It's a quarter after one, I'm all alone and I need you now - Ainswell

Ce n’est pas si simple que cela en a l’air, passer tout son temps avec Katheryn. Veiller sur elle comme elle aurait pu le faire avant. Ce n’est pas simple parce que son cœur bat encore pour elle, elle l’aime toujours et cela ne changera pas. Ce n’est pas simple, mais pourtant, c’est aussi tellement naturel. Elle ne réfléchit jamais, lorsqu’elle est avec elle. Elle se laisse tout simplement porter, elle agit comme son cœur le lui dicte. Et puis, elles se connaissent par cœur, toutes les deux. Elles n’ont plus à préserver une quelconque apparence. Tout ce qu’elles ont traversé a réussi à créer un lien indéfectible entre elles, un lien bien plus fort qu’aucun jeune couple ne pourrait avoir. Leur vie ensemble a été semée d’embuches, et même aujourd’hui, même alors qu’elles sont séparées, elle ne semble pas prête à leur faire le moindre cadeau. C’est également pour cette raison qu’elle veut se battre, Kristina. Parce qu’elle l’a su dès l’instant où elle est tombée amoureuse de Katheryn, rien ne sera jamais simple, et si elle n’est pas prête à l’affronter elle finira détruite. Mais il n’empêche que fréquenter à ce point son ancienne petite-amie n’est pas la chose la plus saine à faire. Pourtant, alors que Katheryn s’assoit de nouveau sur le canapé, elle ne peut s’empêcher de rester proche d’elle. Aussi bien par leur complicité que physiquement. Laissant échapper un rire à ses paroles, elle reprend rapidement. - Oui oui, on verra laquelle s’endormira la première ! Dit-elle en la taquinant un peu. Elle attrape ensuite sa tasse et acquiesce pour la chantilly. Cette soirée lui fait du bien. C’est idiot, parce qu’elles ne sont plus ensemble, et elles ne le seront certainement plus jamais, mais elle a besoin de la garder dans sa vie. Au fond, ce cancer a été comme un délic pour Kristina, elle ne pourra jamais définitivement rayée Katheryn de son existence. Jamais. - Je suis contente aussi d’être ici. Sa main attrape de nouveau la sienne alors qu’elle reprend finalement la parole. - Je sais que toute cette situation est assez étrange… Mais j’ai vraiment besoin d’être auprès de toi. Elle lui ouvre son cœur, un peu. Parce qu’elles en ont certainement bien besoin, l’une comme l’autre. La vérité, c’est qu’elle ne sait plus ce qu’elle ressent, Kristina. Elle n’a plus aucune idée de ce que l’avenir lui réserve. Et elle n’arrivera pas à se projeter, pas tant que Katheryn souffrira. Pas tant qu’elle sera rongée par ce putain de cancer.

J’ai besoin de toi. Une phrase simple. Une phrase prononcée avec sincérité. Une phrase qui s’envole dans les airs alors qu’elle reste pourtant gravée dans l’esprit de Kristina. C’est la première fois que Katheryn le lui dit, réellement. C’est la première fois depuis qu’elle sait pour son cancer, mais aussi la première fois depuis le début de leur histoire. Parce qu’elle a toujours eu énormément de mal à l’avouer, Katheryn. Au fond, c’était comme si elle n’avait toujours eu une seule et unique même peur, celle d’être un poids pour elle. Celle d’être un fardeau qu’elle devrait supporter pour le reste de sa vie. La jolie rousse en a pris conscience en découvrant la raison de leur rupture, mais elle en prend bien plus conscience aujourd’hui encore, en l’entendant le lui avouer. Elle aurait tellement aimé réussir à effacer cette peur dans le cœur de son ex petite-amie. Elle aurait tellement aimé être réussir à lui prouver qu’elle n’avait aucune raison de s’inquiéter. Elle aurait aimé, et elle a tout fait pour. Elle a tout fait pour lui montrer qu’elle était assez forte pour assumer leur relation. Elle l’a attendu, lorsqu’elle était avec Madison. Elle a accepté de jouer les maîtresses, pour elle. Elle a tourné le dos à sa mère définitivement, pour pouvoir vivre avec elle. Et elle n’a jamais baissé les bras. Elle n’a jamais abandonné. Elle ne l’a jamais abandonné, elle. Après la fusillade, elle s’est montrée plus forte que jamais pour effacer les douleurs de Katheryn. Elle a même réussi à surmonter ses propres démons, pour ne pas briser leur histoire. Mais malgré tout, malgré tous ces efforts, malgré tout cet amour indestructible, cela n’a pas suffi. Katheryn