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| where you least expect it (ashley) | |
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| Sujet: where you least expect it (ashley) Dim 30 Juin - 13:48 |
| Organiser cette soirée des Alumni, c’était un engagement pris depuis un an. C’est comme ça que ça se passe, tous les ans : les anciens passent le flambeau aux étudiant de dernière année. Alcoolisée et euphorique, Jill avait promis que la fête de l’année suivante, organisée par elle et ses amies, serait encore plus grande. Elle avait juré de faire honneur à la Faculté. Et puis les jours avaient passés et elle avait commencé à voir ça comme une corvée. Elle avait autre chose à faire, avec le boulot et le mariage qui arrivait à grand pas. Sans compter Ethan qui lui demandait à peu près tous les jours pourquoi elle persévérait avec ces gamineries maintenant qu’ils étaient entrés dans le monde du travail. Elle aurait fini par céder et abandonner, si ça n’était pas l’excuse parfaite pour faire des choses sans lui. Prendre un peu d’air. Se lâcher, à l’ancienne, sans qu’il ne soit question de choses compliquées telles que le mariage ou le retour des enfants perdus dans sa vie.
Cette année, les organisateurs ont peut-être réellement rempli leur promesse que la soirée soit encore plus dingue que l’année précédente. C’est l’avantage quand on vient d’une bonne famille à la base et, qu’en plus, ça fait un an qu’on travaille dans une grande firme d’avocat – comme c’est le cas de tous les membres des Alumni, aux commandes de la fête – : on a les moyens. Alors, ils n’ont pas fait les choses à moitié et ont privatisé un hôtel près de la mer pour tout le week-end. La soirée commence le samedi à 18h pour profiter des derniers rayons du soleil et le dimanche des activités détente-gueule-de-bois sont organisées pour ceux qui auront pu se payer une chambre à l’hôtel.
C’est Jill qui a plaidé pour cette formule. Parce que ça lui fait tout un week-end hors de l’appartement qu’elle partage avec son fiancé. Du moins, ça, c’est sans compter sur la technologie. Parce que son téléphone n’arrête pas de vibrer de messages d’Ethan qui veut tout savoir. Qui est là ? Avec qui tu parles ? Te laisse pas draguer par des petits jeunes. T’es sûre que tu veux rester tout le week-end ? Je te rejoindrai peut-être demain dans l’après-midi, alors. Et ça n’en finit pas.
Un peu désinhibée par l’alcool, c’est d’un pas décidé – bien qu’un peu chancelant – que Jill s’approche de la piscine, tend la main au-dessus de l’eau et lâche son téléphone. « Oh oups. » Elle rit un peu et scrute la surface de l’eau. Au fond de l’eau, le téléphone clignote un peu, s’affole alors que le nom d’Ethan s’affiche à l’écran, avant que l’eau ne s’infiltre à l’intérieur et que l’écran devienne noir. Ensuite, elle se tourne vers un mec à côté d’elle, l’attrape délicatement par le poignet pour attirer son attention. « J’ai laissé tomber mon portable dans l’eau, tu voudrais p… Ashley ? » La bête noire d’Ethan qui passait son temps à se foutre de sa gueule. Pas toujours ouvertement mais il ne manquait jamais de laisser échapper une réflexion ou l’autre pour lui rappeler qu’il n’était qu’un fou de plus parmi les étudiants de psycho, à peine meilleur qu’un sdf illettré. « Qu’est-ce que tu fais là, tu t’es perdu ? » Elle regrette aussitôt ses paroles, se rendant compte que ce sont les mots d’Ethan et pas les siens. « Enfin, je veux dire, qu’est-ce que tu penses de la fête ? » C’est peut-être pas beaucoup mieux. Mais de toute façon, ce type doit la détester par procuration alors il n’y a pas grand-chose qu’elle puisse dire pour apaiser les choses, si ? « Et, euh, aucune chance que tu me ramènes mon portable ? » Elle ferait sûrement mieux de chercher quelqu’un d’autre pour aller récupérer son téléphone au fond de l’eau. Ou sauter elle-même mais avec l’alcool qu’elle a dans le sang, elle serait bien capable de se noyer. Voilà qui serait une solution efficace à ses prises de tête avec elle-même.
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| Sujet: Re: where you least expect it (ashley) Dim 30 Juin - 16:30 |
| everything you want is on the other side of fear; le meilleur moyen de prétendre que tout va bien, que tout est normal, c'est d'agir le plus normalement possible et de faire ce que j'ai l'habitude de faire. c'est comme ça que je me retrouve à cette soirée, organisée par d'anciens étudiants, qui ressemble beaucoup à une soirée de gosses de riches. hôtel privatisé, qui sert des alcools plus chers que tous mes organes vitaux réunis, avec des types qui parlent business et des filles qui se repoudrent le nez à outrance dans les toilettes.
je suis invité ici en tant que date, plutôt que d'être ici en tant qu'invité clandestin. c'est une fille que j'ai branché à la bibliothèque qui a insisté pour que je vienne, histoire qu'on apprenne à mieux se connaitre, histoire que je me fasse une autre idée des soirées étudiantes organisées par les futurs avocats du pays et si j'ai envie, j'ai le droit de rester la nuit, partager sa chambre jusqu'au lendemain, et plus si affinités.
le plus étrange dans tout ça, c'est que cette fille sait ce que je vaux, connait ma réputation. quand on a rejoint ses amies, j'en connaissais déjà deux. elle a rit, malgré les regards noirs, malgré le silence pesant qui s'est installé quand on s'est mêlés à la bande. elle continue de m'apprécier, malgré le fait qu'on sait tous les deux que j'aurais probablement déserté avant qu'elle se réveille demain.
