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 coups et blessures (louve)

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Message Sujet: coups et blessures (louve)   coups et blessures (louve) Empty Dim 28 Avr - 21:43

Les révélations fuitent vite dans les catacombes des bikers aux âmes mal huilées. Ici, tout le monde parle, tout le monde sait, les coeurs battent à l'unisson aux sons des cloches de la grande faucheuse attendant de fendre un autre corps de sa lame bien limée. Blaise Altaïr a été vendu. Paroles murmurées à l'oreille d'une Sarai concentrée sur les mots psalmodiés pendant une énième église où les poings se ferment et où les plaintes sont toujours plus nombreuses. Image même de l'ennui rétracté, visage posé au creux d'une main dont le doigt caresse ses lèvres appelant au cessez le feu, elle ne cille pas lorsqu'on lui rapporte la nouvelle, reste figée un instant avant de lentement tourner la tête vers l'un de ses prospect, blême sous le regard déviant qu'elle lui lance, comme si face à elle se tenait le coupable de ses maux éternels. On bouge. ça tombe comme une roche dans l'eau dormante, faisant cesser les disputes et les râles énervés. Toutes les têtes se tournent vers elle, regards interloqués, d'autres attendant simplement la suite D'quoi tu parles ? On était pas en pleine réunion là ? Le miel de ses yeux se dépose sur l'un des récalcitrants, reine des glaces, tendue à l'extrême, cherchant à regrouper les pièces d'un puzzle dont elle n'a que des fragments éparpillés. Et il n'y a qu'un nom qui clignote au fond de sa tête déjà trop remplie, qu'une tornade emportant le reste, soufflant le même putain de prénom au quatre coins de sa tête. Blaise, fer aux poignets, elle aurait aimé être là pour jouir de l'image, armée de son plus beau sourire carnassier, traits juvéniles cachant si bien toute les envies de tortures qu'elle repousse depuis des années. Blaise. Démon sonnant les timbales de la guerre depuis trop longtemps. Blaise et les fêlures qu'il a brutalement fait à leur traité de paix déjà poreux. Blaise, j'espère que t'auras la corde au cou, droit au baiser de la mort passionnel dont j'espère être la témoin principale. La cadence des discussions a repris mais le raclement des pieds de sa chaise arrive à refaire naître un silence absolu, remettant sa veste sur ses épaules, désignant simplement les plus proches d'elles pour l'accompagner vers un lieu qu'elle a si peu exploré, où elle redoute de foutre les pieds par peur d'y trouver une nouvelle ode au nerf de la guerre. Les kilomètres vite avalés sur les chaussés asséchées, il n'y a que peu de rats errants dans la ville à cette heure, Sarai claudiquant jusqu'à l'immeuble où elle sait le fauve terré au chaud, dans sa plus étroite tanière. Les échos de leurs pas lourds flottent dans les escaliers, elle crache au dos de la main voulant se tendre pour l'aider à monter une marche, les années n'ayant pas ralenti les élans d'aide dont elle ne veut pas. Sarai continue son ascension, entendant déjà les battements sourds de son cœur vomir leurs salves de colère, les mains crispées dans les poches de sa veste, comme prêt à s'abattre sur son visage de poupée froide. Louve, c'est ses nuits les plus sauvages, le goût de la rouille aux lèvres, le crachin des insultes hurlées à la gueule de l'autre, le souffle coupé sous l'extase demandée, les pulsions du corps serpentant dans les reins pour ne plus la lâcher des jours après. Louve, elle redoute son regard et son état. Louve, qu'est-ce que t'as foutu ? Ses pas avalent bien vite la distance qui la mène jusqu'à la porte où sa main se plaque bien vite, faisant résonner la plus horrible des sonneries. Pas de réponse. Risette esquissée sur ses lèvres aux commissures marquées de fossettes malicieuses, elle retient la colère une nanoseconde avant que son poing ne percute la porte Putain ! ouvre cette porte Louve avant qu'j'la