a laissé cette peur ronger leur histoire. Et elle ne la juge pas, Kristina. Parce qu’elle sait que Katheryn ne peut pas le contrôler. Elle sait que cette peur, elle vient de leur différence d’âge. Du fait qu’inévitablement, viendra le jour où Katheryn se sentira vieillir alors que Kristina aura encore une montagne de belles choses à vivre. Elle comprend. Elle comprend, mais elle aurait aimé qu’elles soient assez fortes pour le surmonter. - Je suis là pour toi. Un faible sourire sur les lèvres, elle la rassure tout de même, une nouvelle fois. Parce que oui, elle sera là pour elle. Et Katheryn ne sera jamais un poids à ses yeux, elle est simplement la femme qu’elle aime, et c’est son rôle de prendre soin d’elle. Encore plus aujourd’hui. Echappant un rire en voyant Katheryn et sa chantilly sur le nez, elle reprend rapidement la parole. - Tu es adorable comme ça ! Elle boit quelques gorgées de sa tasse à son tour, et puis finalement, elle passe doucement son bras autour de Katheryn. Encore un geste qu’elle ne devrait pas faire, mais elle ne peut s’empêcher de se montrer tendre envers elle. C’est comme si elle était programmée pour cela, comme si c’était en elle. - Tu ne manges pas assez Katheryn, le sucre comme tout le reste. Dit-elle avec un doux sourire sur les lèvres. Mais au fond, elle le pense. Elle l’a bien remarqué, Katheryn est très faible avec son cancer et elle a besoin de maintenir des forces. Toutefois, Kristina sait bien que les vomissements n’aident pas. C’est pourquoi, elle a prévu de l’aider à manger correctement les jours où elle va à peu près bien. - Je vais m’occuper de ça. Alors qu’elle se trouve plus près d’elle, avec son bras qui l’entoure, sa tête vient doucement se poser contre la sienne.

C’est un moment à part entière, qu’elles vivent toutes les deux. C’est un moment qu’elle n’aurait jamais pu prévoir, jamais pu imaginer. Parce qu’elles se retrouvent toutes les deux, à s’aimer à en crever. Elles se retrouvent toutes les deux, mais elles ne forment plus un couple. Elles ne forment plus rien du tout. Pourtant elles sont une soudées que jamais. Et Kristina en vient à se demander comment Katheryn a pu penser une seule seconde, une seule, que les choses seraient plus faciles si elles étaient loin l’une de l’autre. Comment a-t-elle pu penser qu’elle parviendrait à tenir Kristina à distance, à distance d’elle, de son cancer. Parce qu’elle ne la lâchera jamais. Elle ne lâchera jamais sa main. Elle ne l’abandonnera pas, quoi qu’il arrive, quoi qu’il puisse se passer. C’est un sourire qui s’installe sur ses lèvres alors que Katheryn lui affirme qu’elle a de la chance. La rousse ne sait pas vraiment s’il s’agit là d’une chance, elle est tout bonnement amoureuse d’elle. Et rien ne pourra changer cela. Cette rupture n’aura pas eu raison de son amour pour elle. Acquiesçant ensuite à ses paroles, Kristina reprend tout de même. - Je sais bien, mais tu as besoin de force. Et son bras passe derrière les épaules de Katheryn. La tenant contre elle. La tenant avec amour et de la façon la plus protectrice qui soit. Au fond, Katheryn, elle est tout ce qu’elle a. Elle est tout ce qu’elle a et tout ce qu’elle veut. Elle fera toujours pour qu’elle se sente bien, pour qu’elle se sente en sécurité, malade ou non. Kristina se sent prête à passer les mois prochains à veiller sur elle. Elle est prête à la prendre en charge, le temps qu’il faudra. Elle a cette force en elle, elle a cette force en elle parce qu’elle aime. Elle aime Katheryn et c’est plus fort que tout. Plus fort que cette rancœur, vraisemblablement. Parce que leurs fronts se posent l’un contre l’autre. Parce qu’elles se regardent, avec toute cette profondeur, tout cet amour qui ne disparaîtra pas. Et la main de la quadragénaire vient se poser contre sa joue, une main si douce qui lui procure un sentiment de bien-être intense. - Katheryn… Evidemment, elle a envie de l’embrasser. Elle a besoin de l’embrasser. Mais ce serait tellement compliqué. Tellement compliqué de passer sur tout ce qui est arrivé. Sur toute cette souffrance. Alors elle tente de se reprendre, c’est douloureux, mais elle éloigne son front du sien. Juste pour ne pas craquer, alors qu’elle en meurt d’envie.

