te voler quelques baisers (vax)

jeudi, vingt heures. vanille est allongée dans son lit, les jambes au-dessus là tête, à faire la chandelle contre le mur en dévorant un recueil de nouvelles d’emily brontë. he’s more myself than i am. whatever our souls are made of, his and mine are just the same. elle murmure ces deux phrases à voix haute, conclusion de l’histoire qu’elle vient de dévorer et soupire de bien-être. les sœurs brontë parlent comme personne à son âme romantique et rêveuse, et c’est d’un geste songeur et encore emprunt de la douceur de son bouquin que vanille s’allume une clope, tirant dessus sans trop y prêter attention. ça fait bien longtemps qu’elle a arrêté de se demander si sa consommation de tabac est excessive. elle mourra d’autre chose, autant profiter de la certitude que c’est pas un cancer du poumon qui aura sa peau. entourée de bougies aux senteurs entêtantes et de piles de bouquins en cours de lecture – vanille adore jongler entre les ouvrages – elle a prévu de passer une soirée en tête-à-tête avec elle-même, loin de l’agitation qui règne à l’extérieur de sa chambre. ses colocataires ont encore invité des potes et elle n’est pas du genre à s’en plaindre mais ne compte pas non plus les retrouver dans le salon. pas ce soir. elle n’entend pas son portable vibrer et ne découvre le message de jax qu’une demie-heure plus tard, alors qu’elle se penche par-dessus un tas de livres pour chercher son chocolat chaud, qu’elle a dû poser parmi le fatras. elle parcourt les quelques lignes rapidement, retour à la réalité. ce message qui lui rappelle cette relation hâchée avec un mec bien trop compliqué, qu’ils ont mis en pause ces dernières semaines. qu’il a mis en pause, plutôt. vanille, elle est moins du genre à se prendre la tête et ne se pose pas tant de questions quand il s’agit de se blottir dans les bras muscler de jax. elle ne sait pas vraiment comment ils se sentent l’un par rapport à l’autre, mais elle est sûre d’une chose, les baisers et les caresses qu’ils s’échangent l’étourdissent plus qu’avec beaucoup d’autres. elle n’hésite pas un instant, toute à la joie de passer un moment en sa compagnie – car en plus de leur relation charnelle elle apprécie leurs conversations – et attrape un jean bleu, un pull jaune et des tennis blanches. relève ses cheveux en un chignon rapide. pas de maquillage, elle sait bien qu’il n’est vraiment pas le genre à se formaliser. elle est contente qu’il se soit enfin décidé à la recontacter, se demande un instant si son silence radio peut vouloir dire qu’il a eu une copine, pendant ces quelques semaines passées loin d’elle, puis chasse cette question de son esprit en secouant la tête. bien sûr qu’il y a d’autres filles. et il a bien raison, vanille est éphémère par nature. un an et puis s’en va. mais c’est aussi une raison de plus de se voir plus souvent, se dit-elle en claquant la porte de chez elle, se dépêchant de descendre les escaliers. jax, il est du genre à s’endormir avant qu’elle arrive et à la laisser dehors, alors elle presse le pas pour s’assurer qu’il sera toujours éveillé à son arrivée. dix minutes de marche, encore une volée d’escaliers et elle se retrouve face à la porte d’entrée. la sonnette est cassée, comme d’habitude. rien ne semble avoir changé. elle toque doucement. puis plus fort. pas de réponse. elle fourrage sous le paillasson, il arrive à jax d’y laisser une clé quand il risque de ne pas être rentré à son arrivée. mauvaise pioche, impossible de mettre la main dessus. vanille sort son portable et s’apprête à l’appeler pour tenter de le réveiller, bien décidée à ne pas rebrousser chemin. après tout, c’est lui qui l’a appelée. et elle a bien envie de le voir parce qu’après tout, elle ressort souvent de chez lui très heureuse. il lui apporte presque la paix.

