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 come near, that no more blinded by man's fate _ freyja

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Message Sujet: come near, that no more blinded by man's fate _ freyja   come near, that no more blinded by man's fate _ freyja Empty Dim 30 Juin - 18:14

Come near, that no more blinded by man's fate, I find under the boughs of love and hate, In all poor foolish things that live a day, Eternal beauty wandering on her way
× ft. FREYJA & ISKANDAR

Si tu avais une montre, est-ce que tu me donnerais l’heure ?
Je n’ai que faire du temps… Je te donnerais ma montre.*

Kaléidoscope de lueurs étranges. Sur les murs dénudés, le souffle des anges. Une quiétude éphémère qui caresse l’aube naissante sur la morbidité du Queens. Les briques sont encore noires, la nuit s’y attarde. Et les rêves y déjouent des nébuleuses fantasmagoriques. La sonnerie étrangère perce la naphte d’un son par trop strident. Lueur sonore. Un ton rouge qui s’épanouit sur les murs, sous le coeur. Dans le corps. Qui dort. Qui dort. Pas encore mort. Vous ne l’êtes pas encore… Vous ne l’êtes pas encore… Si seulement. Des notes pour un cri. Dénote. Dénote. Les paupières se plissent sous la morsure d’une douleur fantôme, le sursaut plein de sueur. La temporalité se fait changeante, elle se glisse sous l’épiderme glacé. Frénétique d’abord, puis lourde, si lourde. Les épaules qui s’affaissent comme sous le poids du monde. Je décroche au bout du second appel, qui s’éternise dans le noir devenu gris. Je scrute l’aube grisâtre à la fenêtre, désabusé par un jour qui naît de nouveau et que je dois subir. C’est un ancien collègue à moi, l’une de ces âmes que j’ai usées le long d’un chemin où il a cru bon de s’attarder un peu. Ce n’était pas un mauvais gars, pour preuve son appel, qui tient lieu de coup de main. Que je prends toutefois pour un coup de poignard. En souvenir d’un temps qui n’était ni bon ni mauvais. Il y a des coups de poignard dont on se fait l'objet. Ce sont des coups de poignard nécessaires. Pour voir si la pâleur des plaies sait encore suinter de ces humeurs qui vous enclavent dans l'humanité. Visiblement il n’a pas su me détester. Et quelque part, moi non plus. J’ai un soupir, qui s’attarde, je cherche dans le secours de quelques gestes une échappatoire. Au passé, au présent, qui se mélangent. Ether et néant, tourbillon qui se niche dans les prunelles folles, l’espace d’un seul instant. La douleur est pire après qu’il ait prononcé son prénom. Parfois j’aimerais me dire qu’elle n’a jamais existé, qu’elle ne respire pas. Que les imaginaires se sont enfuis le long des lignes de son corps un peu maigre. Ce rictus méprisant qui m’agaçait parfois, et me séduisait toujours. Les colères aux allures d’épiphanie quand il s’agissait de l’étreindre pour exister à travers elle, puis l’apaisement usurpé qui venait juste après. Les impressions défilent, s’enfoncent, des larmes acides pour un deuil qui n’en finit pas. Un enfant à enterrer c’est déjà bien trop. Alors quand il faut ensuite fêler l’image, déchirer tous les liens, reprendre une indépendance en éventrant l’union, c’est un échec qui tient lieu de reniement. On est un peu moins soi quand on dénoue les chaînes que l’on a appris à tolérer. Un cheminement que l’on rebrousse dans l’errance, en dehors, en dehors. D’elle. Pour n’être plus que ce qui fut un jour, sans que le temps n’ait la clémence de nous léguer ce qui s’est perdu à jamais. Cadavre estropié, qui ne veut pas crever. Je raccroche, juste après ce soupir qui étrangle mes remerciements ténus. Je raccroche, puis je sonde le jour sans y voir nulle clarté. Aucune échappatoire au passé qui revient vous hanter. On ne l’a pas enterrée avec suffisamment de soin pour que l’oubli s’apprenne et se sache. Les lèvres ourlent encore les mots qui savaient se glisser dans le creux de sa nuque. Elle avait les cheveux courts, et j’aimais cela. Je me demande si c’est toujours le cas aujourd’hui. Et si les pleurs inacceptables creusent des sillons sur ses joues devenues blêmes. Pleurs acides pour une peine à l'avidité éternelle. Cruelle.

