Cassey semblait avoir remarqué le changement d'attitude de Toby, même si celui-ci faisait tout pour le cacher. Il ne voulait pas la blesser, l'effrayer, lui faire de la peine. Et non, il n'avait pas de téléviseur. Il rit alors que la demoiselle observait les moindres recoins, pour se rendre compte par elle-même du fait qu'il disait vrai. "Je t'avoue que je n'ai jamais vraiment eu de télé, donc je pense que c'est une habitude. Je regarde des trucs sur le net, mais c'est pas si souvent." indiqua-t-il, souriant. "Tu vas me rendre pour un inculte, mais je n'ai vu aucun des deux.. Alors, je te laisse le choix!" indiqua-t-il finalement, jovialement, tout en gardant son regard ancré profondément dans le sien. Il frissonna subitement, remontant la couverture jusqu'à ses épaules. Il lui aurait bien proposé de se coucher auprès de lui, pour lui tenir plus chaud, mais elle se lança dans un monologue qui le fit frémir. Elle avait bien remarqué, et elle se sentait mal, par sa faute. Il baissa les yeux. Ils n'avaient pas la même vision sur le long terme finalement. Ils étaient bien ensemble, ils passaient de bons moments, ils prenaient soin l'un de l'autre, ils veillaient sur le bien-être l'un de l'autre, et pourtant... Cassey semblait se complaire dans cette situation. Elle ne jugeait pas nécessaire d'aller plus loin. Il ne quitterait pas l'Eglise pour juste s'afficher en public. C'était plus profond. Et Cassey ne semblait pas imaginer un avenir ensemble, elle ne semblait même pas prendre en considération une telle possibilité. Si bien qu'elle parlait de simplement se montrer l'un au bras de l'autre. C'était douloureux et frustrant. Mais il pouvait comprendre, après ses révélations sur son passé, sur sa douleur. Il pouvait comprendre, mais il se devait de lui répondre. Par honnêteté, et parce la fièvre favorisait les élans amoureux. "T'embrasser en public? Quand je dis que je t'aime et que je veux ton bonheur, c'est la vérité, c'est pas juste des mots. J'imaginais plutôt construire un avenir ensemble. Laisser le champ libre, pour pouvoir construire un foyer, quelque chose de sérieux, ce qui est impossible si je reste prêtre. Qu'un jour, tu ne sois plus la maîtresse cachée, mais... ma fiancée, peut-être. Que je ne sois qu'à toi, et toi qu'à moi." répondit-il finalement, doucement, affichant un sourire, les joues rouges de nouveau. "Si, un jour, je prenais cette décision, si je n'étais plus prêtre, tu penses que ce serait possible? Tu penses que ce ne serait pas mieux pour nous, pour toi, pour que je puisse te rendre vraiment heureuse, sans contraintes, sans secrets et sans limites?" demanda-t-il finalement, en prenant une grande inspiration. Il ne voulait pas qu'elle fuit... Ne fuis pas, Cassey, ne me laisse pas. Si tu es plus heureuse sans moi, en tant que petit-ami, j'accepterais, mais ne fuis pas... Ne m'abandonne pas sans réponse. Je t'aime, Cassey.