plus la soirée avance dans le temps et plus il y a de monde, plus que je me sens à l'étroit dans la cravate qui me serre le cou. la fille et moi buvons un verre, elle me dit que ses amies ne sont pas réellement ses amies, que personne n'est réellement amis ici et qu'elle se sert de moi autant que ce que je me sers d'elle. elle m'intime, par-dessus la musique, qu'elle souhaite aller faire un tour aux toilettes et qu'avec le monde qui s'agglutine à leurs portes, elle risque d'en avoir pour longtemps. je lui dis que je l'attends dehors, qu'elle n'a qu'à me rejoindre quand elle aura fini.
proche de la piscine, je m'isole un peu, pour retirer cette putain de cravate, défaire quelques boutons de ma chemise et pour allumer une cigarette. le monde s'étend jusqu'ici, mais c'est pas aussi bondé qu'à l'intérieur. la musique est moins forte, étouffée par les murs qui l'emprisonnent. l'air frais me fait du bien. j'arrive presque au terme de ma clope quand je pose les yeux sur une fille qui jette délibérément son téléphone dans l'eau chlorée de la piscine. je fronce les sourcils, perplexe, et lui tourne le dos pour lever les yeux vers le ciel dégagé, rempli d'étoiles.
je suis en train d'essayer de me souvenir des noms des constellations que je reconnais quand une main saisit mon poignet. je pense qu'il s'agit de mon plus un, mais c'est l'illuminée qui vient de jeter son portable qui m'interpelle. son visage me dit quelque chose. elle m'appelle par mon prénom. j'essaye de me rappeler. et puis ça me revient, quand elle me demande si je suis perdu. hah. c'est la meuf du connard qui essaye de compenser son étroitesse d'esprit en ayant un égo de la taille du texas et qui persécute tout ce qui croise son chemin comme si il valait mieux que le reste du monde.
elle me demande ce que je pense de la fête et je peux pas m'empêcher de lever les yeux au ciel, sans jamais dire un mot. elle tient toujours mon poignet. elle me demande si je peux aller récupérer son portable, ce qui me fait pouffer de rire. évidemment, plutôt moi qu'elle, hm? je me défais de sa prise, blasé. je tire sur ma cigarette et crache la fumée entre nous, sans gêne, espérant la faire fuir. pourquoi j'irais chercher quelque chose que t'as volontairement balancé? je réponds finalement, en ouvrant les pans de ma veste pour y trouver mon cendrier de poche et éteindre ma cigarette avant de renfermer le mégot dans la petite capsule.
pendant de longues secondes, je me dis qu'elle a qu'à se débrouiller, que c'est absolument pas mon problème. sauf qu'elle a l'air pas mal entamée par l'alcool et que si elle plongeait, ça pourrait rapidement tourner au drame. quelle idée de jeter son téléphone aussi, putain? tsk.
je regarde par-dessus mon épaule et balaye le contours de la piscine des yeux avant de curieusement me diriger vers une petite cabane, enfoncée dans la verdure. je force la porte pour l'ouvrir et bingo. aux côtés d'aspirateurs d'eau, de bouées et de pastilles de chlore se trouve l'objet de ma recherche: une bonne vieille épuisette des familles. je retourne vers blondie, qui est toujours penchée sur la piscine et agite l'épuisette sous son nez pour attirer son attention.
j'sais bien que tu peux t'acheter des portables tous les jours jusqu'à la fin de ta vie sans que ça affecte ta fortune, mais..., je m'interromps pour me moquer en lui tendant l'épuisette. la prochaine fois, mets toi juste en mode avion.
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| Sujet: Re: where you least expect it (ashley) Dim 30 Juin - 21:26 |
| Comme prévu, Jill ne parvient pas à tirer grand-chose d’Ashley qui lève les yeux au ciel plutôt que lui dire ce qu’il pense de la fête. Elle fronce légèrement les sourcils, un peu désemparée par cette froideur. C’est qu’elle n’en a pas l’habitude, Jill, dans son monde où tout est beau. Elle a presque envie d’appeler Ethan à la rescousse, faire un caprice, bébé, il est méchant avec moi. Mais non, après tout, elle n’a que ce qu’elle mérite, si au moins elle l’avait défendu publiquement au moins une fois, peut-être qu’il serait plus enclin à lui faire la conversation. Nouvelle preuve que ce qu’elle est devenue ces dernières années la dégoûte.
L’étudiant en psycho crache la fumée de sa cigarette entre eux. Si elle était sobre, elle resterait digne, ferait celle qui s’en branle de ses tentatives pour l’éloigner mais là, l’alcool l’oblige à être honnête et elle ne peut s’empêcher de tousser un peu. Comme si elle le laissait gagner un point. « Pourquoi j'irais chercher quelque chose que t'as volontairement balancé ? » Ah, donc il l’a vue. Elle hausse les épaules. « C’est pas important, comment il a atterrit là. » Elle le scrute et elle hausse un sourcil interrogatif. Je pensais pas que tu faisais partie du gang des pragmatiques, voilà ce qu’elle pense. Parce que ce soir, elle en a peut-être un peu marre des gens qui pensent tout droit et qui veulent la forcer à faire pareil. Petite vie bien rangée, parfaite, linéaire, par étape. Le petit-ami parfait, le mariage, la maison, le chien, les gosses. Toujours poser des actions logiques, raisonnables. Merde.