Ça n’est pas un grand détour, ça n’est pourtant pas une destination. Une voie sans issue où s’accumulent tous les échos qui deviennent hurlements. Je gare la voiture. Mal. De traviole, sur un trottoir qui n’a pas connu beaucoup de passants. On a dû estimer qu’un coup de neuf dans le quartier ferait une sorte d’illusion, glacis flamboyant pour dissimuler les évasions les plus troubles. La mienne ressemble à celles-là. Sybil n’a appelé qu’une fois. Hank peut-être deux. Il faut dire que le topo qui devait se tenir ce matin requérait la présence de notre duo de choc. Mais d’un côté, imaginer le rictus figé sur le faciès épais de Fowler me donne un peu plus d’allant. Une fuite étudiée alors… Peut-être bien. Peut-être. Des pas qui ressemblent à une course. Damian, mon ancien collaborateur, m’a indiqué son adresse. Son adresse et pas grand chose d’autre. Je ne lui en ai pas laissé le temps. Le temps est une denrée rare. Il paraît qu’elle a été jusqu’à demander à la police si quelqu’un savait où était passée Maxine. Mais Maxine disparaît. C’est même l’une de ses spécialités. Dans la dépression comme dans l’euphorie. Maxine refuse la fixité. Ses dessins sont vivants, ses destinées sont en mouvement. Elle est comme ça Maxine, le temps ne pourra jamais la rattraper, elle court trop vite pour lui, quand je suis englué au-dedans. La détermination donne à mon ascension des attitudes protocolaires. On croirait une descente. À un seul flic. Ascension et descente, ça décrit bien mon état, et tout ce qui se noue à l’intérieur de mon bide. Le passé se superpose sur mes traits fatigués, il y a un souffle court dans ma gorge qui se serre. Je sonne, ou je frappe. Peut-être que je fais les deux mais je n’ai pas particulièrement l’envie d’attendre. Ni même de patienter ces quelques secondes que le simple civisme me dicte. Je l’emmerde ce matin, comme à peu près tous les jours de la semaine. Je frappe encore. J’en suis presque à dire FBI histoire d’annoncer la couleur, d’accélérer le mouvement. Je sais que Damian a voulu bien faire. Et puis cette fille aussi, avec son empathie à la con. Je sais aussi que c’est logique, femme de flic, ou ex-femme, il y a une territorialité qu’on respecte, qui s’assume. Intrinsèque. Qu’on m’ait prévenu directement est donc une conséquence d’une banalité affligeante. Mais les instincts irascibles, eux, ne le sont pas, ils sont prégnants, dérangeants. La placidité se craquèle et c’est intolérable. L’inacceptable qui tambourine sous les côtes. Sur le bois de la porte. Elle ouvre, mais je ne peux dire que je la voie, que je la scrute, ou que sa présence s’ancre dans la réalité vacillante. Les couleurs se modèlent à la douleur lancinante. Dans le corps, sur la peau. J’ai dû frapper un peu trop fort. Un peu trop longtemps. Je suis à bout de souffle et les quelques mots qui sifflent entre mes dents serrées dessinent quelques incohérences de plus dans l’univers qui cherche à m’ensevelir :
_ Vous devriez lui foutre la paix.
À qui. À quoi. Qu’elle remplisse les blancs. Ou qu’elle recolle les morceaux d’un mariage depuis longtemps brisé. Ça ne fait que quelques années. C’est comme une éternité qui s’allonge, jusqu’à rompre, et revenir morcelée, en pleine gueule. Tous ses éclats qui se figent, qui se fichent, dans le coeur qui ne parvient pas à embrasser l’agonie.
_ Vous devriez surtout vous occuper de ce qui vous regarde. Les gens vont. Les gens viennent. C’est comme ça. Et Maxine encore plus. Alors votre commisération, on en a pas besoin.
On. Moi. Elle. Alliance inattaquable. Viscérale. Aussi fictive qu’éphémère.
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Message Sujet: Re: come near, that no more blinded by man's fate _ freyja   come near, that no more blinded by man's fate _ freyja Empty Mar 2 Juil - 10:13