Today is gonna be the day That they're gonna throw it back to you By now you should've somehow Realized what you gotta do I don't believe that anybody Feels the way I do, about you now Backbeat, the word was on the street That the fire in your heart is out I'm sure you've heard it all before But you never really had a doubt I don't believe that anybody Feels the way I do about you now And all the roads we have to walk are winding And all the lights that lead us there are blinding There are many things that I Would like to say to you but I don't know how Because maybe, you're gonna be the one that saves me And after all, you're my wonderwall…
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Un petit rire vient s’échapper de ses lèvres lorsqu’elle entend les paroles de Toby. Elle se doutait qu’il ne passait pas son temps à regarder la télévision mais… Au point de ne pas en avoir ou, même, de ne jamais avoir vu des films aussi cultes que ceux qu’elle lui propose, c’est fou. – Bien, dans ce cas, on va regarder les deux ! lui assure-t-elle avec un sourire malicieux, contente de sentir qu’il n’y a pas de froid entre eux. Mais savoir qu’il ne lui en veut pas, c’est peut-être pire parce que cela signifie simplement qu’il est triste. Et elle est incapable de rester sur des non-dits, Cassey. Plus encore quand elle tient véritablement à la personne. Alors, son regard ancré dans le sien, elle décide de s’expliquer au sujet de ses précédentes paroles. Elle ne lui demanderait pas de quitter la prêtrise, elle le sait. Cela n’a rien à voir avec ses sentiments, avant même de penser à ses propres sentiments, c’est juste quelque chose qu’elle n’aurait aucun droit de faire. Elle voudrait qu’il comprenne que, si elle refuse cette éventualité, c’est parce qu’elle ne veut pas être celle qui le pousse à faire un sacrifice. Elle ne sait que trop bien ce qu’ils coutent. Et elle doit sûrement faire preuve de maladresse. Elle ne doit sûrement pas comprendre, non plus, ce dont il aurait vraiment envie s’il quittait tout pour elle. La preuve étant, ses paroles semblent surprendre véritablement son interlocuteur. Tout autant que les siennes déstabilisent la jeune femme. Il parle d’avenir, de foyer, de sérieux. Autant de mots qu’elle n’a pas l’habitude d’entendre de la bouche d’un homme, elle ne l’a peut-être jamais vraiment eue. Elle s’est refusée ce genre de relations. Depuis Owen, il est hors de question que l’on vienne lui parler de futur, et... De fiancée. C’est vraiment ce qu’il vient de lui dire. Elle déglutit difficilement alors qu’elle sent une vague d’inquiétude qui vient l’envahir. Il finit par lui demander si ce serait possible. Si ce ne serait pas mieux. – Possible… Oui, mais… Mieux, je ne sais pas. avoue-t-elle en glissant fébrilement la main dans ses cheveux. Elle se sent bien avec lui. Elle n’a aucune envie de s’éloigner de lui. Tous les moments qu’elle passe à ses côtés, elle les aime. Mais elle serait incapable d’imaginer construire une vie à deux et que cela fonctionnerait. Avec lui ou avec n’importe qui d’autre. Cela la terrorise, Cassey. L’idée de donner à un homme l’opportunité de l’abandonner une nouvelle fois, cela la terrorise. – Le fait que tu sois prêtre, ça… Ça m’empêche d’avoir peur. Ça m’empêche d’avoir peur que tout s’arrête du jour au lendemain puisque, de toute manière, là, je sais que je ne peux pas attendre autre chose. C’est peut-être incompréhensible. Certainement tordu. Mais c’est pourtant vrai. Comme c’était le cas aussi avec toutes les relations vouées à ne pas avoir d’avenir qu’elle a connues. Rien espérer, c’est aussi ne rien perdre quand tout s’arrête. Et, elle le sait, tout s’arrête un jour ou l’autre. Rien n’est définitif, surtout pas l’amour.