défonce ! Peut-être qu'elle n'est pas là. Qu'elle erre ailleurs mais les loups préfèrent les ombres à la lumière, s'offrent toujours à la lueur doucereuse de la pleine lune. Sûrement que ses cris alertent les voisins, les judas ouverts pour apercevoir les silhouettes de chimères en cuir sonnant à la porte d'une voisine à qui ils n'ont jamais dû parler. Son poing s'élance encore mais cesse sa trajectoire meurtrière quand la porte s'entrouvre enfin. Il lui en faut peu à Sarai, bousculant le bois, ordonnant aux deux autres de rester devant dans un marmonnement grincheux pour finalement claquer une porte qui n'est pas à elle. Pas là pour observer le décor, ses yeux apprivoisent simplement les moindres détails d'un possible visage caché dans l'ombre, cherchant un  intrus capable de l'égorger sans qu'elle ne le voit. Rien. Elle finit par enfin la regarder, beauté lupine aux traits dessinés à la mine fine d'un crayon séraphique. Sa seule vue suffit à faire exploser la bombe qui joue de son tic-tac dans son estomac, saisissant sans préambule son bras, la chaleur de ses doigts enserrant la peau pour mieux dominer, mordant avant d'être mordue J'peux savoir ce qu'il s'passe ? Qui l'a mis à genoux avant moi ? Qui a parlé ? J'entends tellement d'sons de carillons que j'arrive toujours pas à refaire le puzzle du chaos qu'une bouche à ouverte. Est-ce que la tienne ? Est-ce que c'est toi qui a dégueulé la vérité pour te libérer ? Les questions ne sont rien que des nuées de mots qu'elle écrase bien vite, préférant resserrer un peu plus sa prise, ne sachant jamais lui parler avec plus de douceur. Moins de furie Sarai. Moins d'impatience. Elle échoue, crachant encore Parle ! ça résonne contre les murs, ça craquèle la voix qui ne cesse jamais d'hurler. J'suis en constante effervescence. Je brûle. Je transpire la haine et la frustration. Et ce soir, pire, je sens la pointe de l'anxiété venir fendre le fou enragé qui bat dans ma poitrine. Il cri à quel point tu es coupable, meurtrière de mon calme déjà bien amaigri.
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Message Sujet: Re: coups et blessures (louve)   coups et blessures (louve) Empty Mer 8 Mai - 18:22

Les ongles de Louve claquent contre la table en ferraille, l'impatience et l'angoisse se faisant doucement un nid au creux de son estomac. De ses opales rougies, elle fixe le plafond écaillé et laisse les lumières aveuglantes lui brûler la rétine. Les néons n'empêchent pas le visage de Blaise de se dessiner, ni sa voix de résonner dans sa boîte crânienne. Si la peau de ses poignets n'était pas aussi embrasée par le baiser incandescent des menottes, Louve aurait pu se croire morte. C'est silencieux, à l'intérieur. Tellement silencieux que même l'oreille posée contre sa poitrine, elle n'est pas sûre qu'on puisse entendre les battements faiblards de son cœur. Louve ne sait bien vite plus ce qu'elle attend – sa liberté ou sa mise à mort. Et lorsque les inspecteurs arrivent enfin, c'est avec une voix plate et sans émotion qu'elle détruit son propre monde. Le prénom de Blaise glisse hors de ses lèvres comme une lame de rasoir sur la peau. Elle le répète, encore et encore, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus respirer. Louve s'étouffe devant les yeux désintéressés des deux inspecteurs. Elle perd l'équilibre et s'écrase au sol dans un bruit sourd, ses paupières closes sous la douleur. Une main fait vite son chemin jusqu'à sa joue et lorsqu'elle rouvre les yeux, il est là. Son visage au-dessus du sien, Blaise déplace ses doigts, caressant la peau porcelaine de Louve avec une délicatesse qui ne lui ressemble pas, puis les resserre autour de son cou. Il n'y a bientôt plus de douceur, ni d'amour au fond de ses iris obscures. Et il serre. Il serre à en empêcher l'air de naviguer, l'oxygène de voyager. Louve ne se bat pas, prête à se laisser engloutir par le néant. Tu as dessiné