce qu’elle pense, là tout de suite, c’est le prévenir pour ce couteau qui approche dangereusement de son visage. Elle voit enfin le jeune homme se déséquilibrer sous les coups d’Owen avant qu’il ne tombe au sol. Une première fois, puis une deuxième. Il essaie encore de se battre, le dingue, mais l’emprise de l’amateur de boxe est beaucoup trop forte. Il a retrouvé le contrôle, au plus grand soulagement de Cassey qui approche d’un pas tremblant. Elle a l’impression que le duel a duré si longtemps alors qu’il n’a été le fait que de quelques secondes, une ou deux minutes au plus. Elle a encore le cœur battant quand elle arrive auprès d’Owen, pensant que la situation est suffisamment maîtrisée pour que tout s’arrête. Mais il ne s’arrête plus. Il continue encore et encore. Il paraît hors de tout contrôle alors qu’il assaille son adversaire de coups de pieds violents. – Owen… Owen, arrête, c’est bon ! Il va finir par le tuer s’il continue. Mais il ne semble même pas l’entendre. Elle finit par poser sa main contre le bras de son ex pour le forcer à reculer, l’attirer contre elle. – Reste là, s’il-te-plaît.Reste avec moi. Ce sont ceux-là, les mots qu’elle pense réellement, ceux qu’elle ne prononce pas. Elle part se blottir dans ses bras dans un réflexe instinctif. Parce qu’elle en a besoin, parce que lui aussi en a besoin. Au sol, l’inconnu commence déjà à se relever. – Tu sais pas dans quelle merde tu t’es foutu enfoiré. Et toi, tu viens d’empirer ton cas sale petite garce. Il ne perd pas de temps pour partir parce que, malgré ses menaces, il est salement amoché par les coups infligés par le jeune pompier. Désormais seule avec lui, elle est toujours dans ses bras, Cassey. Elle sent son cœur battre aussi vite que le sien, elle sent ses jambes si flageolantes qu’elle a l’impression que, si elle se détache de lui, elle pourrait à tout moment s’effondrer. Mais c’est lui qui a été le plus touché, c’est à lui qu’elle devrait penser à cet instant. Pourtant, elle n’y arrive pas. Pourtant, elle ne peut pas. Toute la peur refoulée depuis des mois, toute la terreur reniée depuis si longtemps, tout ressort subitement alors qu’elle s’effondre en larmes. – Je… Je suis tellement désolée… Qu’elle lâche, la voix tremblante autant que tout son corps, les sanglots qu’elle ne retient plus. Elle ne sait pas pourquoi elle s’excuse, tout est allé si vite, tout est encore si confus. Elle sait juste qu’elle est en train de perdre pied, Cassey. Et, à cet instant, il n’y a qu’une seule chose à laquelle elle peut se raccrocher… Et c’est lui, Owen.
Sujet: Re: How to save a life. (Owen) Mer 17 Juil - 15:01
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Le cœur battant à tout rompre, elle ne peut pas le calmer. Elle n’arrive pas à se calmer. Elle vient de vivre, sans doute, l’un des moments les plus terrorisants de sa vie. Elle n’a jamais connu une situation pareille, elle savait que c’était horrible. Mais elle se sent affreusement mal, plus qu’elle ne l’aurait cru alors qu’elle a pu être épargnée, contrairement à d’autres qui ne l’ont pas été. Elle a l’impression de n’avoir été qu’un objet, un pauvre jouet entre les mains de ce monstre. Et ce serait sûrement bien pire si personne n’était arrivé. Ce serait bien pire s’il ne l’avait pas empêché de continuer. Il l’a sauvée, Owen. Il l’a sauvée de l’une des choses les plus affreuses que l’on peut subir. Il ne peut pas imaginer à quel point elle lui en est reconnaissante. Elle non plus, elle ne réalise pas. Elle ne se rend pas encore compte. Tout ce qu’elle ressent est si brutal, si prenant. C’est comme si elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. Tout son être tremble contre le corps rassurant de son ex petit-ami. Contre ses bras protecteurs qui la serrent avec toute la force qu’elle, elle n’a plus. Cette sensation qu’elle pourrait s’effondrer à tout moment s’il venait à la lâcher. C’est ce qu’il fait, pourtant, quand son agresseur parvient à se relever. Comme un mur pour la garder hors d’atteinte, il se met entre eux alors que Cassey recule contre le comptoir de la boutique pour se raccrocher à quelque chose. Elle assiste, impuissante, à l’échange de menaces entre les deux hommes. Mais il ne sait pas, Owen. Il ne sait pas l’engrenage terrible dans lequel elle se trouve. Il ne sait pas qu’elle est prise au piège depuis longtemps, depuis des mois. Il ne sait rien. Personne ne sait rien. Elle a voulu gérer ce problème toute seule. Elle a voulu s’en sortir seule, simplement parce qu’elle s’y est plongée toute seule. Mais tout cela est en train de la dépasser. Tout cela devient beaucoup trop pour elle. Le corps encore tremblant, elle se retrouve dans les bras de son premier amour à nouveau. Elle ferme les yeux, pour tenter de s’apaiser, pour le