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 théorème de perdition (oswin)

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Message Sujet: théorème de perdition (oswin)    théorème de perdition (oswin)  Empty Ven 26 Avr - 1:23


❅ ❅ ❅
{ théorème de perdition }
w/@oswin delacroix

huitième rang de l'amphithéâtre, elle est arrivée trop en retard pour espérer se trouver une place dans les premiers. la tête tenue entre les deux mains, les manches de son pull en laine couvrent ces-dernières jusqu'aux trois-quart de ses doigts. la fatigue lui donne froid, et malgré l'arrivée récente du printemps, son corps réagit de façon hivernale. elle sent les frissons lui parcourir l'échine, l'obligeant à refermer un peu plus ses bras devant sa poitrine. elle lutte en vain contre ses heures de sommeil manquantes - ses paupières s'alourdissant à chaque seconde de passée, et il devient de plus en plus difficile de les rouvrir quand elle s'en rend compte. des sons émis lui parviennent bien aux oreilles, mais rien qui ne ressemble de près, ou de loin, à des cours sur les biopathologies tissulaires. le professeur mâche des termes scientifiques dans son micro, bouffés par sa respiration trop prononcée et son accent texan. onaë fronce les sourcils à chaque fois qu'elle l'entend prononcer un mot dont elle ignore l'existence dans le dictionnaire. taisez-vous aimerait-elle dire à haute voix. taisez-vous, aux étudiants peu attentifs qui chuchotent en fond de classe. taisez-vous, aux chewing-gum mastiqués à quelques sièges d'elle. taisez-vous, aux souvenirs de la veille.

elle quitte la salle de cours après la foule d'élèves empressés dont les chants matinaux résonnent dans la cage d'escalier. instinctivement, ses pas la guident jusqu'à la machine à café, qu'elle sucre plutôt trois fois qu'une. sac sur l'épaule, elle déambule, d'une allure branlante et fainéante. elle aimerait rentrer dans sa chambre, s'engouffrer au fond de son lit et ne plus jamais en sortir. mais la tasse en plastique qui lui brûle entre les doigts l'oblige à faire une pause alors qu'elle traverse le parc du campus. « salut » elle s'adresse au mec assis sur le banc, s'imposant à l’extrémité de ce dernier avec un sourire timide porté du bout des lèvres. elle aurait pu choisir le banc cinq pas plus loin, ou six plus près, mais c'est sur celui-là qu'elle s'est arrêtée. peut-être parce que, pour elle, la solitude n'a jamais été quelqu'un sur qui compter. elle souffle sur sa boisson, alors que le brouillard bouillant qui s'en émane lui réchauffe le visage. en face, le soleil perce enfin les nuages, grandissant ses rayons au travers des arbres dont les branches se tendent vers le lac. onaë soupire après avoir extériorisé un bâillement marqué, finissant son café d'une traite la seconde suivante. ça lui brûle la trachée mais aucune plainte n'en ressort, elle est bien trop concentrée à fouiller son sac pour en sortir ses derniers cours. elle fait chevaucher les pages, les unes sur les autres, ses yeux courant entre l'encre bleue posée sur les carreaux, les annotations au stylo noir en coin de page, les bouts de phrases surlignés au fluo et les posts-it découpés et scotché en haut de marge, indiquant des références ou des choses à ne surtout pas oublier - dont des "prévenir amira que je ne pourrai pas la rejoindre ce soir", "racheter du savon qui sent la coco" ou encore "ne pas regarder le replay de the voice avant d'avoir appris par coeur cette fiche de révision". « excuse-moi ? tu, tu pourrais me faire réviser ? t'as pas grand-chose à faire, tu lis simplement les fiches pendant que je te les récite à voix haute. et si je me trompe, tu me corriges. » elle tente un sourire persuasif, mais son manque de confiance rhabille ses essais péremptoires. sa créance dégringole d'avantage à chaque détail qu'elle observe sur le jeune homme. il a les cheveux décoiffés, le regard qui traduit clairement son détachement, et un tatouage sur la joue, mais finalement rien qui n'empêche pourtant pas onaë de penser qu'il a la tête d'un gentil. alors elle s'efforce à sourire à nouveau en lui tendant ses papiers, comme une gamine qui tente de convaincre ses parents de signer un chèque de quatre-cent dollars pour les frais d'un voyage scolaire.

