Amy ♦ Wanting the impossible

Elle n'avait plus ce genre d'entourage. Plus ce genre d'entourage. Les mots heurtèrent l'esprit du jeune homme qui la regarda un instant, l'air inquiet. "Je suis désolé." répondit-il finalement. Peut-être que, finalement, cette convocation était un appel à l'aide? Peut-être qu'elle voulait une personne proche, et que, dans Toby, elle avait trouvé un ami qui pourrait lui plaire. Mais la suite de la conversation le fit vite déchanter. Ses desseins n'étaient guère si réjouissants, si innocents qu'il aurait pu le croire en premier lieu. Et il était réellement sa proie. Oh bon sang, il n'aurait vraiment pas dû venir. Mais il ne doutait pas qu'Amy aurait trouvé une autre solution pour le faire venir à elle, pour le piéger. Car elle venait de le piéger.

Il tenta de la faire changer d'avis, plus ou moins subtilement. Un tas d'homme serait intéressé pour l'accompagner au bout du monde. Il avait fallu qu'elle le choisisse. Et ce n'était pas une proposition cordiale, mais un ordre. S'il le transgressait, il aurait des problèmes. Sa future paroisse aurait des problèmes. Il pourrait porter plainte... Mais...Pourquoi? Elle était une femme, pleine de pouvoir, il était un homme qui avait déjà été accusé d'agression. Qui croirait-on si elle se décidait à nier ou à l'accuser en échange?
"Qu'est-ce qui, chez moi, vous attire tant... Je ne saisis pas..." souffla-t-il. Il rougit ensuite. Il n'avait peut-être pas utilisé les meilleurs mots. Il l'avait peut-être froissée ou vexée. "Je voulais dire que vous êtes une belle femme et que vous avez quoi... Même pas encore atteint la quarantaine, n'est-ce pas?" demanda-t-il, tentant de se rattraper, laissant apparaître un sourire, plus gêné et intimidé que chaleureux. Il ferma les yeux un instant... Elle venait de l'attraper sur les mots. Qu'il soit son cavalier...Puisqu'elle pouvait avoir n'importe lequel. "Je suis un prêtre... Et si on me reconnaît? J'ai déjà eu assez de problèmes comme ça..." finit-il par demander, alors que son interlocutrice venait de forcer sur les mots, cherchant à lui faire comprendre qu'un accident était vite arrivé. Très vite arrivé. Un malheureux incident et personne ne pourrait rien y faire. Toby savait aussi pertinemment que cette église était sa dernière chance de rester à New-York, auprès des gens qui lui étaient chers. Si cela ne fonctionnait pas, il serait envoyer à l'autre bout du monde.

Les yeux de l'abbé se posèrent de nouveau sur le chéquier, posé sur la table. Il se mordit la lèvre. Devait-il jouer l'orgueilleux, refuser et tenter le tout pour le tout... Ou accepter de l'accompagner à cette soirée, et recevoir un don qui le déchargerait de semaines, voire de mois, de tourmente en ce qui concernait la paroisse dont il aurait la charge?
"Ma compagnie..." déclara-t-il doucement. "Ce sera en tout bien tout honneur?" voulut-il finalement s'assurer. A la vue du regard qu'elle posait sur lui, il commençait à avoir quelques doutes. Même beaucoup de doutes. Elle lui demandait d'être son gigolo... Et c'était dur à encaisser... Jusqu'où pouvait-il aller? La demoiselle semblait le savoir, que la morale ne l'empêcherait pas de faire ce qui lui semblait le plus juste. Il pensait à tous ces gens, qu'il pourrait aider avec cet argent...Lui, qui n'avait rien.