"Très bien, je suis pour!" s'exclama-t-il simplement avec enthousiasme alors que Cassey lui affirmait qu'ils pourraient regarder les deux films proposés. Il était vrai que la culture cinématographique de notre abbé était très limitée, il avait davantage le nez penché dans les livres que sur le téléviseur. La conversation reprit de plus bel, mais sur un thème bien plus sérieux, cette fois-ci. Sur le thème qui tenait à coeur à Toby, leur avenir ensemble. Et la réponse de la demoiselle fut assez étonnante, assez déroutante pour notre trentenaire.Possible mais pas mieux? Est-ce qu'elle se rendait simplement compte de ce qu'elle était en train de lui raconter? Est-ce qu'elle se rendait compte que cela sonnait comme un prétexte pour ne pas lui dire la vérité qui fait mal ? Alors comme ça, le fait qu'il soit prêtre était ce qui la rassurait? Ah oui? Comme ça, elle n'imaginait rien de plus ? Pas d'avenir pour eux. Juste des bons moments, de l'amitié. C'était donc cela, il ne pouvait pas la quitter, mais elle pouvait le quitter dès qu'elle le désirerait, pour un autre ou pour personne, peu importe... elle se laissait une porte pour fuir, elle était entrée en relation en se disant qu'il ne lui proposerait jamais rien de plus que ce qu'ils avaient déjà. Toby détourna la tête un instant, pris entre tristesse et énervement. Il ne voulait pas se disputer, elle avait souffert dans sa vie, elle était... blessée et ne réagissait pas forcément comme on pourrait s'y attendre. Elle devait avoir ses raisons pour parler de la sorte. Mais cette déclaration, elle faisait mal. Il reposa son regard sur elle, déglutit, avant de reprendre la parole, affichant cependant un petit sourire. Comment pourrait-il ne pas lui sourire? "Mais je te propose autre chose, je te propose plus..." indiqua-t-il. Elle avait peur de l'avenir, ou plutôt d'un avenir commun. Mais peur de plus avec tout un chacun ou seulement ne voulait-elle pas de plus avec lui? Il n'en était plus très sûr. Le jeune prêtre n'aurait pas cru, mais il commençait à douter, douter de nouveau de la sincérité de la demoiselle. Enfin non, pas de sa sincérité, car il était persuadé qu'elle croyait pleinement en ce qu'elle disait, même si, au fond de son coeur, elle ressentait peut-être autre chose. "Ca veut dire que si je cessais d'être prêtre, tu me laisserais tomber?" demanda-t-il finalement, tout bonnement. S'il n'était pas prêtre, elle s'en irait. Car s'il n'était pas prêtre, elle aurait le droit de songer à un avenir commun. Alors, elle ne l'aimait pas? Lui qui avait tant d'espoir, il ne savait plus que penser.
Today is gonna be the day That they're gonna throw it back to you By now you should've somehow Realized what you gotta do I don't believe that anybody Feels the way I do, about you now Backbeat, the word was on the street That the fire in your heart is out I'm sure you've heard it all before But you never really had a doubt I don't believe that anybody Feels the way I do about you now And all the roads we have to walk are winding And all the lights that lead us there are blinding There are many things that I Would like to say to you but I don't know how Because maybe, you're gonna be the one that saves me And after all, you're my wonderwall…
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Elle parle à cœur ouvert, Cassey. Elle lui confie ses peurs, ses pensées, de la façon la plus sincère qui soit. Elle ne calcule rien, ni ses émotions, ni les réactions qu’elle pourrait engendrer chez son interlocuteur. Elle lui parle avec franchise, simplement, parce que s’il y a une chose que l’on ne peut lui ôter, c’est son authenticité. Elle lui parle comme elle le ressent, comme elle le vit, au risque peut-être de le blesser. De l’énerver, aussi. Elle voit bien qu’il n’apprécie pas ses propos mais que peut-elle y faire ? Elle ne peut pas contrôler ce qu’elle ressent, elle ne l’a jamais pu. Tout ce qu’elle peut lui offrir, c’est sa vérité. Mais je te propose autre chose, je te propose plus. Oui, en l’occurrence c’est ce qu’il fait. Mais elle n’y aurait jamais cru. Elle n’aurait jamais pensé qu’il puisse songer à quitter l’Église, juste pour ses beaux yeux. Juste pour elle. Personne n’a jamais fait un tel sacrifice pour elle. Personne n’en a jamais fait tout court pour elle. Et c’est gros. C’est gigantesque. Tant que cela lui fait peur, Cassey. Elle n’a pas l’impression de le mériter. Pas l’impression