pas de réseau. le vieux portable que vanille tient dans sa main affiche fièrement zéro barres mais elle s’entête, gesticule pour essayer de choper une onde qui se baladerait, elle sait pas trop comment ça marche, tout ça. pas une experte en technologie, la jolie. heureusement que vanille est d’un naturel positif, ça aurait découragé plus d’une conquête. elle murmure tout de même dans sa barbe qu’il a intérêt à ouvrir si il veut pas qu’elle hurle son prénom dans le couloir, au risque de réveiller tout le voisinage. ah, ça y est. des bruits de pas qui s’approchent et le voilà devant elle, nonchalant et mal luné comme à son habitude. elle lui décoche un petit sourire moqueur, pas impressionnée pour un sou. se détourne un bref instant, des bruits de pas dans l’escalier les interrompent dans leurs effusions – pas qu’ils se courent dans les bras, mais ils se disaient quand même un bonjour à leur façon. c’est une vieille voisine de palier, qui les dévisage d’un air de ne pas savoir quoi penser de la petite scène qui se joue dans le couloir. vanille lui souhaite le bonsoir de sa voix cristalline, amusée de se dire que cette rencontre fortuite sert sûrement les intérêts de jax. elle a remarqué, les rares fois où ils sont sortis de chez lui en même temps – pas vraiment ensemble, en même temps – qu’apercevoir le colosse en compagnie d’une jeune fille, polie et souriante de surcroît, semble légèrement les rassurer sur le fait qu’il n’est pas sociopathe. faut les comprendre, le language de jax n’est pas parlé par tout le monde, rares sont ceux qui savent que derrière cette montagne de tension et d’hostilité quasi palpable on peut avoir affaire à une personne intéressante et presque agréable, quand on cherche bien. j’espère au moins que t’as mis des jolis sous-vêtements ? "t’en fais pas pour ça." qu’il découvre le petit tanga qui se cache sous ce jean, il sera pas déçu. vanille aime la lingerie et c’est pas pour lui qu’elle fait ça, elle en porte même toute seule. "t’as raison, mais y’en a visiblement de ton côté aussi alors je culpabilise pas trop", qu’elle le taquine en réponse à sa pique suivante. après tout, il a l’air à peine réveillé et ne semble pas avoir pris la peine de se recoiffer au sortir du lit. pas grave puisqu’ils vont probablement y retourner, mais elle aime bien lui répondre du tac au tac. oh oh, il a la tête d’un mec plutôt peu disposé à faire des coquineries, ce soir. elle hausse un sourcil et le regarde s’affairer autour de la cafetière en enlevant ses chaussures. c’est pas un problème si il veut juste discuter, mais la belle ne sait que trop bien que jax est avare de mots et que ce n’est probablement qu’une question de temps avant qu’il la fasse fermer sa bouche sous ses baisers. qu’il prenne son temps, elle aime bien parler. et puis c’est drôle quand il n’est pas dans son élément. elle sent bien qu’elle est là pour du sexe et pas pour autre chose, et ce depuis qu’elle a lancé au détour d’une de leurs conversations qu’elle allait crever d’une insuffisance cardiaque. elle a pas mentionné qu’elle avait refusé une greffe, pas besoin qu’il lui fasse la morale ou qu’il se mette en colère comme il sait le faire. elle a ses raisons. ne pas laisser d’espoir aux personnes qu’elle aime pour éventuellement les décevoir en est une. vanille en parle librement, mais jax évite toujours le sujet et elle aimerait bien qu’il puisse lui dire comment il se sent par rapport à ça, mais c’est pas elle qui va le forcer. tu veux un café ? "non merci, c’est gentil. je t’avoue que c’est difficile de piquer un somme sur ton palier, j’étais à deux doigts d’essayer mais du coup oui, je suis réveillée" . elle termine avec malice en ignorant son invitation à s’asseoir en face de lui, et se met à plat ventre sur le matelas, le contemplant, la tête entre les mains. il fait nuit noire dehors et la lumière de l’appartement est trop faible pour qu’elle lise bien sur son visage à cette distance, mais il a l’air de fuir son regard. alors elle reporte son attention vers le reste de la pièce en se demandant pourquoi il a peur de la dévisager trop longtemps. nickel, rangé, comme toujours. elle l’aime bien, ce taudis, vanille. il a quelque chose d’unique. de toute manière elle est facile vanille, elle aime tout bien.