Désolé ? Amy fut réellement surprise par ces mots. Désolé qu'elle n'ait plus de famille ? Pourquoi était-il désolé ? Il n'était pas responsable de ce qu'il s'était passé. Alors en quoi il pouvait être désolé ? Stupide. Et pourtant, ça la troubla, ce simple mot. Peut-être la manière dont il le prononça. Mais elle ne se laisserait pas aller à ce genre de mièvreries. Pas maintenant. Elle comptait obtenir ce qu'elle voulait et elle allait l'obtenir. Même s'il ne comprenait pas, le prêtre. Il ne comprenait pas ce qu'elle voyait en lui, ce qui l'attirait chez lui. Il rougissait, réaction absolument adorable, surprenante aussi, vu la situation. Un prêtre rougissait devant elle. Admirable. Tout comme la manière qu'il a d'essayer de transformer son « relativement jeune » en « pas encore quarantenaire ». « On ne demande pas son âge à une femme, Toby », répondit seulement la brune avec un sourire énigmatique. Cela dit, elle avait dépassé les quarante ans, depuis un an. Elle ne le vivait pas si mal que ça, en vérité. Elle réagissait plus pour taquiner l'homme face à elle, qui perdait rapidement pied face à ses réactions.

« Vous êtes prêtre, j'en suis bien consciente. Mais croyez vous vraiment que les gens de la haute société vous reconnaîtrons, vous le prêtre des bas quartiers ? Ce qu'il vous est arrivé, cette plainte non fondée, elle fait à peine partie des faits divers pour ces gens-là. » Elle ne se désignait pas parmi eux, au passage. Car elle ne se sentait pas à sa place, parmi eux, tout simplement. « Et si ça peut vous rassurer, vu qu'il s'agit d'une entreprise d’événementiel, la soirée dont je vous ai parlé est costumée. Le port d'un loup est obligatoire. Ca me paraît être un bon compromis pour une première soirée, qu'en pensez-vous? » Un loup mettrait certainement en valeur son regard si expressif... Il l'était tellement lorsqu'il lui demandait si il ne s'agissait uniquement que sa compagnie, qu'elle recherchait. Elle lui adresse un de ces sourire rassurant dont elle a le secret. « C'est ce que j'ai dit, n'est-ce pas ? Votre compagnie. En tout bien tout honneur ».

Il s'agissait d'un mensonge, évidemment. Elle doutait sérieusement de ne pouvoir que se contenter de sa compagnie. Une fois qu'il aurait fait le premier pas, qu'il aurait accepté, le reste suivrait, elle n'en doutait pas une seule seconde. Amy afficha un air plus sérieux, un peu contrit, comme si elle s'apprêtait à faire une confidence. « Ce qui m'attire chez vous, je ne saurais le dire...Notre rencontre m'a laissé perplexe, je vous l'avoue. J'ai beaucoup réfléchi avant de vous contacter, ce n'est pas dans mes habitudes. Mais il m'a paru clair que je n'éluciderai ce mystère qu'en vous ayant à mes côtés. Voilà pourquoi vous êtes là. Je souhaite percer votre mystère. En échange, je vous offre cette église. C'est un échange de bons procédés plutôt correct, ne trouvez-vous pas, Toby ? »

Elle taquinait, le poussait dans ses retranchements. Il le sentait, qu'elle ne faiblirait pas. Trop orgueilleuse, trop fière pour plier. Amy Steele avait pris une décision, et personne ne parviendrait à lui faire changer d'avis, c'était certain. Elle voulait la compagnie de Toby, pour il ne savait quelle obscure raison, elle l'aurait. Dans son regard, uniquement du défi et de la fierté, aucun doute, aucune faille. Notre trentenaire la regarda de longues secondes en silence, avant d'indiquer ses craintes.
Et par quelques mots, elle le remettait à sa place, celle du néant, pour les gens de la haute société, comme elle. Même s'il semblait qu'elle ne désirait pas être assimilée à ses comparses.
La soirée serait costumée... Très bien. Ainsi, il pourrait jouer un rôle, celui qu'elle voudrait qu'il joue, celui de l'homme qu'il n'était pas. Il pourrait se cacher derrière un loup qui ne ferait que ressortir ses yeux... Ses yeux qu'il devrait surveiller, pour ne pas trahir ses émotions.
Toby ne comprenait toujours pas pourquoi elle lui faisait cela, pourquoi ce chantage, pourquoi cette envie si forte qu'elle utilisait les moyens les plus lourds pour l'obliger à accepter. Il ne doutait pas qu'elle pouvait songer à bien pire qu'un accident dans l'église, s'il refusait. Elle était dangereuse. Oui, c'était certain. Dangereuse. Il frissonna en y pensant, tout en gardant les yeux rivés sur le chéquier. L'abbé représentait un mystère à élucider pour la quadragénaire... il pouvait le comprendre, cela lui était arrivé, entre autre avec Cassey. Il était persuadé qu'il y avait une raison à leur rencontre.

