Les coïncidences parfois... Sont étranges | Ft. Cassey

✩ We’re far from the shallow now.

Tell me somethin' girl Are you happy in this modern world? Or do you need more? s there somethin' else you’re searchin' for? I'm falling In all the good times I find myself longin' for change And in the bad times, I fear myself Tell me something boy Aren’t you tired tryin' to fill that void? Or do you need more? Ain’t it hard keeping it so hardcore? I’m falling In all the good times I find myself longing for change And in the bad times, I fear myself I’m off the deep end, watch as I dive in I’ll never meet the ground Crash through the surface, where they can’t hurt us We’re far from the shallow now…

Allongée sur le canapé de son salon, son portable plaqué à l’oreille, Cassey est en pleine conversation avec sa sœur. Elles n’habitent plus dans la même ville, toutes les deux, mais il n’est pas rare qu’elles passent des heures au téléphone pour se raconter ce qu’elles manquent de la vie l’une de l’autre. La dernière nouvelle en date, pour la jeune antiquaire, c’est d’avoir revu l’ex grand amour de sa vie. Elle raconte à sa jumelle leurs retrouvailles dans les détails, l’esprit plus apaisé, mais le cœur encore chamboulé. Elle ne peut pas s’empêcher de penser à lui depuis ce soir-là. Elle n’arrive plus à se le sortir de la tête. Elle pense aussi à sa fille. Elle ignore si elle doit lui en parler… Arya n’a vraiment pas besoin de souffrir encore, non. Cela la ferait souffrir inutilement. Mais elle déteste l’idée de lui cacher une chose aussi importante, Cassey. Elle lui a toujours tout dit. Elle lui cache déjà tous ses ennuis financiers et maintenant… Le retour de son père. Sa sœur la persuade pourtant de tout garder pour elle, mais elle ne peut pas comprendre. Elle ne comprend pas la relation qui unit les deux jeunes femmes, elle est beaucoup trop fusionnelle pour que quiconque la comprenne. Prise par une urgence, Jane doit écourter la conversation. La blondinette la salue rapidement sans protester avant de poser son téléphone portable sur le canapé, à côté d’elle. Un soupir s’échappe de ses lèvres alors qu’elle ne bouge pas, plusieurs minutes durant, l’esprit encore tourmenté. Elle n’arrête pas de penser à Owen. Elle se fait interrompre dans ses réflexions quand elle entend quelqu’un toquer à sa porte. Un peu surprise, car elle n’attend personne, la jeune femme se relève pour aller ouvrir à son mystérieux visiteur… Et c’est là qu’elle le reconnaît. Owen, encore. Pendant deux à trois secondes, elle ne réagit pas, comme si elle était encore sous le choc de le retrouver sur le pas de sa porte. Mais elle ne laisse pas son trouble la submerger longtemps. – Deux rencontres en vingt ans, ça commence à faire beaucoup. lâche-t-elle spontanément sans réfléchir. Mais elle n’est pas en colère, son énervement est passé. Elle a encaissé le retour, elle ne comprend juste pas ce qu’il peut bien vouloir. – Tu veux quoi ? lui demande-t-elle de but en blanc. Pas du genre à tourner autour du pot, Cassey. Pas d’humeur non plus à jouer les hôtesses parfaites, surtout pas avec lui.

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Salut Salut, sérieusement ? Il lui dit salut comme si c’était normal qu’elle le trouve devant sa porte, comme si rien ne s’était produit. Comme si c’était une évidence. Alors qu’elle n’arrive toujours pas à se remettre de leurs retrouvailles, Cassey. Voilà pourtant le deuxième round qui s’amorce. Deux rencontres. Deux rencontres en quelques jours déjà. Elle ne devrait pas être surprise, au fond, elle ne devrait surtout pas être troublée. Elle devrait être complètement indifférente. Mais la vérité, c’est que cela lui fait quelque chose. Le revoir, lui, le seul homme qu’elle s’est réellement autorisée à aimer avant de fermer définitivement son cœur. Bien évidemment que cela lui fait quelque chose. Elle contient pourtant toutes les émotions qui menacent de revenir à la surface alors que son regard s’accroche au sien. Un air de défi dans les yeux, elle lui lance une petite provocation qu’il attrape au vol d’un sourire. Son sourire. Elle sent son cœur réagir, bien malgré elle, alors qu’elle est incapable de lui en offrir un. Elle a trop mal, Cassey. La colère peut passer, le choc aussi. Mais la douleur, elle est bien là depuis toutes ces années, trop accrochée à elle pour qu’elle puisse s’en débarrasser en quelques jours. Elle n’arrive pas davantage à lui répondre à ses propos beaucoup trop assurés, cet air bien trop confiant qu’il affiche. Elle voudrait bien, pourtant, le rembarrer comme il le mérite avant de claquer la porte. Elle voudrait bien mais elle en est incapable. À la place, elle lui demande ce qu’il veut. Sous-entendu, pourquoi il est encore là. Je suis venu passer pour déterminer les causes de... Bref, je suis venu pour discuter. Elle laisse échapper un soupir sans retenue avant de se pousser pour lui laisser la place. – Entre… Au moins, tu demandes l’autorisation cette fois. Elle ferme la porte derrière lui avant de se retrouver à nouveau face à lui. Face à ces grands yeux dans lesquels elle s’est noyée tant de fois. Et, pour la première fois, elle le regarde. Elle le regarde vraiment. Il n’a pas tant changé… Un peu vieilli, mais, dans le bon sens. Il est encore plus beau qu’avant. Et cette pensée lui serre le cœur alors qu’elle s’en détourne brutalement. Elle part se servir un verre de vin rouge, elle en a bien besoin. Elle ne prend pas la peine de lui demander s’il en veut aussi, sûrement pas. Elle l’a fait entrer chez elle, ce n’est pas pour autant qu’elle va se montrer plus docile. Elle s’installe ensuite sur l’un des hauts tabourets près du comptoir pour reporter son attention sur lui. – Je t’écoute. Qu’est-ce que t’as à me dire ? demande-t-elle avant de boire une gorgée de sa coupe. Elle joue la carte de la nonchalance, Cassey. Mais, au fond, elle a peur de ce qui va bien pouvoir sortir de sa bouche.