Le silence s’installe quelques secondes. Décidemment, elle n’en tirera rien de plus. Il faudra qu’elle aille se trouver un autre prince – ou une autre princesse – à l’intérieur pour lui rendre ce service. D’ailleurs, Ashley décide de la planter là sans un mot. Un peu choquée, elle le suit des yeux et le voit forcer la porte d’une petite cabane un peu plus loin. Il revient avec une épuisette et le visage de Jill s’éclaire. C’est une meilleure idée que sauter à l’eau. « J'sais bien que tu peux t'acheter des portables tous les jours jusqu'à la fin de ta vie sans que ça affecte ta fortune, mais..., » Elle attrape l’épuisette qu’il lui tend, encaissant la remarque sans répondre. « La prochaine fois, mets toi juste en mode avion. » Elle secoue doucement la tête, après un léger soupire. Ce n’est pas si simple. « C’est pas une excuse, le mode avion. Alors que oh la la on m’a bousculé pendant que je répondais à ton sms mon amour et mon téléphone est tombé à l’eau, avec pour preuve le téléphone détruit, ça, c’est irréfutable. » Tout ça parce que quand on s’appelle Jill Botsford on n’a pas le droit de dire fous moi la paix putain, à qui que ce soit, et surtout pas à son futur mari.
Elle plonge la grande épuisette dans l’eau. L’exercice est un peu périlleux puisqu’elle doit se concentrer à la fois sur la pèche au téléphone et sur le sol qui, sous ses pieds alcoolisés, n’est pas si stable. « Peut-être que je devrais juste le laisser là. Plus personne pourrait jamais me contacter. » Elle n’a pas l’alcool triste normalement mais ce soir baisser la garde signifie laisser les angoisses passer. Tout ce qui la travaille depuis des mois. L’oppression de son milieu social. Ses doutes envers Ethan. Ses doutes envers Shabh. Shabh. Shabh qui ne pourrait plus non plus la joindre si elle ne récupère pas la carte sim dans son téléphone noyé. « Putain, ça fait chier. » Pas le téléphone, la situation. D’ailleurs le téléphone, elle finit par le récupérer. Et sans finir dans l’eau, s’il-vous-plait, ce qui n’était vraiment pas gagné. « J’sais pas trop si je dois te remercier pour ton aide, t’as pas fait grand-chose... », elle dit en souriant, amusée. « Mais j’imagine que le moins que je puisse faire pour rattraper un peu toutes les remarques pourries d’Ethan, c’est t’offrir un verre gratuit ? » Parce que les boissons sont gratuites pour les Alumni comme elle. Alors c’est sûrement pas grand-chose et Ashley n’a sûrement pas beaucoup de raison d’accepter de passer plus de temps avec elle mais elle propose quand même. Il a pas l’air méchant, le futur psy.
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| Sujet: Re: where you least expect it (ashley) Sam 6 Juil - 22:38 |
| everything you want is on the other side of fear; quand elle me dit qu'on s'en fout de comment son portable a fini dans l'eau, je reste là un moment, à essayer de comprendre, à essayer de trouver la raison derrière son geste. on se fixe sans un mot pendant de longues secondes et j'ai l'impression qu'on tente de se déchiffrer l'un l'autre, comme si on venait de mondes complètement différents où on sera jamais en phase, où on trouvera jamais le moyen de se rejoindre, de s'entendre.
pour me débarrasser d'elle avant que ma date vienne me rejoindre, je décide d'aller chercher de quoi l'aider, histoire qu'on en finisse, qu'elle récupère son portable et puis qu'elle retourne à l'intérieur reprendre un verre, deux, trois, peu importe, tant que ça veut dire qu'on a plus à se reparler. ça m'angoisse de l'avoir si près de moi. si elle est là, c'est que son abruti de fiancé est pas loin, pas vrai?
elle s'empare de l'épuisette et soupire, avant de finalement prendre la parole. plus elle parle et plus mes sourcils se froncent. attends... quoi? hein?! je la regarde plonger l'épuisette dans l'eau, s'y prendre comme un manche et galérer, mais je ne bouge pas d'un poil, trop occupé à analyser ses mots, à analyser tout ce qu'elle sous-entend. ...trouble in paradise?
elle se plaint quand elle n'arrive pas à repêcher son cellulaire et je l'observe, toujours silencieux, quand ça me frappe.
j'regarde à travers les personnes que je considère avec distance et dédain, je la vois plus depuis que je l'ai rangé dans la catégorie des plantes vertes, des filles superficielles et pétées de thunes, des futures wine mom. mais maintenant que je la regarde, pendue à son épuisette, dans sa robe hors de prix, ça s'voit comme le nez au milieu de la figure.
elle déteste sa vie, putain. elle est malheureuse.
blondie a un secret et même si du plus loin que je me souvienne, elle se cache toujours dans l'ombre de son mec, maintenant, j'suis pas certain que ce soit l'endroit où elle se sente le plus en sécurité.
et puis, information non négligeable: elle vient de confirmer qu'il était pas là.
elle jure et je finis par m'approcher, lassé par son manque de dextérité en apparence, mais intérieurement animé par la compassion, par mon besoin maladif de porter secours à toutes les filles en détresse qui croisent mon chemin, même si elles me regardent me faire bully depuis des années, les bras croisés.
on t'a déjà dit que t'étais une drama queen? je geins, feignant d'être ennuyé par ses plaintes en me penchant sur la piscine. je localise le portable au fond de l'eau avant d'attraper l'épuisette qu'elle tient toujours pour l'orienter vers l'appareil et en secouant un peu l'eau pour le décoller du sol, je parviens à le faire tomber dans le filet.
je recule en glissant mes mains dans mes poches et réprime un sourire lorsqu'elle fait remonter le bout de l'épuisette à la surface. une phrase chargée de sarcasme remplace sa gratitude. évidemment. j'essaye de ne pas craquer face à sa moue amusée et lui lance un regard noir en prenant une longue inspiration avant de soupirer bruyamment. je sais pas ce qui me retient de te faire boire la tasse, blondie..., je marmonne au moment où elle m'offre un verre. hein. merci mais non merci. ma date va pas tarder, je déclare en posant les yeux sur son téléphone qui goutte, au creux de sa main, formant une flaque proche de ses chaussures. hey, je lance autour d'un rictus, combien d'autres téléphones tu comptes assassiner avant de le larguer?