les contours de ma vie, transformé les paysages gravés sur ma rétine. Tu m'as donné une chance de me relever, d'oublier, d'avancer. D'être plus ; plus qu'une orpheline aux tendances psychotiques et à la violence facile. De devenir celle que je voulais et non pas celle qu'on m'avait programmé à être. Et c'est comme ça que je te remercie, le couteau profondément enfoncé dans le dos et la culpabilité à des années-lumières. Achève-moi, Blaise. Termine le travail que tu as commencé. J'aurais une éternité entière pour regretter mes actes et te supplier de me pardonner une fois réunis dans l'au-delà. Finis ton œuvre et signe-la de mon sang sur tes doigts abîmés. Elle y croirait presque, Louve. Elle croirait presque entrevoir la Faucheuse derrière les traits maniaques de Blaise, un sourire sur ses lèvres noircies par la mort qui ne cesse de la suivre. Le retour à la réalité lui retourne les tripes, ses paupières se rouvrant brutalement dans l'obscurité. Louve s'assoit sur le canapé – qui, depuis son retour, lui sert de lit –, la respiration saccadée et le corps trempé de sueurs. Elle se penche sur la table basse et attrape le dernier joint qui y traîne, consciente qu'il n'y a que le cannabis qui pourra la calmer dans un état pareil. Après trois longues taffes étourdissantes, Louve se sent déjà plus calme, ses muscles détendus et sa respiration revenue à la normale. Malgré la fatigue qui continue de tirer ses traits et l'empêche de rester de debout plus d'une minute, elle se retrouve incapable de fermer l’œil. Si la drogue arrive à calmer ses nerfs, ses effets thérapeutiques ne durent jamais bien longtemps et Louve est vite submergée par les émotions cloîtrées au milieu de sa poitrine. L'angoisse et la peur sont les plus présentes, celles qui ont le plus souvent raison de la santé mentale de Louve. Un jour et demi écoulé, enfermée entre quatre murs étouffants et faiblement protégée par une police en qui elle n'a jamais eu confiance. Plus d'un jour à guetter la rue d'un air absent, à tendre l'oreille à chaque bruit dans la cage d'escalier. La protection policière et les promesses de Thelma ne sont que de piètres réconforts. Louve connaît les hommes de Blaise, leur détermination, loyauté et férocité. Ce ne sont pas trois flics en bas de l'immeuble qui les empêcheront de lui coller une balle entre les deux yeux – s'ils sont miséricordieux et ne veulent pas s'amuser avec elle avant. Cependant, elle ne peut que se contenter d'attendre dans cet appartement qu'on lui a interdit de quitter. Il est apparemment plus prudent pour elle de rester ici – plutôt que de prendre le premier avion pour l'autre bout du monde. Entre ces murs qui ont toujours appartenu à Blaise, sous ce toit où il l'a accueilli alors qu'elle n'avait que dix neuf ans, elle se sent prisonnière et à deux doigts de l'asphyxie. Les heures qui suivent son réveil sont embrouillées par le cannabis et la nicotine. L'orpheline réserve les plus belles bouteilles d'alcool de Blaise pour la nuit qui suivra – si elle ne les a pas balancé de rage contre le mur d'ici-là. Elle ne se fatigue pas à essayer de manger, sait qu'elle ne gardera rien dans son estomac déglingué et se contente de rouler sa douzième clope dans le silence le plus total. Elle la glisse vite entre ses lèvres et s'apprête à l'allumer avant que des bruits dans la cage d'escalier la stoppent dans son élan. Sourcils froncés, Louve repose la cigarette fraîchement roulée sur la table basse et attrape le flingue cachée sous un coussin à sa gauche. Ça pourrait être n'importe qui – un voisin ou un des flics qui lui sont assignés pour la journée, s'il y en a aujourd'hui, peut-être même Thelma si elle a de la chance ; un des hommes de Blaise ou d'un clan allié dans le pire des cas. Les pas s'approchent bientôt de la porte d'entrée et la boxeuse resserre son emprise sur l'arme entre ses mains tremblotantes. La sonnerie retentit. Louve