Mira, elle a l’allure qui détonne.
Les talons aiguilles claquent sur le bitume. La robe s’amourache des courbes. Le scandale borde le rose de ses lippes. L’attitude où s’extasie le vice. Les reins creusés quand les billets détalent à terre. Petit texto à papa quand Sisi doit écarter les cuisses.
Amira.. Heu… Salut ! Gagne-pain pour visser les rêves sous les phalanges. Les os craquants quand tout s’casse la gueule. Fatalité prise comme une claque dans la gueule. L’immondice tatouée sur les reins quand ses pulpes se raccrochent au bras de ces vicieux. De ces hommes au porte-feuille bien rempli. À chaque fois plus. Des jolis billets. Des jolis cadeaux. Des jolis sourires.
Des baisers pour rompre la distance. Des caresses pour ravager la porcelaine. Quand Amira, parfois, n’est plus qu’une poupée brisée. Le chiffon abîmé par la poussière. Le regard incendiaire où transparaît les derniers sursauts d’humanité.
Désarroi au milieu des mèches brunes. Silvia. Une pute. Boucles sculptant le dos comme un engrenage vaporeux.
Argent facile racolé d’un mouvement de hanche. Argent facile obtenu d’un sourire de trop au milieu des monstres.
Qu’est-ce que tu fais ici ? L’artifice mené par les mains expertes. Les sourires pour faire défaut. Les rires pour s’égosiller les viscères en clamant que tout va bien. Les chimères d’une vie qu’elle ne connaîtra pas, ou plus.
Mais tu le sais princesse, tu vois qu'elle fait semblant. Comme toi. Rêves endeuillés d’se voir à la tête de sa galerie au milieu des vêtements de luxe colorées du bout des doigts. Rêves endeuillés d’se savoir libre, quand les chaînes condamnent ses poignes. Alors comme à chaque fois, la dynamique s’engrange.
Tête relevée. Sourire éclatant pour dénaturer les lippes.
Une tenue hors de prix pour s’donner de l’importance au milieu des riches.
Une démarche insolente pour prouver qu’elle vaut encore quelque chose.
Tenues d’apparats sur peaux plissées par le temps pour sauver les dernières illusions.
Chère Silvia qui sourit quand l’coeur est teinté par le désaveux. «
Bonsoir ... » Amira, elle se marre en la regardant. Parce que si c’est une pute perdue entre les mains crasseuses de ces bourgeois, elle n’est qu’un cul bombé, frais et agréable aux yeux de ces héritiers. Une belle gueule qu’on traîne et qu’on expose pour se donner de l’importance. Se donner la sensation de plaire encore. Se donner l’impression d’exister quand la vie déraille et ne se résume plus qu’en comprimés pour pas crever, qu’en crème anti-rides qui ne fonctionnent plus, qu’en billets verts pour obtenir toujours plus. «
Je pourrais te poser la même question, mais tes fringues parlent pour toi. » Silhouette qui se faufile et atteint la jeune femme. Sourire pour courber les lippes. Sourires pour courber le rouge. L’insolente qui oeuvre au milieu des mensonges. Une main contre ses fesses en se marrant alors que les pulpes finissent par retomber le long du tissu vaporeux d’sa robe. «
Et bien … Je n'imaginais pas princesse Sisi avoir sa place sur un trottoir. » La voix mielleuse.
La voix sarcastique. Le regard perché vers Sainte Silvia.
Peut-être que tu ne vaux pas mieux qu'elle, Amira. Poupée bonne qu’à racoler les espoirs meurtris pour du pognon facile. Poupée bonne qu’à se raccrocher à l’idée que ça cesserait tôt ou tard.
@Silvia De Luca