come near, that no more blinded by man's fate
Image aphone, décomposée sur les hauteurs du monde. Paupières adoucies par les lueurs du jour. Ce jour tranquille que le corps apprivoise avec torpeur, sans savoir où il s’arrête, où il s’éteint. Etreinte silencieuse, dont seul le vide pourrait recueillir le témoignage. La pièce est immense, éventrée et donnant sur le vide d’un urbanisme qui vacille. Mais elle est seule, Freyja. Créature céleste emprisonnée dans le noir, étoile figée dans sa tour de métal et d’ivoire. Elle aurait aimé voir le triple vitrage se briser sous ses doigts pour y laisser filtrer ces bruits que le dehors compose. Rendre vivant ce qui est mort. Tout est si silencieux, à l’intérieur. Il faut ménager l’apathie d’un vide de sa présence. Être là, constante. Ses pensées dénudent les murs qui la maintiennent au-dedans, les imaginent s’effriter en deçà des doigts comme le fait la terre sous le soleil qui l’a ôtée de son eau. Assoiffée la terre brûlante, entre les phalanges. De la poussière qui s’ébruite au creux de la paume, disparaît sous l’inclination d’un souffle éperdu, si tendre toutefois, si tendre. Les notes qui d’habitude égayent les échos confus que son imaginaire conçoit dorment encore, alourdies par le poids infini d’un temps qui s’égare, qui n’a ni but, ni finalité, ni ondulation distincte. Ses pieds se déroulent sur le parquet flottant. Du talon à la pointe. Les pas qui arrangent des accords en notes qui grincent.  Ses ongles esquissent une arabesque trouble sur le glacis albâtre du piano qui règne en majesté sur la pièce principale. Elle a appris chaque détour, chaque contour. Elle connaît les lignes par cœur, sous la pulpe avide de ses doigts que la grâce a rendu indociles. Elle s’emplit de tout ce qui s’épanouit en corole, à l’orée de sa silhouette qui frôle, qui admire, qui contemple. Tout pour combler l’abîme, la solitude marquée au fer rouge, sur ses poignets d’adolescente. Parce qu’il n’y a personne d’autre. Le piano. Elle. La lumière voyageuse, pour bercer de sa chaleur un quotidien sans visage. Elle voudrait pouvoir hurler. Mais on ne l’entendrait pas. Un cri que le silence recueillerait à son tour pour le décomposer. Alors elle ne dit rien Freyja. Elle reste-là, dans cet entre-deux qu’elle est la seule à détenir. Elle se demande ce qu’elle fait-là, et où elle s’en va. Fuite du temps. La sensation l’accompagne, dans chacun de ses pas. Elle la tient par la main et la guide, dans cet espace qu’elle possède, mais auquel elle n’a pourtant pas l’impression d’appartenir. C’est comme ça … Elle ne reviendra pas. Sélène n’est pas souvent-là, de toute façon. Freyja s’est fait une raison. Elle a toujours su que sa présence déclenchait en elle un malaise qu’elle n’était pas entièrement à même de contrôler. Elle se sentait mieux ailleurs, loin d’elle.

En fond sonore, la bouilloire siffle pour intimer sa présence. Freyja ne l’entend pas tout de suite, absorbée qu’elle est par des pensées confuses. Elle se maintient à l’orée de la baie vitrée immense, essaie de sentir le vide derrière la barrière de verre. L’extérieur se manifeste avant qu’elle n’ait pu l’anticiper. Des coups qui martèlent. Des coups qui n’ont rien de doux. Ses paupières balbutient un peu. Revenir à la matérialité abrupte de la réalité lui fait toujours l’effet d’une gifle en plein visage. Elle a oublié si seulement elle attend quelqu’un. S’il est l’heure d’un cours quelconque. Pas aujourd’hui non, il ne lui semble pas. Elle ne se précipite pas plus que ça. Méticuleuse, presque nébuleuse, elle fait un détour par la cuisine ouverte pour éteindre la plaque sous la bouilloire qui chante. A l’unisson du bouillonnement de l’eau, les pensées remontent sans labeur le fil de la conscience. Molly … Molly. Cette femme qui a cru bon de traverser son univers en pensant pouvoir s’en échapper sans laisser de trace. Elle s’est demandé où elle s’était enfuie. Elle s’est inquiétée de son sort aussi.  Touchante entité, les doigts rendus fragiles sur le piano, tremblant encore la mort d’une enfant. Il n’y a pas eu beaucoup de confidences entre elles. Juste ce qu’il faut. Juste assez pour comprendre, et faire palpiter le lien. Un lien mort dans cette fuite qu’elle a décidé d’entreprendre seule. Peut-être a-t-elle laissé un mot quelque part. Un mot que Freyja ne lira jamais parce qu’il aura été écrit dans un autre langage. Cela frappe encore. Une impatience que la porte absorbe, que son humeur ne déjoue pas. Des mots pour un autre âge.

