Sujet: we were high as the sun (lais) Lun 10 Déc - 3:56
WE WERE HIGH AS THE SUN
Lais & Milo
Milo ne savait trop comment il était parvenu à se fourrer dans cette situation – ou plutôt, comment il s’était laissé convaincre. Alors qu’il s’était réveillé aux alentours de seize heures avec un mal de crâne épouvantable et l’impression que sa gorge était devenue du papier de verre, et que, conscient de ne plus être un adolescent de dix-sept ans qui pouvait se permettre de remettre la même chose le lendemain d’une veille, il s’était promis de passer une soirée calme dans l’espoir de voir disparaître l’effroyable migraine qu’avait laissé dans son sillage tout l’alcool qu’il avait ingurgité, le voilà prêt à, finalement, faire exactement ce qu’il avait prévu d’éviter. Non pas qu’il fût très compliqué à convaincre – il avait suffi d’un ou deux appels téléphoniques et d’un peu d’insistance pour finir par le faire se lever de son lit, prendre une douche et enfiler une tenue appropriée aux projets de la soirée. C’est donc dans une boîte très en vogue, récemment ouverte et qui faisait énormément parler d’elle, que Milo se retrouva, à bien quinze pâtés de maison de l’appartement où il avait initialement prévu de passer la soirée.
Son mal de tête fut bien vite oublié, et sans doute les trois verres de gin qu’il eut tôt fait de descendre n’y étaient-ils pas pour rien. Milo ne tarda pas à se retrouver dans un état tout à fait similaire à celui de la veille – à deux reprises déjà, il avait sorti de la poche de son veston la petite boîte orange de laquelle il avait l’habitude d’extirper un cachet d’oxycodone, soi-disant contre la douleur qui habitait sa jambe depuis quatre ans, mais, en réalité, davantage dans l’optique de planer qu’autre chose. Les pupilles réduites à deux têtes d’épingles, l’air béat, Milo parlait plus fort, riait à gorge déployée, loin de l’air renfrogné et réservé qu’il avait l’habitude d’arborer. Le regard espiègle, il écoutait ses interlocuteurs, un sourire en coin dessiné sur ses lèvres, sirotant son verre qu’il portait de temps à autre à la bouche. Il avait beau savoir qu’il était sur une pente aussi raide que glissante et qu’il détruisait sa santé à grands renforts de toutes les substances les plus toxiques imaginables, il avait beau savoir qu’il avait tout à gagner à mettre un terme à ces comportements aussi dangereux qu’irresponsables, il n’arrivait pas à faire autrement – tout en sachant qu’il valait bien mieux pour lui d’être sobre une bonne fois pour toutes, qu’il serait bien plus malin de laisser définitivement derrière lui aussi bien les consommations que le trafic qui les accompagnait, Milo en était tout simplement incapable. Force lui était d’admettre que ces petites pilules étaient ce qui lui permettait de ne pas sombrer, depuis de longues années, dans une détresse et une douleur constantes. Quand bien même il était illusoire de penser qu’elles constituaient une véritable solution, et il en avait bien conscience, il n’avait pas la force de faire sans. Alors, il continuait à s’enfoncer dans cette spirale autodestructrice, profitant du bonheur et de la sérénité factices que lui procuraient pilules et alcool.
Quelques verres plus tard, le regard de Milo tomba sur une silhouette récemment devenue familière. Il plissa légèrement les yeux, comme pour s’assurer de ne pas s’être laissé tromper par son regard brouillé par l’alcool et les médicaments, avant de se lever dès lors que son impression se vit confirmée. Lais était une jeune femme qu’il avait rencontrée à peine quelques jours plus tôt. On la lui avait présentée un peu par hasard, et pour une raison tout à fait inconnue, ils avaient passé une grande partie de la soirée ensemble. Lorsqu’elle le surprit en train d’avaler un de ses bien-aimés cachets, elle lui avait demandé, le regard curieux, de quoi il s’agissait. D’abord méfiant –après tout, il trempait jusqu’au cou dans un trafic de ces mêmes cachets, que les médecins semblaient être de plus en plus réticents à prescrire, et il n’était pas question pour Milo de risquer de se retrouver à nouveau dans des ennuis avec la justice–, il avait fini par lui proposer d’essayer, décrivant en quelques mots les effets que l’on pouvait attendre d’un comprimé d’oxycodone. Lais avait l’air d’une fêtarde, mais elle n’en sembla pas moins réticente, et il n’avait pas insisté lorsqu’elle déclina poliment l’offre. Pourtant, c’est elle qui vint le retrouver un peu plus tard dans la soirée pour savoir s’il n’était pas trop tard pour changer d’avis. Un sourire aux lèvres, il avait obtempéré et avait laissé tomber un cachet dans la paume tendue de Lais, avant de la regarder se laisser gagner par les effets.
