Le yin de ton yang. (Sadie)

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{ le yin de ton yang }
crédit/ tumblr ☆ w/@Sadie Moore

Elle a la tête qui tourne, Ella. L’estomac en vrac, elle sent qu’elle a fait le mélange de trop, peut-être la ligne de trop, alors qu’elle rentre tant bien que mal chez elle. Elle aurait pu appeler Jon. Il serait venu la chercher, son Jon. Mais il a suffisamment de soucis avec sa sœur pour qu’elle lui en cause davantage. Alors, c’est seule qu’elle se débrouille, comme la vie lui a toujours appris à le faire. Elle fait claquer ses talons au sol sans se préoccuper des voisins qu’elle va réveiller. Ils ont l’habitude, ils la connaissent. Il y a quelques cons dans le quartier mais, dans l’ensemble, elle est plutôt bien tombée. Elle arrive enfin à son étage pour rester coincée devant deux bonnes minutes encore avant d’entrer enfin dans son appartement. Elle balance ses escarpins aussitôt, laisse tomber son sac par terre, ses clefs s’échouent elles sur le plan de travail. C’est sans prendre la peine de faire un tour par la salle de bains qu’elle part tout de suite s’échouer dans son lit. Enfin, la sensation de tournis qui s’atténue sans toutefois disparaître, elle plonge difficilement dans le sommeil. C’est cinq heures plus tard, aux environs de midi qu’elle se réveille. Le corps encore fatigué des excès de la veille, la sensation de malaise qui revient, aussitôt balayée par la jeune femme qui finit par se relever. Direction, la salle de bains. Elle file tout de suite sous la douche. Le corps rafraichi par une douche froide comme elle les aime, elle se démaquille et ne se brosse les dents qu’après coup quand elle entend sonner à sa porte. Elle lève les yeux au ciel alors qu’un soupir s’échappe de ses lèvres. Elle a encore mal au crâne. Le ventre à l’agonie, elle meurt d’envie d’avaler quelque chose de solide mais non. Elle a de la visite au beau milieu de la journée. Culotté pour une femme qui ne s’est pas inquiétée une seule seconde de faire du raffut il y a encore quelques heures seulement. Mais elle ne réfléchit pas, Ella. Elle se contente de ressentir. Ressentir l’agacement alors qu’elle approche de la porte d’entrée avec un certain empressement. – Quoi encore ? laisse-t-elle échapper sans réfléchir, sans savoir à qui elle s’adresse. Juste avant qu’apparaisse le visage angélique qu’elle reconnaît tout de suite. – Oh… Salut Sadie. Elle sent l’énervement s’envoler aussi vite qu’il est arrivé. Peut-être bien parce que c’est elle, Sadie. Elle, elle viendra pas la faire chier pour des conneries. Elle, elle viendra pas se plaindre pour quelques bruits de talons aiguille en pleine nuit. Elle est gentille, Sadie. Beaucoup trop pour son propre bien. Beaucoup trop, aussi, pour être la voisine de la sulfureuse brune. C’est sans remord que celle-ci a tendance à profiter un peu trop de cette douceur inhabituelle. Cette douceur qu’elle ne connaît pas vraiment, elle, pas comme ça. Pas de façon si altruiste, si simple, si… Si Sadie, quoi. Le visage adouci, sans même se rendre compte, la belle brune tente d’oublier ses maux de tête ne serait-ce que pour savoir ce qui peut bien l’amener devant sa porte. – Ça va ? Me dis pas que t’as besoin de sucre ou une connerie dans le genre hein. Parce qu’elle le sait bien, elle ne cuisine pas. Encore moins des pâtisseries. Ce n’est pas pour autant que la faim n’est pas en train de la dévorer. Oh, Sadie. Tu tombes peut-être à merveille tout compte fait.

