(amos + maureen) cri des loups

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{ see good in all things }
w/@amos lazaridis

Ton ancienne maison en trame de fond, tu soupires. Tu traverses la rue en courant, saluant quelques visages connus d’un autre temps. Aucun doute, t’es de retour chez toi. Tu souris, comme toujours Maureen mais t’as le sourire plus sincère, celui qui te gagne les yeux alors que tu t’arrêtes devant la boutique, à bout de souffle. Jour de fermeture hebdomadaire mais t’es quand même sur le pont alors que le jour débute sa course. T’as jamais été du genre à dormir excessivement, par habitude. Au foyer, t’étais la première réveillée parce que tu chérissais le silence et la tranquillité des lieux avant le chaos de tes colocataires indésirés et t’as gardé de la période maudite les réveils avant le soleil. Le moment où la ville est encore endormie, où tu peux la traverser en cavalant avec ta musique en unique fond sonore. C’est dans ce désert humain que tu trouves ton inspiration, que tu puises un peu de ta douceur et que tu recharges les batteries. La porte s’ouvre devant toi alors que tu tombes sur Susan déjà bien apprêtée. Tu lui embrasses chaque joue avec une tendresse infinie et tu l’emmènes jusqu’au café du coin. Tu sais qu’elle attend ce rituel depuis ton retour, vos discussions interminables devant une tasse fumante. Et tu profites de sa lucidité parce que tu ne sais jamais combien de temps tu as devant toi. Quand vous entrez dans le vieil endroit, elle est saluée des habitués. Faut dire qu’elle est réputée dans le quartier avec ses fleurs qui distribuent la poésie dans la rue depuis la nuit des temps. Vous vous installez devant la fenêtre à regarder la ville s’éveiller, à échanger longtemps. Et puis vous repartez quand tu la sens fatiguée. Elle est usée Susan alors tu la ménages, tu la connais assez bien pour savoir ce qu’elle ne dit pas. Tu l’amènes jusqu’au salon où elle s’installe confortablement pendant que tu redescends à la boutique pour t’occuper les mains, t’occuper l’esprit avec quelques commandes passées pour des livraisons d’amour, des excuses improvisées aussi. Tu choisis précieusement chacune des fleurs. T’es pas sensée travailler aujourd’hui mais t’as jamais perçu cette boutique comme un boulot, juste comme une chance de repartir à zéro alors tu t’appliques et t’appelles le livreur.
Tu rejoins la cour arrière de la boutique avec ton tapis de méditation en main dans un besoin de faire le point. Et loin du tumulte de Manhattan, tu te retrouves enfin. Tu enchaînes les positions de yoga avant de retourner à l’intérieur du magasin, plus sereine et détendue. La matinée touche à sa fin quand la devanture voisine se rappelle à toi, Susan t’avais parlé d’un nouveau voisin et ta journée s’annonce calme alors tu files à la douche pour enfin remplir ta promesse refoulée dans un coin de ta tête. Mission présentation. Tu t’éternises sous la douche, troques ton legging de course contre un jean flare et ta brassière de sport contre une blouse blanche échancrée. Tu redescends à la boutique, t’attardes un moment devant les fleurs fraîches coupées pour faire passer le bon message. Depuis toujours, tu es une adepte des fleurs et des missives silencieuses. Chaque variété a son message et chaque couleur a son présage. Si bien qu’après presque trente minutes, tu attaches enfin les tiges ensemble. Quelques lys pour le changement, quelques jonquilles pour la sympathie, quelques marguerites pour l’hymne à la beauté en référence à son fond de commerce. Et tu glisses quelques feuillages pour parfaire le tout avant d’enfiler tes bottines à talons.
Tu n’as jamais été très sociable, un peu timide et pas bavarde. Mais Susan ne peut plus aller se présenter comme elle le faisait à une époque et tu tiens à tes promesses alors tu traverses les quelques mètres qui sépare votre boutique de fleurs de la nouvelle galerie d’art. Ouverte mais silencieuse, tu rentres en prenant soin de te racler la gorge pour indiquer ta présence mais personne n’apparaît. Tu entres un peu plus dans la galerie en admirant de plus près la première oeuvre sur ta droite. Impressionnante et un peu sombre, tu as depuis toujours été attirée par toutes les formes d’art. Si bien que tu oublies dans ta contemplation les raisons premières de ta venue.