Il gardait un bon souvenir de cette soirée, quoiqu’un peu brumeux, et il en avait conclu que Lais aussi. C’est pourquoi il vint à sa rencontre, agréablement surpris de la revoir ici, si peu de temps après leur première rencontre. La jeune femme était assise sur un tabouret, accoudée au bar, et il se glissa sur celui, vide, à sa gauche. Avec son fameux sourire en coin, Milo attendit d’attirer l’attention de Lais et lui fit un petit signe de tête en guise de bonjour. « Je te paie un verre ? », proposa-t-il, loin de se douter à quel point sa présence était malvenue.
Sujet: Re: we were high as the sun (lais) Dim 6 Jan - 22:35
Le corps encore engourdi et la tête lancinante de ses excès de la veille, Lais a froid, voire très froid. Les yeux mi-clos, elle observe la fenêtre de son studio laissée ouverte. Ses souvenirs de la soirée de la veille sont encore vaporeux. Une nouvelle nuit à flâner de bar en bars, une nouvelle nuit volée à son innocence. Chaque mouvement lui fait l’effet d’un coup de massue au crâne. Avec des gestes méticuleux, elle se traîne jusque son miroir, où ses deux iris bleus la transpercent. Elle se scrute, joues creuses, cernes marquées, elle a une mine terrible. Elle découvre de petits bleus sur son bras, et d’autres sur les jambes, notamment un grand sur la cuisse. La soirée fut agitée. Son désarroi fait place à la quiétude. La journée se déroule au ralenti mais sans encombre. Le regard vide, Lais fixe sans grand intérêt les pages de cours étalés sur son bureau. Elle pensait que travailler l’aiderait à oublier son black out de la veille. Pas de quoi paniquer, mais à présent son esprit est ailleurs. Elle envoie des messages en quête de réponses, fouille son sac mais elle n’a que des brides de conversation qui lui reviennent. Des images floues, sans grand intérêt; des conversations à propos de partiels, disputes et autres petits amis. Après un énième messages sans savoir où elle s’était fourré, une collègue lui assure qu’elle a passé la soirée avec Miles. Cette nouvelle lui fit perdre patience, ne pouvant mettre un visage sur son nom. Lais cherche à se convaincre qu’elle est faite pour s’amuser. Elle a trop souvent vécu sa vie comme spectatrice, cherchant à plaire à tout prix. Plaire à ses parents, plaire aux enseignants, plaire aux copines, plaire aux garçons. Les épaules larges, elle sait encaisser les échecs et les déceptions comme le départ de son frère qu'elle n'a jamais revu. Mais elle sait aussi se réjouir de petites victoires. Elle est têtue et parvint à obtenir tout ce qu’elle souhaite en général, quitte à en écraser plus d’un. De là vient l’entier paradoxe de son comportement. Elle est trop innocente et naïve, mais curieuse, elle cherche à nager avec les requins, quitte à se faire bouffer.