qu’elle serait à la hauteur d’un sacrifice pareil, non. Elle ne sait absolument pas comment réagir. Alors sans doute qu’elle le fait mal. Ce n’est pas comme si elle avait l’habitude d’avoir une telle conversation avec un homme. Ça veut dire que si je cessais d’être prêtre, tu me laisserais tomber ? Elle le regarde, les yeux qui s’arrondissent de surprise, alors que sa réaction arrive instantanément. – Quoi ? Mais non, enfin. Elle n’arrêterait pas tout sous prétexte qu’il n’est plus prêtre. Elle n’est pas aussi tordue que cela. Elle essaie seulement de lui expliquer que, si elle a réussi à se laisser autant approcher, dans son intimité la plus profonde, par lui, c’est peut-être parce qu’elle n’a pas eu aussi peur qu’avec un homme lambda. Peut-être que s’il n’avait pas été prêtre, elle aurait eu peur de se dévoiler. Peut-être qu’elle se serait enfuie avant de s’attacher. Mais c’est trop tard maintenant. Ne le voit-il pas ? – Je tiens à toi, je… Que tu sois prêtre ou non, notre relation, elle est là maintenant. Elle est réelle. Et elle le vivrait mal si elle s’arrêtait subitement. C’est tellement évident pour elle mais elle a l’impression qu’il ne comprend pas, Toby. Qu’il n’arrive pas à la comprendre. Et c’est peut-être elle qui est trop compliquée, peut-être trop complexe pour qu’on puisse la suivre. – Ce que je veux dire, c’est qu’en temps normal, je fuis ce genre de relations Toby. Je fuis ce qui peut marcher, parce que ça me fait peur et le fait que tu sois prêtre, ça a été comme une barrière qui m’a rassurée. Mais, maintenant, c’est… Maintenant, c’est fait, je tiens à toi, c’est trop tard pour que j’arrive à m’enfuir. Elle se sent, totalement mise à nu. Elle déteste cela. Son regard finit d’ailleurs par fuir celui de Toby alors qu’elle conclue dans un murmure. – Tu dois me trouver complètement tordue…
La réponse de Cassey lui fit reprendre un peu d'air. Elle ne l'abandonnerait pas, elle tenait à lui. Cela, il le savait... Mais si elle avait peur, qu'est-ce qui la retiendrait? Si elle avait peur de lui... peur d'eux... Qu'est-ce qui l'empêcherait de paniquer? L'abbé sourit tendrement, alors que Cassey détournait le regard, comme gênée. Elle venait de se livrer, et Toby lui en était reconnaissant, pour cette conversation à coeur ouvert. Il toussa sur le côté, à plusieurs reprises, avant de se reprendre, tendre la main pour la poser sur la joue de la demoiselle, et faire en sorte qu'elle le regarde dans les yeux. "Oh Cassey.." souffla-t-il. Il était peut-être fou, ou stupide, dans ce cas, mais il l'aimait, comme elle était. Et ce qui le faisait trembler était que la réciproque ne soit pas vraie. Enfin, pas dans le sens exacte qu'il en était pour lui. Il sourit de plus bel, de façon rassurante. Mais il devait avoir des réponses à ses interrogations. "Ça veut dire quoi, alors, mon ange?" finit-il par demander. "Quelle est notre relation?" Il lui caressait tendrement la joue, lui souriant. Il ne voulait que son bonheur. Que son bonheur. Si elle voulait faire son bonheur loin de lui... Il accepterait, même s'il en souffrirait. L'amour était souffrance. "Tu penses que tu pourrais être heureuse, à mes côtés... pour la vie?" Ce n'était pas une demande en mariage, mais c'en était peut-être proche, enfin c'était une question assez fermée. Après tout, pour Toby, le lien sacré était important. Vivre caché, vivre dans le péché par amour, il commençait à en avoir peur. Lui qui se dressait devant les autres à la messe, il était peut-être le plus grand menteur en ce moment, vis-à-vis d'eux. Mais il pouvait comprendre que, pour Cassey, tout était allé très vite. Toby avait eu un coup de coeur, et le sien s'était rapidement embrasé... Mais n'était-ce pas le cas de la jeune femme dans son adolescence, lorsqu'elle avait rencontré Owen? Elle pouvait comprendre. Mais de son côté, elle ne semblait pas avoir les mêmes sentiments. Elle l'aimait, mais peut-être pas de la même façon..Et elle avait le droit d'avoir peur, qu'un homme puisse lui promettre tant de choses, alors qu'elle avait été abandonnée par le passé...
