throwing it all away (alice)

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(( throwing it all away ))
w/ ⊹ @alice rousseau

Ça te fait bizarre de te dire que quelqu’un s’apprête à te rejoindre. C’est pas le genre de truc que tu vis normalement. C’est dingue comme ta vie a changé depuis que t’as quitté Brooklyn pour venir poser tes valises dans le Queens. T’as une routine maintenant. T’as un boulot à présent. T’es capable de t’adresser à quelqu’un pour de vrai, d’une manière à peu près claire. Tu n’es pas non plus au point d’arrêter de bégayer et de pouvoir regarder n’importe qui dans les yeux, mais tu serais idiot de ne pas remarquer ton propre progrès. Ya même des gens qui aiment passer du temps en ta compagnie. Tu n’aurais jamais cru qu’une chose pareille puisse arriver un jour, puisse t’arriver un jour. Après des années d’invisibilité et de non importance, il semblerait que tu commences peu à peu à trouver ta place.

Assis contre un muret à côté d’un petit parc désert, tu fumes tranquillement une cigarette en attendant l’arrivée d’Alice. T’es bien là, à profiter de l’air frais malgré le goudron que tu fous dans tes poumons. C’est agréable ce silence parfois coupé par le peu de voitures qui passent dans la petite rue. T’aimes beaucoup cet endroit. C’est souvent là que tu te rends pour fumer un petit coup dans la journée, quand tu te décides à mettre les pieds en dehors de ton studio afin de te prouver que tu peux affronter le monde. Certes, tu ne finis jamais par croiser personne, mais tu sais que c’est une victoire - de pouvoir sortir comme cela alors que tu n’en avais pas toujours été capable. Tu poses ton regard sur les arbres devant toi jusqu’aux bancs fracassés qui se trouvent en dessous. Ouais t’es bien là, assis sur le goudron contre ton muret. T’as pas spécialement envie d’en bouger.

Et puis Alice débarque et tu baisses un peu les yeux, toujours incapable de maintenir un contact visuel pendant plus de quelques secondes. Tu bosses là dessus, pourtant. T’as bon espoir. Tu te contentes de la sentir s’approcher et tu souris doucement jusqu’à pouvoir enfin relever les yeux vers elle lorsqu’elle arrive devant toi. « Hey. » que tu souffles avec un petit sourire tandis que tu vas te risquer à poser tes yeux sur son visage le temps de quelques petites secondes.

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(( throwing it all away ))
w/ ⊹ @alice rousseau

Tu te demandes souvent ce qu’elle te trouve, Alice. T’es plutôt passif à côté d’elle, à côté de sa forte personnalité et de sa présence. Parfois tu te demandes si elle ne s’ennuie pas un peu, au fond, quand tu restes planté là sans réussir à la regarder, quand tu tortures tes doigts entre tes mains à chaque fois qu’elle te propose de faire une chose qui te sort de ta zone de confort. Il t’arrive souvent de te dire que ça y est, cette fois est la fois de trop et qu’elle ne reviendra plus passer du temps avec toi mais elle se pointe toujours, à chaque fois. Tu ne comprends toujours pas pourquoi, d’ailleurs. Mais elle débarque aujourd’hui, fidèle au poste, allant même jusqu’à t’étreindre et, même si tu te tends un peu dans ses bras parce que tu n’as pas l’habitude de tant de proximité, même si tu ne le l'étreint pas à ton tour par peur d’en faire un peu trop subir à ton p’tit corps, ça te fait du bien - au fond. « Va vraiment falloir que t’apprennes à me regarder dans les yeux. Et à parler FORT! » qu’elle crie et ça t’arrache un sourire, un rire même. T’as beau fixer le sol, t’as beau être incapable de lever les yeux vers elle pendant qu’elle s’adresse à toi, tu ris doucement à ses paroles. Elle est amusante, Alice. Elle a le don de te donner envie de te marrer un peu, de te sortir de ta torpeur habituelle. « Alors? Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui? »

Tu attrapes le joint qu’elle te tends. Ça te fait relever les yeux, un peu. Ça te fait croiser à nouveau son regard et tu piques un fard. Croiser le regard de quelqu’un d’autre, ça te fait toujours l’effet d’une bombe. T’as l’impression de te faire choper en train de faire une connerie. T’as l’impression que ce simple contact visuel leur donne accès à qui tu es réellement, à l’intérieur. Ce n’est pas le genre de sensation ou d’impression dont tu raffoles alors tu évites, tout simplement. Mais tu as conscience que ce n’est pas poli, que la société ne le considère pas comme tel alors, alors tu fais des putains d’efforts, surtout quand tu t’imagines que la personne vaut le coup. Comme Alice. Comme les efforts qu’elle fait elle avec toi.

Tu tires une latte de ce joint tendu, te délectant de sentir son effet comme glisser en toi, doucement, drogue s’insinuant peu à peu dans ton corps. « Je… sais pas trop. » Les initiatives, ces trucs que tu n’as pas. T’essaies, de plus en plus. Faut dire que t’es allé dans un café ce matin. T’as osé. Tu t’es faufilé au milieu des autres, au milieu des gens. T’as faillit finir en pls, crise de panique secouant ton corps entier mais tu l’as fait. T’as pris une initiative. « J’avais pensé à te faire enfiler mes rollers pour te regarder t’casser la gueule mais j’sais déjà que tu vas pas vouloir. » T’allais lui refiler son joint quand ton mouvement s’arrête à mi-chemin et que tu écarquilles les yeux comme une biche apeurée. Tu t’imagines très bien sur des rollers. Tu peux aussi imaginer très bien la chute que tu ferais. Mais quand t’es avec Alice, c’est comme s’il te poussait des ailes, ou des couilles selon le point de vue. T’as quand même bien envie d’essayer. Tu fronces les sourcils et prends un air résigné. Tu vas même jusqu’à pousser le vice en créant, de ton plein gré, un contact visuel. « Ben t’sais quoi ? » que tu commences. « Pourquoi pas ? »