La voilà de nouveau dehors, attirée par la promesse d’une soirée mémorable. Elle fausse son sourire et brouille les pistes, lui donnant l’assurance d’une gamine à l’aise dans son milieu. Elle retrouve des connaissances, des amis le temps d’une soirée. L’odeur de champagne lui rappelle qu’elle n’a pas retrouvé ses souvenirs de la veille. Qu’importe. On lui présente des amis, des amis d’amis, tout un gratin de personnes plus ou moins fiables. Mais sa tête commence à vaciller, alors s’échappant d’une énième présentation l’empêchant de danser, elle rejoint le bar cherchant un peu plus de tranquillité. A sa droite, un homme d’une quarantaine d’années lui déblatère des imbécillités. « T’as déjà pensé à faire de l’escorting ma poule ? » Bien sûr que non, il ne manquait plus de ça. Et c'est à coup de hochements de tête bien exagérés, étirant son embarras grandissant sur son visage qu'elle s'en échappe. « Je te paie un verre ? » Une seconde voix vint l'embêter, un timbre grave et nouveau, plein d'assurance. Elle pivota avec grâce vers la demande, quand son cœur manqua un battement et que la panique l’envahit. On lui avait présenté Miles comme un magicien « Tu verras, la fête ne commence qu’avec lui, tu comprendras rapidement ». L'écran de son innocence comme seul rempart face à ses pratiques. Il était attendu comme le messie par ses collègues. Des médecins, des étudiants recherchant une dose d'adrénaline, un shoot de vitamines, une authentique ivresse planante de bonheur. Miles leur apportait quelque chose de différent, quelque chose en plus que ses collègues ne pouvaient se procurer à l'hôpital, un billet de quelques heures pour ce qui se rapprochait du paradis. D’abord méfiante, Lais s’était laissée attendrir par le garçon. Il respirait la gentillesse et avait ce faux-air mystérieux et énigmatique, attisant la curiosité et son excitation, forte de vouloir découvrir de nouvelles sensations. Ses mâchoires se crispèrent devant le jeune homme tout sourire, rictus qu'elle ne pu lui renvoyer. « Miles ! » elle déglutie « Qu’est-ce-que tu fais là ? Tu me suis ?». question rhétoriques à laquelle Lais connait déjà la réponse. Une étrange méfiance l'envahie face au garçon dont l'air ahuri contraste avec la mine hagarde de Lais. Sans avoir retrouvé la totalité de ses souvenirs de la veille, et se basant sur les messages laissés par ses amis, elle avait passé la soirée avec Miles. Mais son black-out sonne comme une alarme, incertitude persistante sur ses réactions sous stupéfiants. Son assurance faiblit à vue d'oeil, laissant place à une colère jusque là insoupçonnée de sa part. « Je ne me souviens pas de tout … » La musique autour d’eux était forte. « A quel moment as-tu jugé que j'étais apte à prendre tes merdes ? persifla-t-elle à travers ses dents, rajoutant du bruit à la houle de ses émotions. Refourguer ces merdes à mes collègues ça ne te suffit pas ? » Réaction excessive, un brin furieuse, son joli masque d'assurance se fane, dévoilant une Lais très peu téméraire.
Milo ne savait pas très bien à quoi il s’était attendu en abordant Lais, mais une chose était sûre, il n’avait pas vu venir la réaction désagréablement surprise de l’intéressée. Il fronça légèrement les sourcils lorsqu’elle lui demanda, l’air méfiante, s’il la suivait, et il tenta de se souvenir s’il l’avait importunée pendant cette fameuse soirée qu’ils avaient passée ensemble, tout en sachant pertinemment que ce n’était absolument pas le cas, car même lorsqu’il était dans ses pires états, expédié sur une autre planète à grands renforts de toutes les substances possibles et imaginables, il n’était jamais du genre à imposer sa présence à une femme qui n’en voulait pas. Il décida de laisser de côté sa perplexité et de répondre sur le ton de l’humour plutôt que de s’inquiéter de la réserve de Lais, supposant qu’il était paranoïaque et que l’air légèrement méfiant qu’elle arborait devait davantage être dû au fait qu’ils ne se connaissaient que très peu, qu’à un éventuel faux pas qu’il n’avait pas le souvenir d’avoir commis vis-à-vis d’elle. Ce fut donc avec son habituel sourire, légèrement espiègle sans pour autant dévoiler les émotions qu’il gardait jalousement, qu’il finit