haunted. (lina)

il doit être minuit quand il quitte le club. le visage crispé, la fatigue qui l’accompagne et lui fait voûter ses épaules malgré lui. près de trois heures qu’il s’entretenait avec ses gars, un serrage de vis nécessaire concernant la vente de stupéfiants. c’est avec difficulté qu’il a essayé de leur faire comprendre qu’ils ne devaient se fier à personne, qu’utiliser des re-vendeur anciennement consommateurs ne les mèneraient qu’à une perte considérable de bénéfice. la plupart étaient avachis sur leurs chaises, beuglant leur mécontentement entre deux gorgée de bière, les autres opinaient du chef sans réellement comprendre. il a essuyé quelques insultes, a remis à leur place ceux qui crachaient sur saraï. puis très vite, il n’était plus question de drogues ni d’argent, mais d’un débat sur l’avenir d’une reine qui ne laissait pas que de bons souvenirs derrière elle. ils sont nombreux à ne pas comprendre, le démantèlement de ce qu’ils appellent la section putes, les plus anciens n’y voient qu’une lubie de gonzesse, les moins réfractaires une avancée qui n’était pas forcément nécessaire. il est resté campé sur ses positions ézéchiel, n’a pas lâché le morceau, mais en est sorti lessivé.
le respect qu’ils lui doivent s’est gagné au fil des années, la terreur qu’il impose elle, lui vient de son père, et de son père avant lui. ils savent tous, que les Lachance ne craignent, rien, ni personne. ils s’inclinent pour la plupart, plus par crainte que par respect légitime.
il le sait, et alors qu’il enfourche sa bécane, ça le fait sourire. sans casque, il roule dans les rues de new-york, habituellement c’est au sapphire qu’il irait noyer ses pensées les plus sombres. oubliant ses plans surréalistes en redessinnant des yeux les courbes de sa strip teaseuse préférée. ce soir, c’est le réel qui l’intéresse. il veut que ses doigts s’accrochent à une chaire désirée et véritable. il ne veut pas allonger des billets pour un lapdance et des regards à l’eau de rose. c’est un parfum connu et si souvent respiré qui l’appelle. un corps, don il sait le coeur impénétrable, qui ne battra qu’au rythme d’une union sauvage. y’a son Harley qui cesse ses ronronnement à moins de cent mètres de l’habitation. ce n’est pas par elle, qu’il a su qu’il la trouverait ici. c’est hadès qui lui en a fait part, il y a quelques jours. il héberge la gamine, parce qu’elle ne sait rien faire de mieux que se foutre dans la merde. à travers la fenêtre il peut voir les lueurs rejetées par la télévision, il ne frappe pas quand il entre.
en quelques pas il atteint le salon, pas un sourire sur ses lèvres, à peine son sourcil qui s’arque quand il aperçoit un homme à moitié couché sur lina, trop occupé à lui bouffer la bouche pour se rendre compte qu’ils ne sont plus seuls. ézéchiel s’enfonce jusqu’à la cuisine, il fait grincer la porte du frigidaire pour s’en sortir une bière et la laisse claquer derrière lui afin de retrouver la scène qui aurait pu devenir pornographique. c’est qui ? qu’il demande, réellement curieux, jetant sa veste sur l’un des fauteuils avant de s’y affaler. il n’est pas jaloux, mais il ne supporte pas que ses plans soient remis en question par un abrutis même pas foutu de reboutonner son pantalon. l’homme le toise, ézéchiel tournent ses yeux clairs vers lina, avalant au même temps une gorgée de bière. j’pensais que tu serais seule. j’voulais me perdre dans tes draps, et repartir avant le levé du soleil. eh bien, elle ne l’est pas, mon pote. alors si tu pouvais, l’inconnu attire son attention, lui adressant un mouvement de tête en direction de la porte signe que son envie déborde sous sa ceinture, j’voulais que tu sois seule, j’aurai du appeler. qu’il continue, ne voulant pas laisser le connard prendre possession de sa colère latente.