se fige, la respiration bloquée dans sa gorge et l'envie soudaine de dégueuler son repas inexistant sur le sol. Puis la sonnerie stridente est vite remplacée par un poing qui s'abat sur le bois et une voix féminine qui résonne dans le couloir. – Putain ! Ouvre cette porte Louve avant qu'j'la défonce ! Ses dents attrapent sa lèvre inférieure, serrant jusqu'à ce que la douleur lui rappelle qu'elle bel et bien vivante. Louve pourrait bien prétendre qu'elle n'est pas là, s'enfoncer dans l'obscurité et y rester jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'un cadavre en putréfaction. Et elle l'aurait fait – si ce n'était pas Sarai à la porte. Elle l'aurait sans se soucier des conséquences, mais elle est incapable de l'ignorer. Ses pas sont peu assurés et ses mains tremblantes alors qu'une dépose l'arme sur un meuble, puis que l'autre se pose sur la poignée quelques secondes plus tard. Louve entrouvre la porte avec méfiance, ses opales rencontrant furtivement celles de Sarai avant d'être repoussée à l'intérieur. Elle grimace sous l'impact et se rattrape de justesse au mur à sa droite. Un silence inconfortable s'installe entre la lionne et la louve, les yeux d'une vagabondant dans l'appartement et de l'autre détaillant le visage de l'intruse avec intérêt. Qu'est-ce que tu fais là, Sarai ? Qu'est-ce que tu cherches ? Est-ce que t'es là pour m'entraîner toi-même dans les Abysses ou me regarder cramer sous les flammes infernales de la trahison ? Vite, il y a la main de Sarai qui s'empare de son bras, se resserrant douloureusement à chaque mot qui quitte ses lèvres furieuses. J'peux savoir ce qu'il s'passe ? Louve la regarde de ses prunelles dilatées, un sourcil arqué et les traits désintéressés. Ses lippes ne bougent pas, scellées par une force invisible. Elle a des choses à dire, Louve, mais on la retient de cracher son venin, de balancer la vérité à la gueule de Sarai et de la laisser faire le reste. Ce n'est pas par instinct de survie, par culpabilité ou honte. C'est juste qu'elle s'en fout, l'orpheline. Que Sarai pourrait bien lui pointer un flingue au milieu du front qu'elle n'en aurait rien à faire. Parle ! Ça claque entre ces quatre murs maudits. Louve reste de marbre, son regard glacé toujours ancré dans celui de Sarai. – Lâche-moi, que la boxeuse crache avec véhémence. Elle retire violemment son bras de son emprise, sans pour autant s'éloigner de la motarde. Tu sais déjà ce qu'il se passe, Sarai. Tu voulais la tête de Blaise sur un piquet et je t'ai volé cette chance, alors vas-y. Détruis mon âme putride et donne ce qu'il reste aux charognards. C'est ton jour, Sarai. T'as enfin ta chance de tuer la chienne d'Altaïr. Alors vas-y, déchire-moi de tes crocs aiguisés. Je me battrais même pas, tu verras. Alors maintenant, soit tu me colles une balle entre les deux yeux, soit tu te casses et retournes auprès de tes clébards. Un dernier regard pour Sarai et Louve s'éloigne enfin, reprenant sa place sur la canapé et rattrapant sa cigarette qu'elle allume sans grand mal. Elle laisse la nicotine se propager dans son organisme avec nonchalance, l'esprit pourtant bousillé et le cœur battant à une vitesse alarmante. Je sais pas, Sarai. Je sais pas si je veux mourir, mais je me plaindrai pas si c'est toi qui mets fin à ma misère. Je sais pas, Sarai. Je sais pas pourquoi je veux que ton visage soit ma dernière vision, ta voix la dernière mélodie que j'entende. Je sais pas, Sarai. Sûrement que malgré tout, je sais que tu seras toujours là, tes yeux incandescents dans les miens et ton sourire féroce aux lèvres. Je te hais, Sarai. Je te hais, mais contrairement à tous les autres, t'es jamais partie. Tu restes là, à me retourner les tripes et à brûler ma chair mutilée. Alors oui, si je dois mourir aujourd'hui, je veux que tes doigts soient la dernière chose que je puisse sentir avant de foutre le camp de cette terre dégueulasse.