Oublié la rougeur des joues, oublié les tremblements de ses mains sous la table, pour ce qu'il s'apprêtait à faire. Une flamme de défi s'alluma dans ses pupilles, tandis qu'elles se positionnaient de nouveau droit dans celles de son interlocutrice.
"Combien?" demanda-t-il finalement. "Vous me donnerez combien?" C'était un accord, sans pourtant qu'il prononce les mots. Mais il en était venu qu'il n'avait pas le choix et que s'il s'agissait de l'accompagner à quelques soirées pompeuses et ennuyeuses, ce ne serait pas bien grave, ni contraire à la morale. Après tout, elle venait de lui certifier: en tout bien tout honneur.

Amy observait le prêtre avec curiosité, intérêt, fascination, même si son regard ne traduisait qu'un calme olympien. Intérieurement, elle bouillonnait d'impatience. Elle restait à distance, sur sa chaise, ses doigts se posant sur sa tasse de thé qu'elle porta à ses lèvres avant de la reposer sur la petite table, mais elle ne pensait qu'à cette proximité qu'ils auraient bientôt, sans aucun doute. La première bataille, elle venait de la remporter, lorsque le regard du prêtre changea. Son comportement aussi fut différent, traduisant une nouvelle détermination, elle lut le défi dans son regard, réveillant le désir dans ses entrailles. Oh Seigneur... Voilà quelque chose à quoi elle ne s'attendait pas forcément. Cet homme, ce prêtre, était décidément très surprenant. Cette flamme, Amy la fixa intensément. Elle sourit, voyant l'homme se redresser, sa décision prise. Le prêtre craintif et impressionné n'était plus. A la place se trouvait l'homme animé par une détermination sans faille, l'homme dominant dont elle avait rêvé n'était déjà plus très loin. Un frisson parcourut la brune lorsqu'il lui demanda « combien elle lui donnerait ».

« Un quart de million de dollars. Pour commencer. » C'était un beau don, que ses comptables approuveraient certainement, une histoire de taxe. De toute manière, qu'ils approuvent ou pas, ce n'était pas un problème. Elle savait parfaitement gérer son argent. Et ce n'était pas rare qu'elle fasse des dons, qui plus est. Par forcément par intérêt, cela dit, plutôt même le contraire. Elle donnait aux associations dans lesquelles elle croyait, qui la touchaient, personnellement ou pas. Celui-ci était certes différent. Amy se pencha pour remplir le chèque, s'arrêta le temps de quelques instants. « Enfin... Sauf si vous souhaitez davantage ? » demanda-t-elle avec un sourire mutin. Elle était curieuse de savoir s'il oserait demander plus. « Aussi... savez-vous danser, Toby? » demanda la millionnaire. Car on parler d'une soirée costumée, d'une soirée où il y aurait de la musique, d'une soirée où il faudrait danser. Et elle comptait bien danser avec son cavalier, Amy.