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| Sujet: Re: where you least expect it (ashley) Dim 21 Juil - 16:52 |
| Ce n’était pas si libérateur que ça, finalement, de balancer ce putain de téléphone dans la piscine. Pas le grand soulagement espéré. Le meurtre de son iPhone n’a réglé aucun problème. À part peut-être celui que la terre entière lui foute la paix pour une soirée. Elle n’aurait jamais cru souhaiter ça, blonde ultra sociable et énergique ; elle se retrouve avec l’alcool triste sûrement pour la première fois de sa vie. Souhaitant que plus personne ne lui parle jamais, elle contemple l’idée d’en profiter pour se barrer loin. Fantasme caressé par des milliers de personne, jamais réalisé. Comme s’il lisait dans ses pensées, Ashley intervient : « On t'a déjà dit que t'étais une drama queen ? » Jill fronce légèrement les sourcils. Il a beau avoir très certainement raison, personne ne lui a jamais dit ça, non. « T’es le premier. » Peut-être le premier type honnête qu’elle croise depuis des années la perspective lui ferait froid dans le dos. Parce que peut-être qu’on dit d’elle qu’elle est une drama queen mais on ne le lui dit pas à elle. C’est presque rafraichissant, comme l’honnêteté sans limite de Shabh qui ne s’est pas cachée pour lui dire qu’elle n’aimait pas voir une bague de fiançailles à son doigt.
Quoi qu’il en soit, l’étudiant l’aide à récupérer son téléphone. Le sol a beau tanguer, elle n’a plus qu’à relever l’épuisette pour le récupérer. Elle échappe à la noyade et c’est peut-être un peu grâce à Ashley. Même si elle estime qu’il en a fait le strict minimum. C’est pas Ethan qui l’aurait laissée galérée comme ça. Un vent de culpabilité l’assaille : c’est quand même pour le fuir qu’elle a balancé son portable dans la piscine. Cherchant à se distraire, elle propose un verre à celui qu’il met en boite ouvertement depuis des années. Ce dernier soupire, visiblement franchement irrité. « Je sais pas ce qui me retient de te faire boire la tasse, blondie. Merci mais non merci. Ma date va pas tarder. » Elle arque un sourcil, se permet une nouvelle fois de le détailler du regard. Il y a quelque chose dans sa mauvaise humeur qui l’intrigue, peut-être même lui plait, allez comprendre les rouages d’un cerveau alcoolisé. « Moi, par contre, je sais ce qui me retiens de te mettre au défi de le faire. » Parce qu’il y arriverait bien trop facilement. Jeu perdu d’avance. Elle sourit un peu, ça l’amuserait presque, mais elle peut presque voir d’ici le sourire gêné d’Ethan, gêné pour elle, qu’elle puisse dire ce genre de conneries, qu’elle puisse imaginer ce genre de jeu stupide. Le sourire gêné qu’on réserve aux dérangés et qu’elle appréhende de voir se dessiner sur les lèvres de l’étudiant. Tant pis, il ne l’apprécie déjà pas, elle estime n’avoir rien à perdre.
Elle reporte son attention sur son téléphone noyé, se demandant ce qu’elle peut bien en faire, s’imaginant la conversation close quand il ajoute : « Hey, combien d'autres téléphones tu comptes assassiner avant de le larguer ? » L’idée n’avait jamais été énoncée aussi clairement, plutôt tapie comme une créature hideuse dans un coin sombre de son esprit, vers lequel elle évitait de s’aventurer. Elle doutait qu’il soit l’homme de sa vie, qu’elle soit tout à fait à l’aise à l’idée de l’épouser, mais de là à le larguer ? Un monde qui s’effondre, presque un affront à ses parents, à tous ses amis, à sa vie parfaite. « On vient de se fiancer... », elle répond, la voix plus faible, persuadée de répondre à sa question. Touchée, déstabilisée l’espace d’un instant, elle se redresse ensuite et secoue doucement la tête. « J’pense que tu peux pas comprendre. » Épouser Ethan, fils de bonne famille, avocat comme elle, c’est ce qu’on attend d’elle. Pas comme si son milieu autoriserait qu’elle fuie tout ça pour une femme qui ne pourrait rien lui promettre de stable. « ...C’est ce qu’on attend de moi. » Elle ajoute sans réaliser tout de suite ce qu’elle vient de dire. Qu’elle vient d’avouer à un type qui le déteste, qu’elle n’est pas vraiment amoureuse d’Ethan. Très bonne idée, Jill. Un rire faux s’échappe de ses lèvres alors qu’elle essaye de sauver les meubles. « Ha ha, n’importe quoi. Je l’aime. J’ai juste parfois besoin d’espace. Comme tout le monde. Normal. T’as pas dit que ta copine t’attendait ? » Elle parle vite, se force à sourire, voudrait l’envoyer continuer sa vie avant qu’elle n’ait le temps de continuer à en dire trop sur la sienne. S’il s’en va, elle n’aura plus personne à qui parler de tout ça et c’est tant mieux. Elle devrait y penser le moins possible, juste faire ce qu’on attend d’elle, comme la sage petite Jill qu’elle est.