@sarai barger
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Message Sujet: Re: coups et blessures (louve)   coups et blessures (louve) Empty Ven 14 Juin - 12:05

Cerbère, elle pénètre l'antre de la louve acculée, cloître leurs deux corps dans les ombres sylvestres, silhouettes longilignes s'animant sous la présence de l'autre. La poigne est vive autour du bras, les bras marquant les muscles de leurs passages ravageurs, elle tremble de rage, d'une haine qui n'a toujours fait qu'enfler sous ses yeux, sa simple voix raniment les plus vieilles lubies, les plus anciens fantasmes, la plus idiote des envies. Sarai qui sert les dents sous les yeux d'onyx la narguant d'un air faussement distant, l'arrogance crachée en un haussement de sourcil, le mépris indélicat. La main sert et sert trop fort à s'en faire mal elle-même. Perdue la reine sous les actes qu'on lui a murmuré. Pourquoi d'entre toutes les bouches, c'est la tienne qui s'est ouverte ? Blaise, elle le voulait sur un plateau d'argent. Blaise, elle le voulait sous le canon de son arme. Blaise, elle voulait ses hurlements, ses cris, l'odeur nauséabonde de sa peur sous ses coups répétitifs. Elle aurait voulu tâcher le sol des bouts de sa cervelle pour qu'il ne reste de lui qu'une coquille éviscérée. Qu'est-ce que tu as fait ? L'impatience hurlée, le calme depuis longtemps piétiné. Lâche-moi Secousse du bras qui lui échappe, les doigts vidés du touché, le bras qui retombe contre son corps mais les yeux qui ne lâchent rien, fusillant trop fortement, la criblant de questions silencieuses, la brume du doute plein les prunelles mais la bouche demeurant fermée, les dents serrées pour ne plus faire résonner sa voix contre les murs décrépis. Tu sais déjà ce qu'il se passe, Sarai. Elle secoue la tête, le déni incendiant l'esprit, un pas la forçant à reculer, le souffle en pagaille dans la poitrine, véritable tempête impossible à calmer. Non, j'te crois pas. Murmure d'une enfant à qui on a enlevé la promesse d'une belle vengeance. C'est sa faute si je ne fais plus que marcher avec maladresse, si je manque de trépasser lors des jours de pluie sous la douleur immonde, si mon clan me lorgne avec tout le poison de leur immense méfiance. C'est sa faute si je sens que je tombe à chaque pas que je fais. Sa faute. Sa putain de faute à lui. La bouche, sèche, amère, s'entrouvre pour laisser dévaler ses questions. Alors maintenant, soit tu me colles une balle entre les deux yeux, soit tu te casses et retournes auprès de tes clébards. Les lèvres se referment, les mots ne viennent plus, l'interdit plaqué sur le visage, les yeux sondant les siens pour tenter d'y trouver la macabre vérité. Ne me tente pas. Ne m'agite pas ta vie sous les yeux, l'offrande attisant ma gourmandise, pour que je puisse te voler tes derniers battements. Que mon visage soit la dernière chose que tu verras avant de rejoindre le Styx qui n'attend plus que ton âme pour être rassasié. Elle s'échappe, lui arrache les fenêtres donnant sur son âme éventrée. La Louve semblant être à moitié là, un pied déjà planté dans la tombe, le corps chancelant, la démarche aussi lourde que si chaque pas était un fardeau de plus, chaque inspiration donnant l'espoir que ce soit la dernière. Ses yeux ne quittent pas le spectacle de sa déchéance, les membres agités par la frénésie, fureur sans cible, incapable malgré elle de la combler sur l'opale de sa peau à elle. Ce n'est pas toi que je veux mordre. Ce n'est pas tes cris que je veux entendre. Ce n'est pas tes yeux que je veux