Son regard était ancré avec ardeur dans celui de son interlocutrice. Il se tenait droit. Non, il ne tremblerait pas, il assumerait ses choix. Tous ses choix, même les répréhensibles. De toute façon, il avait toujours été homme à tenir ses responsabilités. Il lui demanda finalement combien. D'après ses calculs, il lui faudrait au minimum dix mille dollars pour remettre ce qu'il fallait en état, enfin, les tâches urgentes. Si elle acceptait de lui donner quelques milliers supplémentaires, il pourrait mettre en place une restauration dans la salle paroissiale. Ce serait vraiment génial que chacun, quelque soit sa confession, puisse venir manger à sa faim, ne serait-ce qu'une seule fois par semaine. Il avait des idées pour des cours, des formations aussi, pour guider au retour à l'emploi ceux qui en avaient besoin. Mais lorsqu'enfin, Amy prononça le montant qu'elle souhaitait lui allouer, il resta sans voix. "Un quart de million?" répéta-t-il, sourcils haussés. Il ne savait pas s'il devait bondir de joie ou pleurer. Comment ferait-il pour gérer un tel budget? Il pourrait tant donner à ceux qui en ont besoin. C'était énorme. ENORME. Avec cette somme, tous les travaux seraient faits rapidement et il resterait encore plein d'argent.
Davantage? Il hocha la tête, de façon négative. "C'est déjà... très généreux." répondit-il, ne sachant que dire. C'était trop. Bien trop. Il était limite gêné de prononcer cette somme. Il avait tant de valeur à ses yeux, qu'elle en mettait tant? C'était un investissement... Mais un investissement pour quoi? A présent qu'il cernait mieux le personnage, il savait que ce n'était pas gratuit... Et si la somme était aussi astronomique, alors... Il devrait être à la hauteur de ses attentes, qu'il commençait à redouter. Cependant, il reprit contenance, affichant un visage neutre, et rallumant la flamme dans ses iris. "Danser? J'avoue que je n'ai jamais eu l'occasion de danser comme il faut..." finit-il par avouer. "Mais je serai heureux d'apprendre." A présent, il était hors de question de revenir en arrière. Cette somme était inespérée, il savait déjà qu'il céderait une partie à son ancienne paroisse, pour les travaux, mais surtout les groupes de paroles et tout ce qu'il avait mis en place là-bas.

Amy observa la réaction du prêtre face au montant annoncé. Le montant n'est pas si énorme que ça. Pour elle. Elle pouvait comprendre le choc de l'homme face à elle. Mais ainsi, il réaliserait qu'elle ne reculerait pas pour obtenir ce qu'elle désirait. Qu'elle estimait sa compagnie suffisamment pour dépenser un quart de million de dollars. Sans surprise, cette fois, il n'en demanda pas davantage. Avec cette somme il pourrait couvrir tous les travaux et même embellir l'Eglise, ce qui pourrait être intéressant. « Si vous avez besoin d'aide pour gérer cette somme, je peux vous proposer mon assistance. Aussi, je peux vous orienter vers des artisans très efficaces et motivés, qui pourraient réaliser les travaux avec autant de savoir faire que de passion ». Comme toujours, la jeune femme encourageait plutôt les petites entreprises, comme les artisans, et non pas les grosses compagnies qui, en plus, faisaient souvent le travail à moitié et sans vraiment de passion.

Amy esquissa un sourire satisfait en voyant le prêtre reprendre contenance et se pencha à nouveau vers son chéquier pour le remplir. Le petit deux, le petit cinq, et tous les zéro ensuite. Elle pourrait en écrire d'autres, pensant à payer certains frais d'avocats. Mais elle n'allait pas tout donner tout de suite. Petit à petit. Comme un apprivoisait un animal sauvage. Le prêtre ne savait pas danser, mais il était prêt à apprendre, ce qui entraîna un petit rire amusé de la part de la brune. « Parfait, dans ce cas, nous allons nous improviser un petit cours de danse, si vous n'avez rien de prévu ensuite. » Et si c'était le cas, s'il avait prévu autre chose, elle lui offrirait la possibilité d'annuler. Car dès l'instant où il saisirait le chèque qu'elle lui tendait en cet instant, elle deviendrai sa priorité. Bien entendu, elle ne réclamerait jamais sa présence durant un office, mais le reste du temps...