La soirée de Sadie a été tellement ennuyeuse qu’elle s’est couchée trop tôt et s’est également réveillée trop tôt. Comme quoi elle était trop habituée à se lever à sept heure du matin, à cause des cours, à l’université. Sadie était impressionnée par la capacité de son corps à lui dire de se réveiller, alors qu’elle ressentait encore la fatigue qui lui donnait un affreux mal de tête et lui donnait envie de protéger les yeux du soleil dont les rayons traversaient les rideaux de sa petite chambre. Malgré ses envies, la demoiselle sortie de son lit et alla prendre une douche bien chaude. Sadie pensait que l’eau chaude allait réussir à la réveiller, mais ce ne fut pas réellement le cas. En réalité, ça la détendait plus qu’à l’habitude. Comme si ses muscles étaient endoloris. Elle sortit de la douche et enfila une tenue décontractée. Sadie ne comptait pas se rendre à un rendez-vous galant et surtout pas à une heure aussi matinale. Non, la demoiselle comptait rester chez elle durant une bonne partie de la journée et aller ensuite rejoindre des amis à une petite galerie d’art à Brooklyn et sortir dans les boîtes de nuit de Brooklyn. Bref, ça allait être une bonne journée, mais ça serait préférable qu’elle se repose, avant de se rendre à destination de Brooklyn. Ça serait horrible qu’elle s’endorme dans une galerie d’art, alors que c’était le genre d’endroit où elle se sentait comme chez elle. Dès qu’il y avait de l’art, Sadie se sentait à sa place. Il ne lui en fallait pas gros pour la rendre heureuse. En même temps, les toiles peintes pouvaient coûtées une petite fortune, mais la demoiselle aimait également les admirer, sans en acheter une. Pour son vingt-deuxième anniversaire, ses parents lui ont acheté un tableau peint par un artiste de New-York qui était de plus en plus reconnu dans le monde de l’art. Sadie l’a accroché dans sa chambre et tous ceux qui venaient chez elle le trouvait magnifique. Elle était heureuse d’avoir un tableau dans son appartement. Quant aux autres, ils étaient chez ses parents. Après avoir mangé le repas le plus important de la journée, elle commença à faire un peu de ménage et à regarder la télévision. Toutefois, il n’y avait rien de bien intéressant. Les heures passèrent et, lorsqu’elle vit qu’il était bientôt une heure de l’après-midi, Sadie quitta son appartement et décida de se rendre chez sa voisine qu’elle appréciait, malgré le fait que les deux demoiselles n’avaient pas grand-chose en commun. Sadie frappa à la porte et se fit ouvrir par Ella qui lui gueula quelque chose, ce qui ne surpris pas la demoiselle. « Salut, Ella. » La jeune femme resta plantée devant cette magnifique brune qu’elle ne pourra jamais embrasser, même dans ses rêves les plus fous. « Je vais bien et toi? Non, je n’ai pas besoin de sucre ou un truc dans le genre. Je voulais seulement te voir, c’est tout. » Elle espérait ne pas déranger sa voisine.

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{ le yin de ton yang }
crédit/ tumblr ☆ w/@Sadie Moore

Copiner avec le voisinage, ce n’est pas son truc. Vraiment pas. Elle est si peu dans son appartement, déjà, qu’elle les voit à peine. Ses horaires nocturnes n’arrangent pas la situation. Mais, surtout, elle se fiche bien de connaître des gens sous prétexte qu’ils habitent près d’elle. De toute manière, s’entendre avec eux, c’est prendre le risque qu’ils viennent lui demander des services. Et elle a une tête à nourrir le chat de son voisin, Ella ? Non. Encore moins de jouer les potiches en récupérant un colis, ou Dieu sait quoi d’autre encore. Non, vraiment, elle préfère autant les ignorer royalement plutôt que sympathiser avec eux. Mais c’est différent avec Sadie. C’est différent avec Sadie parce qu’elle est très différente elle-même de tous les autres. Lumineuse, le sourire bienveillant, l’allure candide, elle n’a pas grand-chose à voir avec Ella. Elle est même son exacte opposée. Mais ce n’est pas ce qui semble la rebuter, au contraire, ses attentions envers elle ne sont pas rares. Et la brune, elle a un peu tendance à en profiter. Profiter de sa gentillesse pour son propre intérêt ne la dérange aucunement. Mais ce dont elle n’se rend pas compte, Ella, c’est qu’elle se laisse de plus en plus approcher par la jolie blonde. Quitte à devenir beaucoup moins féroce avec elle, qu’avec n’importe qui d’autre du voisinage. Il suffit de voir la manière dont elle change de ton en se retrouvant face à Sadie. Sadie qui garde un visage doux et impassible, là où la brune sulfureuse aurait déjà incendié celui qui lui crie dessus sans raison. Sourire mutin sur les lèvres, Ella est loin de se douter des pensées de sa voisine, mais elle sait reconnaître un visage envoûté. Je voulais seulement te voir, c’est tout. À un autre, elle lui aurait dit que maintenant que c’est fait, il peut peut-être s’en aller. Mais pas à elle. Reculant d’un pas, elle laisse la jeune femme pénétrer dans l’appartement avant de fermer la porte derrière elle. – J’ai un putain de mal de crâne, j’ai l’impression qu’il va exploser. déclare-t-elle naturellement avant de s’approcher de la cuisine pour récupérer une boîte d’aspirine. Elle en prend deux gorgées qu’elle avale rapidement avant que son regard vienne se planter dans ceux de la blondinette. Elle ne sait vraiment pas ce qu’elle peut bien lui trouver. Elle n’est pas sympa, Ella. Tout du moins, pas quand elle n’en retire aucun avantage. Elle ne lui apportera jamais rien, si ce n’est peut-être des ennuis. Elle ferait mieux de se trouver une autre copine. C’est ce qu’elle se dit, la diablesse, mais elle garde ses pensées pour elle. – Alors quoi de neuf blondie ? T’es sortie hier soir ? Sa manière de s’intéresser à elle. Un peu brusque, peut-être, mais sincère toutefois. Peut-être qu’elle se surprend à s’attacher à cette petite tête blonde. Juste un petit peu.