confidences.

la voiture que tu gares devant le bar où t’as l’habitude venir partager ton temps avec ton demi-frère, t’en sors rapidement. pour lui, t’as laissé tomber tous tes plans. informé amos que tu devais t’absenter quelques heures après lui avoir demandé en rigolant qu’il se fasse pas trouer pendant ton absence. ce bar, c’est comme une espèce de qg pour toi, pour vous. c’est là que tu viens quand t’as besoin de penser à autre chose, besoin de critiquer ta garce de femme ou de t’en échapper de son regard de meurtrière dissimulée derrière des yeux que t’as tant aimé. deux mois que tu as pu sortir de cette satanée chambre d’hôpital, t’en viens presque à regretter ta sortie. le sommeil qui te manque à cause de ces nuits qu’tu passes à la surveiller, au cas où, qu’elle n’en profite pas pour tenter le coup d’une manière plus forte cette fois-ci…
le boss derrière le bar que tu salues, tu commandes deux bières avant d’aller poser ton cul sur une banquette dans le fond. toujours la même place. toujours la même direction. toi, le dos contre le bout du bar, lui la porte d’entrée dans son dos. veste que tu retires, portable que tu consultes, t’attends jusqu’à ce qu’il débarque, une dizaine de minutes plus tard, s’avançant vers toi. salut. ta carcasse que tu lèves quand il est là, tu le prends dans les bras quelques secondes pour le saluer, le sourire sur tes lèvres. tu voulais me voir ? jamais par quatre chemins, andras. jamais. que tu lances alors que tu te recules, tes yeux clairs dans les siens, la lueur peut-être un peu inquiète. c’est comme ça avec ilenzo. t’as beau détesté ce que ton père a fait à ta mère, la tromper, avoir un enfant d’une autre, imposer sa maîtresse dans le même immeuble, t’as jamais pu détester ton demi-frangin. jamais pensé à lui en faire voir de toutes les couleurs, à ce gamin âgé de presque dix ans de moins que toi. jamais pu lui reprocher les erreurs de votre connard de père. parce qu’il a été bouffé à la même sauce ilenzo. élevé par le même homme bien trop dur, celui qui n’apportait que très peu d’amour. je t’ai commandé une bière. tu te reposes sur la banquette, le menton que tu lèves en direction de la fameuse bière, encore fraîche et qui n’attend plus que lui. toi aussi, tu n’attends plus que lui. te demandant ce qu’il te veut et pourquoi ça semblait, sans le vouloir, assez pressant.

@ilenzo hanson  

Cette histoire est en train de le ronger. Depuis quelques temps, depuis qu’il a fait attention aux magazines peoples où il a pu voir une blonde enceinte jusqu’aux yeux, Ilenzo se prend la tête avec cette histoire. Cette fille, avec qui il avait pu faire mumuse par le passé. Quelques mois. Assez pour être potentiellement le père, assez du moins pour qu’il se pose la question. Ayant été loin de la Grosse Pomme ces derniers mois avant son retour, il n’avait pas été très accessible pour savoir ça plus tôt, mais peut-être qu’outre cela, les choses se seraient passées de manière similaires. Pour en avoir le cœur net, il devrait lui poser la question directement mais il a tellement peur de la réponse qu’il préfère rester dans son coin, essayer de se voiler la face est bien plus aisée. Il est jeune Ilenzo, bien trop jeune pour assumer un gosse avec une nana qu’il connait à peine. Il ne peut même pas accuser son père de lui avoir donné le mauvais exemple car lui, son gosse illégitime – lui en l’occurrence -, il l’a assumé, quitte à prendre le risque de gâcher son mariage. Ilenzo n’a qu’en s’en prendre qu’à lui-même, et prendre ses propres choix. A l’heure actuelle il ne s’en croit pas capable. Rejoignant le bar où Andras, son frère, et lui ont l’habitude de se voir dans n’importe quelle situation, il ne met pas longtemps avant d’aller le rejoindre, tout sourire, ce masque enfilé quand il veut faire croire que tout va bien. « J’ai besoin d’une raison pour voir mon grand frère ? » Laisse-t-il d’un air amusé. Son demi-frère plutôt, mais pour Ilenzo cela n’a que très peu d’importance. Il lui a demandé d’aller prendre un verre ensemble et cela veut dire beaucoup. S’il adore le temps passé avec son ainé, c’est surtout parce qu’il avait besoin d’un conseil mais aussi une oreille à qui parler de ses doutes et qui n’ira pas le raconter n’importe où. Andràs est cette personne de confiance. Il est cette personne à qui il pourrait confier sa vie sans le moindre doute. Seulement, ce visage souriant qu’il a toujours, même dans les mauvais moments il ne peut pas toujours le garder, pas face à quelqu’un qui le connait par cœur. Il lève la bière que son frère lui a pris et sans prendre trop de gant, il s’exclame « C’est la merde bro’ » il détourne le regard, comme s’il fuyait le regard qu’Andras pourrait lui lancer. Il a besoin d’une oreille qui l’écoute, qui le conseil mais certainement pas qu’on le juge. Il a fini de faire semblant.