tire-toi. il pourrait prendre les mots pour lui, mais il fixe l’intrus inlassablement. l’intrus qui ne comprends pas, qui ne veut pas se sentir de trop. il ne bouge pas, avec l’espoir sans doute que ce soit ézéchiel qui prenne le large, la brune se redresse, les épaules sont secouées et bientôt l’homme récupère son t-shirt délaissé. il lâche quelques insultes dans les airs, malmené dans sa virilité, il quitte les lieux, laissant planer derrière lui l’odeur âcre de la frustration. ce n’est pas un sentiment qu’il côtoie régulièrement ézéchiel, mettre de ses émotions en toutes circonstances, pourtant ce soir il pourrait le ressentir, le poids des envies forcées à prendre le large.
c’est elle qui prend la parole, elle lui fait face sans le regarder, ses doigts malmenant son cuir chevelu alors qu’elle cherche des réponses à sa présence. j’sais pas, j’pensais pas que je dérangerai, qu’il lâche avec nonchalance. c’est pas dans ses habitudes, il passe toujours un coup de fil, un texto sans attendre de réponse, mais il s’annonce en premier lieu. ce soir, j’avais qu’toi en tête, fallait que j’te vois, que j’te touche. apparement, j’passerai en second. elle s’approche de lui, dépourvu de son haut, le blond laisse courir ses iris sur la peau hâlée, sans retenue aucune. il faut dire qu’il connaît chaque grain de beauté, chaque cicatrice, qu’il n’a jamais su s’en lasser. il s’enfonce un peu plus dans le fauteuil, la cubaine s’empare de sa bière, il laisse faire. un truc grave ? oui. j’sais pas comment je vais faire pour réussir mon coup. j’sais pas comment ça va se goupiller, j’sais pas si je vais en sortir en vie. du moins, j’serai plus jamais le même, lorsqu’elle ne sera plus. non. qu’il ment, ses asurs s’accrochant à son regard, il sourit en coin pour appuyer ses dires. j’voulais juste... voir comment se passer la cohabitation. il la regarde attentivement, puis observe la pièce qui les entoure, tout ça, ça ne ressemble pas à son oncle, ça pue les faux-semblant, c’est trop propre, trop lisse. définitivement, ce n’est pas lui. la réflexion passée, il se penche et passe deux doigts dans les passant du jean de lina. il l’attire à lui, son cul se retrouve sur ses cuisses et il laisse sa main divaguer sur sa cuisse. ses yeux dans le vague, de son autre main il lui vole sa clope, il tire, s’imprègne d’une nicotine qui n’adoucira pas ses sens. puis j’voulais partager ta nuit, il a su être plus subtil, il s’est jamais montré entreprenant, mais ce soir, il veut éteindre chacune de ses pensées. c’est son odeur qu’il inspire férocement, laissant la cigarette se consumer entre ses doigts.

il n'a pas réellement besoin de poser la question.
il sait. en une observation minutieuse. en quelques phrases balancées par son oncle. que cette cohabitation ne se passe pas comme ils le voudraient tout les deux. que la deuxième fille blasco n'a jamais su tirer son épingle du jeu, et trouver grâce aux yeux d'une soeur qui ne l'a jamais désiré. il n'a jamais compris, mais a toujours respecté les choix de lina, a toujours essayé de ne pas la froisser quand le sujet épineux était mis sur le tapis. il ne répond rien, se contente de la suivre du regard, elle et ses lèvres qui se mouvent lorsqu'il l'attire contre lui. les doigts de la femme se sont posés sur ses épaules, sa main à lui n'a pas quitté sa cuisse alors que de l'autre il malmène la cigarette. c'est nouveau ça ? c'pas entre mes cuisses que tu trouvera le réconfort. leurs yeux ne se lâchent pas, il voudrait la faire taire en se ruant sur ses lèvres qu'il trouve trop tentantes ce soir, mais elle lui coupe l'herbe sous le pied. il grogne de manière imperceptible, noie ses pulsions dans une vague nicotinique. mais on peut discuter. son sourcil s’arque au même temps qu'il soupire bruyamment, laissant sa tête retomber en arrière pour aller tater le cuir du fauteuil. ses yeux se ferment, il prépare le deuil silencieux de ses plans du soir. les secondes passent, il ouvre un oeil. discuter ? j'ai pas envie de parler, pas de moi, j'ai jamais aimé ça, tu devrais le savoir mieux que personne. j'sais pas faire de grandes phrases. j'sais pas déclarer mes états d'âmes. il ouvre son second oeil, sourit en coin alors que sa main passe de cuisse à sa taille, effleurant le velouté d'une peau qu'il voudrait contre la sienne. ok. on peut parler,