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Ils sont loin d’être deux adultes qui doivent se montrer civilisés. Ils sont loin de devoir agir avec courtoisie l’un envers l’autre. Elle se fiche de la courtoisie comme elle se fiche de la politesse. Elle n’en a déjà absolument rien à faire en temps normal mais encore plus avec lui. Ils ont dépassé de si loin toutes ces règles de bienséance, tous les deux. Ils ont partagé tellement de choses que les faux-semblants n’ont vraiment aucune raison d’être. Elle lui aurait tout donné, Cassey… Elle lui a tout donné. Jusqu’à un enfant. Mais il l’a refusé. Il a refusé leur fille. Comme il a refusé son amour. Comme il a tout rejeté, tout ce qui venait d’elle. Peut-être, sûrement, parce qu’il n’a jamais vraiment voulu d’elle tout bonnement. Elle lève les yeux au ciel avec dédain à ses paroles, toujours cette insolence qu’il ne fait qu’exacerber en lui disant de ne pas jouer les enfants. Vraiment ? Il pense vraiment qu’il peut lui dire ce qu’elle doit faire ? – Et toi, évite de me dire ce que je peux faire ou non, tu seras gentil. Cela commence bien. Vraiment, cela promet pour la suite de leur conversation. L’homme qui la hante depuis vingt ans est juste là devant elle sans qu’elle ne sache vraiment ce qu’il attend d’elle… Ce qu’il espère en venant ici. Elle ne comprend vraiment pas ce qu’il veut, Owen. Elle ne comprend pas pourquoi il prend la peine de revenir chez elle alors qu’ils n’ont plus rien à se dire. Alors qu’il n’a rien eu à lui dire depuis vingt ans. Quelque part, elle redoute qu’il soit là pour leur fille, leur fille qu’elle tient vraiment à protéger de lui. Mais elle ne dit rien. Elle se contente de se servir un verre de vin en attendant qu’il se décide enfin à lui expliquer les raisons de sa présence. Calme, en apparence, la jolie blonde le regarde alors qu’il prend l’initiative d’attraper un cadre. Le cadre qui contient la photo d’elle et Arya… C’est donc bien cela. Elle ne dit toujours rien, elle se contente de boire une autre gorgée de vin. Et, enfin, il lui pose la question. Tu... Enfin.. C'est notre fille? Elle le regarde sans ciller. Sans le quitter des yeux, pas un instant. – Non. Elle pose son verre sur le comptoir, le regard toujours ancré dans le sien. – C’est ma fille. Son père n’a pas voulu d’elle il y a vingt ans, il a préféré se tirer. Sans pitié, Cassey. Mais en a-t-il eu, lui, de la pitié quand il l’a laissée, à seize ans, enceinte et seule ? En a-t-il eu, de la pitié, quand il a forcé une petite fille à grandir sans son père ?

