light the match to taste the heat --/ jo.

Les doigts de Jo se faufilent à sa droite et cherchent avec empressement la silhouette de D'Shaun. Elle les laisse vagabonder tout en sachant ce qu'ils trouveront : le vide et la froideur d'une place abandonnée depuis plusieurs heures déjà. Jo étouffe un fais chier dans son oreiller, se mord la lèvre inférieure pour se retenir d'insulter son fiancé et réveiller les corps endormis dans les chambres d'à côté. Les draps sont vulgairement retirés de son propre corps, ses pieds touchant le sol gelé avec autant de rapidité. Sans se fatiguer à allumer la lumière ou ouvrir les volets, elle enfile un jogging et un sweat à l'aveuglette avant de se faufiler à l'extérieur de sa chambre et de rejoindre la cuisine en faisant le moins de bruit possible. Si elle se fait si discrète, c'est pour Zhara. Zhara qui n'a miraculeusement pas été réveillée par le vacarme pendant la nuit. Jo remercie les cieux de l'en avoir empêchée – suppose que Zekia peut aussi les remercier. Un sourire fatigué s'étire sur ses lèvres lorsqu'elle s’aperçoit que D'Shaun a préparé du café avant de s'éclipser. Le mot à côté de la cafetière, un love u écrit sur un bout de papier, lui fait même oublier qu'elle est énervée contre lui pour être parti et Zekia pour l'avoir réveillée en pleine nuit. Elle le caresse du bout des doigts, l'attrape et le glisse dans l'une des poches de son pantalon en secouant la tête. Il est fort, D'Shaun. Il est fort, mais pas assez pour l'acheter à chaque je t'aime et éviter la furie en rentrant. Jo compte bien le lui faire comprendre. Encore. C'est l'esprit divaguant qu'elle se serre une tasse de café bien noir et laisse ses yeux se perdre sur les immeubles qui s'étendent devant eux. Les nuages cachent le soleil et ses rayons, donnant un air morose et une couleur grisâtre au ciel new-yorkais. Jo resserre la tasse brûlante entre ses mains alors que l'inquiétude se refait une place en son sein. L'inquiétude et la peur de ce qui pourrait arriver à quelques rues d'ici ou à l'autre bout de la ville. Elle ne sait pas où est D'Shaun, avec qui, pourquoi. Jo n'est jamais au courant des détails, mais Marek est généralement là pour la rassurer et lui dire qu'il couvre ses arrières. Aujourd'hui, elle n'a eu le droit à rien d'autre qu'un love u et un café préparé en se réveillant. Le bruit d'une porte qui s'ouvre attire son attention, l'obligeant de détourner son regard des briques rouges du bâtiment d'en face. Et ses opales fixées sur le couloir encore vide, elle s'attend à voir la tête endormie de Zekia ou celle de Zhara à la recherche de sa maman. Sauf que ce ne sont pas ses filles qui émergent – pas Zekia qui sort nonchalamment de sa chambre. Il y a la voix de son fiancé qui résonne, toutes les fois où il lui a répété qu'Ander était un gars bien qui lui reviennent en tête et le même sentiment d'agacement qui se propage comme une traînée de poudre. Comme si c'était réellement possible, ses doigts se resserrent encore un peu plus autour de la tasse entre ses mains. Elle observe Ander sans un mot, le détaille de la tête aux pieds avec un sourcil arqué et une folle envie de le traîner elle-même vers la sortie. Il lui faut plusieurs secondes pour se rendre compte de sa présence, encore quelques unes de plus pour qu'il tourne enfin son regard vers elle. Jo n'esquisse aucun sourire, continuant de le regarder sans sortir ne serait-ce qu'un son. – Hm. Désolé. Elle ne répond rien, se contente d'hausser imperceptiblement les épaules. La vérité est qu'elle n'a jamais eu de problème avec Ander. Qu'à force d'entendre D'Shaun lui répéter qu'il n'y a rien à craindre de ce gamin, elle pourrait presque y croire et le laisser approcher Zekia sans s'en soucier. Cependant, quoiqu'on lui dise, Jo ne peut empêcher son côté protecteur et soucieux de revenir au galop. Et dans cette foutue cuisine, à faire face à Ander juste après qu'il soit sorti de la chambre de Zekia, elle envoie l'avis de son fiancé balader. J'fais qu'passer. Crois-moi que tu aurais souhaité ne pas passer du tout. Elle tapote sa tasse avec la même expression au visage, s'approche d'Ander et lui indique la table d'un mouvement de la tête. – Dure soirée ? Que Jo demande finalement, faussement intéressée. Elle dépose sa tasse sur la table, se retourne pour en attraper une nouvelle et s'emparer de la cafetière qu'elle termine par poser face à Ander. Dis-moi, Ander... Vis-tu à la rue ? Question qu'elle glisse avec le même ton plat et regard glacial. Gorgée de café avalée. Ça pourrait totalement expliquer ta présence, qu'elle ajoute. Battements de cils, menton entre sa paume. Ce que ça n'explique pas, Ander, c'est pourquoi tu as préféré le lit de Zekia au canapé. Personne ne s'en est jamais plaint... et personne n'a jamais terminé dans le lit de Zekia non plus. Nouvelle gorgée et faux sourire qui apparaît une fois la tasse reposée sur la table. Dommage pour toi que D'Shaun ne soit pas là. Il t'aurait sûrement aidé, mais faut croire qu'on ne peut pas toujours être protégé(e).

@ander wilkes