modèle indiscipliné.

Un rendez-vous avec la princesse Kestrel. T’es pas en retard, mais pas du tout en avance, non plus. T’étais perdue dans tes pensées posées sur le banc, à te morfondre, à repenser à tout ce qui est en train de se passer dans ta vie. vie calcinée, vie terminée. Mais tu t’accroches encore à ce peu d’espoir que tout ira bien. Le besoin de vider le sac avant qu’il n’explose et ne fasse autant de dégât que la boite de pandore. Tu marches sans envie sur l’asphalte qui te mènera au quartier vert où tu vis avec une bande assez folle. Tu le sais que Krestrel a besoin de toi comme modèle pour une peinture, besoin de toi sage et immobile. Elle sait pourtant parfaitement que c’est énorme à te demander. Toi tu ne sais pas rester stoïque. Prendre une pause et ne plus jamais en bouger, c’est comme demander à une gosse de ne pas manger de bonbon. Alors, que tu marches, tu l’entends ton téléphone sonner et vibrer dans ta poche. Tu pourrais le prendre, mais tu le sais c’est Azura qui sonne pour savoir si tout va bien.  Tu pourrais répondre, tout en marchant, mais non, tu ne le fais pas. Impossible. Tu sais d’ores et déjà que tu n’auras pas le cran de retenir la haine, la peine qui se mélange en toi, qui ne demande qu’une chose  à jaillir telle une vague gigantesque pour saccager tout autour de toi. Le téléphone qui cesse de sonner, qui finit par vibrer, message vocal que tu écouteras plus tard. Tu vérifies par acquis de conscience la personne qui vient d’appeler. Et tu avais tout juste, c’était la reine du cirque du soleil actuellement à Paris. Alors, tu te rassures en te disant qu’elle sera occupée, loin de se dire qu’elle doit être là pour toi, ta mère. Douce et plus amie que mère. Elle n’a jamais voulu du rôle de mère, mais elle a toujours été heureuse de nous avoir. Vous le savez, vous savez parfaitement la chance que vous avez d’avoir une telle famille, ou plutôt de l’avoir. Tu l’oublies encore que ce n’est pas si simple, que ce n’est pas si simple, car toute ta petite vie est partie en couille, partie en enfer pour un autre mec, un autre homme. T’as le cœur brisé de voir aussi mal ton père, l’autre aussi n’est pas bien, alors qu’il est parti, avec le père de Mylan, celui qui aurait pu être ton beau-père. Tout est si compliqué. T’es dans un état d’esprit laborieux quand tu arrives à l’atelier de Kestrel. «  Je suis là !   » Que tu ne dis pas vraiment enchantée. Pas par le fait d’être là, mais par ta vie, tout bonnement. Pas d’humeur d’être un modèle docile, tout le contraire, Kestrel va tuer le bébé de la colocation, va falloir t’y faire d’être leur bébé, même si ça te fait faussement rager.

Tu vis un supplice et t’es prête pour ta belle Kestrel à en vivre un autre dans celui-là même que tu vis. Prête à te jeter corps et âme dans une danse complexe pour toi, cela d’être une statue, jolie modèle qui ne bouge pas. Pourtant tu bouillonnes, bouillonnante à repenser à ta vie qui part en couille, à ta vie qui est totalement en train de se découdre, de devenir différente. Tu ne supportes pas que ton royaume implose princesse, t’aimerais qu’il soit tout aussi lisse qu’avant, aussi doux et beau. Mais c’est un songe que tu dois effacer d’un revers de ta main, car c’est impossible. Téléphone qui sonne dans le vide, toi refusant de prendre l’appel, refusant d’entendre sa voix, de déverser cette haine qui ronge ton âme, douce petite fille qui voit les siens se détruire et puis cette trahison démoralisante de Mylan. Si tu penses à lui tu pourrais décoller comme une fusée dans le ciel et si tu pouvais lui tomber dessus durant ta chute, ça t’arrangerait. Sa mort serait inconvenante et pourtant douce, car la rage, la vengeance chantonne en toi. Petit bébé de beaucoup de monde, tu t’accroches en regardant les choses positivement, mais ça fini par être effacé par le sombre de ta vie. Le sourire effacé, ton arrivée pas si posé dans l’atelier de Kestrel, tu écoutes la douce voix de cet ange caresser ton âme, alors que le diable caresse la face opposé. Douceur contre violence. Une guerre constante et personne ne la gagne, encore moins toi. « C’est un euphémisme … » Mauvaise journée. Très longue journée, ta vie elle s’en va, elle est partie en cacahuète en si peu de temps et pourtant tu le sais que tout ça dormait comme un cours de rivière qui finit par déborder et tout ravagé. Ta vie est entre les mains de cours d’eau et tu ne peux rien y faire sauf essayer de ne pas couler un peu plus, de ne pas succomber à l’appel de la douceur du fond. Le fond est doux et apaisant, sans aucuns soucis. « Ma vie part en couille … » Que tu laisses filtrer. veux-tu tout entendre ? Lui, eux, la famille qui se détruit tout en détruisant ton putain de cœur, il va plus savoir comment battre, comment jouer dans le même tempo que les miens. Il va me lâcher, foutre le camp tout comme ma putain de vie le fait. Et pourtant je sais que je pourrais trouver ta main dans le noir de cette situation. les larmes sont encore là, les larmes ruissèlent un peu sur ta peau de poupée de porcelaine, qu’on pourrait juste briser d’une caresse. « Enfin, commençons, je suis toute ouïe pour être ta muse du jour ! » oublie le mal qui te ronge, oublie tout ça et souris. Lèvres qui s’ourlent, sourire qui se forme avec douceur, les larmes qui se sèchent, tu veux oublier, mais tu le sais ça va te ronger jusqu’à l’os, te tuer petit à petit. T’es pas la première qui va voir ses parents rompre, briser leur famille. Mais t’es sans doute la première qui aimerait avoir été prévenu avant, trahis par le meilleur ami, par celui qui fait battre le myocarde à un rythme délirant. Celui qui ne fait que briser cette chaine de confiance, par simple vengeance. Tu l’as brisé et il t’a rendu les coups. C’est le jeu poupée et ce n’est pas fini. Alors reprends-toi.