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Elle était tellement en colère cette nuit-là. Tellement emplie de haine. Elle n’a pas songé une seule fois au danger de l’incendie, ni même au fait que son ex petit-ami ne faisait que son travail. Elle était beaucoup trop occupée à le détester. Elle lui en a voulu un peu plus de l’avoir traînée de force jusqu’à la sortie de l’immeuble. Elle lui en a voulu de jouer les héros pour elle alors qu’elle voit tout en lui, sauf un héros. Et, là encore, elle lui en veut. Mais, pourtant, sa fureur est retombée. Elle a plus de recul et, malgré elle, la jeune femme se rend bien compte qu’il ne pouvait pas agir autrement. Mais il a raison sur une chose, Owen. Jamais, elle ne l’avouera. Jamais, elle ne lui donnera raison. Ce n’est même pas par fierté, c’est juste parce qu’elle refuse de lui offrir quoi que ce soit. Encore moins un remerciement. Elle surprend le ton agacé de sa voix, presque imperceptible pour une autre, une qui ne le connaîtrait pas aussi bien qu’elle le connaît. Non, qu’elle l’a connu. Mais il y a des choses qui restent indélébiles, qu’elle le veuille ou non. – Tu es venu pour me faire la leçon ? Parce que si c’est le cas, tu peux reprendre la porte. lâche-t-elle, toujours aussi insolente face à ce côté autoritaire et assuré qui l’irrite au plus haut point. Ce côté qui l’a tant attirée autrefois. Elle se laisse glisser sur le haut tabouret face à lui alors qu’il fait déjà comme chez lui en s’intéressant d’un peu trop près aux photos exposées dans la pièce. Une photo en particulier. Il veut savoir s’il s’agit bien de leur fille… Mais depuis quand Arya est leur fille ? Elle n’a eu qu’un seul parent, c’est elle. Il y avait aussi son frère, sa sœur, par chance pour l’adolescente qu’elle était à l’époque, ainsi que son père. Ce sont eux qui ont été là pour elles, pas Owen. Owen a préféré se barrer. C’est ce qu’elle lui balance, dans le plus grand des calmes, même si sa rancœur est palpable. Elle lui en veut toujours autant d’avoir abandonné. Qu’il l’abandonne, elle, s’il ne l’aimait pas… Mais leur enfant. Leur bébé. Non, jamais, elle ne pourra lui pardonner. Il a l’air agacé. Il ose être agacé. Elle le regarde sans sourciller, Cassey. Mais elle ne s’attend pas une seconde aux paroles du jeune homme. – Mon père ? Elle est d’abord surprise, stupéfaite, comme si elle ne comprenait pas. Puis, c’est la colère qui l’envahit. Encore. Elle laisse échapper un léger rictus sous le coup des nerfs. – Tu vas vraiment mettre ta lâcheté sur le dos de mon père ? Je ne pensais pas que tu pouvais tomber plus bas dans mon estime mais faut croire que je me suis encore trompée. Elle n’arrive pas à croire qu’il ose dire que tout est la faute de son père. Son père, il ne l’appréciait pas beaucoup, Owen. Il le trouvait trop âgé pour sa fille, sa fille trop jeune pour vivre une histoire d’amour aussi intense, à seize ans seulement. Mais jamais, il ne l’aurait fait fuir. Encore moins alors qu’elle attendait un bébé de lui. Il savait combien elle était amoureuse de lui… Non, jamais il n’aurait fait une chose pareille.

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Un petit soupir las s’échappe des lèvres de la jeune femme. Elle n’a aucune envie de débattre des heures avec lui sur cette histoire d’incendie. C’est tellement minime, tellement anodin à côté de tout ce qu’elle peut lui reprocher d’autre. Et, justement, ils y arrivent tous les deux. Ils arrivent à ce moment où elle peut enfin lui dire à quel point elle le déteste. À quel point il n’est qu’un lâche. Qu’un égoïste. Qu’un connard qui l’a abandonné avec leur enfant. Mais elle n’en a même pas le temps, Cassey. Il a décidé de retourner la situation. Ce n’est plus lui, le monstre, mais le père de la jolie blonde. Comment ? Comment peut-il oser insinuer une chose pareille ? Comment peut-il mettre sa lâcheté sur le dos de son père ? D’autant plus qu’il sait combien elle l’aime, Cassey. Combien elle a toujours eu une relation forte et privilégiée avec lui. Là où son frère le déteste, là où leur sœur lui est indifférente, Cassey, elle le porte encore si fort dans son cœur. Elle l’a toujours mis sur un piédestal, son père, même maintenant alors qu’il fait sa vie à des centaines de kilomètres d’elle. Et il ose le ternir de cette façon… Il ose dire que c’est lui le responsable. Pourtant, plus il parle, Owen, plus il a des éléments précis à lui donner. Elle n’a pas le temps de dire un mot qu’il enchaîne encore et encore. Et elle sent sa rancœur dans sa voix, dans son regard. La même qu’elle, elle a ressenti à son égard. La haine contre celui qui a tout brisé. Pour elle, c’était lui… Pour lui, c’est le père de son ex petite-ami. – Mais il ne savait même pas que j’étais enceinte ! Tu étais le premier au courant ! Tu t’étais déjà barré quand il l’a su alors, arrête, arrête de dire que c’est lui qui t’y as poussé parce que c’est faux ! Pourquoi son père aurait fait une chose pareille ? Pourquoi il lui aurait brisé le cœur ? Il l’a vue, il l’a vue pleurer des jours durant. Ils l’ont tous vue pendant des mois. Aujourd’hui, encore, elle porte en elle les traces de l’abandon de son premier amour. Alors pourquoi aurait-il fait une chose pareille ? Elle ne peut pas le croire, Cassey. Elle refuse de le croire. – Il savait combien j’étais amoureuse de toi, il n’aurait jamais fait ça !