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Ce qui l’empêcherait de partir, Cassey, c’est lui. C’est eux. C’est l’attachement de plus en plus fort qu’elle ressent pour lui. Mais attachement qui n’a pas l’air de suffire au jeune homme. Elle le voit, elle s’en rend doucement compte. Il est en train de douter d’elle, elle et leur relation. Elle ne sait pas ce qu’elle a pu dire, ou faire, pour qu’il ait de telles appréhensions. Elle a fait preuve d’une sincérité sans faille avec lui. Elle se livre à lui, chaque jour, plus qu’elle ne l’a fait avec aucun homme depuis une éternité. Mais cela ne lui suffit pas. Elle ne lui suffit pas. Et c’est ce constat qui commence à lui faire mal au cœur alors qu’elle se retrouve, sans s’y être préparée, à devoir donner des réponses à des questions qu’elle ne s’est jamais posée. Il se montre tendre avec elle, bienveillant. Mais elle ne se sent pas mieux pour autant. Au contraire, elle a l’impression désagréable de devoir mettre son cœur à table… Sans l’avoir voulu. – Mais je suis pas la seule à la définir, j’en sais rien Toby, c’est fort ce qu’il y a entre nous, tu le ressens pas ? Elle ne relève les yeux vers lui qu’à ce moment. Le regard plus en détresse, plus perdu qu’elle ne le voudrait. Il est en train de la confronter à toutes les peurs qu’elle ressent depuis vingt ans. Des peurs qui sont bien plus ancrées en elle que leur rencontre de quatre ou cinq mois. L’interrogatoire non terminé, il lui pose une nouvelle question. Une à laquelle, cette fois, elle sait quelle réponse donner. – Je ne pense pas qu’une histoire puisse durer toute la vie. Non, elle n’y croit pas. Ni avec lui, ni avec personne. Comment pourrait-elle oser y croire à nouveau alors que, même quand elle le faisait de toutes ses forces, la vie s’est fait un plaisir de lui ouvrir les yeux ? L’amour éternel, cela n’existe pas. Et quand bien même ce serait possible. C’est beaucoup trop tôt pour qu’elle lui fasse une telle promesse. Il y a cinq mois encore, ils ne se connaissaient même pas. – Je crois que je ne te suffis pas Toby. Ce que je te donne, cela n’a pas l’air de te suffire. Sinon tu… Tu ne me poserais pas toutes ces questions subitement. La voix calme, le regard plus triste. Parce qu’elle a l’impression qu’il n’y a qu’une issue possible. Elle s’est ouverte à lui, encore une fois, elle lui a confié à quel point il lui est essentiel. Elle lui a avoué qu’elle ne pourrait pas s’enfuir. Mais c’est peut-être lui qu’elle doit laisser s’en aller.
Toby tourmente Cassey, alors qu'il ne le devrait pas. Pas dans cette situation. Mais, à présent que la conversation est lancée et bien avancée, il ne peut plus s'empêcher de poser les questions qui le tracassent, il le doit, parce que son coeur en a besoin. Il n'est plus un bon prêtre, parce qu'il vit dans le péché et veut continuer de vivre de la sorte. Pas de regrets, pas d'envie de s'améliorer pour mettre un terme à tout cela. Mais un terme à quoi? A l'amour? Il sourit, face à la réponse de son interlocutrice, qui lui semble alors fébrile. "Bien sûr que si, je le ressens. C'est très fort. Mon coeur me le rappelle sans cesse... Mais je m'y perds. J'aimerais que tu me dises ce que tu veux..." répond-il simplement, avec un petit sourire, plus attristé cette fois. Il ne veut pas la perdre... Et il a l'impression qu'elle lui reproche, en ce moment-même, de l'aimer à ce point. D'ailleurs, la réponse suivante le heurte. "Et pourquoi pas?" demande-t-il finalement. Cassey n'a pas la Foi, elle ne croit pas comme lui peut croire en l'Amour. Pourtant, il en a vu des choses terribles: des crimes, de la pauvreté, des histoires sordides d'amour étriqués, de la rancoeur. Il en a entendu des choses, au confessionnal. Mais cela ne l'empêche pas de penser que l'Amour gagne toujours. Idéaliste? Peut-être, mais surtout tentant de tout son coeur d'être miséricordieux en toutes circonstances. Et surtout, amoureux. Amoureux de cette femme se tenant à ses côtés. "Tu ne me suffis pas?" demande-t-il simplement, les yeux remplis de tristesse. "Mais... Je suis prêt à tout quitter, pour construire quelque chose avec toi. Tu me suffirais. Vraiment. Enfin... si tu le voulais, bien sûr... Je t'aime." déclare-t-il ensuite, doucement, ponctuant par un sourire rassurant. Il ne la suit pas. Il ne comprend pas ce qu'elle raconte. Se rendait-elle compte qu'elle occupait son esprit presque à chaque moment de sa vie? Il se mit à tousser, de nouveau, avant de pousser un soupire, afin de reprendre sa respiration.
