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traits de caractère / Evey c’est la bombe à retardement qui explose quand la goute déborde du vase. Son côté irish est pareil aux préjugés qu’on s’en fait. C’est une grande gueule parce qu’elle a appris à s’imposer dans le monde des hommes. Il ne faut pas rester cloitrée mais bien s’affirmer telle qu’on est. Avec les bons et les mauvais côtés. Elle est avant tout une femme entêtée qui a du mal à entendre les conseils qu’on veut bien lui donner. Parce qu’elle se méfie de tout, surtout des opportunistes qu’elle a croisé sur son chemin. Ils sont nombreux, elle s’est faite avoir, et elle ne veut plus. Alors elle se renferme derrière ses barrières. Elle observe pour mieux apprendre de l’autre et parfois elle se trompe. Parce que nul n’est parfait et certainement pas elle. Mais elle apprend de ses erreurs, elle sait se remettre en question quand c’est nécessaire. L’analyse c’est son dada. Parce que ça fait également parti de son métier, mais surtout c’est ce qui lui permet d’avancer. Même si elle ne peut pas taire ses jugements, il n’en reste pas moins qu’elle sait écouter. Evey c’est aussi la maman du petit garçon, Duncan. Elle est très généreuse pour lui et pour sa meilleure amie. C’est une protectrice des gens qu’elle aime. Surement un peu trop d’ailleurs, mais c’est comme ça. Elle est touchante à sa manière, par ses gestes subtiles qu’elle leurs donne. Sa vie reste secrète face à son travail. Elle a su allier les deux en mettant des barrières, là aussi. C’est une femme qui compartimente tout. S’amuser ? Trop peu pour elle, elle n’a pas le temps. Elle n’a pas envie de passer à côté de son fils. Il représente tout pour elle. Alors se trouver quelqu’un… La question ne se pose même pas, de toute les manières elle est bien trop râleuse pour qu’on la supporte. Mais c’est une façade. Parce qu’en réalité, elle ne veut pas s’engager. C’est trop dangereux pour Duncan, pour la personne en question et surtout pour elle. On ne sait jamais avec son métier. Tout est bon pour faire chanter.

Il y avait de ce temps humide dans ses yeux. De cette vision floue qui rappelle sans conteste la brume éternelle de ses origines. L’Irlande. Ce pays où tout devient une limite : le ciel, les montagnes, l’océan. Ce pays où il faut apprendre à avoir du caractère parce que cela est inscrit dans les gênes. Ce pays où tout devient difficile, sauf cette solidarité omniprésente partout. C’est dans ce pays que Evelyn a vu le jour. Dans cette famille modeste où elle venait parfaire le nombre pour qu’ils soient cinq. Un nombre clé pour eux. Un nombre qui laissait entendre que tout allait bien et qu’ils seraient assez pour subvenir à leurs besoins. Ils le seraient. Elle n’a manqué de rien durant son enfance, ses parents étaient là. Lui garagiste et elle secrétaire. Ils tenaient la boutique à deux parce que c’était comme ça qu’il fallait que ça se passe. Et puis ses deux frères, elle les a toujours aimés. Même si ils ne lui faisaient pas vivre la plus facile des existences, même si il lui arrivait d’avoir envie de taper sur l’un et sur l’autre, ils lui ont appris à se défendre et à être qui elle est. Ils ont toujours et son toujours présents pour elle et pour Duncan. Ils savent bien se rendre ce lien indéfectible qu’ils entretiennent parce que la famille c’est sacrée. Parce que le pays restera à tout jamais le berceau et parce que c’est dans leurs âmes. Alors son éducation a été forgée dans cet héritage. Comme une normalité mais surtout une fierté dont elle garde encore les stigmates aujourd’hui. Son franc-parler lui est propre et son accent aussi. Pour rien au monde elle ne le changerait et ce peu importe la moquerie à ce sujet.

L’école n’était pas sa prédilection, mais elle a tenu malgré tout. Elève dans la norme, elle a gravit les diverses étapes scolaires avec plus ou moins de difficultés. Mais elle s’y est tenue. Parce que déjà à dix ans elle savait ce qu’elle voulait. Elle devait être policière parce qu’elle avait cette soif de justice qu’elle tenait de sa mère. Elle ne se voyait pas derrière un bureau, encore moins les mains dans le cambouis même si elle connaît les bases de mécanique. Non. Elle voulait être celle qui protégerait les autres, celle qu’on appellerait pour régler les problèmes. Alors elle s’est battue pour devenir cette femme. Pour réaliser son rêve, même si son père ne le désirait pas. Il lui en a mis des bâtons dans les roues pour qu’elle cède. Parce qu’il voyait les dégâts que cela causait chez les autres et il ne désirait pas que sa famille soit une victime.