Elle traverse la pièce avec légèreté et assurance. La soie blanche de sa robe contraste peu sur sa peau laiteuse et ondoie à l’unisson de sa silhouette vagabonde. Elle ne se précipite pas, jamais. Soucieuse de demeurer dans cet équilibre précaire qui la caractérise, sans trébucher, jamais. Sa paume se pose sur le bois poli. Elle y sent presque la résonance de son attitude, de cette irascibilité sourde qu’elle éprouve sans avoir besoin de la distinguer. La porte s’ouvre enfin. Les mots cinglent mais n’abîment pas la tranquillité de façade derrière laquelle elle se planque. Poupée de cire, qui le laisse sur le seuil, qui se maintient quelques secondes à la frontière de son monde.
« Je pensais que vous ne viendriez pas. »
Et elle est sincère. Elle s’apprêtait à laisser tomber, à laisser les choses suivre leur cours. L’absence aurait fini par devenir très floue dans sa mémoire. Elle aurait oublié la rencontre, et ce qu’elle pouvait représenter. Elle aurait oublié Molly, puisqu’elle en aurait décidé ainsi. Mais il est là, planté sur le seuil. Elle ne connaît rien de lui. Ni son âge, ni son prénom, ni son visage. Molly ne l’a évoqué qu’en des termes très confus, l’appelant souvent par son nom de famille. Cohle. Un flic. Forcément. Elle ne sait rien de lui, non. Mais il est là. Le parfum qu’il porte vient saturer ses narines et lui laisse une impression de déjà-vu éminemment trouble, à laquelle ne se greffe aucun sens. La mémoire sensorielle se sclérose, vibre. Ça n’est sans doute rien, mais elle se fige. Un silence, une fixité de quelques secondes, qui suit la courbe de son regard perdu quelque part, par-delà son épaule. La douceur de son timbre contraste et caresse la placidité de son humeur lorsqu’elle ajoute, sans même attendre de réponse :
« J’étais justement entrain de faire du thé. Vous devriez entrer. »
Freyja disparaît. Elle laisse la porte ouverte. Il peut demeurer, il peut partir. Elle le laisse à ce choix qui lui appartient, et qu’elle ne souhaite pas usurper. Ses doigts agiles resserrent le ruban qui maintient indistinctement ses cheveux. Dans la cuisine, ses mains s’élancent dans un ballet de gestes. Elle tâtonne, caresse, dessine. Elle sait les choses à leur place, bien rangées où elles devraient être. Cette pensée la rassure et l’oppresse, tout à la fois. Elle sort une petite boîte métallique d’un placard, hume les arômes amers du thé noir qui s’en dégage. Elle a entendu la lourdeur de ses pas sur le parquet. Cette allure mutique qui le caractérise, et que son esprit commence doucement à magnifier pour le graver dans ses souvenirs.
« Si vous êtes là c’est qu’elle va bien. C’est tout ce qui compte. »
"Quand meurt le Chant. La terre suffoque. Les paupières s'abattent. Sur le regard rompu. Quand meurt le Chant. Les chemins errent. Les mots s'échinent. Sur la page sans issue.
(@andrée chédid+beerus)
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Message Sujet: Re: come near, that no more blinded by man's fate _ freyja   come near, that no more blinded by man's fate _ freyja Empty Mer 10 Juil - 14:13