@András Sorensen  

la rencontre fraternelle, une étreinte puissante que vous vous donnez. ça fait quelques temps que tu ne l’as pas vu. les raisons sont multiples, ton hospitalisation, ta traque secrète et inlassable, ses occupations à lui dont tu ignores beaucoup les objets pour l’essentiel. chacun sa vie mais des vies qui se retrouvent toujours. j’ai besoin d’une raison pour voir mon grand frère ? le rire face à son air amusé, une phrase lancée avec désinvolture et plaisanterie. mais il y a plus. tu le sais. tu le sens. bien sûr que non. un sourire sincère, le premier depuis la sortie de l’hôpital. le premier donné à quelqu’un d’autre que ta fille. freya, ange de tes ténèbres. la gamine à qui tu te raccroche quand toutes les femmes de ta vie menacent de te faire tomber, hormi ta mère. l’ancienne belle-mère d’ilenzo. sans freya, tu serais déjà loin, nadja pécheresse laissée en arrière sans aucun remord.
mais pas quand ça m’a l’air urgent. je me trompe ? la bière que tu apportes à tes lèvres, le sourire disparu bien vite pour laisser de nouveau place à l’inquiétude qui t’habite la réception de son message. le silence tombe quelques instants sans que tu ne cherches à l’interrompre. le temps que tu lui laisses pour formuler ses mots.
c’est la merde bro’ la confirmation qui tombe en même temps que son regard te fuit. il court sur les terrains vierges loin des connus que sont tes yeux. que ton demi-frère mais tu l’as vu grandir, comme il a levé les yeux pour te voir également durant toute votre enfance. tu le connais comme il te connaît. qu’est-ce qu’il se passe ? l’alerte plus évidente à présent, tu fronces les sourcils sans pour autant bouger de ta place. aucun geste vers lui, pas encore, tu tentes juste de récupérer son regard, reflet de l’âme et des émotions. quelques secondes sans réponse avant que tu ne l’ouvres de nouveau. les idées qui fusent dans ton crâne, une plus particulièrement qui te fait serrer les poings. il en serait capable ce connard.
il te fait chier ? les dents collées par la mâchoire collée rien que de penser à cet enfoiré. il, cet homme qui vous a donné la vie. cet homme, cet enfoiré, que tu considères simplement comme géniteur. il n’est rien de plus, ne sera plus jamais autrement. et t’espères de tout coeur qu’il ne s’en prenne pas à son autre fils, maintenant que l’argent de ta mère ne lui appartient plus, qu’elle s’en est allée sans encore demander le divorce. mais savoir seulement qu’elle n’est plus entre ses mains, dans le même endroit te conforte.

@ilenzo hanson