Alors elle est partie de son berceau. Elle l’a quitté pour rejoindre les rangs d’une école de police en Ecosse. Là où on ne viendrait pas la chercher, là où elle ne pourrait faire de mal à personne. L’apprentissage fut difficile tant ce que l’on imagine est bien loin de refléter la réalité. Mais elle s’y est tenue. En serrant les dents, en retenant ses larmes tout en serrant ses poings. Elle gardait sa niaque précieuse pour apprendre. Même si l’apprentissage passait obligatoirement par les longues séries de procès verbaux. Les stationnements, les dépôts de plaintes, le standard… Il lui en avait fallut de la patience pendant ces heures. Des heures où elle songeait à son chez elle et à sa future permission pour rejoindre ses frères. La stagiaire devenait agent au fil des années. Et voilà qu’on lui confiait le port d’une arme. Cette arme dont elle en avait rêvé jour et nuit. Cette arme qui lui ouvrait un nouveau monde plein de justice et d’équité. Cette arme qui la hantera pour le restant de sa vie.

New York. La promotion était bien trop tentante pour la laisser filer entre ses doigts. Pourtant, il y avait ce lien invisible qui la retenait en arrière. Laisser son berceau. Laisser sa terre promise, son Irlande, pour l’autre continent. Ses frères se disputaient à ce sujet. L’un prêchant pour sa paroisse l’autre la forçant à partir de ce trou. Ce trou. Ils n’étaient pas des rats et pourtant, lui, n’arrêtait pas de le lui répéter. Son père la retenait aussi alors que sa mère la poussait vers les étoiles du rêve américain. Elle penserait à eux qu’elle lui répétait. Elle reviendrait les voir. Oui. Mais à quel prix ? Le mieux était là ? Ou là bas ? Le destin lui présentait une opportunité et elle s’est mise à la saisir. Pourquoi ? Parce que sa soif de justice avait pris le dessus et parce qu’elle savait que de l’autre côté il n’y en avait pas. Elle ne ferait pas la différence, mais elle ferait quelque chose. Alors qu’ici. Il n’y avait rien à faire non. Ils avaient raison. Alors le tarmac lui fit oublier ses tracas pour remplacer ses doutes par ce désir de nouveauté. Et le jet-lag ne fut qu’un souvenir insignifiant.

La grande pomme était une idylle. Son métier prit une tournure bien différente que ce à quoi elle avait été habituée. Parce que cette ville ne dormait jamais. Le travail prenait le dessus sur tout le reste mais elle s’en fichait parce qu’elle devait apprendre. Alors elle se laissa submerger au point que le boulot devint sa vie. Et que Duncan arrive. Un collègue devenu ami puis petit-ami. Le cours de la vie tout simplement, comme si tous les deux n’avaient pas réfléchi aux conséquences. Il y avait simplement le boulot et eux. Tout se mêlait au point que même la grossesse était devenue secondaire. Mais l’être qu’elle portait lui rappela bien vite qu’il avait le droit d’exister. Elle faillit le perdre à force de trop tirer sur la corde. Elle dut rester alitée pour la fin, pour ces trois mois qui auraient pu être les derniers pour lui. C’est là qu’elle prit conscience du tourbillon infernal. De cet isolement qui veillait à lui prouver qu’ils ne partageaient rien en dehors du boulot. Pas même la venue du bébé. Elle attendit un an après la venue de Duncan dans l’espoir que cela s’arrange. Ou plutôt que les yeux s’ouvrent. En vain. Alors elle prit la décision d’arrêter les frais. Pour Duncan. Parce que ce petit garçon n’avait pas demandé à naître et qu’il n’avait pas à subir ça. Elle demanda la mutation de son poste sur un autre secteur. Elle prit un appartement seule et lui… Elle le laissa simplement continuer sa vie.

Elle est devenue la mère célibataire du petit garçon de six ans. Duncan voit son père quand il le désire et elle, elle continue son travail. Elle sait émettre des réserves là où elle était aveugle par le passé. Parce qu’elle a compris à quel point la famille est sacrée et qu’elle sait que le berceau est déterminant pour une vie. Elle ne laisse pas pour autant ses projets de carrière, au contraire, elle continue de chercher la justice. Elle n’hésite pas à se mettre en danger pour y parvenir. Parce que c’est en elle, son courage, sa détermination, sa fierté, son Irlande.