Une fois débarrassée de ce chèque, elle se redressa, attendant d'être imitée par le prêtre. « Vous aimez quelle genre de musique, Toby ? » demanda la brune en tendant la main à son nouvel « ami » afin qu'il la rejoigne. Elle l'aiderait, si nécessaire à positionner ses mains sur ses hanches pendant qu'elle placerait les siennes sur les épaules de l'homme, qui la dépassait d'une dizaine de centimètres. Et non, il n'y avait pas encore de musique, qui résonnait dans la pièce, cela dépendrait peut-être de la réponse du prêtre.

Cette somme, il ne l'avait jamais entendu. Toby n'était pas quelqu'un de vénal ou d'avare, loin de là... En vérité, il entrevoyait tout le bien qu'un tel montant pourrait lui faire, toutes les portes que cela pourrait ouvrir, mais il était terrifié à l'idée que cela puisse le perdre. Voilà pourquoi, il prévoyait d'abord redistribuer la somme sur des ouvrages qu'il connaissait déjà. Il y avait cette vieille femme, qui venait tous les jours, qui n'avait pas de toit au-dessus de la tête, qui passait de foyer en foyer. C'est en pensant à des gens comme elle qu'il finit par accepter.
"Oh..." souffla-t-il alors que la cheffe d'entreprises reprenait la parole, lui indiquant qu'elle pourrait l'aider. "Je veux bien, merci.. Je n'ai jamais été doué pour les finances. D'ailleurs, c'est bien mon talon d'Achille dans mon nouveau rôle. Alors toute aide est précieuse." Le rôle du curé demandait bien plus d'administratif qu'il en avait fait jusque-là, et il espérait qu'il serait à la hauteur.

Il l'observa remplir le chèque, posé sur la table, avant qu'elle ne finisse par le lui tendre, tout en parlant de danse. Il hocha la tête. C'était un autre ordre. Il le savait et il n'avait pas besoin de demander, cela se voyait dans ses yeux. Cette belle petite flamme qui ornait les pupilles de son interlocutrice, pleine de ce qui semblait être de la malice et de l'envie. Toby finit par attraper le chèque, et le ranger dans sa sacoche, posée à ses côtés au pied de la chaise où il était assis. Il venait de faire un pacte, un pacte avec le Diable. Il en était certain, il ne ressortirait pas indemne. Mais il espérait encore que la folie ne les mèneraient pas à leur chute. Après tout, peut-être disait-elle vrai et ne voulait-elle que le connaître davantage.

Notre jeune homme se leva pour rejoindre la demoiselle. "Je ne sais pas, un peu de tout. Ça dépend sur quoi on danse dans vos soirées." finit-il par affirmer, haussant les épaules. "Je doute que ce soit un récital d'orgue ou une pièce d'opérette." ajouta-t-il ensuite, l'air taquin, un sourire de nouveau présent sur ses lèvres. Il observa la demoiselle, alors qu'elle s'approchait de lui, attrapant ses mains.

Le prêtre ne péchait pas par orgueil et accepta l'aide qu'elle lui proposait pour gérer cette somme qui, pour lui, devait être faramineuse. Elle comprenait. Et elle l'aiderait au mieux, bien entendu, tout en s'assurant qu'il n'allait pas semer cet argent dans le vent. « Nous discuterons de la répartition des coûts et je vous présenterai des artisans compétents. » Ainsi, elle pourrait aussi contrôler la reconstruction de l'église. Elle préférait ça. De toute manière, elle aurait surveillé de près ce qu'aurait fait le prêtre avec ce joli chèque.

Amy sourit au prêtre alors qu'il la rejoignit, ne lui donnant pas vraiment de réponse sur le genre de musique qu'il apprécie. Elle choisirait donc pour eux, ce n'était pas un souci, bien évidemment. C'est ce qu'elle aurait fait de toute manière. « A cette soirée, effectivement, il n'y aura pas de récital d'orgue ou d'opérette. Plutôt de la musique contemporaine. Toutefois, il n'est pas impossible que nous assistions à un opéra dans les semaines à venir. » Amy appréciait les opéras et s'y rendait de temps en temps. Habituellement seule, la prochaine fois : avec Toby. D'ailleurs, elle venait déjà de programmer une prochaine sortie en sa compagnie. Ce qui ne manquerait pas de noter.