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| Sujet: Re: where you least expect it (ashley) Dim 28 Juil - 20:27 |
| everything you want is on the other side of fear; on est tous les deux en train de se débattre avec l'épuisette quand j'apprends que je suis le premier à ouvertement lui dire qu'elle fait une montagne d'une taupinière. de manière un peu plus crue, parce que j'ai pas envie de me faire ridiculiser sous prétexte que j'utilise des expressions qui sont mortes avec les personnes qui s'en servaient à l'époque où c'était une punchline digne de ce nom. je m'égare. bref, ça m'étonne pas plus que ça. et tout à coup, j'ai super rich kids de frank ocean dans la tête. j'ai envie de poser les questions qui font mal. c'est mon côté psychologue en herbe qui me rattrape. de l'autre, j'ai envie de vite retrouver ma date et oublier tout ce qui vient de se passer, la laisser se débrouiller toute seule.
elle récupère son portable, me propose un verre que je décline et répond à ma petite menace dans la même vague. je hausse une épaule, presque fier qu'elle sache que j'en suis réellement capable, amusé par son répondant. je suis tenté de l'attraper par les bras et feindre de vouloir la jeter à l'eau (sans jamais la lâcher, juste histoire de lui faire une petite frayeur), mais il faudrait qu'on soit amis pour ça. j'pense que certaines personnes nous ont déjà vu parler près de la piscine, base suffisante pour construire des rumeurs improbables. je voudrais pas ajouter de l'huile sur le feu en la faisant hurler et se cramponner à moi.
je préfère ajouter de l'huile sur le feu en posant une question qui fait mal. une seule, promis. ma date est probablement toujours coincée dans la file d'attente qui la sépare des toilettes, et j'essaye de me convaincre que je demande ça parce que ça a un lien avec mes études et pas parce que ça m'intéresse réellement de le savoir. elle met un moment avant d'articuler une excuse. oh..., je me moque en hochant la tête. la princesse a déjà fixé ses chaines.
j'arque un sourcil quand elle me balance que je peux pas comprendre, sauf que j'ai déjà une dissertation toute prête dans ma tête où je dresse son profil de a à z, tous ses problèmes et craintes à deux balles, parce qu'elle rentre parfaitement dans le moule, parce qu'elle correspond parfaitement à ce stéréotype. mais au moment où j'inspire pour produire un premier son, elle me devance et ajoute que c'est ce qu'on attend d'elle. le souffle que je retenais m'échappe, comme si sa phrase s'était matérialisée en high kick, cognant tout droit dans mon estomac.
ça fait longtemps écho en moi. personne peut comprendre. c'est ce qu'on attend de moi. ses soudains éclats de rire factices me font sursauter, me tirent de la crise existentielle dans laquelle j'étais en train de m'engouffrer. je l'écoute parler et je déteste la sensation qui s'empare de ma cage thoracique. c'est étouffant. c'est quoi? de la compassion? du soulagement? c'est moi qui l'attend, je réponds faiblement avant de me racler la gorge. mais, j'ai su... lire la détresse dans tes yeux. j'te fous la paix. t'es une piètre menteuse, au passage, je déclare en sortant une nouvelle cigarette. te blâme pas trop, botsford. on est tous passés par là. le déni, je lance après avoir soufflé ma fumée.
je lui fais un petit signe de la tête avant de m'éclipser de la soirée par la clôture qui sépare la piscine de la plage. j'envoie rapidement un message à ma date pour lui dire que j'ai du filer pour aider un de mes colocataires et après avoir rangé l'appareil dans ma poche, je tire tellement fort sur ma cigarette que j'en ai presque la tête qui tourne. je me stoppe net pour faire face aux vagues noires qui lèchent le sable et me concentre sur leur doux clapotis régulier de manière à un tant soit peu essayer de noyer tout ce que je réprime depuis toutes ces années, qui tente de remonter à la surface.
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| Sujet: Re: where you least expect it (ashley) Sam 3 Aoû - 15:57 |
| Larguer Ethan. L’idée, jamais formulée aussi distinctement jusque-là, se répercute dans son crâne, angoissante, à lui en donner la nausée. Même si ce n’est peut-être que l’alcool. Jill voudrait vivre dans cet entre-deux impossible où personne ne serait blessé : fiancée à Ethan sans être en couple avec lui. Ne pas trahir l’entièreté de son monde, du chemin tout tracé qui lui donne accès au respect de ses amis, aux hautes sphères de la société. À la fierté de ses parents. À la sécurité et la tranquillité d’esprit qui vient avec la certitude qu’on fait ce qu’on attend de nous. Gentille petite citoyenne, hétérosexuelle, soignée, employée à temps plein, consommatrice, qui vote républicains. Qui vient de se fiancer au gendre idéal. « Oh... la princesse a déjà fixé ses chaines. » Jill fronce les sourcils. Il a bien trop raison mais il n’a pas le droit de le dire. De le traiter avec autant de légèreté. Pour le coup, elle a bien envie de s’y plonger toute seule, dans cette piscine. Sans savoir réellement pourquoi, peut-être parce que l’eau la couperait de ce qui se passe à la surface, le son ne l’atteindrait plus, les gens ne seraient plus que des silhouettes floues.
Au lieu de quoi, elle se contente de lui dire qu’il ne pourrait pas comprendre. Que c’est ce qu’on attendait d’elle. Les mots, si vrais, sortent peut-être plus facilement parce qu’elle les énonce à un presque inconnu. Ça ne l’empêche pas de les désavouer la seconde d’après. Elle-même refuse d’y croire. Dans un sursaut, elle voudrait renvoyer Ashley loin d’elle. Assez joué, merci au revoir. Elle essaye de se recomposer un visage serein. Elle rit, elle sourit, petite blonde facile.