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× ft. FREYJA & ISKANDAR

Onde immobile. Onde indocile. La collision de deux mondes qui se rencontrent sur le seuil de l’appartement. La fièvre au dedans, la fraîcheur au dehors. La placidité de ses airs, et les contradictions qui se lisent dans mes regards navrés. Qui demeureront opaques, car si la voir est permis, elle ne me concevra jamais comme elle je la reçois. Sur le seuil d’un monde étrange, de deux, à un, quand le dialogue s’enclenche. Je pensais que je ne viendrai pas non plus, je pensais ne jamais venir. Ici. Ou là. Aucune destination où mourir, où disparaître. Si Maxine revêt ce genre de pouvoir, il n’est pas en ma possession. Comme les siens, ceux de cette fille, éprouvés par la fixité du néant qui s’épanouit dans sa rétine. Regard en défaut, il y a un temps d’arrêt parce que Damian a oublié ce détail, s’il ne l’a jamais su. Cela ne change rien, cela change tout à la fois, l’ire se perce de considérations devenues très bancales et l’aplomb des mots se voit cisaillé par une hésitation. Soupir rentré. Et une réplique qui se cisèle dans l’air, où l’agressivité se loge sur l’ébauche de la dernière syllabe :
_ Qu’est-ce que vous en savez ?
Venir. Devenir. Reconstruire l’inquiétude d’une âme fantomatique. Maxine perdue, Maxine foutue. Ma femme, ce putain d’impromptu. Je l’appelle toujours ainsi, dans ma tête. Ma femme. Comme si la dissolution n’avait jamais eu lieu, comme si la détestation n’avait pas remplacé les attentions passées. Grisâtres. Comme le jour. Comme la nuit. Comme toute l’éternité. Parce qu’elle le sera toujours, parce que ce mariage morcelé ne s’effacera jamais. Jamais entièrement. Parce qu’il faudra en porter les éclats, sous l’épiderme malade, les instincts scarifiés que l’on renoue autour des os avec trop de facilité. Le temps d’arrêt se poursuit, mais la stupeur disparaît, son infirmité me la fait imaginer dans un espace que je découvre, la curiosité se mêle à l’agonie, le passé ne parvient pas à lui rendre des traits enfantins. Journée d’été sous la canopée qui chante. Le chant s’est tu désormais. Aphones. La rétine et le coeur. Le seuil, sa silhouette échappée, l’invitation dans son sillage. Je cligne des paupières, tout mon élan me donne une allure volontaire tandis que je la (pour)suis, comme pour compléter les quelques pas qu’elle trace. Les iris se baladent. Des iris de flic, qui suivent les contours, qui collectionnent les détails. La décoration. Chaque objet à l’utilité équivoque. Puis le piano en majesté. C’est pour cela que Maxine venait jusqu’ici ? Elle n’en avait pas refait depuis ses 16 ans. Le dessin l’avait accaparée après cela. Un art qui en remplace un autre, ou bien qui se glisse dans les horizons que les mains apprennent à tracer autrement. Les doigts sur l’arête du mur, un autre seuil, celui de la cuisine. Ses doigts à elle qui cherchent, qui destinent des objets du quotidien à une autre cadence. Je penche la tête sur le côté, l’observe dans un silence ostentatoire, avant de laisser percer les informations que je conserve avec la jalousie qui m’a toujours caractérisé. Sur le chemin, je l’ai retrouvée. Un autre coup de fil, quelques informations glanées. Son dernier domicile, toujours le même appartement à l’orée de Brooklyn. Son blog, un article illustré il y a à peine trois jours. Un univers qui m’a sauté à la gueule et qui a dévoré un peu plus de moi que je ne lui avais déjà abandonné. Terreur, et extinction, l’écran est devenu noir. Et mes prunelles sombres suivent le défilé des souvenirs et des mots :
_ Elle est allée quelque part. Et puis elle est rentrée. C’est une façon de fonctionner. Peut-être qu’elle reviendra… Ici. Ou pas. Ca n’a pas d’importance.
Plus rien n’en a réellement. Ponctuation, le souffle qui s’apaise, les épaules qui s’abaissent légèrement :
_ Noir. Le thé. Si vous avez.
Contournement, au loin de sa silhouette aérienne, l’entreprise prosaïque de quelques pas jusqu’à la fenêtre. Un doigt s’y pose, les couleurs sont jolies au dehors, lignes éthérées d’un jour qui s’élève jusqu’à son équinoxe. Sur les immeubles et les moulures en contrebas. Je n’ai jamais trop dessiné des paysages, je préfère les corps, et les visages. Les pensées filtrent doucement :
_ Pourquoi vous inquiéter ? Oublier c’est plus simple...
Double sens, double tranchant. Les yeux de l’enquêteur qui reposent désormais dans son dos. S’est-il produit quelque chose ? Quelque chose de plus que ce quotidien mort ? Moribond désespoir, dans la gorge qui étouffe. Je m’appuie, dos à la fenêtre, paysage citadin qui me nimbe. Je ne devrais pas m’attarder et pourtant je demeure.
_ Elle avait toujours dit… Qu’elle reprendrait le piano. Puis...
Puis rien. Rien. Je hausse les épaules et le silence revient, comme une maladie irrépressible.
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