La brune sourit en retour, satisfaite et heureuse de revoir celui du prêtre. La tension semblait s'être envolée. Il avait cédé et accepté son offre. Elle ignorait ce qu'il s'était passé dans sa tête pour en arriver à ce résultat, mais elle était curieuse de le savoir. Amy s'écarte à nouveau pour se rapprocher de la chaine-hifi et y mettre de la musique, une valse, qu'on pourra retrouver dans des soirées comme celle de samedi. Elle revint auprès du prêtre, plaça une main sur sa hanche, pris l'autre dans la sienne, essayant de faire prendre la bonne posture à son cavalier. « La valse. La base de la base. Il suffit de compter quatre temps, de bouger en rythme. Vous êtes celui qui guide. Guidez-moi, Toby. Et on verra ce que ça donne. » Si besoin, elle engagerait un professeur de danse pour quelques cours privés. Cela ne poserait pas de problème. Elle montra un exemple des pas à faire, avant, évidemment, puis laissa le prêtre faire. Ce n'était pas aisé de guider, en vérité, et pour elle ça l'était encore moins de suivre. Il fallait un cavalier qui savait prendre le dessus, pour qu'elle suive. Elle ferait toutefois un effort pour aider le prêtre dans son apprentissage. Pour commencer... « Vous devez me prendre pour une folle. Ou peut-être pour quelqu'un d'horrible, n'est-ce pas ? » finit-elle par demander après quelques pas de danse.

Il fronça les sourcils. Discuter de la répartition de tout, mais il ne fallait pas qu'elle décide de ce à quoi cet argent serait alloué. "J'ai déjà quelques idées à ce propos. J'aimerais d'ailleurs, qu'une partie de la somme soit dédiée à mon ancienne paroisse." commenta-t-il, voyant très bien qu'Amy craignait qu'il ne disperse les dépenses. Elle était une calculatrice, elle préférait savoir que son argent serait utilisé pour un investissement, plutôt que pour le repas d'une personne démunie. Enfin, c'était ce que redoutait notre très cher Toby.

'Nous assistions.' Ces mots lui rappelèrent qu'il venait d'accepter d'être à sa disposition. Il ne s'en était pas vraiment rendu compte jusque-là. Il avait pensé à cette soirée costumée, mais pas au reste, pas à l'avenir, pas à ce qu'elle pourrait préparer encore. Lui qui, pourtant, désirait être là avant tout pour ses ouailles. Mais après tout, il n'avait qu'à la considérer comme telle? Peut-être pourrait-elle changer, en sa compagnie? Peut-être était-ce ce qu'elle recherchait en fin de compte en se liant d'une telle manière à un prêtre?

Finalement, elle alluma la chaîne-Hifi, d'où sortit une valse, inondant la pièce d'un son mélodieux. Toby déglutit tandis qu'elle venait poser une main sur sa hanche, tenant l'autre dans la sienne. Il en fit de même, comme il le pouvait. Elle lui expliqua les rudiments. Il devait être celui qui guidait... Autant dire que c'était d'une complexité accablante pour notre trentenaire, si malhabile. Plus d'une fois, il faillit écraser le pied de sa partenaire, alors qu'il se concentrait pourtant sur ses gestes. "Excusez-moi, j'ai oublié de vous dire que je suis d'une extrême maladresse. Ce ne sera pas simple pour m'apprendre tout ça..." Pourtant les pas n'étaient pas compliqués. Sans doute un manque d’entraînement, car Toby ne dansait pour ainsi dire jamais. "Vous êtes vraiment sûre de me vouloir pour cavalier? C'est un risque pour vos pieds!" s'exclama-t-il ensuite en riant, beaucoup plus détendu qu'auparavant, tandis qu'il sentait que l'emprise de son interlocutrice, que ce soit de sa main sur sa hanche, ou avec son regard, était de moins en moins anodine. D'ailleurs, ses yeux bleus se centrèrent sur ceux de l'héritière, alors qu'elle lui posa subitement une question pour le moins étrange. "Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés." récita-t-il simplement. "J'avoue que je ne me suis pas encore fait d'avis sur vous. Les méthodes que vous utilisez, les menaces, le chantage, sont très moralement condamnables. Mais je n'ai pas encore compris votre but, alors, j'attends de voir... Mais je vais vous avouer, que je garde à l'esprit le fait que vous soyez potentiellement un vrai danger." déclara-t-il, de façon franche et honnête. Après tout, elle avait foncé dans le tas, pourquoi serait-il différent dans ces circonstances?

