les reines du queens — amira & saejin

La journée venait de débuter pour Saejin. Si elle était autant de bonne humeur, ce qui était un cas extrêmement rare, c’était parce qu’elle allait passer la journée avec sa meilleure amie, Amira. Une jeune femme qui venait du même milieu que la Coréenne et qui la comprenait sans doute mieux que n’importe qui. Amira était la sœur qu’elle aurait aimé avoir, au lieu de la benjamine. Des pensées cruelles, mais Saejin n’était pas tendre et n’hésitait jamais à dire ce qu’elle ressentait réellement. Elle ne s’en voulait pas de penser cela. C’était la vie et Saejin n’allait certainement pas en faire tout un plat. Même si elle n’aimait pas forcément sa petite-sœur, elle était un membre de sa famille et Saejin devait la respecter et au moins faire des efforts. Ça lui arrivait rarement, comme être de bonne humeur le matin. La demoiselle se leva de son immense lit et alla dans sa salle de bain. Personne n’avait le droit d’y aller, excepté Saejin et quelques amis et sa sœur aînée. Si les gens ne demandaient pas la permission, la demoiselle pouvait piquer une crise assez intense pour faire peur. Bref, Saejin ressemblait à une poupée absolument adorable, comme celles que les petites filles veulent avoir pour Noël, mais, quand les gens provoquaient la demoiselle, elle n’était plus adorable. Saejin pouvait facilement sortir les griffes et faire souffrir les gens, au plus grand malheur de ses parents. Évidemment, douée comme elle a toujours été, Saejin réussissait à se faire pardonner facilement et recommençait le lendemain, sans avoir de remords. Un cœur de glace pour se protéger de la faiblesse des autres. Comme à son habitude, elle resta plus de trente minutes dans sa douche où pouvait entrer quatre personnes. Un pur de bonheur de prendre une bonne douche à l’eau chaude, voire bouillante. Pour Saejin, il n’y avait rien de pire que l’eau froide qui la faisait crier de douleur. Quand l’eau était glaciale, elle avait l’impression qu’une centaine de couteau transperçaient son corps et ce n’était pas une sensation agréable. Après sa douche, Saejin en sortie et se sécha. Elle n’enfila que des beaux vêtements de marque, comme à chaque jour. La demoiselle n’avait que des vêtements de marque dans son immense garde-robe. Pourquoi faire les choses à moitié, alors qu’elle pouvait être merveilleuse à chaque jour? Saejin aimait se mette en valeur dans des ensembles qui lui allaient à ravir et des couleurs qui faisaient ressortir ses yeux, ainsi que sa chevelure brun foncé, voire noire. La Coréenne aimait les apparences. Une fois maquillée et coiffée, Saejin quitta la demeure familiale, sans dire au revoir à sa mère et à sa petite-sœur. Sa sœur aînée et son père n’étaient pas présents, puisqu’ils étaient partis travailler et son aînée était à l’université ou à l’hôpital. Saejin devait rejoindre sa meilleure amie dans un café qui se trouvait proche d’où elle vivait, donc elle s’y rendit à pieds. La jeune femme aimait voir les gens se retourner sur son passage, surtout les beaux hommes qui lui lançaient des petits regards qui la charmait et la faisait sourire. Saejin arriva rapidement au café. Elle vit alors Amira, assise à une table. « Salut ma belle. Comment ça va? » Elle lui fit la bise et s’assit en face. « Est-ce que tu as commandé? »