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Elle ne lui en veut pas. Elle ne lui en veut pas de lui poser toutes ces questions. Elle ne lui en veut pas de s’interroger et, irrémédiablement, de l’interroger elle. Il a tant à perdre, elle peut comprendre qu’il se sente rattrapé par la réalité. Mais cela n’en fait pas moins mal. Elle est en train de réaliser, sans s’y être attendue une seule seconde, qu’elle va le perdre. Peut-être pas ce soir, peut-être pas cette semaine, mais elle finira par le perdre. Elle le perdra, parce qu’elle ne sera jamais capable d’offrir autant que ce qu’il veut lui donner. La gorge nouée, elle sent déjà l’émotion la submerger, Cassey. Ses mots lui font autant de bien que de mal. Parce que cet amour qui lui fait tant de bien, c’est aussi cet amour qui va finir par l’éloigner d’elle. – Je voudrais qu’on se laisse simplement aller. Qu’on vive ce qu’on doit vivre, sans se demander si cela durera un an, dix ans, ou toute la vie. Elle pose ses yeux bleus dans les siens quelques secondes, avant de murmurer finalement. – Mais c’est évident que ce n’est pas ce que tu veux… Elle a la sensation douloureuse qu’ils sont en train de se séparer. Sauf que Cassey, elle n’est pas prête à se détacher de lui. Elle l’a laissé l’approcher plus qu’aucun autre depuis Owen. Elle ne sait pas comment elle vivrait une séparation avec lui. Mal, très mal. Et peut-être que cela lui paraîtrait totalement contradictoire alors qu’elle lui affirme qu’une histoire d’amour n’est pas faite pour durer. Mais elle, elle n’était pas prête à voir la leur se terminer. Elle détourne les yeux devant la question si naïve du jeune prêtre. Ou peut-être pas naïve, car elle sait qu’il ne l’est pas. Peut-être juste trop idéaliste, trop croyante, pour une femme qui a perdu toute sa foi en l’amour. – Parce qu’il y a la lassitude, il y a le quotidien, il y a les mensonges et les trahisons. Il n’y a juste plus d’amour, ou parfois il y en a trop, la violence, la jalousie, la sensation de se perdre dans l’autre. Parce que ça tue à petits feux et que, moi, j’ai le cœur déjà en cendres. Elle sent l’émotion la submerger un peu plus. L’envahir totalement. Mais ce n’est rien en comparaison de ce qu’elle ressent aux derniers mots de Toby. Les yeux qui se mettent à lui piquer malgré elle, alors qu’elle les ferme pour éviter de laisser les larmes arriver. – Mais je sais bien Toby, et je… Je t’assure que si je pouvais le dire à quelqu’un aussi, ce serait à toi. Elle passe à nouveau la main dans ses cheveux. – Je te suffirais si je te donnais tout ce que toi, t’es prêt à me donner. Sauf que je n’en suis pas capable. Et je risque juste de te faire du mal. Et peut-être qu’elle est juste trop égoïste de ne pas l’avoir vu avant. Peut-être juste qu’il lui faisait tant de bien qu’elle n’a pas imaginé un instant lui faire du mal.