voir s'éteindre. Lourd soupir sonnant l'espoir d'y voir plus clair, le corps s'avançant toujours dans la piaule d'un animal sauvage, abandonné, l'être stigmatisé du mal qu'elle s'inflige elle-même. Sarai qui l'observe bien mieux dans la pénombre précaire, qui ne voit que trop bien les cavités des cernes maquillant ses yeux ombrageux, les cheveux d'encre en filaments bordélique les lèvres purpurines aspirant le mégot. Lèvres trop observées, trop dessinées, trop espérées. Les entrailles bouleversées, toujours, par la même vision. Et même dans ta détresse, tu restes trop fascinante à regarder. Les poings se serrent, se desserrent, phalanges fatiguées d'avoir percutées trop de visages. La quitter des yeux devient impossible. Point d'ancrage animant le cœur épuisé depuis trop d'années, deux filles condamnées à la haine immortelle. Ton visage blême m'écorche les yeux, ton regard où déjà se noie la mort commence à me rendre dingue, ça affole tout, ça chamboule tout, ça fout un sacré bordel. Et Hadès seul sait à quel point j'te déteste pour tout ça. C'est lentement qu'elle s'avance, ombre aux pas si lourds, s'assoit en face d'elle, se posant au bord de la table basse encombrée, glissant sa main sous sa veste pour en sortir l'arme qui a signée beaucoup trop d'arrêt de mort. Des baisers volés collés contre des fronts luisants. Je ne veux pas. Je ne veux pas. Mais je vais te faire bouger Louve. C'est comme le pire des blasphèmes quand elle pointe l'arme vers elle, le cœur au bord des lèvres, que le canon flirte contre la poitrine, l'acier glissant sur la courbe d'un sein discret, s'embarquant contre le ventre pour finalement se planter tout proche de son visage. J'te pensais tellement moins lâche. Mais ok, réglons ça maintenant. La nonchalance totale dans le timbre qui s'enfuit avec la fébrilité intérieur, opales cherchant les siennes à travers l'écran de fumée. Le cliquetis d'un cran de sécurité abaissé résonne étrangement, fausse note qui vrille les tympans, secoue les synapses. Tu trembles Sarai. T'as pas honte ?
Pourtant j'en ai buté beaucoup avant toi, j'en ai enlevé des vies, sans envie, sans plaisir. Mes mains de sale gosse tenant entre ses doigts le plus lourd des flingues, mon père me sommant d'abattre un clebs pêché dans la rue, de viser le crâne, de ne pas pleurer, de ne jamais pleurer et de ne jamais fuir. Surtout, ne jamais fuir. Parce qu'alors je fuirais toute ma vie. Et une Barger ne fuis pas, elle affronte comme j'aimerais que tu le fasses. Battement de paupières troublant le regard, laissant la place au trouble, à la brume de l'incompréhension. Le doigt caressant la gâchette sans jamais appuyer, laissant gonfler l'espoir de la délivrance. J'essaie. J'essaie. J'essaie bordel. Mais elle se rétracte, Sarai, relève la sécurité, éloigne la promesse d'une mort certaine pour mieux lui jeter sa détresse au visage. Qu'est-ce qui t'as pris putain ?! Et là, dans la voix, aux confins de la rage, cette peur indélébile, qu'on ne gomme pas facilement. Pas pour son clan. Pas pour les autres. Pas pour la guerre qui pourrait se préparer.
Pour elle.
Parce qu'ils viendront chercher ta tête.
Parce qu'ils prendront le temps de te faire mal.
Parce qu'ils te feront regretter, morceaux par morceaux, d'avoir ouvert ta gueule.
Parce que j'te déteste pas assez.
Pas assez pour avoir l'audace de te faire l'offrande d'une mort médiocre.


@louve koroleva coups et blessures (louve) 3227196488 coups et blessures (louve) 3227196488
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