Qu’est-ce que ton oncle disait toujours ? Qu’il fallait savoir étendre son territoire, varier les plaisirs et toujours, toujours assurer ses arrières. Oui voilà, c’était ça. C’est exactement ce qu’il t'a dit le jour ou il t’a fait visiter le club, où il a imaginé les soirées privées, les samedis soirs bondés de jeunes fils à papa new-yorkais. Le club ne vous rapportera jamais autant que les trafics qui constituent votre activité, il ne sera jamais aussi lucratif, mais il a l’avantage de dissimuler une partie de l’argent gagné salement. Et puis il vous sert aussi de refuge, une belle couverture quand les flics fouillent un peu trop de votre côté. La galerie d’art ? C’est pareil. Nouvelle plaque tournante pour les livraisons un peu spéciales, représentation aux yeux du monde et plaisir personnel. T'a toujours aimé l’art, sous toutes ses formes, les beaux textes, les belles musiques, les beaux tableaux… Tu as sauté sur l’occasion quand tu as vu le local à vendre, l’ancien proprio est mort, un accident tragique mais une belle opportunité. Ce jour la tu gares ta moto devant la boutique, casque sous le bras tu entres dans la grande salle qui sert d’exposition. Il y reste quelques tableaux, une odeur de white spirit et un silence de cathédrale. T’aime bien cet endroit, tu t’y sens bien, il y a une bonne énergie, un bon aura. T’aime-y être seul, t’aime-y passer du temps. T’aime surtout ce que tu trouves dans la réserve, entre les vieilles toiles invendues et le mobilier qui vous sert pour les réceptions, de grande caisse en bois, indiquant leurs provenances de Bulgarie, d’Albanie ou du Kosovo. « Pièce moteur », de quoi retaper une bonne dizaine de véhicules, de quoi se faire un paquet de fric ? Non. Pas autant qu’avec ce que contiennent véritablement ces caisses. Tu soulèves le couvercle, écarte un peu les copeaux de polystyrène pour attraper le premier morceau de l’arme que tu découvres. Une arme de poing, un berretta calibre 9, comme le premier que tu as tenu alors que tu n’étais qu’un ado. T’assemble l’arme, des geste sûr, précis, droit, des gestes habitués, une mécanique que tu connais trop bien, que tu répètes à la perfection. L’arme est montée, tu la détail sous tous les angles. Elle ne montre aucune imperfection, elle te rapportera quelques billets. Tu relève la tête, tu’a l’impression d’avoir entendu du bruit de l’autre côté, tu tend l’oreille, tu te souviens pas d’avoir fermé la porte à clé et c’est une erreur. Tu reposes délicatement l’arme sous le couvercle, quitte la réserve pour trouver une femme dans l’entrée de la galerie. Une beauté blonde, un bouquet de fleurs dans la main, des yeux qui contemple un tableau encore accroché au mur. Peut-être est-elle une amie du défunt propriétaire, peut-être est-elle perdue, s’est-elle tromper d’adresse ? Tu l’observes rapidement, t’approche un peu. « Bonjour… », un pas de plus sans la lâcher des yeux. Elle n'a pas l’air dangereuse, elle n'a pas l’air d’être là pour te vouloir du mal, pourtant tu restes sur tes gardes, méfiant. T’aurais surement dû emmener l’arme avec toi. « On n'est pas encore vraiment ouvert en fait… », tu hausse les épaules, un air désoler sur le visage, attendant patiemment qu’elle se justifie de sa présence.

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{ see good in all things }
w/@amos lazaridis

Trouillarde maîtrisée, tu vérifies toujours deux fois avant de traverser la rue. T’es de ces gens sans aucun goût du risque, de ceux qui accumulent les phobies irrationnelles.
Autant dire que quand tu mets un pied dans cette galerie silencieuse, t’es pas rassurée mais pourtant vite happée par la beauté des oeuvres exposées. Tu perds ton regard dans la contemplation des lieux, les murs immaculés tâchés d’oeuvres sublimées par des maîtres de l’art. T’as ce regard novice empreint de bienveillance sur ce que tu imagines être l’accomplissement d’artistes confirmés. Tu te perds un moment dans des clichés en essayant de deviner à quoi ce peintre peut ressembler. une blouse blanche tâchée par les essais, une moustache bien garnie et entretenue. Et puis tu te penches sur la sculpture qui trône fièrement au milieu de l’espace vide. lui, il doit avoir un bleu de travail vieilli et les cheveux rendus bazar par les mains de conquêtes multiples ou les heures allongées de travail laborieux. Mais t’es vite interrompue par une voix dans ton dos et ta trouille déraisonnée reprend ses droits alors que tu te retrouves face à un inconnu dans le lieu désert et silencieux. Tu comptes le nombre de pas que tu devrais faire pour lui échapper si tu étais face à un tueur en série, oubliant totalement la raison de ta venue sur ses terres. Tellement paniquée que tu oublies jusqu’au bouquet qui a rencontré le sol dans ton élan de surprise. “ Bonjour ” tu hésites, il n’a pas l’air dangereux mais tu n’as jamais été douée pour apprécier les gens et te faire une idée précise sur les caractères. Pas intuitive pour un sou, tu crois naïvement que chaque humain est profondément bon mais peut-être que si tu étais moins candide, tu aurais décelé un peu de cette aura dangereuse qui se dégage de celui que tu devines propriétaire des lieux à sa présentation succincte. “ Oui, je sais mais on est voisins. Je suis fleuriste et je travaille dans une boutique un peu plus haut dans la rue alors je voulais vous saluer et vous souhaiter la bienvenue avec un bouquet de circonstances. ” Tu parles vite et ce n’est qu’à ce moment que tu te rends compte que le bouquet n’est plus dans tes mains. Tu te penches très vite, assez honteuse de t’imposer aussi maladroitement mais tu te rappelles que si tu es là, ce n’est que pour Susan alors tu te ressaisis, te redresse avec un sourire désolé et te rapproche de l’inconnu. “ Je suis Maureen, je suis désolée si j’ai pu vous déranger. ” Tu tends le bouquet dans un effort de politesse pour rattraper tes maladresses et ton indélicatesse. Mais tu doutes à la rencontre qu’il soit du genre sensible aux gerbes fleuries, tu tentes de relancer la conversation pour cacher un peu de ton malaise en oubliant que tu n’étais pas invitée, que tu déranges probablement. “ Vous êtes artiste ? Ce que j’ai pu voir de l’exposition est inspirant, très délicat. ” Et ça contraste assez lourdement avec l’impression du bonhomme au premier abord mais tu gardes ce détail pour toi, sans savoir si tu es face à un susceptible. Et le tout, c’est de ne pas te fâcher avec celui qui t’angoissais tant jusqu’à quelques minutes auparavant. On ne sait jamais ce qu’il pourrait faire d’un cadavre.