Qu'ils se laissent aller? Mais pourquoi... Pourquoi ne pas tenter de construire un avenir ensemble, même s'il ne finit pas par durer? Que voulait-elle dire par là? Qu'elle aimerait avoir cette relation avec lui uniquement le temps de trouver le véritable amour ailleurs? Uniquement jusqu'à ce qu'elle se lasse, jusqu'à ce qu'elle en ait assez? Comme elle le racontait si bien: il y avait la lassitude. Cette lassitude et ce quotidien qu'elle était si certaine de ressentir. Cassey avait l'air sincère, en lui ouvrant son coeur de cette façon, et pourtant, notre abbé se posait de plus en plus de questions. Les mots qu'elle avait à son encontre étaient douloureux, violents, sans que cela ne soit leur but. A ses mots, il comprenait, qu'elle ne voulait pas de lui pour mari, sans doute ne le voudrait-elle jamais. Elle voulait profiter, tant que faire se pouvait, jusqu'à ce qu'elle rencontre celui qui guérirait réellement son coeur, et que Toby ne reste que l'ami sur lequel elle peut compter. Car, quoi qu'il arrive, il lui avait promis, elle pourrait toujours compter sur lui, en toutes circonstances, quel que soit leur destin. "Mais, Casssou, c'est pas toujours comme ça... Ce n'est pas obligatoirement comme ça que ça se termine..." finit-il par dire, alors qu'une brume de larmes se forme au creux de ses yeux. Les paroles suivantes l'ébranlèrent encore davantage. Comment cela? Comment? Qu'est-ce que cela voulait dire? Il ne comprenait pas. Elle ne pouvait pas lui dire? Parce que ce n'était pas vrai, ou simplement était-ce encore ce blocage. Il était perdu, subitement, il se sentait mal, encore plus mal. C'était comme si la fièvre avait décuplé. Il passa une main contre son front. "Mais, si ce que tu dis est vrai, pourquoi on pourrait pas essayer? Seul Dieu connait la suite, nous, on ne peut que croire, et espérer. Et faire tous les efforts pour que ça marche..." indiqua-t-il finalement, alors que les larmes commençaient à couler le long de ses joues, malgré lui, qui avait tenté tant bien que mal de les retenir. Il avait la terrible sensation qu'ils étaient en train de mettre un terme à leur relation "amoureuse"... Et il se sentait de plus en plus fébrile, il avait de plus en plus chaud, et de plus en plus mal au crâne. D'ailleurs, il ferma les yeux, alors qu'il avait la sensation de ne plus pouvoir respirer convenablement.
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Il ne sait pas. Il ne sait pas à quel point son cœur est cadenassé. Cela ne doit sûrement pas se voir au premier abord. Parce qu’elle est chaleureuse, Cassey, elle est radieuse, généreuse. Elle se donne tout de suite aux autres, sans fioriture, sans méfiance, sans hésitation. Mais ce n’est qu’un leurre. Son cœur, elle ne le donne pas, jamais. Car, à l’intérieur, elle ne se sent juste plus capable d’aimer. Plus aimer personne. Ce n’est pas pour rien qu’elle a enchaîné les histoires foireuses avec des hommes minables, ce n’est pas pour rien qu’elle n’a jamais réussi à construire sa vie avec l’un d’eux. Elle ne s’en sent juste pas capable. Et, avec Toby, elle commençait tout juste à se laisser aller. Elle a été capable de lui donner sa confiance, c’est plus qu’elle ne l’a fait avec aucun autre depuis que son cœur s’est brisé. Mais elle ne peut pas se dépasser autant, pas autant qu’il le voudrait. Et cela lui fait mal au cœur, vraiment mal au cœur de se dire qu’elle n’est pas fichue de livrer tout son cœur à quelqu’un qui pourrait lui offrir le sien d’un mot de sa part. Mais elle ne peut pas se forcer à croire en quelque chose qu’elle a passé toute sa vie à fuir. – Si… Si, ça se finit toujours comme ça… Elle et Owen. Ses parents. Nikolaï avec son épouse. Il n’y a rien qui dure, c’est comme ça. Alors, à quoi bon ? À quoi bon livrer tout son cœur sur un plateau, pour le voir détruit en mille et un morceaux quelques temps plus tard ? À quoi bon y croire ? Elle ne veut pas, Cassey. Elle ne peut pas. Elle se rend compte de ce qu’elle a toujours refusé de voir. Ce que son cœur n’a pas voulu voir. Elle ne suffira pas à Toby, pas éternellement. Il pourrait offrir tout un monde à une femme si elle le demandait. Mais, Cassey, elle est incapable de demander quoi que ce soit. Ni même de l’offrir. Et les espoirs du jeune homme, les promesses dont il semble tant avoir besoin, elles ne font que lui montrer tout ce qui les oppose. Elle essaie calmement, en douceur, de lui expliquer ce qu’elle est tout juste en train de réaliser. Mais il lu parle d’efforts. D’espoirs et de croyances. Sauf que toi t’es plus capable d’y croire. T’as plus la force d’espérer. T’es juste une coquille vide qui n’aime qu’à moitié. Elle prend une petite inspiration, comme pour retrouver le courage de parler. Mais elle le voit, fébrile et tourmenté, elle le voit si mal alors que les larmes commencent à couler. Le cœur qui se serre, elle se rapproche aussitôt de lui, comme par instinct. – Hé Toby… Arrête… D’un mouvement délicat de ses mains, elle essuie tendrement les perles salées sur son visage. Elle se rapproche davantage encore de lui pour le prendre dans ses bras. – Viens là… Calme-toi, s’il-te-plaît… Je suis là. murmure-t-elle sans cesser de lui caresser les cheveux, comme pour tenter de l’apaiser. Il faudra bien qu’ils parlent… Il faudra bien qu’ils éclaircissent la situation entre eux. Car elle refuse de le faire souffrir, Cassey. Et elle voit bien qu’il ne s’épanouit pas dans cette relation. Il ne s’épanouit pas avec elle, parce qu’elle ne sait juste pas rendre heureux un homme. Mais ce n’est pas le moment d’en parler, pas maintenant, alors qu’il est malade et bouleversé. Et peut-être qu’elle a envie de savourer encore quelques instants à ses côtés.