Une belle excuse pour dire au revoir, ta copine t’attend. Il ne répond pas tout de suite et, quand il répond, quelque chose semble avoir changé. « C'est moi qui l'attend. », il corrige avant de se racler la gorge. Jill ne sait pas si elle peut faire confiance à son impression qu’il est déstabilisé. Par quelque chose qu’elle a dit ? Ça lui semble si peu probable – qu’elle puisse avoir ce genre d’effet sur lui – qu’elle se dit que ça doit être autre chose, peut-être quelque chose qu’il a vu. Alors, elle regarde rapidement autour d’eux, comme si elle s’attendait à voir la copine d’Ashley en embrasser un autre, mais c’est n’importe quoi : elle ne sait même pas à quoi elle ressemble. « Mais, j'ai su... lire la détresse dans tes yeux. J'te fous la paix. T'es une piètre menteuse, au passage. » Mais c’est qui ce type, putain ?, elle pense, déstabilisée. C’est qui se type qui lit en elle comme dans un livre ouvert ? C’est qui ce type beaucoup trop honnête ? C’est à la fois rafraîchissant et effrayant pour elle qui n’a pas l’habitude des gens aussi directs. Soufflée, elle ne répond pas. « Te blâme pas trop, Botsford. On est tous passés par là. Le déni. » Et il s’en va, laissant son cerveau alcoolisé patauger dans la semoule, additionner deux et deux, comprendre lentement ses paroles.
Le déni. On est tous passés par là.
Jill le regarde s’éloigner, sortir rejoindre la plage. Est-ce qu’elle vient de croiser quelqu’un qui pourrait la comprendre ? Comprendre ce par quoi elle passe en ce moment ? Ça lui semble absurde. Personne ne pourrait comprendre. Et puis, son problème n’en est pas vraiment un, n’est-ce pas ? On lui offre une vie parfaite et elle est malheureuse. Elle est simplement folle. Il faudrait qu’elle n’en parle plus jamais à personne.
Avant qu’elle ne réalise ce qu’elle fait, Jill se dirige vers la clôture et se retrouve sur la plage, laissant ses talons s’enfoncer dans le sable quelques pas avant de finalement les retirer. Il fait sombre. Elle pense un instant qu’elle ferait mieux de faire demi-tour. Jill Botsford n’est pas de ces filles émo qui fuient une soirée torride pour broyer du noir devant l’océan. C’est alors que le bout incandescent de la cigarette d’Ashley, immanquable dans la nuit, attire son attention. Elle s’approche. « Comment ça, ‘on est tous passés par là ?’ », elle demande de but en blanc, sans commencer par expliquer sa présence. Peut-être parce que les regards des fêtards ne sont plus sur elle. Peut-être parce qu’elle se sent protégée par la nuit. Elle a moins peur. N’empêche que c’est plus facile de regarder l’océan, mine de rien, que de le regarder lui et ses yeux capables de lire sa détresse. « Aucun de mes amis n’aurait dit ça. Ou n’aurait parlé de chaînes. Ou de déni. » Peut-être qu’elle se fait des idées, qu’il n’a rien compris du tout, qu’il est toujours autant son ‘ennemi’ qu’avant. Mais il fallait qu’elle en ait le cœur net.
Parce qu'avec quelqu’un capable de l’entendre, peut-être qu’elle serait capable de le dire.
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| Sujet: Re: where you least expect it (ashley) Dim 22 Sep - 21:21 |
| heartache to heartache; cette confrontation avec botsford, ça a été comme se regarder dans un miroir. croiser le reflet que j'évite depuis presque quatre ans. elle a tout ce qu'elle veut, elle baigne dans le luxe et même si ça ferait saliver n'importe qui d'autre, même si la moitié de la planète rêve d'être dans ses pompes, c'est pas sa définition du bonheur, c'est sa définition d'une prison dorée, d'un cadeau empoisonné qu'elle a jamais réclamé.
il y a quelques minutes en arrière, je dressais son portrait dans ma tête, ces clichés, ces stéréotypes, mais en fait, c'était pas elle, c'était juste son rôle, c'était la peau dans laquelle elle se glisse tous les matins. c'est fou de se tromper à ce point, de jeter un coup d’œil derrière le rideau, de creuser sous la surface et réaliser que c'est blanc et pas noir. on était tous les deux exposés et vulnérables, sur le bord de cette piscine. j'arrive pas à me débarrasser de ses mots, ils me hantent. c'est ce qu'ils attendent de moi. bordel. ça me met en colère, ça fait remonter en moi ce que j'ai vécu de plus douloureux, ce que j'ai vécu de plus traumatisant. ça me pousse à repenser à ce qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui, à ce jour où j'ai pris un avion pour fuir et installer un océan entre mes vieux démons et mon âme, en lambeaux. j'aurais jamais pensé que mon passé se manifesterait de cette manière, mais nous y voilà.
je prends une bouffée de nicotine et sursaute, m'étouffant avec la fumée comme un débutant, en entendant soudainement la voix de blondie. je tousse contre le dos de ma main avant de regarder par-dessus mon épaule. elle tient ses talons à la main et les lumières de la soirée qu'on a quitté forment un halo autour de sa mince silhouette, assombrissant ses traits; je la vois à peine. je soupire parce que je suis pas prêt à avoir cette conversation, je crois. mais il fallait probablement y penser avant de faire le malin, avant de la tourmenter avec mes attaques verbales. maintenant que j'ai ouvert la boîte de pandore, il y a plus de retour en arrière possible.
elle parle de ses amis et j'esquisse un sourire, parce que j'apprends jamais de mes erreurs, visiblement. tes amis, hm? je lance narquoisement en posant les yeux sur la clôture, plus loin derrière elle, écoutant le bruit distant des gens qui s'amusent et des basses qui bourdonnent entre les murs de l'hôtel. tes amis qui aiment leur vie, leur milieu, le pouvoir qu'ils ont sur le reste de la plèbe. ils ont pas d'raisons de dire ce que t'as dit... ou ce que moi j'ai dit.