laisser, lui, l’apaiser. Il prend son visage entre ses mains comme pour capter son regard effrayé, plus effrayé encore quand il se met à parler de la police. – Non… Non, je veux pas. Elle ne peut pas. Elle n’est pas seulement une pauvre victime qu’il a voulu au hasard. Elle devra expliquer aux policiers comment elle en est arrivée à se retrouver dans cette situation. Elle devra leur parler de l’homme à qui elle doit de l’argent. Et, cela, elle ne le veut surtout pas. Il s’en prendrait à elle. À ses proches. À Arya. Non, il en est hors de question. D’autant plus que Nikolaï risquerait de le découvrir étant donné sa place dans la police, et ça, c’est non aussi. Elle déglutit difficilement en voyant Owen s’éloigner... Elle ne veut pas qu’il s’éloigne. Elle sent à nouveau cette panique qui revient. Mais elle ne dit rien. Elle doit se calmer. Son agresseur est parti, il ne reviendra pas. Pas tout de suite en tout cas, elle le sait. Elle regarde son ex s’éloigner jusqu’à l’entrée de la boutique avant de poser les yeux sur les lieux. Sur les débris de ce vase à cinq cents dollars. Presque inconsciemment, elle se laisse tomber au sol pour les ramasser. Totalement chamboulée, elle ne sait plus où elle en est, elle est déboussolée. Mais cela la calme, un petit peu. Le fait de se concentrer là-dessus l’aide à ne pas penser à ce qu’elle a subi, à ce qu’elle a failli subir. La voix d’Owen se fait finalement entendre. – Ce n’est pas la peine… Ça va. Je vais bien. Non, elle ne va pas bien. Elle est complètement désorientée, elle est perdue dans ses pensées. Elle sent encore l’emprise de cet homme sur elle. Mais si elle y pense, si elle en parle, elle n’est pas sûre de pouvoir gérer.
Sujet: Re: How to save a life. (Owen) Jeu 18 Juil - 0:24
✩ How to save a life.
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À terre, les genoux à même le sol, la jeune femme se concentre sur chaque petit débris du vase détruit qu’elle ramasse comme si c’était la seule chose qui importait. Le déni, toujours, ce foutu déni. Elle se focalise sur ces morceaux de porcelaine brisés pour oublier son propre cœur brisé. Oublier ce qui vient de se produire, ne pas y penser, pas maintenant. Pas tant que le souvenir ne sera pas si vif, si destructeur. Elle a les mains qui tremblent mais elle continue, elle continue jusqu’à ce qu’Owen revienne à elle pour l’obliger à se lever. Elle laisse tomber ce qui reste de ce foutu vase dans la poubelle près du comptoir avant de se résigner à se laisser faire. Elle suit celui qui l’a sauvée jusqu’au tabouret sur lequel il l’incite à s’asseoir. Elle ne prononce pas un mot, pas un seul. Elle secoue la tête de gauche à droite lorsqu’il lui propose de l’eau. – Non, merci. Elle se fait silencieuse, mutique. Elle peine à parler avec cette boule si douloureuse qu’elle a dans la gorge. Elle a l’impression que, si elle fait un effort trop important, elle risque de s’effondrer en larmes. Et elle ne le veut pas. Son regard se pose enfin sur Owen alors qu’il lui propose de payer les dommages collatéraux… Comme si c’était ce qui comptait, là tout de suite. Comme si c’était ce qui la préoccupait. – Non, c’est pas la peine. Ça valait pas grand-chose. Ce n’est pas vrai. Seulement elle ne veut pas lui causer plus de tort. Puis… Puis, il l’a sauvée. Il l’a vraiment sauvée. Sans lui, cet homme aurait réellement abusé pas d’elle. Il ne se serait pas contenté de quelques caresses, il l’aurait violée. Alors… Non, elle n’a vraiment pas besoin qu’il lui offre quoi que ce soit. Il vient de lui donner quelque chose qui n’a pas de prix. Elle voudrait lui exprimer sa reconnaissance, Cassey. Elle souhaiterait qu’il sache combien elle est soulagée qu’il soit arrivé avant… Avant que sa vie entière ne bascule. Mais elle n’a pas les mots. Elle se contente de le regarder, ses deux grands yeux bleus plus clairs que jamais, brillants de larmes. Elle le regarde alors qu’il s’accroupit devant elle, ses mains sur ses genoux. Sa présence lui fait du bien. Lui, il lui fait du bien. Elle entrouvre les lèvres pour parler, mais il le fait trop vite. Et ses mots… Ses mots ne sont pas ceux qu’elle aurait espéré entendre. – Lui ou un autre… laisse-t-elle échapper, sans s’en rendre compte, presque pour elle-même. Car elle le sait, elle. Elle sait que son créancier lui enverra simplement un autre psychopathe à ses trousses. Elle sait que, peu importe si cet homme est arrêté, il y en aura un autre. Il y en aura toujours un autre. Jusqu’à ce qu’elle, elle ne soit plus. – J’peux pas appeler la police, ça… Ça ne servirait à rien… Et elle ne peut plus retenir les larmes qui s’abattent sur son joli visage. Elle ne les retient plus, tout comme elle ne se retient plus du tout elle-même. – C’est ma faute, Owen… Tout ça, c’est ma faute.