vanille se mordille la lèvre, consciente un peu tard qu’il est logique que sa blague sur une éventuelle sieste sur le paillasson ne passe que modérément bien. elle hausse un sourcil à la réplique suivante du jeune homme, se contente de répondre un bref "bien sûr que c’est pas simple.", parce que y a rien d’autre à ajouter et puis parce qu’elle sait bien que jax maîtrise le sujet bien mieux qu’elle. d’après ce qu’elle a compris de leurs brèves conversations, toujours écourtées par un jax plus à l’aise avec son corps qu’avec ses mots, des sdf il en connaît. et un petit paquet en plus. elle se doute qu’il a eu une enfance plus difficile que la sienne, qu’il a passé du temps à zoner dans le quartier où il a grandit et qu’il lui est arrivé plus d’une fois de chercher un endroit où passer quelques temps en urgence. ou bien elle se fait des idées et il a eu une jeunesse heureuse et sans galères, mais son visage marqué par les épreuves lui permettent d’en douter. vanille, elle a toujours le sentiment que jax va prendre ses clics et ses clacs et se barrer du jour au lendemain, quittant cette ville et sa vie sans dire au revoir. elle a toujours envie de prendre une photo pour immortaliser cet étrange duo éphémère qu’ils forment, pour conserver une preuve que tout cela n’était pas un rêve si il disparaît à l’improviste. mais elle sait bien qu’il l’enverrait balader, car la limite entre ce qu’ils ont et une relation de couple est trop ténue pour qu’ils puissent se permettre de franchir certains caps. elle le regarde sans piper mot alors qu’il avale son café, se disant que tout compte fait elle en aurait bien pris un, et s’apprête à revenir sur sa décision pour lui demander une tasse lorsqu’elle le sent se jeter sur son dos. elle ne l’a pas vu venir, bien trop rapide, et elle se crispe un instant avant de s'apaiser à nouveau. pas de quoi être tendue, ça n’est que jax. un genre de colosse de deux mètres qui pourrait la mettre k.o en une seconde si il le voulait, mais elle lui fait plus confiance qu’à beaucoup de gens. elle retrouve son sourire et son visage s’illumine à nouveau de malice alors qu’elle s’apprête à lui répondre. "fais pas semblant, t’aimes bien trop ça. si j’arrêtais de répliquer tu serais déçu, non ? mais je prendrais bien la punition quand même…" elle se laisse retourner comme une crêpe et plante son regard dans le sien, bien décidée à garder le dessus émotionnel même s’il la domine physiquement. " c’est vrai que j’adore mes sous-vêtements, mais je préfèrerais presque les tiens… si tu me laissais t’enlever celui-là ? "  elle passe un petit pied expert dans le caleçon de jax et joue avec l’élastique, pas décontenancée pour un sou. profite qu’il soit troublé pour inverser la tendance et le pousser subitement sur le lit, allongée à plat ventre sur lui, la forme de ses seins sous son pull épousant parfaitement les pectoraux de jax. "réveille-toi un peu plus vite, sinon c'est moi qui vais m'endormir d'ennui." c'est faux et il le sait pertinemment, mais elle lui envoie quand même une petite pique pour la forme. histoire qu'il ne se doute pas qu'elle passe le meilleur moment de sa semaine.

vanille passe une main assurée sur le torse musculeux de jax, le regardant dans les yeux avec cet air rebelle et farouche qu’elle affiche quand elle est avec lui. elle n’est pas vraiment comme ça, vanille. c’est pour lui qu’elle a appris à être cette fille cool, piquante et détachée. d’ordinaire, elle est douce, solaire et patiente, mais elle a compris que jax, ce qu’il recherche, c’est du culot et du répondant. sans ça, il aurait peut-être peur de perdre la main et de s’attendrir, qui sait. elle ne peut que supposer ce qui se passe derrière cette tête dure qui lui fait face. les cuisses de part et d’autre du jeune homme, elle le dévisage en se demandant s’il acceptera un jour de se laisser dominer par une femme dans le domaine privé. elle sait bien qu’il est du genre à avoir le dessus, il n’y a qu’à entendre sa voix profonde et ferme, qu’à observer ses traits qui ne sourcillent jamais de surprise. elle n’abandonne pas la partie pour autant. il suffit d’une seconde pour qu’il se laisse avoir, d’un mot bien choisi pour qu’il montre un peu plus son vrai visage. et on est rarement plus vulnérable qu’avec une femme nue dans son lit, à son sens. elle resserre encore un peu son étau, le sent plonger le nez dans son cou et lui murmurer à l’oreille un petit ce n’est pas ma faute si la demoiselle n’arrive pas à réveiller la bête qui se veut piquant. qui l’est, au moins un peu, puisqu’elle se sent obligée de le reprendre. "oh, si. ne remet pas la faute sur moi, je sais y faire, c’est sûrement que tu as un petit problème… disons, d’ordre anatomique." oui, elle vient de sous-entendre qu’il était incapable d’avoir une érection, ignorant délibérément la bosse qu’elle sent collée à sa jambe droite. bon il est temps d’enlever mon haut, non ? elle éclate d’un rire cristallin, pour une fois que c’est lui qui se précipite un peu. ce n’est pas elle qui l’arrêtera, cela dit. "avec plaisir, je te laisse le faire, je vais m’occuper du mien." hors de question qu’elle lui laisse le privilège de la déshabiller, elle aime bien trop le faire languir. elle ôte son pull sans se presser, dévoilant un débardeur qui moule son soutien-gorge. il a probablement une jolie vue depuis sa position allongée. elle se met à jouer avec les bretelles de son débardeur, le remonte peu à peu en le narguant autant que possible. il n’aura pas la tâche facile, ce soir.