je termine ma cigarette et range le mégot, puis franchis bravement l'espace qui me sépare de ma jumelle de misère. je plante mon regard dans le sien et c'est difficile d'être condescendant maintenant, j'arrive plus à la regarder avec dédain. je sais pas comment répondre à sa question sans lui raconter toute mon histoire et ça me terrifie. j'ai peur de beaucoup de choses, tout à coup. peur d'être compris. peur de l'après, des conséquences. peur de trouver une issue en lui confiant ce qui me pèse. je me suis trop habitué à ma douleur, à mon fardeau pour imaginer faire sans. il est tellement ancré dans mes épaules qu'ils s'est fossilisé, qu'il fait partie de moi désormais.
quand je disais on, je déclare, sans la quitter des yeux, j'parlais du faible pourcentage de gens qui ont le monde à leurs pieds... qui se battent pour rentrer dans le moule parce qu'ils se sentent redevable, parce qu'ils sentent qu'ils doivent montrer un peu de reconnaissance... mais qui peuvent pas empêcher leur cœur de papillonner ailleurs.
je détourne le regard avant de soupirer et, les yeux plantés sur le sol, je force un sourire, pour dissimuler l'amertume. on choisit pas la famille dans laquelle on naît, pas vrai? c'est injuste quand t'es orphelin, ou que t'es pauvre, ou que tu subis des agressions, c'est vraiment le pire qui puisse t'arriver, alors que t'es gosse, alors que t'es un être innocent, qui a rien demandé à personne. mais quand c'est le contraire absolu? quand tu nais dans un milieu aisé, quand tu grandis avec une petite cuillère en argent dans la bouche et que t'as littéralement tout ce que tu veux, comment tu peux trouver ça injuste? je déblatère en fronçant les sourcils, les yeux toujours rivés sur le sable, ressortant des questions que je me suis posé mille fois déjà. ce bourrage de crâne qui m'empêchait de craquer quand j'étais adolescent. ce il y a pire que moi qui me forçait à tout intérioriser, à tout refouler.
pourquoi vouloir t'enfuir? pourquoi tourner le dos à un avenir parfait, tout tracé, sans encombre, sans obstacle... je hausse les épaules. pourquoi, blondie? je demande en levant les yeux vers elle pour la regarder de nouveau. je sais qu'elle sait ce que je veux dire et de quoi je parle. je la regarde et je me vois moi, je vois la détresse, je vois la prison, je vois le désarroi, la crainte de perdre les pédales, perdre la tête, tout perdre. à quoi tu tiens le plus? la sécurité et le confort? ou toi et ton bien être? l'avenir qu'on te promet ou c'qui fait battre ton cœur?
je repousse mes boucles en arrière avant de souffler bruyamment. c'est difficile à admettre, mais après un moment, je parviens à l'articuler: j'les connais tes chaînes. on passe tous par le déni, on s'dit tous que c'est pour le mieux, que c'est plus simple de se trahir soi que de trahir notre entourage.
je suis tellement nerveux. je parle pas directement de moi, mais c'est tout ce que j'ai déjà ressenti et vécu et j'ai jamais été aussi sincère envers une personne que je connais à peine. je peux sentir la tension fourmiller aux bout de mes doigts, mon palpitant tambouriner contre ma cage thoracique. je meurs envie de m'allumer une autre clope. dans mes poches, mes mains tremblent.
je la regarde et je me demande quelle genre de vie elle veut, sur le coup. ce qu'elle cache. ce qui lui fait envie plus que sa vie de rêve. je me demande qui elle est vraiment. puis avec le naturel qui revient au galop, je finis par me dire que c'est préférable de garder une certaine distance, que c'est préférable de ne rien savoir.
peut-être que j'en ai suffisamment dit, peut-être que ça suffira à assouvir sa curiosité et qu'elle tournera les talons pour retourner à sa fête. c'est ce que tu voulais entendre?
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| Sujet: Re: where you least expect it (ashley) Sam 28 Sep - 16:33 |
| Il ne pouvait pas l’abandonner là, au bord d’une piscine, son téléphone dégoulinant entre les doigts, le cerveau sens dessus dessous par ses paroles. Par la possibilité que peut-être, peut-être, quelqu’un sur terre puisse comprendre ce qu’elle traverse en ce moment. L’oppression grandissante dans sa poitrine quand elle pense à ce chemin tout tracé devant elle, bordé de grilles en or tout du long pour qu’on s’en échappe pas. Ethan et ce qu’il représente. La complexité de ses émotions et se doute au creux du cœur, comme une petite douleur continue qu’on parvient tant bien que mal à ignorer mais qui finira par nous rendre fou. Si son fiancé avait été là, elle aurait laissé partir Ashley. Il aurait réussi à lui persuadé que ce n’était qu’un taré d’étudiant en psycho. C’est pas nouveau qu’ils disent des choses étranges, ces animaux-là, si ? Laisse le donc dans son délire, Jill. Mais il n’est pas là pour jouer les gourou, la main sur son esprit en même temps que sur son corps. Il n’est pas là, même pas de cette façon qu’ont les humains d’emporter dans leur cœur, partout où ils vont, ceux qu’ils aiment. Jill a déjà commencé à l’en chasser.
Alors elle le suit, l’étudiant en psycho qui vise si juste, jusque sur le sable, jusqu’à la mer, guidée dans le noir par le point incandescent de sa cigarette. C’était quoi ce déni dont il parlait, putain ? Ses mots n’auraient jamais pu être prononcés par ses amis. « Tes amis, hm ? » Jill scrute comme elle peut son visage uniquement éclairé par les lumières lointaines de la fête. Pendant une seconde, elle se demande si tout ça n’était pas finalement qu’une façon élaborée de la tourner, elle et ses amis, en dérision. Une rétribution pour toutes ces années où elle ne s’est pas opposée à Ethan quand il se moquait d’Ashley. « Tes amis qui aiment leur vie, leur milieu, le pouvoir qu'ils ont sur le reste de la plèbe. Ils ont pas d'raisons de dire ce que t'as dit... ou ce que moi j'ai dit. » Le début lui fait croire qu’elle avait raison : il n’est là que pour critiquer. Mais non. Il parle d’elle en opposition à eux. Ça éveille toute sa curiosité. Qu’il puisse avoir vu ce qui se jouait dans sa tête et dans son cœur en ce moment, ce sentiment de plus en plus persistant, qu’elle n’était pas vraiment comme eux, au final.