Sujet: Re: How to save a life. (Owen) Jeu 18 Juil - 21:27
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Ce n’est pas quelque chose qu’elle a un jour imaginé vivre. Ce n’est pas quelque chose qu’elle aurait pu envisager, jamais. Elle vit à cent à l’heure, Cassey. Elle vit dans le danger, dans l’inconscience. Elle n’a jamais été une personne prudente, ni même bien raisonnée ou raisonnable. Elle n’a jamais imaginé ce qui pourrait se passer. Elle s’est toujours contentée de vivre au gré de ses envies, suivre ses instincts, sans jamais se poser de question. T’es un oiseau libre, Cassey. Tu l’as toujours été. Affranchie de tous les hommes, t’as toujours volé de tes propres ailes. Mais t’as l’impression qu’on vient de te les couper. Arrêtée en plein vol, elle se sent tellement perdue, tellement déstabilisée. Elle a le corps qui tremble mais c’est son âme la plus secouée. Trop chamboulée pour réaliser ce qui s’est passé, elle se laisse faire par l’homme qui l’a sauvée. Elle ne proteste pas quand il la pousse à se relever, elle ne bronche pas quand il l’incite à se relever. C’est à peine si elle répond à ses paroles. Jusqu’à ce qu’il insiste pour la police, qu’il insiste beaucoup trop. Les murs qu’elle a construit autour de ce secret commencent à défaillir, autant qu’elle, quelques secondes plus tôt, quand elle a perdu pied. Elle ne sait pas si elle peut le maintenir debout encore longtemps, alors qu’elle a le sentiment d’être déjà au sol. Les mots d’Owen lui viennent sans qu’elle ne les comprenne. C’est comme s’il parlait une autre langue. Elle l’écoute mais elle ne l’entend pas, Cassey. Elle commence à sentir l’émotion la submerger en même temps que la panique. La culpabilité, aussi. Le sentiment affreux d’être responsable de tout ce qui lui arrive. Car tu l’es, tu sais que tu l’es. T’aurais pu éviter tout cela. Mais t’en voulais plus, t’en veux toujours plus. Jusqu’à ce que tu perdes tout. Elle n’est pas atteinte par les tentatives de son interlocuteur pour la rassurer mais, par contre, elle l’est davantage quand il essaie de la raisonner, lui dire qu’elle n’est pas fautive. Si elle l’est, bien sûr qu’elle l’est. Mais, ça, il ne le sait pas. Toujours blottie dans ses bras, alors qu’il fait tout pour l’apaiser, la jeune femme se recule doucement. – Je te dis que je le suis ! Elle se relève brusquement de son siège, comme si elle avait besoin de respirer. Tu te sens étouffée. Écrasée par ce secret qui devient trop lourd pour tes frêles épaules. Trop lourd pour toi toute seule. – Je n’ai pas été agressée par hasard, Owen ! Ce mec, je lui dois de l’argent ! Pas à lui, pas précisément. Mais tout est encore trop confus pour qu’elle puisse se montrer bien claire. Pas de place pour les réponses logiques et argumentées, il n’y a plus que ses émotions qui ressortent. Brutales. Violentes. Foudroyantes. – Il est venu réclamer vingt-cinq mille dollars ! Vingt cinq mille dollars que je dois à son patron ! Alors tu vois, il pourrait bien finir en prison, il y en aurait un autre qui reviendrait ! Ça ne s’arrêtera pas, ça ne s’arrêtera jamais… Elle recommence à pleurer. Les cris qui s’mêlent aux sanglots, les pleurs qui s’ajoutent aux hurlements. Elle ne sait plus se contrôler, Cassey. Elle laisse tout échapper, tout ce qu’elle a retenu durant des mois, tout ressort sans qu’elle y soit préparée. Sans que lui non plus, sans doute, n’y soit préparé. Mais t’es comme ça, Cassey. T’es comme un tourbillon. Un joli tourbillon qui finit toujours irrésistiblement par tout détruire. Fatalement.