Amy ne fut pas vraiment étonnée d'entendre le souhait formulé par le prêtre. Dédier une partie de la somme offerte à son ancienne paroisse. Cet homme était bien trop généreux pour son propre bien. Dixit celle qui donnait des centaines de milliers de dollars aux œuvres caritatives et autres organisations dans le genre. Cela dit, elle garderait ce détail pour elle. « Tant que vous dédiez la majorité à votre paroisse et la reconstruction de l'église. Néanmoins, faites attention Toby, une fois qu'une grande somme vous a été confiée, surtout sous forme de don, ce que vous en faites est passé au crible, et pas uniquement par un comptable. » L'état s'y mettait, ce qui était normal, on ne pouvait pas le gruger si facilement. Mais il y avait aussi les médias, occasionnellement, qui pouvait s'y intéresser. Cela pouvait passer inaperçu, mais tout l'inverse pouvait se produire également. Avec les réseaux sociaux, il fallait doublement se méfier, même si Amy avait, de son côté, un press manager qu'elle ne manquerait pas de mettre sur le coup, comme à chaque don, en lui informant ce qu'elle attendait d'elle. De ce fait, Amy préférait mettre en garde le prêtre, histoire qu'il réfléchisse à ses futures actions. « La reconstruction doit être prioritaire, évidemment. » C'était plus que logique.

La brune balaya les excuses du prêtre maladroit d'un sourire, bien trop satisfaite d'être si proche de lui, de sentir son corps se mouvoir contre le sien. Un peu plus, et elle était sûre que son corps épouserait parfaitement celui de l'homme de foi. Seigneur, elle n'aurait rien contre pécher, en vérité. Mais cela resterait dans son imagination... Pour l'instant. « Je suis sûre de vous vouloir pour cavalier, Toby. Mais peut-être devrions-nous prendre quelques leçons privées avant de nous lancer ce week-end », rit la jeune femme dont le regard fut capturé suite à sa propre question. Il ne la jugeait pas. Ou presque pas, disons. Car il qualifiait déjà ses méthodes de condamnables. Hmm... Il avait sans doute raison, cela dit. Dans un autre temps, elle aurait agi différemment. Dans un autre temps, peut-être qu'elle ne se serait pas intéressée au prêtre. A nouveau, l'héritière rit. Un danger. « J'apprécie votre honnêteté et votre franchise Toby. » Cela dit, personne ne pouvait vraiment prouver qu'elle avait menacé ou usé de chantage, même ses paroles pouvaient être interprétées de manières différentes selon l'interlocuteur. Elle savait manier les mots, Amy, même si personne ne dépassait ce cher Harvey dans le domaine.

« Mon but, c'est de percer votre mystère, Toby... Pourquoi vous m'intriguez autant ? Je veux connaître la réponse, moi aussi, » répondit sincèrement Amy avant de soupirer. De bien-être ? Non. Impossible. De fatigue, peut-être. S'intéresser ainsi à un homme, ce n'était pas son genre, en vérité. Pas depuis Jéricho. Ils allaient et venaient, les hommes, pour quelque heures, une nuit tout au plus. Alors pourquoi ce prêtre ? Elle savait juste qu'elle le voulait. « Pourquoi ce sourire si radieux alors que la vie ne vous a pas épargné ? » demanda-t-elle finalement.

» Lyzéa | ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait
» LYZEA - Ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait
» Le meilleur moyen de réaliser l’impossible est de croire que c’est possible. - Warston