ce ne sera pas de lui qu'il parlera, son regard en dit long. son sourire ne trompe personne. il va s'enliser dans les mensonges qui lui collent à la peau, persuadé qu'elle n'aura pas les bons outils pour lui taillader les chaires et les faire surgir au grand jour. pourquoi tu t'infliges ça ? il écarte les bras finalement, montre la pièce entière puis les laisse retomber contre les accoudoirs. tu sais bien qu'il y avait de la place chez moi, pour toi, et toutes tes conneries. qu'il ajoute, ricanant sans le vouloir. t'étais pas obligé d'venir t'enfermer ici. ses iris claires la sondent, c'est elle qui passe à la casserole la première, ainsi, il espère ne pas avoir à répondre de sa présence ici. nouvelle taffe, nouveau jeu de main qui s'aventure sur son genoux suivant la ligne du muscle de sa cuisse. une tendresse mal dissimulée qu'il n'accorde que trop rarement.

m'infliger quoi au juste ?
ta soeur est tout le mal que tu en penses. cette fille qui s'est immiscé dans ta vie. cet intru que tu n'as pas choisis. lina et ézéchiel, ce n'est pas sans raison qu'ils vibrent à la même fréquence. les mots ne s'échappent pas d'entre leurs lèvres, les confessions n'existent pas. ce n'est qu'en dernier recours qu'ils acceptent de livrer leurs blessures, peut-être même qu'ils mourront avec. tu ais très bien de quoi j'parle. qu'il lâche dans un souffle, ses iris bleus accrochées aux siennes plus sombres. elle sait, mais elle n'est pas là pour ça. c'est lui qui est venu perturbé sa soirée bien avancée. c'est lui, qui en réalité avait besoin de cracher son venin. d'étaler l'intégralité de ses pensées sur un tableau et d'en faire l'analyse. il espérait que l'appel de la chaire calmerait ses élans de parlotte. il pensait qu'elle n'y verrait aucun inconvénient. mais il avait oublié, ce à quoi il avait toujours été rattaché. le costume du queutard lui colle si mal à la peau qu'il ne parvient pas à se fondre dans le rôle. il laisse sa main caresser la peau ambrée, l'esprit ailleurs. lina le ramène sur terre. c'est exactement pour ça que j'suis pas venue chez toi. le parfum alcoolisé de la cubaine le fait sourire en coin, quand sa main se pose sur la sienne il stoppe tout mouvement, son regard ancré au sien, comme s'il attendait un signal quelconque. parce que tu sais pas résister. c'est un souffle contre ses lèvres. c'est un souffle qui enflamme son épiderme et lui fait resserrer ses doigts contre la peau de la jeune femme.
il est mauvais joueur avec les femmes ézéchiel.
il ne sait pas faire comme elles. il n'arrive plus à penser correctement quand il se focalise trop sur l'une d'entre elle, alors il ne fait rien. se refuse à certaines pour garder les idées claires. pourtant ses lèvres gomment la distance devenue minime. il l'embrasse avec une envie qu'il ne feint pas. sa bouche à le goût d'un souvenir à moitié effacé, qui se redessine au fil de leur baiser. sa paume est remonté jusque dans sa nuque et ses phalanges se sont refermées à la base de ses cheveux. il a le souffle qui lui manque déjà quand ils se détachent, qu'est-ce que ça peut bien faire ? il arque un sourcil, sa bouche s'entrouvre effleure celle de la jeune femme alors qu'il murmure j'serai pas l'premier à pas te résister. ni le dernier. j'vois pas l'mal à passer ses soirées au fond d'un pieu. j'en perdrai surement la raison plus vite que toi, j'le cacherai à merveille, comme toujours.