T'es pas peu fier de cet achat, du coup de maître que tu as réalisé juste avant de revenir à new york, de l’acquisition de cette galerie d’art, nouvelle plaque tournante d’une partie de vos affaires. Le club 33 tournes bien, plein tous les soirs de la semaine, une rentabilité excellente, mais il ouvre les soupçons sur ce qui peut se tramer dans l’arrière-boutique, attire les traites parmi ton équipe, les têtes à faire tomber. T’en est certain aujourd’hui, certains de tes employés ne sont plus fiables. Tu reprends tout à zéro ici, découvre ce jour-là, la nouvelle cargaison qui vient d’arriver, les caisses de bois qui renferme un petit trésor. Tu découvres les premiers jouets quand un bruit de l’autre côté de la réserve te fait devenir plus méfiant, rejoindre la pièce principale de la galerie. C’est une blonde qui t’attend là de l’autre côté, un bouquet de fleurs à la main, un visage de poupée. Tu t’excuses, lui signifie que vous n’êtes pas encore ouvert, l’observe, méfiant. après tout tu ne la connais pas, tu ne la jamais vis dans le coin, elle pourrait très bien être une de ces filles qui bosse pour les McGrath. Pourtant elle n’en a pas l’air, un regard innocent, un sourire qui se pose sur toi, elle s’excuse, t’annonce qu’elle est voisine, bosse dans la boutique de fleurs un peu plus haut sur la rue. Tu hoches la tête, comprends alors. Le bouquet dont’elle laisse tomber, le ramasse, confuse, gêné. Ça te tire un sourire. Cette fille a l’air maladroite au possible, peut-être un peu simplet, mais de la à te tendre un piège . Tu reçois le bouquet, alors qu’elle se présente, la remercie d’un geste de la tête. “Et bien merci… pour les fleurs”, tu sais pas tellement ce que tu vas en faire, tu sais même pas s’il y a un vase dans l’arrière-boutique, n’ose pas prendre le risque d’aller voir alors qu’elle pourrait te suivre, tomber sur la livraison. tu finis par te détendre, lui rendre le sourire qu’elle te porte. “Je les ramènerais chez moi… je crois pas qu’on ai un vase ici…”, tu finis par les poser à côté de toi, sans vraiment la lâcher des yeux, là suis un peu quand elle s’avance vers les quelques toiles encore accrochée ici et là. Elle te demande, si elles sont de toi, si t’es l’un de ces artistes passionné aux doigts tachés de peinture, encrassé par les encres et les huiles. tu secoues la tête, fourre tes mains dans les poches de ton jean. ”non, non, elle ne sont pas de moi”, toi t’aurais jamais su faire ce genre de chose, pas doué pour ça, pas cet esprit qui sait s’évader pour retranscrire des émotions, des histoires, des moments. “J'suis juste un amoureux de l’art, j’admire beaucoup leurs travail”, tu hausse les épaules, reposant ton regard sur elle. “Je m’appelle Amos, j'suis le nouveau propriétaire, mais je crois que tu l’avais déjà compris”, un sourire, tu caches bien l’agacement d’avoir été déranger dans un moment aussi important, tu brises les règles de politesse, fais tout de même l’effort d’être accueillant. Tu voudrais pas avoir la sale réputation du voisin peu causant, attirer les méfiances, les soupçons. “Tu travailles depuis longtemps dans le coin ?”, tu ne la lâches pas des yeux, essaie de lire en elle. Alors Maureen, dans quels camps tu te ranges, allié ou ennemie ?