Elle a peur. Elle a peur de la situation. Peur de sa proximité avec Katheryn. Peur de l’amour qu’elle ressent toujours pour elle. Elle a peur, parce qu’elle ne veut pas souffrir à nouveau. Parce qu’elle est face à son première amour, à la première femme qu’elle a aimée, à la seule personne dont elle est tombée amoureuse. Mais paradoxalement, elle est également celle qui lui a fait le plus de mal au monde. Au fond, elle sait que Katheryn n’a jamais voulu la blesser. Elle sait que Katheryn a pensé à son bien-être, à sa vie future. Elle a certainement cru qu’elle serait bien mieux sans elle, avec quelqu’un qui n’aurait pas le double de son âge. Avec quelqu’un en bonne santé, qui ne sera pas un poids, qui ne sera pas un fardeau. Ce que Katheryn n’a jamais réalisé, c’est que Kristina préfère souffrir à ses côtés plutôt que d’être loin d’elle. Parce qu’être loin d’elle, c’est la plus grande des souffrances. Et elle a peur. Peur de craquer de nouveau. Peur de retomber dans les bras de la quadragénaire, et qu’elle la rejette de nouveau un jour. Qu’elle brise tout, une nouvelle fois. Après tout ce qu’elles ont déjà dû endurer. Après toutes les douleurs infligées. Et elles se sont blessées, certainement beaucoup trop de fois, mais elles n’avaient jamais été si heureuses que lorsqu’elles vivaient ensemble. Et maintenant ? Que reste-t-il de tout ça ? Que reste-t-il de leur amour ? Les sentiments, visiblement. Parce qu’elle se ressaisit, Kristina. Mais Katheryn, elle, pose sa main contre sa nuque pour venir l’embrasser.  Un baiser qui lui semble être le premier depuis une éternité. Et la rousse passe à son tour ses bras autour de Kaheryn, elle prolonge son baiser. Elle ne contrôle rien. Les yeux fermés dans les bras de la femme qu’elle aime. Pendant de longues secondes, jusqu’à ce que leurs lèvres se détachent un peu. - Katheryn… Elle prend une profonde inspiration. Perdue. Retournée. Elle ne sait pas quoi faire, ni quoi dire. Elle la regarde et voit dans ses yeux le reflet de son amour. C’est difficile. Difficile d’être si perdue. Difficile d’admettre que Katheryn a causé leur rupture. - Je… Elle prend sur elle. Elle puise dans son courage. Dans sa force. Je t’aime. Je t’aime toujours. Mais j’ai peur de ne plus réussir à te faire confiance… J’ai peur que… Que ça ne remarche pas, cette fois… Elle baisse les yeux, blessée. Apeurée. L’idée même que sa relation avec Katheryn puisse être définitivement terminée lui brise le cœur. Elle sait qu’elle ne parviendra jamais à lui dire au revoir. Jamais. Il n’y a qu’à voir la façon dont elle se comporte maintenant qu’elle sait que Katheryn a un cancer. Mais elle souhaite surtout savoir ce qu’elle pense, elle. Ce qu’elle ressent.