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Sujet: Re: Tendresse ♡ Tossey 
Lun 17 Juin - 15:49
Un petit rire vient s’échapper de ses lèvres lorsqu’elle entend les paroles de Toby. Elle se doutait qu’il ne passait pas son temps à regarder la télévision mais… Au point de ne pas en avoir ou, même, de ne jamais avoir vu des films aussi cultes que ceux qu’elle lui propose, c’est fou. – Bien, dans ce cas, on va regarder les deux ! lui assure-t-elle avec un sourire malicieux, contente de sentir qu’il n’y a pas de froid entre eux. Mais savoir qu’il ne lui en veut pas, c’est peut-être pire parce que cela signifie simplement qu’il est triste. Et elle est incapable de rester sur des non-dits, Cassey. Plus encore quand elle tient véritablement à la personne. Alors, son regard ancré dans le sien, elle décide de s’expliquer au sujet de ses précédentes paroles. Elle ne lui demanderait pas de quitter la prêtrise, elle le sait. Cela n’a rien à voir avec ses sentiments, avant même de penser à ses propres sentiments, c’est juste quelque chose qu’elle n’aurait aucun droit de faire. Elle voudrait qu’il comprenne que, si elle refuse cette éventualité, c’est parce qu’elle ne veut pas être celle qui le pousse à faire un sacrifice. Elle ne sait que trop bien ce qu’ils coutent. Et elle doit sûrement faire preuve de maladresse. Elle ne doit sûrement pas comprendre, non plus, ce dont il aurait vraiment envie s’il quittait tout pour elle. La preuve étant, ses paroles semblent surprendre véritablement son interlocuteur. Tout autant que les siennes déstabilisent la jeune femme. Il parle d’avenir, de foyer, de sérieux. Autant de mots qu’elle n’a pas l’habitude d’entendre de la bouche d’un homme, elle ne l’a peut-être jamais vraiment eue. Elle s’est refusée ce genre de relations. Depuis Owen, il est hors de question que l’on vienne lui parler de futur, et... De fiancée. C’est vraiment ce qu’il vient de lui dire. Elle déglutit difficilement alors qu’elle sent une vague d’inquiétude qui vient l’envahir. Il finit par lui demander si ce serait possible. Si ce ne serait pas mieux. – Possible… Oui, mais… Mieux, je ne sais pas. avoue-t-elle en glissant fébrilement la main dans ses cheveux. Elle se sent bien avec lui. Elle n’a aucune envie de s’éloigner de lui. Tous les moments qu’elle passe à ses côtés, elle les aime. Mais elle serait incapable d’imaginer construire une vie à deux et que cela fonctionnerait. Avec lui ou avec n’importe qui d’autre. Cela la terrorise, Cassey. L’idée de donner à un homme l’opportunité de l’abandonner une nouvelle fois, cela la terrorise. – Le fait que tu sois prêtre, ça… Ça m’empêche d’avoir peur. Ça m’empêche d’avoir peur que tout s’arrête du jour au lendemain puisque, de toute manière, là, je sais que je ne peux pas attendre autre chose. C’est peut-être incompréhensible. Certainement tordu. Mais c’est pourtant vrai. Comme c’était le cas aussi avec toutes les relations vouées à ne pas avoir d’avenir qu’elle a connues. Rien espérer, c’est aussi ne rien perdre quand tout s’arrête. Et, elle le sait, tout s’arrête un jour ou l’autre. Rien n’est définitif, surtout pas l’amour.