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Message Sujet: Re: théorème de perdition (oswin)    théorème de perdition (oswin)  Empty Mer 22 Mai - 18:47

☽☾

Fait bon, aujourd'hui. Assez bon pour s'asseoir sur un banc à l'extérieur de l'université, nez dans un livre. L'attention dirigée exclusivement sur les pages que ses yeux parcouraient à vitesse grand v. Les pages qu'il tourne plus rapidement que la moyenne. Pas besoin d'écouteurs pour se déconnecter du monde qui l'entourait. Pas plus que d'ordinaire. Sa simple concentration suffisait. L'art de capter tout ce qui évoluait autour de lui, tout en n'en ayant cure. L'art de s'en foutre, à son plus beau degré.

C'était le temps des examens. Le temps de la fin. Bientôt, ils crieraient tous à l'alléluia, et ils fileraient passer l'été au fond d'un commerce pourri pour tenter d'amasser assez d'argent pour survivre à la prochaine année. Mais pas lui. Lui pour qui les examens ne signifient plus rien. Lui qui ne fait que lire pour le plaisir, après avoir passé la matinée enfermé dans la bibliothèque à réviser le troisième chapitre de sa thèse. Besoin de se changer les idées. Jamais rien de mieux qu'un livre, pour ça. Alors il s'y était raccroché. Qu'importait les nuages. La température lui allait. Veste sur le dos, bonnet sur les oreilles. Il avait chaud, mais pas trop. L'air frais sur sa nuque suffisait à ramener les choses à la moyenne. Ça lui allait.

« Salut. » Il relève la tête quand la voix trouve ses oreilles. Sourcils haussés, les prunelles vrillées sur le minois qui vient de s'installer à ses côtés. Qu'est-ce qu'elle fout là ? Y a trente-six bancs de libres, pas une seule autre âme pour s'attarder autour d'eux à ce moment-là. Pourquoi elle s'assied à côté de moi ? Il répond pas. La regarde comme si elle tombait du ciel. Arrivée d'une autre planète, antennes et écailles inclues. Et après un temps à hésiter sur le comportement à adopter, il choisit de l'ignorer. De retourner à son livre, comme si de rien n'était. Le corps tourné dans la direction opposée, le menton dans le creux de la paume pour se fermer. Continuer de bouquiner. L'indifférence dans la posture. Espérer qu'elle l'oublierait.

Pas assez longtemps qui passe. Bientôt, la voix de la gamine résonne à nouveau, à ses côtés. « Excuse-moi ? Tu, tu pourrais me faire réviser ? T'as pas grand-chose à faire, tu lis simplement les fiches pendant que je te les récite à voix haute. Et si je me trompe, tu me corriges. » Il en sursaute presque. La regarde avec les yeux écarquillés, sous une franche incompréhension de cette violation de l'espace privé. Tu peux pas te trouver un autre banc ?
Aller faire chier quelqu'un d'autre ?
J'suis occupé
Ça s'voit pas ?
Pourquoi c'est moi qu'tu viens harceler ?
Pourquoi tu peux pas comprendre que j'ai envie qu'on m'foute la paix ?

Le reste du campus a pigé, lui.


Les mots cinglants, retenus par ses lippes pincées. Il regarde autour d'eux. Essaie d'esquiver le petit sourire de supplication, les grands yeux, les jolis yeux. L'envie d'être seul, mais l'élan du coeur qui finit par l'emporter. Un soupir. Il ferme son livre par-dessus son marque-page. « Ouais, ok. » Ça respire pas la bonne volonté — mais il accepte. Tend la main, l'air franchement ennuyé. Saisit les fiches brièvement, en prenant attention à ne pas la toucher. Parcoure la première d'un coup d'oeil. Médecine, hein ?

Le soleil a pointé le bout de son nez depuis quelques secondes déjà. Il ne s'en rend compte qu'au moment où les rayons tombent sur l'écriture ronde et serrée. Relève le menton vers la fille à ses côtés. Elle a fini son café. Et il la trouve étrange, Oswin. Étrange d'être capable de s'approcher d'un inconnu de la sorte. Étrange de s'être approchée de lui. C'est pas l'amitié ou la sympathie qu'il respire, d'ordinaire. Mais fallait croire qu'elle avait vu au-delà. Fallait croire qu'elle était différente, au moins sur ça. « J't'écoute. » Il reporte ses yeux sur la première fiche. La lit une première fois, une seule fois, en avance. La retourne, pour faire de même avec l'autre face — la laissant commencer à réciter, pendant ce temps-là. Pas besoin de plus pour retenir tout ça. Mot pour mot. Stockés dans son esprit pour le temps qu'il faudrait. Et peut-être plus encore, qui sait.