Grave, il s’approche. Ses yeux pétillants dans les siens. Et putain, elle en chavire. De ces mots qui traduisent exactement ce qu’elle ressent. Entrer dans le moule. Se sentir redevable. Ne pas savoir empêcher son cœur de papillonner ailleurs (Shabh, les enfants perdus). Il comprend parce qu’il le vit aussi. Elle le voit dans la façon qu’on les mots de donner l’impression qu’ils lui tranchent la langue et son regard qui fuit vers un intervenant neutre, vers le sable. « Quand tu nais dans un milieu aisé, quand tu grandis avec une petite cuillère en argent dans la bouche et que t'as littéralement tout ce que tu veux, comment tu peux trouver ça injuste ? » Jill croise les bras sur sa poitrine, fort, comme s’il fallait qu’elle se protège de cette vérité trop crue, trop coupante. C’est exactement ça, qui lui donne l’impression qu’elle devient folle. Saleté d’enfant gâté qui a tout mais voudrait autre chose. C’est détestable et elle sait qu’il y en aurait beaucoup qui lui en voudraient, s’ils le savaient. Qui tueraient pour avoir ce qu’elle a. Comme pour prouver que lui aussi, il peut l’entendre, Ashley répète ensuite exactement ce que la voix de la culpabilité lui susurre continuellement : « Pourquoi vouloir t'enfuir ? Pourquoi tourner le dos à un avenir parfait, tout tracé, sans encombre, sans obstacle... Pourquoi, blondie ? » Elle connaît des morceaux de réponse. Pour la liberté. Pour le bonheur. Pour l’amour. Mais est-ce que ce n’est pas futile tout ça ? Est-ce que ce n’est pas un caprice ? Un refus de voir qu’elle a déjà tout ? « À quoi tu tiens le plus ? La sécurité et le confort ? Ou toi et ton bien être ? L'avenir qu'on te promet ou c'qui fait battre ton cœur ? » Elle voudrait presque lui dire de se taire. C’est interdit d’aller par-là, de se poser ces questions-là. « J'les connais tes chaînes. On passe tous par le déni, on s'dit tous que c'est pour le mieux, que c'est plus simple de se trahir soi que de trahir notre entourage. » Nouvel écho à ses pensées, elle qui est persuadé qu’il faudrait qu’elle change un tout petit peu, qu’elle adopte la bonne attitude pour que tout le monde soit heureux. Dans ce scénario parfait, cette vie luxueuse et facile, elle est la seule anomalie. Alors prend sur toi, Jill, fais un effort et tout ira bien pour tout le monde.
La gorge serrée, elle en a presque les larmes aux yeux. Et le déni qui vient lui dire que c’est l’alcool qui exacerbe ses émotions, la rend à fleur de peau, pas ce que l’apprenti psychologue peut avoir dit. « C'est ce que tu voulais entendre ? », retour dans la distance dans sa voix. Peut-être qu’il regrette tout ce qu’il vient de lui dire. Parce que si ces paroles sont si vraies, c’est parce que c’est sa vérité aussi. « Putain, non. », elle répond d’un souffle comme si elle exhalait enfin après avoir retenu sa respiration pendant tout ce temps. « Non, c’est pas ce que je voulais entendre. Mais je pense bien... je pense bien que c’est ce que j’avais besoin d’entendre ? Fuck. Ashley, merde. Je me serais jamais doutée... » que tu ressentais ça, que tu ressentais la même chose que moi, qu’il y avait quelqu’un sur terre qui pouvait comprendre. Jill ne sait pas quoi faire de cette bombe atomique qu’il vient de lâcher dans son crâne. « T’as pas une clope ? », elle demande en sachant très bien qu’il en a. Se griller un peu les poumons, se brûler le fond de la gorge, ça semble être la première étape à quoi que ce soit que puisse être la suite. « Faut pas te chercher toi, hein ? », elle demande, riant un peu, sans joie. Elle se raccroche aux branches, essaye de gagner du temps pour se recomposer une sérénité. « J’sais pas répondre à tes questions. J’suis pas certaine de ce que je veux. J’ai peur de tout perdre. Et en même temps je veux tout perdre. J’sais pas. C’est le bordel. En plus je suis douée pour cette vie, non ? C’est ce qu’ils ont tous l’air de dire là-bas. Alors ce serait plus simple, si je pouvais m’en contenter. Oh, écoute moi parler, je suis horrible. À vouloir plus alors que j’ai déjà tout. » Elle secoue la tête, sent un peu le sol se dérober sous ses pieds alors elle ne résiste pas et s’assied sur le sable. « Tu veux bien rester un peu avec moi ? Sinon j’entre dans l’eau et j’en ressors pas. », elle sourit un peu. Bien sûr que c’est faux, bien sûr qu’elle ne ferait pas ça. Il n’en est pas moins vrai que pour l’instant elle a besoin de lui et seulement de lui, celui qui peut comprendre, celui qui vient de foutre le feu aux fondations de sa vie. Tout s’écroule, s’il part maintenant. « Je te forcerai pas à me raconter d’où tu sors tout ça mais j’aimerais le savoir, c’est certain. » Elle sait à quel point c’est intime, à quel point c’est compliqué. Parce qu’il ressent ce qu’elle ressent, non ? Mieux vaut peut-être approcher tout ça doucement. Enfin ça, c’est s’il ne l’abandonne pas là.
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| Sujet: Re: where you least expect it (ashley) |
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