par répondre : « J’ai beaucoup de défauts, mais harceler des filles, c’est pas trop mon délire. » Il espérait détendre quelque peu l’atmosphère, dont il ne savait toujours pas pourquoi elle n’était pas aussi paisible qu’il l’aurait cru en entamant la conversation, mais Lais ne sembla que peu réceptive à sa tentative. Pire encore, la voila qui semblait… en colère ? Miles plissa légèrement les yeux, entièrement perplexe face à la tournure qu’étaient en train de prendre les événements. Lais semblait réellement contrariée, et lui n’avait toujours pas la moindre idée de ce qu’il avait bien pu lui faire de mal. Et, finalement, le franc tomba, alors qu’elle commençait à lui parler de ses pilules sur un ton pour le moins accusateurs. De plissés, les yeux de Milo ne tardèrent pas à devenir écarquillés, tant il était surpris du reproche qu’elle était en train de lui adresser. La surprise ne tarda toutefois pas à laisser place à ses instincts d’auto-préservation, auxquels il devait sans aucun doute le fait de ne pas croupir derrière les barreaux à cause des nombreuses activités illégales auxquelles il s’adonnait. À la façon d’une proie redoutant de s’être fait repérer par un prédateur, il jeta quelques coups d’œil fugaces tout en intimant à Lais, d’un geste furtif, de se faire plus discrète. Il n’avait aucunement envie qu’elle commence à s’époumoner au sujet de son trafic de drogues et qu’elle lui attire des ennuis dont il se passerait volontiers. « Pas ici », souffla-t-il, avant de se lever et de l’inviter d’un simple regard à le suivre. L’espace d’un instant, il songea à se diriger vers l’arrière de la boîte, afin de s’expliquer dans un couloir plus ou moins isolé – mais il ne tarda pas à se rappeler qu’elle se méfiait profondément de lui, et que Lais serait encore moins rassurée à son sujet s’il tentait de l’emmener dans un endroit reculé de la foule. C’est pourquoi il décida de la guider plutôt vers l’extérieur, s’assurant toutefois de ne pas être à portée d’oreille des fêtards qui traînaient devant l’établissement. Une fois qu’il se fut assuré de ne pas risquer d’être entendu de quiconque, il reporta son attention sur la jeune femme, croisant les bras et la toisant du haut de ses presque deux mètres. « C’est vraiment pas malin de commencer à crier des trucs pareils devant tout le monde, tu sais », commença-t-il, d’un ton cependant égal qui enlevait tout caractère moralisateur à ses propos, comme s’il se contentait d’énoncer une vérité sans émettre le moindre avis à son sujet. Il plissa à nouveau les yeux, incapable de dissimuler la perplexité qui s’était emparée de lui depuis qu’elle lui avait adressé ces reproches. « Je t’avoue que je vois pas trop ce que tu me reproches », énonça-t-il, décroisant les bras pour s’allumer une cigarette, dégageant un air aussi détendu que Lais semblait contrariée. « Je t’ai poussée à rien, hein, ma grande. Je t’ai refilé ce que tu m’as demandé, j’ai supposé que t’étais capable de prendre tes propres décisions. » Il haussa les épaules, incapable de réprimer un petit sourire en coin avant de préciser : « Et t’avais l’air de bien t’amuser, si j’peux me permettre. Je serais pas venu te parler sans aucune pression si quelque chose s’était mal passé. Et si tu t’en souviens pas, ça n’a rien à voir avec moi, c’est que t’as trop picolé à côté. » Tout en tirant sur sa cigarette, il lui lança un nouveau petit sourire en coin, visiblement parfaitement détendu. Il espérait que son attitude finisse par déteindre, ne fût-ce que partiellement, sur Lais. Il concevait toutefois combien elle pouvait se sentir déstabilisée, voire prise de panique, et c’est pourquoi il reprit, sur un ton plus doux : « Écoute, je comprends que ça te fasse flipper, mais je t’assure que t’avais l’air de t’éclater. Et j’ai pas passé ma soirée à te surveiller mais sur tout le temps qu’on a passé ensemble, il s’est rien passé que tu puisses regretter si on te le rappelait. J’suis pas un monstre qui s’amuse à droguer des filles. Tu dois pas t’inquiéter, t’as juste passé une bonne soirée et tu t’en souviens pas parce que tu l’as un peu trop arrosée. »
Spoiler:
encore mille excuses pour le retard, en espérant que la réponse te convienne