PAR MARS / @ONAË KNOX

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Message Sujet: Re: théorème de perdition (oswin)    théorème de perdition (oswin)  Empty Lun 3 Juin - 19:04


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{ théorème de perdition }
w/@oswin delacroix hj : c'était parfait babe ღ

incapable de réciter ses cours. il y a quelque chose qui ne va pas. le cerveau grince. les lettres se mêlent, les mots s'empaument. les syllabes visualisées roulent les unes sous les autres, croulent sous le poids de l'incompréhension. il n'y a qu'un amas de désordre, des consonnes débraillées jointes à des voyelles renversées. l'orthographe de l'ambition ne s'écrit plus, l'abécédaire de l'avenir se fait gommer par les erreurs du passé. qu'est-ce-qu'il t'arrive, onaë ? le phonème intérieur ressort aphone en dehors. ébranlée, secouée par cette multitude de hiéroglyphes qui s'agitent en elle. ces symboles inconnus qui prennent sa mémoire en attaque, ces traits assemblés qui n'ont plus rien à voir avec ceux qu'elle eût un jour dessiné. en elle on y hurle un présent indépendant. c'est une jeunesse indisciplinée, qui manifeste contre l'envergure de la femme pleine d'espoir qui l'a toujours habitée. les drapeaux décousus s'élèvent, encouragés par des discours déficients qui revendiquent une nouvelle liberté. demain n'est pas sûr d'exister. oublie l'avant, pense à maintenant. tu verras plus tard s'il y aura un après. « c'est pas possible. on recommence. » sur un ton blême et faiblissant. tout ne peut pas avoir été oublié aussi vite. aussi simplement. pour toutes les nuits où son nez s'est écroulé contre ses cahiers. pour tous les spasmes de stress, les crampes de craintes, les effrois inquiets. pour toutes les aspirations altruistes, les songes de bienveillance, la passion douce et les promesses de guérison. pour toutes ces fois où elle a juré, l'amour au bord des lèvres, qu'elle trouverait tous les remèdes. « je, fais-voir ? » elle récupère ses fiches de révision, accrochant ses yeux sur les premiers mots écrits à l'encre bleue. mais le jargon étend son horizon à la conquête de la disparition du seul théorème de vie qu'elle n'a jamais appris.

tu ne te souviens plus, onaë, de tous ces cours notés. quinze jours depuis son retour. quinze matins à manquer ses premières classes. quinze midi à échapper à la cafétéria pour s'offrir le plaisir d'un repas en terrasse. quinze après-midi à traîner dans la ville, se prélasser dans les parcs, oser relever son tee-shirt pour faire profiter son ventre des premiers rayons. quinze soirées à délaisser les copains de médecine pour les inconnus du showbiz. quinze nuits à salir ses draps par la poussière de la ville, à s'endormir assommée puis se réveiller après le deuxième réveil manqué. quinze jours, et l'impression du pour toujours. « c'est fichu. » c'est g r a v e. et son cœur, il parle. « mais qu'est-ce-que je suis conne. » conne de ne pas savoir comment faire. conne de ne pas être faite pour bien faire. conne de s'insulter de conne. « ou alors, c'est juste que je ne suis pas faîte pour ça. » elle froisse les feuilles, presque avec affection, avant de les réfugier dans le fond de son sac. elle se frotte les mains, maladroite, posant les yeux sur l'inconnu du banc. « il y en a déjà beaucoup, des médecins, de toutes façons, pas vrai ? » elle attend l'approbation du garçon en lui faisant un signe de tête, qui aurait pu traduire un air confiant, sur quelqu'un d'autre. onaë, c'est différent. il y a la peur dans ses yeux, l'incertitude dans le pli de ses sourcils, qui décrédibilisent ses efforts d'aplomb. rassure-moi, ce n'est pas grave, de chavirer ?

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