vanille, elle aime bien mener la danse, jouer le chef de chœur de ce balai sensuel qu’ils effectuent tous les deux. elle s’improvise chorégraphe, décide quand ralentir la cadence, à quel moment accélerer les choses. elle sait bien que jax reprendra les rennes quand il en aura envie, mais pour le moment il lui laisse la liberté de s’amuser à le faire languir. alors qu’elle a commencé fort quelques minutes plus tôt, elle freine brutalement la cadence pour le laisser monter en pression. elle sent leurs désirs respectifs s’étoffer, se faire presque palpables, occuper toute la pièce dans laquelle ils se trouvent. elle est témoin de leurs deux respirations qui s’accélèrent, légèrement saccadées mais à l’unisson, alors qu’ils atteignent les limites de la patience. elle passe une main sous son débardeur et le relève encore un peu plus avant de l’ôter complètement, offrant à jax le spectacle de son soutien-gorge en dentelle bleu nuit, assorti à son vieux jean bleu coupé droit, qu’on dirait sorti d’un film des années quatre-vingt-dix. elle hausse un sourcil et se mordille la lèvre en le regardant relever son propre haut, c’est fou ce qu’elle a du mal à s’habituer à la vue de ces muscles si finement dessinés, même après un an et demi de liaison. jax a certes une carrure imposante habillé, qui ne laisse pas place au doute quand à sa musculature, mais c’est tout autre chose d’imaginer ce qui se cache sous le tee-shirt et de le découvrir pour de vrai. et vanille, elle a l’impression d’être surprise à chaque fois par les tablettes de chocolat qu’il lui exhibe sans pudeur. elle attrape ses bretelles de soutien-gorge et les fait descendre sur ses épaules, avec une telle lenteur qu’un amant trop pressé serait crucifié d’impatience. elle aurait dû se douter que ça ne lui serait possible que quelques instants, jax a déjà attrapé son sous-vêtement et l’a arraché d’une main. on fait moins la maligne maintenant ? "c’est vrai que tu m’as coupé l’sifflet." elle lui offre un large sourire, à demi-nue, la lumière réfléchissant sur sa peau bronzée – bien plus claire que celle de jax, mais suffisamment mate pour que les reflets de la lune ne lui donnent pas un aspect maladif. et là, il commet un erreur fatale. il la taquine une fois de plus, une fois de trop. trop fier de l’avoir offerte devant lui. qu’il attende de voir comme elle est capable de le faire languir encore et encore. elle pose une main sur sa poitrine, lui tourne le dos dans une tentative de le priver de l’agréable vue qu’elle lui offrait jusque-là. "dans tes rêves."  s’il est trop impatient, c’est son problème, elle s’en fout il attendra. elle se rallonge à plat ventre sur le lit, le laisse bouillonner à côté d’elle. elle adore faire ça, vanille. passer des ébats à la simple discussion, revenir de la conversation aux jeux sexuels. alors elle ouvre la bouche pour entamer la discussion, prend le premier sujet qui lui passe par la tête. le bouquin d’emily brontë qu’elle a terminé juste avant de venir. " tout le monde dit que l’amour ça coûte rien, mais je suis pas d’accord. tomber amoureux de la mauvaise personne ça peut tout t’coûter. " merde. elle a dit ça comme ça, d’un air songeur, plus pour le faire languir que pour entamer un réel débat, elle a pris le premier sujet qui lui passait par la tête sans penser au sens profond de ce qu’elle vient de dire. sans penser au fait que ça s’applique à leur relation, tout ça. elle a pas fait exprès. y a pas de hasard, alors elle a sûrement dit ça parce qu’ils sont dans une ambiguïté amoureuse qui la perturbe, mais c’était pas calculé. vanille n’est jamais mal intentionnée et elle sait bien que questionner jax sur ses sentiments relèverait de la malveillance. si il n’a pas envie d’en parler, elle l’accepte. mais là elle a dérapé, et elle espère simplement qu’il ne sera pas refroidi, qu’il fera comme si de rien n’était, comme si elle ne venait pas de mettre des mots sur ce qu’elle ressent pour lui. merde. elle évite son regard, croise les doigts pour ne pas se faire mettre à la porte d’ici deux minutes. pas qu’elle pense que jax soit du genre à lui balancer toutes ses affaires et à lui claquer la porte au nez, mais on sait jamais avec les torturés.