Même si Saejin n’aimait pas quand les gens arrivaient en retard, la demoiselle ne se gênait pas pour arriver en retard. Du moins, ça dépendait des jours et de son humeur du moment. La Coréenne assumait entièrement avoir ce petit défaut qui pouvait énerver plusieurs personnes, mais, en réalité, Saejin s’en fichait pas mal de ce qu’ils pensaient. Elle avait des émotions, comme tout le monde, mais elle les montrait moins que les autres et ça dépendait de la personne avec qui elle se trouvait. Avec Amira, la demoiselle ne faisait jamais semblant. Saejin ne se prenait pas pour une personne que les gens voulaient qu’elle soit. Amira l’aimait comme elle était, puisque les deux jeunes femmes étaient pareilles. Elles avaient les deux une grande gueule et n’hésitait pas à dire ce qu’elles pensaient, au détriment des autres. Bref, elles formaient une belle équipe. Saejin et Amira se considéraient comm des reines et elles l’assumaient parfaitement. Elles se promenaient la tête haute et le torse bombé. Leurs talons claquaient sur le sol et attiraient l’attention de tous les gens qui se trouvaient dans leur chemin. Une amitié hors du commun qui brillait comme cent soleils. Deux astres qui aimaient se provoquer, mais qui s’aimaient d’une grande intensité. Malgré cette proximité, Saejin ne lui a pas encore parlé de sa bisexualité. Pour quelle raison? La peur du jugement. Elle faisait confiance à Amira, mais cette peur l’envahissait et l’empêchait de tout lui dire. Est-ce que c’était mal? Sans doute, mais Saejin n’était tout simplement pas prête. Elle arriva un peu en retard dans le café où Amira l’attendait. Elle déposa des sacs bien remplis de beaux vêtements. La remarque de son amie la fit rire. « Tu peux bien parler. On voit encore tes cernes sous les yeux. Tu n’as pas dormi de la nuit ou quoi? » La demoiselle sourit et regarda Amira. Les deux jeunes femmes étaient tellement franches qu’elles étaient habituées. Elles aimaient se provoquer. Une serveuse arriva avec deux tasses de thé, ce qui fit sourire Saejin qui en avait sérieusement de besoin. « J’adore ce genre de surprise. Tu connais mes goûts. » Évidemment qu’Amira savait ce que Saejin aimait comme boissons. Elles se connaissaient depuis deux ans. Entre elles, ça l’a été un véritable coup de foudre amical. « Alors, qu’est-ce que tu as de bon à me raconter? Je me doute que tes soirées sont plus excitantes que les miennes. » Quant à la Coréenne, elle étudiait comme une acharnée, afin de bien réussir et obtenir des notes parfaites. Malgré tout, ça ne l’empêchait pas de faire la fête, à l’occasion.

Entre Saejin et Amira, c’était une amitié où toutes les occasions étaient bonnes pour se critiquer. Elles ne le faisaient pas pour être méchantes, mais c’était dans leur sang. Les deux demoiselles ne pouvaient pas s’en empêcher et c’était sans doute pour cette raison qu’elles s’appréciaient autant. Elles se connaissaient de la tête aux pieds et savaient comment fonctionner l’autre. Bref, ensemble, elles étaient redoutables, comme une arme à double tranchant qui pouvait blesser plus d’une personne. Ensemble, c’était la perfection dans des habits luxueux. Saejin venait de dire à sa meilleure amie qu’elle avait des cernes sous les yeux, ce qui était la vérité. Saejin avait une langue de vipère, mais l’assumait totalement. Après tout, si elle ne s’aimait pas comme elle était, ça serait décevant. Elle ne se préoccupait pas du regard des autres et tant pis si elle causait des problèmes. Saejin n’allait certainement pas changer pour qui que ce soit. Personne n’avait le droit de lui dire qu’elle devait changer. Même ses parents n’avaient pas ce pouvoir sur leur fille. « Ça explique tout. Et tu ne m’as même pas invité. Je suis déçue. » Saejin fit une moue durant trente secondes, avant de refaire son sourire qui pouvait hypnotiser n’importe qui dans une pièce. La demoiselle savait à quel point son sourire faisait partie de son charme. Elle a toujours su qu’elle avait un pouvoir de séduction qui lui permettait d’obtenir ce qu’elle désirait, d’un simple claquement de doigt. Saejin voulait en savoir plus sur son amie et ce qu’il se passait dans sa vie si intéressante. La Coréenne ne voulait pas trop parler d’elle, puisque ce qu’elle avait à raconter n’était pas très intéressant. C’était très rare que Saejin n’ait rien d’intéressant à raconter à sa meilleure amie. Les deux demoiselles aimaient les détails croustillants qui choquaient. Saejin aimait les rumeurs qui circulaient comme une mauvaise grippe. « Même si j’aime parler de moi, je n’ai rien à dire. » Saejin vit son amie se cambrer sur la table et se rapprocher d’elle, ce qui fit sourire la Coréenne. Évidemment, entre les deux demoiselles, il ne se passait rien. Leur amitié était trop précieuse pour Saejin et Amira ne connaissait pas encore son secret, en ce qui concernait sa bisexualité. Un secret qui la réveillait la nuit. Ce secret la rendait très vulnérable et pas question de l’être, ne serait-ce que dix petites secondes. « Bon, j’avoue que je ne passe pas mes journées dans les livres. Il y a deux jours, j’ai eu un rencard avec un homme qui semblait parfait pour moi. Il vient d’une bonne famille de New-York et étudie en médecine, alors je me disais que ça pouvait être une bonne idée, mais j’ai eu tort. Il était horrible. Il m’a emmené manger dans un fast-food et les bruits qu’il fait quand il mange sont horribles et me hantent encore. C’était tout simplement affreux. Je suis partie à la vitesse de l’éclair. Il n’y a personne d’assez bien pour moi, je te le jure. » Saejin soupira et but une gorgée de sa boisson chaude. « Je vais terminer mes vieux jours avec mes beaux vêtements. »